Un lundi parfum matcha

une lecture toute en douceur, poésie et mysticisme, avec la tendresse de l'esprit japonais en prime.
Dès l'entrée, la couverture aux couleurs pastels, printanières et harmonieuses nous promet un petit bonheur de lecture.
Les chapitres sont aérés et se lisent rapidement.
Le travail d'édition est appréciable.
Ce n'est pas une histoire linéaire mais des rencontres fugaces, des personnages qui se promènent de Kyoto à Tokyo dans des lieux intimistes dont le fameux café Marble, ils transforment l'amertume de l'amer thé matcha qu'on leur sert dans cet endroit tranquille en saveur sucrée, ce qui leur permet de traverser le roman avec légèreté, poésie.
Ils apprécient l'instant présent et se laissent aller aux coïncidences de l'existence ainsi qu'à certaines exigences de la réalité qu'ils savent transformer en une heureuse destinée.
Ils méditent sur leur condition et semblent avoir conscience de ne faire qu'un avec l'univers, la Nature et les éléments cosmiques.
La lecture de ce roman m'a procuré un moment de joie et bien-être.

J'avais aimé découvrir le café Marble, situé dans une petite ruelle de Tokyo, dans "Un jeudi saveur chocolat"
L'auteur nous faisait découvrir 12 histoires, chacune étant représentée par une couleur.
Dans ce second volume, nous retournons au café Marble, mais cette fois, nous allons découvrir 12 histoires, une pour chaque mois de l'année.
Chaque personnage est relié à un autre, le tout forme une boucle, qui se referme à la fin, car la dernière histoire est liée à la tout première.
Chacun des personnages va vivre un moment particulier, et nous allons assister à des petites tranches de vie.
C'est doux, tendre et poétique.
Un roman léger qui fait du bien.

Le café Marble a tout de ses endroits réconfortants où l'on se rend pour se remonter le moral ou tout simplement déguster un bon thé et une excellente pâtisserie. 
Lorsqu'elle pousse la porte de son café favori ce jour-là, un lundi, habituellement jour de fermeture, Miho remarque l'écriteau sur la porte transformant le Café Marble en Café Matcha. Elle est loin de se douter qu'une rencontre va lui faire apprécier l'amertume de ce thé. 

Littérature japonaise, thé matcha, couverture aux tons pastels, sur le papier Un lundi parfum matcha avait tout pour me plaire. Mais à la lecture de ce roman au ton de manuel de développement personnel nous invitant à appréhender l'amertume de la vie comme celle du thé vert, je suis un peu mitigée. 
Certes j'ai trouvé la construction du roman originale : douze chapitres comme les douze mois de l'année qui nous présentent des personnages qui ont tous un lien avec le café Marble. Car "chaque rencontre est l'oeuvre du destin, qui nous relie à une personne ou à un objet. Ce lien est comme une graine. Elle a beau être minuscule et discrète, une fois semée, on obtient de superbes fleurs ou de bons fruits." 
J'ai beaucoup aimé le chapitre sept où le narrateur est un chat qui s'étonne de notre idolâtrie envers "cette chose rectangulaire et plate" que nous avons toujours à la main. Et j'ai adoré en apprendre davantage sur la culture japonaise, comme l'origine des minazuki et le théâtre kamishibai.
En y réfléchissant bien, il m'aura manqué la même chose que dans Tant que le café est encore chaud : un peu plus d'épaisseur dans la psychologie des personnages.

" J'aime la silhouette des humains qui lisent des livres. Je les trouve beaux. Même s'ils sont bien là, ils voyagent ailleurs, je le sais. Je ressens que même si leur corps est figé, quelque chose en eux s'anime."

Tokyo, nous sommes un lundi de janvier.

Et la vie de Miho, jeune employée de 26 ans, va changer subitement.
Après s'être rendue dans un sanctuaire de purification, elle se met en route vers un de ces endroits favoris, le Café Marble.

Mais son café est devenu le Café Matcha.
Miho ne comprend pas ce changement, mais intriguée, elle entre, s'installe et découvre une toute nouvelle carte: que des thés forts ou légers et quelques pâtisseries, mais pas de matcha !
Un peu perdue, sans ses repères habituelles, Miho va néanmoins commander.
Kippei, jeune homme de passage, lui montre finalement comment préparer un matcha, troublant Miho au passage.

Suivra ensuite dans le roman une succession d'histoires entremêlées vécues par des personnages nombreux et attachants.
Ces protagonistes, aux parcours différents, seront acteurs accidentels de la vie des autres, apportant leur sagesse, leur envie ou leur vision différente de l'existence.

La force de ce livre réside dans cette bienveillance, cette envie de donner de soi pour aider autrui.
Sans pour cela en faire de trop. Il suffit d'un simple geste, d'une parole facile pour qu'on ouvre les yeux sur un problème que l'on croyait insolvable.

C'est un récit qui redonne foi à l'humain, à ce qu'il a de meilleur en lui.

MICHIKO AOYAMA, l'autrice, développe, grâce à ce patchwork de personnes, un univers empli de poésie, de résilience et d'empathie.

Une philosophie de la simplicité où le bonheur est accessible sans devoir le chercher si loin que l'on croyait.

La romancière écrit avec fluidité, sans chichis et raffinée.
L'ambiance qu'elle instaure évolue au gré des saisons, avec patience et zenitude.
On peut parfois se lasser de cette lenteur de rythme, mais les chapitres sont courts et sont parcourus sans difficulté.

L'émotion et la poésie effleurent quasi chaque page.
La lecture, de part à certaines réflexions des personnages, invite à l'introspection et à la méditation.

Faut-il être si complexe avec les autres? Pourquoi ne pas être simplement soi et ne pas se sentir jugé constamment?
Peut-on vivre ensemble en étant soi-même?
Voici quelques pensées qui m'ont traversés l'esprit durant les minutes passées à parcourir les pages de ce roman

Ce roman “choral” aborde divers sujets de la société actuelle comme la place des aînés dans la modernité, l'appartenance à un groupe, la place de chacun dans une famille.

Les jours, les semaines, les mois passés près de ces personnes m'ont donné encore plus envie de me rendre au Pays du Soleil Levant, perle de sagesse et de philosophie de vie.

Ces acteurs m'ont ému, m'ont fait rire, m'ont fait réfléchir, m'ont donné envie de manger japonais (la gastronomie est un personnage bien acteur du roman).

Un moment littéraire qui fut réconfortant, philosophiquement interpellant, d'une douceur et bienveillance qui redonne le goût aux autres.

Une belle et tendre surprise littéraire qui m'a donné fortement envie de lire les deux romans précédent de MICHIKO AOYAMA :
LA BIBLIOTHÈQUE DES RÊVES SECRETS et
UN JEUDI SAVEUR CHOCOLAT édités également chez l'adorable et géniale maison d'éditions NAMI.

Toujours au programme de Michiko Aoyama, calme et douceur comme dans Un jeudi saveur chocolat, elle nous emmène par ricochet d'une histoire à l'autre en partant du café Marble et de son lundi spécial dégustation matcha pour y revenir à la fin.
Chaque personnage est connecté à un autre, même ce gentil chat blanc qui gambade et observe ses congénères humains. Réflexions sur la vie, les amours, les amitiés, le sens du travail. Les protagonistes de ce roman choral m'ont moins touché que dans ses autres romans mais la paisibilité est toujours au rendez-vous dans cette bulle de zénitude japonaise.