Livre lu dans le cadre de l'opération Masse critique de mars 2024. Je remercie Babelio de m'avoir sélectionnée, ainsi qu'
Yvan Barbedette pour son envoi. le titre et la belle illustration de Julie Begel ont littéralement harponné mon oeil dans la liste des ouvrages présentés.
Avec
Amaterasu, déesse du Soleil, on entre d'emblée dans le vif du sujet. Et la narratrice disposant d'un sabre, ça risque de ne pas être qu'une façon de parler.
Nous sommes en 1989, l'empereur Hirohito est mort depuis peu, et le soleil a disparu. Quand on s'intéresse au Japon en général et notamment à ses récits mythologiques, Amaterasu + disparition solaire, on se dit "tiens, tiens..." Et comme un malheur n'arrive jamais seul, surgissent des endroits ténébreux des yôkais. Rendus célèbres en France grâce à des mangas ou aux films de
Miyazaki Hayao, il s'agit de créatures issues du folklore traditionnel nippon. A lire sur ces yokais l'excellent
Nonnonba de
Mizuki Shigeru, ainsi que son
dictionnaire des yokais en deux volumes.
Mais pour l'heure - grave, revenons à nos moutons. En faisant la connaissance avec Mizuno Akane, la narratrice du roman. Quarante-six ans, divorcée, accro à la vodka et aux drogues - ça tombe bien, Il y en a une toute nouvelle -, l'empathie en-dessous de zéro, cette Tokyoïte mal embouchée exerce une activité appelée à se pérenniser : c'est une lucifer, ou plus communément tueuse de yokais. Pas un boulot de tout repos. D'où le sabre. En tout cas, d'emblée, c'est un sacré personnage qu'
Yvan Barbedette a créé.
Si l'histoire débute dans un climat de fantasy urbaine très sombre revisitant les légendes japonaises, on n'est pas au bout de nos surprises. le récit s'enrichit et se complexifie au fil des pages, abordant le devenir de l'humanité, accomplissement personnel (le fameux ikigai qu'on trouve parfois mis à toutes les sauces au rayon développement personnel), la science-fiction, le folklore, avec des aspects jeu vidéo. Présenté ainsi, ça fait un peu bric-à-brac. Mais le romancier fond bien ces éléments en un tout cohérent et très immersif. de plus, il réussit à définir les termes japonais dans la narration, sans l'alourdir ni recourir aux notes de bas de page incessantes. Dans une annexe,
Yvan Barbedette replace l'importance d'Amaterasu dans l'histoire et l'esprit de l'archipel.
Cette lecture m'a surprise plus d'une fois au coin d'un chapitre et, surtout, m'a emportée dans son intrigue. J'ai beaucoup aimé l'utilisation qu'
Yvan Barbedette fait de ses "ingrédients" nippons. Ce n'est pas qu'une légère coloration japonisante donnée au récit mais son coeur même. Bravo à lui. Et merci pour ce voyage.