Alors que pour les besoins d'un reportage elle avait infiltré Lost Lakes, un manoir transformé en une forteresse impénétrable, abritant une rock star au succès planétaire et ses proches, Clara Miller, journaliste au Times, est retrouvée noyée dans un lac tout proche. Mike Stilth, un croisement subtil entre
Michael Jackson et Sid Vicious vit en reclus avec ses deux enfants, Clara et Noah, qu'il a condamnés à un luxueux mais pesant confinement dans cet univers en apparence féerique, entouré de Cann, à la fois ami et dealer et de Johan sa manager et... son âme damnée. Paul Green, reporter au Globe qui avait rencontré Clara, son premier amour de jeunesse, sur les bancs de l'université, ne croit pas un instant à la thèse du suicide, d'autant plus que d'autres corps de jeunes femmes sont repêchés au même endroit sans que quiconque ne s'en inquiète. Des lors, il va mener sa propre enquête.
Un roman intelligent et approfondi qui dénonce, à la fois, les dessous peu enviables du star système, la propension à succomber à la mégalomanie, aux paradis artificiels de l'alcool et des drogues et le harcèlement perpétuel des paparazzis. Il s'attache sur cette nécessité frisant la paranoïa de préserver, quoi qu'il en coute, sa famille et l'obligation impérative de se soumettre à l'omnipotence des lois du marché. Chacun de six personnages majeurs exprime, au grès de l'alternance des chapitres, sa vision des faits, son témoignages, sa vérité et ce, sur deux périodes charnière s'échelonnant entre 1995 et 2006. Une construction atypique qui cependant nuit au rythme du récit et entraine de nombreuses redites superflues. La personnalité des protagonistes est minutieusement détaillé, on comprend leurs failles, leurs faiblesses en découvrant leur sombre et peu glorieux passé mais, pour autant, ils restent peu avenants, froids, excessifs, à la limite du cliché et il est difficile d'avoir, même à l' encontre des " victimes", la moindre empathie. Plus qu'une enquête journalistique ou un thriller,
l'Affaire Clara Miller est surtout une mosaïque de portraits, une étude psychologique de personnages tous aussi torturés qu'ambigus, qui ne laisse au final que peu de place au suspense, à la surprise ou aux rebondissements.
En conclusion,
Olivier Bal, développe une bonne histoire dans un contexte intéressant, c'est bien écrit, assez réaliste mais, pour autant, le récit péche par ses excès, ses longues et fastidieuses introspections répétitives et sa morale victimaire pour le moins discutable.