Hélas, j’étalonne toujours, et à un degré inquiétant, ma valeur sur ma force physique.
Mais il se passe quelque chose de curieux maintenant que j’approche de la soixantaine.
Je continue à m’entraîner, mais je deviens plus faible! Plus lente! Plus raide! Que se passe-t-il?
Qui crois-tu abuser?
Un jour, je mourrais moi aussi. Mais j’étais moins claire sur l’idée de posséder une âme qui continuerait plus ou moins à vivre. Comment cela marchait-il exactement?
Où était cette âme? Flottant dans mon cerveau comme la bulle d’un niveau de charpentier?
Étalée uniformément sur chaque cellule de mon corps?
On m’avait dit à l’école que notre chat n’en avait pas. Je m’interrogeais. Il était incontestablement conscient.
Mais peut-être pas conscient de lui-même en tant que soi, comme moi.
J’en déduit que l’âme devait consister en cette conscience de soi. Comme j’enviais le chat. Dieu m’est témoin, personne n’avait plus conscience de soi que moi.
J’ai sûrement couru plus loin ce jour-là que je ne l’avais cru possible.
Mais j’ai surmonté bien plus que ma limite physique.
Les barrières de mon propre moi ont paru se dissoudre tandis que je me fondais dans l’air humide du soir.
L’avais-je trouvé? Le secret de la force surhumaine?!
Je ne voulais pas me relaxer, je voulais m'éteindre, ne plus rien sentir. Le Bouddha appelle ces deux pulsions "L'envie de l'existence et de la non-existence".
— Oh, salut. Je n'avais pas vu que vous étiez là ! Je suis juste en train de faire circuler ce bon vieux Chi ! Nombril rentré, pieds bien plantés ! Fessiers engagés ! Mon allure intello est sans doute trompeuse, mais... je suis une maniaque de l'exercice physique.
Attendez que je comprenne. La perfection et la nullité ne sont pas les seules options ?!
« Je comprends maintenant que mon aspiration à la transcendance de soi était, par certains côtés une tentative d’éviter la tension de la relation aux autres. » (p. 121)
« Le fantasme de la forme physique est pour les fascistes ! Je suis féministe, *** de Dieu ! » (p. 16)
« Loin de m’avoir reléguée dans le puits de la solitude, mon coming out m’avait faire rentrer dans le camp des humains. » (p. 93)