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Agence Trames (Autre)
EAN : 9791040116479
32 pages
La Martinière Jeunesse (05/01/2024)
4.15/5   125 notes
Résumé :
Un ouvrage pour découvrir, cultiver et développer le plaisir de lire.

Pourquoi se contenter de lire pour le plaisir, quand on pourrait vraiment jouir de ses lectures? Apprendre à nommer ses plaisirs, à les reconnaître, à les trouver, à les analyser et à en chercher d'autres, tel est le but de ce joyeux manifeste pour des jouissances de lecture toujours renouvelées.

Un texte engagé dans lequel Clémentine Beauvais fait de l'éducation au ... >Voir plus
Que lire après Comment jouir de la lecture ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Je connais bien Clémentine Beauvais. Enfin, j'avais l'impression de bien la connaitre. C'est une autrice qui réussit à me surprendre à chaque fois que je la lis. Elle ose aborder des genres, des publics très différents, et j'en suis très admirative.

Elle se lance ici dans un petit essai, dans cette collection ALT de la maison d'éditions La Martinière Jeunesse, qui compte déjà une dizaine de livres, tous des essais sous le même format, très courts, qui vont directement à l'essentiel.

A l'intention de la jeunesse, je n'en suis pas sûre. Si le format et le ton subtilement provocateur parfois sont bien des arguments qui penchent en faveur de cette classification, le fond s'adresse plutôt à mon humble avis à des lecteurs expérimentés. Et/ou pourrait être utilisé à profit dans des cours de littérature pour aider les élèves à se poser les bonnes questions.

Car c'est l'intérêt principal pour moi de ce texte : amener le lecteur à se poser des questions, à mieux comprendre ce qui est source de plaisir pour lui dans la lecture, à développer par les réponses qu'il y apporte ces plaisirs, à enrichir ses ressentis, à les partager.
Elle met en mots ce qui est pour moi une évidence depuis que je me livre à cet exercice, commenter mes lectures. Cela a modifié mes gouts littéraires, les a développés, m'a permis d'apprécier des textes que je n'aurais jamais lu. Autre évidence, le partage de ces ressentis, la discussion avec d'autres, là aussi est un enrichissement perpétuel, une source de découvertes.

Je n'ai pas été d'accord avec tout ce qu'elle dit, certaines affirmations m'ont paru des évidences, d'autres m'ont fait réfléchir, certaines m'ont laissée sceptique, mais j'en retire une certitude. Je continuerai à partager sur ce site :-)
Et cerise sur le gâteau, ce texte quoique court est très riche en références, de Proust à Reverdy, auteurs lus récemment par certains de mes amis, entre autres.

Merci à Netgalley et aux éditions La Martinière Jeunesse pour ce partage #Commentjouirdelalecture #NetGalleyFrance
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Clémentine Beauvais m'en a convaincue, la lecture, c'est un peu comme le sexe. Pour se saisir de ce qui donne du plaisir, il faut d'abord travailler : déconstruire les inclinaisons qui nous semblent évidentes et naturelles, prendre conscience de ce qui les conditionne et de ce qu'on manque à cause de cela, expérimenter, échanger, réfléchir et identifier ce qui nous fait vraiment prendre notre pied.

« Ce que je vais vous dire peut se résumer ainsi : les plaisirs planplan, poussiéreux et platement personnels que nous grapillons sans faire exprès quand nous lisons ne devraietn plus nous contenter.
Pour la lecture, comme pour le sexe, il faut imaginer une éducation à la jouissance.
Mais comment ?
Et par où commencer ? »

Avec la malice et l'intelligence qu'on lui connaît, l'autrice révèle ce dont on se prive en naturalisant ses goûts de lecture personnels et en ne se mettant pas activement en quête de ce qui nous réjouit. Elle déconstruit les discours dominants sur ce qui fait une bonne lecture et nous invite à interroger ce que provoquent nos lectures, en débattre avec d'autres lecteurs, prendre conscience du type de plaisirs que nous y cherchons, persévérer pour mieux en apprivoiser d'autres moins évidents de prime abord.

J'ai adoré la manière dont ce manifeste évoque les mille et une manières dont un texte peut nous extasier. Beaucoup m'ont parlé et rappelé de mémorables moments de lecture, d'autres m'ont donné envie de lire plus et mieux.

Vous l'aurez compris, ces pages composent un réjouissant programme. Mais cela va plus loin que ce à quoi je m'y attendais – et c'est là qu'on glisse vers un terrain plus politique. Il ne s'agit pas (que) d'une quête hédoniste individuelle. D'une part, on comprend que l'initiation au plaisir de lire est un enjeu d'éducation qui ne demande qu'à être embrassé. D'autre part, on le sait, les livres ouvrent des fenêtres sur le monde. En nous libérant des conceptions dominantes de la littérature, nous nous autorisons des désirs littéraires qui ont le potentiel de repousser l'horizon des possibles et… de changer le monde. Rien que ça ! Pour 3,50€, on aurait tort de se priver. Faites-vous plaisir avec cette lecture stimulante et voluptueuse qui en appelle tant d'autres !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Bonne question. Et question sous-jacente : sait-on jouir de nos lectures ? A quand remonte le dernier coup de coeur ?
Notre autrice ici nous questionne : suis-je lecteur réac. et élitiste (Proust, Stendhal, etc. tout le reste ne vaut rien) ou lecteur plaisir et relativiste (peu importe ce que tu lis du moment que tu lis) ? L'autre jour une femme me pose une question pertinente : à lire autant, êtes-vous abîmés ? Pensez-vous que vous êtes encore suffisamment objectifs pour rester curieux, ou, devenez-vous plus difficiles dans vos choix et vos chroniques ?
Pour ma réponse, j'ai fait une comparaison avec la musique : quand j'étais DJ, je gardais dans mes playlists environ 3% de ce que j'écoutais (c'est dire !). Pour mes lectures, c'est un peu mieux, sur une moyenne de 100 livres entre 10-15 répondent à mon voeux : un bouleversement, un avant et un après. D'autant que les plaisirs et les envies de lecture évoluent aussi dans une vie, parmi mille et un thèmes, et que dans sa critique personne n'a fondamentalement raison. Un best-seller, une meilleure vente, peut faire un flop pour l'un et l'idée d'un film pour un autre. Je crois être encore pleinement curieux à lire de tout mais je connais des libraires qui ne lisent plus, abîmés, trop souvent déçus. Ou pire, qui lisent avec déjà un a priori. Donner sa chance à une oeuvre n'est-ce pas là un joli pouvoir sur l'oubli ? le plus grand malheur du libraire actuel c'est la surproduction littéraire : dans l'incapacité de lire tous le six mois 500 ouvrages, elle a de facto fait que le professionnel... de la lecture soit lui-même dépassé pour délivrer un conseil adéquat ! D'autant qu'on le voit, à force de faire des chroniques : tous les goûts sont dans la nature, heureusement, et que la lecture est profondément un plaisir personnel - qu'on souhaite rendre collective parfois en émettant un avis. Que de questions que provoque ce petit fascicule et sa liste de plaisirs, toujours dans cette collection ALT.
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Faites-vous plaisir…

Un peu mon neveu 😉 En ces temps où, comme dit dans ma précédente chronique, rien ne trouve grâce à mes yeux, je me suis lancée dans la lecture de ce petit essai. 33 pages. Finger in the nose.

Pourquoi ne jouis-je pas de la lecture en ce moment ? En aurais-je marre du missionnaire ? N'aurais-je pas trouvé mon clito ?

Le postulat de départ de Clémentine Beauvais est intéressant : comparer la lecture au plaisir sexuel, en citant « Au-delà de la pénétration » de Martin Page, et en conclure que vraiment, il y a énormément de choses à explorer et qu'on ne nous a jamais appris à le faire ! Qu'on se contente d'un plaisir plan-plan « construit, conditionné et culturel » alors qu'il faudrait une éducation à la jouissance (livresque) !

Alors, par où commencer pour prendre son pied ? Déjà, dire qu'on a dévoré un livre, qu'il nous a transporté, qu'on a eu un coup de coeur pour lui ou qu'il nous a mis une claque, c'est cliché et quand on dit ça on ne parle pas du lien entre le texte et le plaisir. On se contente de se ranger dans une des deux catégories de discours sur le plaisir de lire décrétées par Clémentine Beauvais : le discours réac, qui classe les livres selon une hiérarchie bien définie, que l'on retrouve dans la culture dominante et dans le système éducatif (et où on retrouve Proust, Flaubert, Hugo) ou le discours de la lecture plaisir, à l'opposé, qui se veut bienveillant, répandu dans les milieux progressistes, qui ne juge pas, tant qu'on prend plaisir à lire et qu'on choisit ses lectures.

Les deux discours sont décriés par l'autrice, le premier en raison de son snobisme intellectuel, le second en raison de sa complaisance avec l'industrie culturelle.

Bon alors on déconstruit tout ça (c'est à la mode), non aux bouquins chiants comme la pluie, non aux lectures imposées qui fabriquent des générations de lecteurs traumatisés, non aux plaisirs faciles, addictifs mais peu gratifiants !

Oui aux mille plaisirs de lire : passion expurgatoire, jouissance, aspiration fantasmatique, plénitude existentielle, galvanisation politique, extase linguistique… mais aussi « plaisir de voir ses émotions reflétées, plaisir d'une bonne histoire, plaisir d'anticiper des péripéties, plaisir de comprendre, de découvrir une autre époque, une autre culture ».

Certains plaisirs sont connus, d'autres demandent des explorations, aucun n'est inintéressant en lui-même. Il faut se poser la question de ce que suscite un texte en nous, de quel plaisir nous avons besoin, quels plaisirs nouveaux nous souhaiterions découvrir. Et ces questions doivent se poser dès le plus jeune âge pour construire notre éducation littéraire car « apprendre à jouir de la lecture n'a rien à voir avec la culture dominante. Bien au contraire. C'est devenir, par la jouissance, capable de s'en libérer ».

Le plaisir de lire est aussi politique. Il faut réfléchir à ce que nous lisons, prendre du recul sur ce que « nous dévorons » et que nous trouvons « merveilleusement écrit » car ce n'est pas suffisant : il faut « explorer ce que dissimulent nos jouissances ». Bref, se poser des questions sur ce qu'on lit.

Cette petite lecture est vivifiante, intelligente et piquante juste ce qu'il faut, l'autrice donne son avis tranché et argumenté sur ce qu'est une bonne lecture, sur ce que devrait être une bonne lecture pour chacun. C'est très intéressant pour tout ceux, ici, qui chroniquent leurs lectures, moi la première, car je trouve toujours difficile de dire pourquoi j'ai aimé un livre. Il parait que c'est normal, on ne nous a jamais appris à le dire…

Bon, au prochain livre, c'est décidé, je vise l'orgasme !
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« Pour la lecture, comme pour le sexe, il faut imaginer une éducation à la jouissance. »

Clémentine Beauvais signe ici un essai sur le plaisir de la lecture et la jouissance qu'on peut en retirer. Un texte court et rythmé de phrases rouges en mode punchline. Il bouscule, c'est le but, et nous amène à réfléchir à nos propres pratiques de lecture, nos conceptions, nos habitudes et nos façons d'en parler, de partager, de s'en délecter.

Condition nécessaire au plaisir : le libre arbitre. Exit les réacs (les classiques, ça forme la jeunesse, les auteurs Gallimard = caviar de la profession) vs les feel-goods en mode plage (risée des précédents). Exit intellectuel vs lecture de masse. « Apprendre à jouir de la lecture » ce n'est pas « s'initier à une culture dominante », c'est être capable « de s'en libérer ».

Oui, mais comment ? Très tôt d'après l'autrice. Dès nos jeunes années. À l'instit qui demande à son élève « as-tu aimé ta lecture ? », l'autrice propose un pertinent « qu'as-tu ressenti pendant cette lecture ? ». Une éducation nécessaire aux ressentis qui passent aussi par la capacité de mettre des mots sur les émotions.
C'est pourquoi ce texte s'adresse avant tout aux ex-enfants que nous sommes, accompagnateurs des jeunes d'aujourd'hui : parents certes, mais surtout enseignants, éducateurs, animateurs... Toutes ces professions qui aident le jeune dans sa construction personnelle.

Faisons court : chacun lit ce qu'il souhaite, quand il le souhaite et s'il le souhaite. Oublions le jugement de goût et l'auto-sabordage en ne se pensant pas à la hauteur d'un texte. Accordons-nous de jouir individuellement mais consciemment d'un livre, quel qu'il soit. Et apprenons à analyser le pourquoi de ce plaisir. Cela le décuplera !

Bilan :
Un essai judicieux tout sauf « boring », porté par une autrice toujours surprenante. Elle propose un support idéal pour entamer une discussion autour de la littérature.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Complétons avec les théoriciens Perry Nodelman et Mavis Reimer, qui fournissent aux profs une liste vertigineuse des plaisirs de lecture à étudier en classe (oui oui) : plaisir sonore et sensoriel, plaisir de voir ses émotions reflétées, plaisir d’utiliser un répertoire de connaissances et de stratégies pour élucider un texte, d’identifier des trous dans ce répertoire et de chercher à les combler, plaisir des images mentales, plaisir d’une bonne histoire, plaisir d’une structure solide, plaisir d’anticiper des péripéties, plaisir de comprendre, de découvrir une autre époque, une autre culture, plaisir de reconnaître genre et formes, plaisir d’être surpris, plaisir de déjouer les ruses des textes, plaisir de constater que les textes se trompent parfois sur eux-mêmes…
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Le plaisir du texte peut être…
[...]
l’enchantement immersif des lectures d’enfance décrites par tant d’auteurs, « il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré », dit Proust…
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Apprendre à jouir de la lecture, c’est s’exposer à ce que nos jouissances évoluent et changent ; qu’on ne trouve plus plaisir à des textes qu’on aurait autrefois adorés, et qu’on se mette à jouir de textes qu’on croyait détester.
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Ce que je vais vous dire peut se résumer ainsi : les plaisirs planplan, poussiéreux et platement personnels que nous grapillons sans faire exprès quand nous lisons ne devraietn plus nous contenter.
Pour la lecture, comme pour le sexe, il faut imaginer une éducation à la jouissance.
Mais comment ?
Et par où commencer ?
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Apprendre à jouir de la lecture n’a rien à voir avec s’initier à une culture dominante. Bien au contraire. C’est devenir, par la jouissance, capable de s’en libérer.
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Videos de Clémentine Beauvais (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clémentine Beauvais
Jeunesses - le grand atelier du plaisir de lire
Une rencontre performance interactive avec la romancière, traductrice et chercheuse Clémentine Beauvais, autrice du manifeste "Comment jouir de la lecture", collection ALT, La Martinière Jeunesse. En partenariat avec Les Petits Champions de la lecture.
En présence de Clémentine Beauvais (Comment jouie de la lecture, La Martinière Jeunesse). Une rencontre animée par Clément Bénech.
Notre site internet : https://www.festivaldulivredeparis.fr/
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