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EAN : 9782358873864
346 pages
La manufacture de livres (04/04/2019)
4.28/5   9 notes
Résumé :
René Belbenoît a vingt-deux ans quand il est condamné pour vol à la déportation à vie en Guyane. Au bagne, il n’a de cesse que de trouver un moyen de recouvrer sa liberté. Après plusieurs tentatives infructueuses, traité de plus en plus durement, il parvient à ses fins. Suivra une cavale de vingt-deux mois, en pirogue, à cheval mais surtout à pied, à travers mers, jungles, fleuves et montagnes, à l’issue de laquelle il réussit à gagner clandestinement les États-Unis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Guillotine sèche, l'histoire vraie qui inspira Papillon !
J'ai été fasciné par cette lecture, j'ai littéralement dévoré ce livre, ici, le mot aventures prend toute sa signification, il s'agit d'une autobiographie, et se dire que tout ou presque est vrai est assez dingue.
L'auteur, René Belbenoit, est le seul forçat qui ait réussi à s'échapper de l'enfer de Cayenne, le bagne de la Guyanne française, en fait, on devrait dire "les" enfers, car comme vous l'apprendrez en lisant ce livre, il existait plusieurs camps d'enfermement, les plus durs étant situés sur trois îles, sans espoir de fuite.
Ce livre est l'histoire d'une vie, et la chronologie sera respectée, en commençant par la jeunesse de l'auteur, ses premiers larcins et la condamnation au bagne de Cayenne après un long séjour au non moins célèbre bagne de l'île de Ré.
Ce qui fait la force de ce récit tient dans le fait qu'il est quasi documentaire, il va nous faire voyager dans le temps et nous instruire sur tout un pan de notre histoire trop peu connue, car comme vous le lirez, loin des yeux, on est aussi loin du coeur, et l'état français n'aura de cesse de tenir le bagne loin du regard des curieux, on comprendra vite pourquoi.
Plusieurs sujets seront abordés sans fard, sans filtres, à commencer par la sexualité des forçats et les conditions de vie délétères, le taux de mortalité est tellement élevé au bagne, que la population carcérale sera toujours stable (autour de 5000) et ce, malgré l'arrivée trimestrielle de 600 bagnards.
Il sera question de la corruption endémique et systématique du personnel pénitentiaire et ce, à tous les échelons, de la maltraitance des forçats soumis à l'arbitraire et à la perversité des gardiens, mais pire encore à la violence extrême des prisonniers entre eux.
Les chapitres consacrés à "la débrouille" m'ont captivé, le détenu est constamment en quête d'argent pour améliorer son quotidien, soudoyer des gardiens ou... préparer une évasion. L'ingéniosité des forçats est sans limites pour y parvenir.
Saviez vous que la condamnation au bagne était suivie de l'exil à vie ? Si, par chance, un forçat était libéré après avoir purgé sa peine, il avait interdiction de quitter Cayenne, avait l'interdiction de vivre en ville, il devait donc errer "hors les murs" sans possibilité d'emploi, car les emplois étaient pourvus par les bagnards qui ne coûtaient rien...
Dans ces conditions, s'échapper, même une fois "libéré", reste la quête obsessionnelle de chaque bagnard, ce qui est pratiquement impossible !
Petite anecdote sidérante : dans son discours d'accueil, le directeur du bagne informe les nouveaux prisonniers qu'ils ne seront pas enchaînés la journée, car s'évader est impossible, la jungle est impénétrable et sans ressources, et le fleuve Maroni presque impossible à franchir, sans compter qu'en cas de réussite, les pays frontaliers rendent les prisonniers à la France. Pour confirmer ses dires, il annonce que la première tentative ne sera pas punie ! (si tant est que l'évadé n'y laisse pas la vie...).
Plus d'une fois, ce récit m'a évoqué des lectures comme "Si c'est un homme" de Primo Levi, c'est dire !
Il faudra, à l'auteur de ce livre, cinq tentatives pour être enfin libre, vraiment libre, elles sont toutes décrites dans le détail et témoignent de l'intensité dramatique de chaque moment vécu, c'est exceptionnel.
C'est une lecture marquante et probablement inoubliable, au delà de l'aspect historique, il y a avant tout un destin hors norme, celui d'un homme à la volonté inébranlable et qui a toujours cru en sa chance.
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Document exceptionnel et boulversant ,LE livre sur le bagne de Guyane française par l'un de ses survivants, récit rare sur l'enfer du bagne coloniale,rare et pour cause car peu nombreux sont ceux qui sont sortis de cet enfer carcéral et ont choisi de surcroît de témoigner de ce qu'ils ont vu et vécu.
René Belbenoit sait de quoi il parle puisqu'il est condamné en 1922 aux travaux forcés pour une série de petits vols , déporté à vie en Guyane française et incarcéré au bagne de St Laurent de Maroni.
De petits méfaits liés à une enfance et une jeunesse tortueuse et malheureuse qui le menerent pourtant croupir dans les tréfonds du système carcéral de l'époque un enfer sur terre en plein coeur de la jungle équatoriale conçu pour venir à bout des forçats les plus incorrigibles et difficiles.
A l'époque la justice française ne rigolait pas.
On appelait ce régime pénitencier la guillotine sèche car si la punition n'occasionnait aucune coulée de sang contrairement à la vraie guillotine elle menait pourtant presque invariablement à la mort...
Belbenoit savait qu'il ne reverrait jamais la France et que les conditions d'emprisonnement sur place finiraient par avoir raison de lui, entre travaux éreintants, conditions de séjour inhumaines, climat, maladies tropicales, châtiments et privations ultimes une bonne partie des forçats trepassaient rapidement sur place dans l'indifférence absolue.
L'espérance de vie y était de trois à cinq ans.La vie au bagne était terrible,la terre maudite,le journal de bord de Belbenoit sur ce point est édifiant, terrifiant.
L'évasion, la délivrance qui trottait dans nombre de têtes depuis le premier jour d'emprisonnement n'était en vérité qu'un mirage ,la situation géographique de ces bagnes coloniaux interdisait toute fuite,ceux qui tentaient leur chance ne survivaient pas longtemps dans la jungle,l'océan,l'immensité et l'hostilité absolue des régions environnantes.
René Belbenoit a pourtant réussi cet exploit,s'il a conté ses années de souffrance et de perdition avec force de détails dans ce livre touchant et fort écrit en captivité c'est bien qu'il est parvenu à s'extraire des terribles griffes de l'administration penitenciere guyanaise.
Il lui aura fallu pour cela plusieurs tentatives et échecs plus ou moins rocambolesques obligeant la terrible administration locale à le punir toujours plus sévèrement.
Il fréquenta les divisions les plus brutales et avilissantes du système ,des univers qui auraient fait perdre la tête à n'importe qui mais il faut croire que, lui, avait une soif de vivre et une envie de s'en sortir bien au-delà de la normale et que cette souffrance qu'il endura et qu'il détaille dans ce livre dans ses aspects les plus abjectes et nauséabonds n'a fait que doper son incroyable soif de liberté.
Homme intelligent René Belbenoit essaiera d'alerter les autorités sur son sort et les conditions de détention des forçats de Guyane,il ne passe rien sous silence dans son boulversant récit, l'accumulation d'atrocités,de souffrances détaillées au fil des pages colle la boule au ventre et la nausée ,ce qu'il a vécu est tout bonnement insupportable, inimaginable.
Habile il lutta jour après jour pour empêcher son corps et son âme de pourir,ce livre sombre, à couper le souffle est traversé pourtant par une incroyable lumière et foi qui vaudront son salut à Belbenoit.
Le purgatoire pour lui dura quatorze longues années, quatorze années de souffrance,de torture,une éternité,la délivrance ne vint qu'après un hallucinant périple par mer, terre,des milliers et milliers de kilomètres et la traversée d'innombrables contrées, territoires et pays tous plus inhospitaliers et dangereux pour un forçat blanc en fuite.
Vingt deux mois d'épreuves, d'efforts surhumains défiant toute imagination à travers toute l'Amérique centrale pour arriver clandestinement aux Etats Unis.
Le manuscrit qu'il portait avec lui était intact, dans sa quête absolue de réhabilitation et de vérité Belbenoit avait atteint son but,il allait pouvoir être publié en 1938.
C'est ce livre incroyable et majeure que je vous recommande ici de lire,un témoignage de choix sur une époque,il y a un siècle à peine où la France le pays des droits de l'homme et des libertés déportait allègrement ses propres enfants à l'autre bout de la planète pour les faire souffrir et mourir loin des regards,des dizaines de milliers de forçats ont vécu ce chemin de croix en Guyane très peu en sont revenus René Belbenoit restera donc un personnage hors norme,un forçat de la vie qui refusera jusqu'au bout la déchéance de laisser sa tête à cette guillotine sèche...
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J'ai lu Au bagne d'Albert Londres et j'ai trouvé ça incroyable, mais j'ai éprouvé le besoin de lire le témoignage de quelqu'un qui l'a vécu de l'intérieur et non en seul observateur. Alors j'ai lu Dieudonné et Roussenq, et si les deux étaient sidérants, ils étaient un peu factuels et redondants, et j'avais conclu en disant que si vous deviez n'en lire qu'un sur les deux, je conseillais de privilégier Dieudonné.
Las, je viens de finir Belbenoit, et sans ambages, si vous n'en deviez lire qu'un sur les trois, il faudrait que ce soit celui-là. (Je précise tout de suite que je ne compte pas Papillon de Charrière dans les témoignages, puisqu'il est désormais établi que ce dernier est un roman vaguement autobiographique, en grande partie bidonné et issu de l'expérience d'autres bagnards, en particulier justement de Belbenoit).
Voici les deux raisons de ma conclusion :
— Des trois, Belbenoit a assurément le plus d'aisance dans le style. C'est le plus littéraire dans ses évocations, le plus écrivain en somme. le gouverneur de la Guyane ne s'y est d'ailleurs pas trompé en lui confiant un moment les archives de la colonie !
— Belbenoit a une histoire vraiment incroyable. Là où Dieudonné et Roussenq ont passé quasiment l'intégralité de leur temps aux îles du Salut et n'ont pu raconter le reste du bagne que par ce qu'on leur en a rapporté, Belbenoit a presque tout vu, et surtout vécu du bagne. Tous ses sites les plus glauques et les plus emblématiques : la Royale et sa terrible case rouge où il devint l'amant d'une fille de gardien dont il était le "répétiteur", l'ignoble prison de St Joseph, le camp nouveau, le quartier disciplinaire de St Laurent du Maroni, le tribunal maritime spécial, l'affreux camp de la mort pour les "incorrigibles" de Charvein, le confort relatif du bagne de Cayenne et même, on l'a vu, le poste d'archiviste de la colonie... et 4 évasions qui l'ont mené aux naufrages, à la famine, au cannibalisme contraint et forcé, et jusqu'à vivre plusieurs mois dans une tribu de sauvages panaméens !
Sa vie est un roman, mais un roman tragique, car si chaque fois il en a réchappé, bon sang, à quel prix !
Le personnage en lui-même est diablement sympathique. S'il exprime encore, lui aussi, reflet de son époque, pas mal de condescendance à l'égard des "nègres", il n'en demeure pas moins qu'il n'est en réalité qu'un simple voleur ayant commis quelques erreurs de jeunesse. Il n'a aucun goût pour la violence, est écoeuré par les brutes épaisses et les pervers dont il se retrouve encerclé à chaque instant, et le jour où quelqu'un lui fait confiance, il respecte la parole donnée, dût-elle lui coûter la liberté, liberté qui était pourtant la plus grande quête de son existence.
Un livre marquant et injustement méconnu. Un témoignage incontournable de l'une des pires incuries de l'histoire du "pays des droits de l'homme".
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Bien que je pensais tout connaître à propos du bagne de Guyane ce livre a complété mes connaissances. Grâce à Belbenoit on se voyage dans l'enfer de Cayenne, de Saint-Laurent du Maroni et des îles du salut entre autres. Quel courage et quelle volonté de vouloir s'en sortir face à cette administration cruelle et inhumaine.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Si un malade ne meurt pas, ce n'est pas grâce aux soins qu'il reçoit. Dès qu'il est resté trois ou quatre jours sans faire de température, on le renvoie de l'hôpital et il retourne à son camp où sa fièvre ne tardera pas à remonter. J'ai connu des forçats qui en moins d'un an avaient fait dix séjours à l'hôpital et au onzième en étaient sortis les pieds devant. Dans cinquante pour cent des cas, l'acte de décès porte la mention "mort de faiblesse physiologique".
A 25 ans, un homme peut-il mourir de faiblesse physiologique ? Au ministère on n'y croit pas aussi a-t-on remplacé la mention par : "mort d'anémie pernicieuse".
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Enfants des vieux Gaulois, qu'êtes-vous donc devenus?
Les plus forts d'entre nous marchent en courbant la tête
Pleurez, pleurez, forçats vos cœurs ne battent plus !
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