Récupérer Maddie et Connor à l’aéroport, tout en gérant Ash (au passage, éviter de lui faire manger autant de sucre, ça la rend insupportable !) : réussite estimée à 100 %
Trouver le 8 vertical : réussite estimée à 45 %
Rester à distance d’Ash et cesser de fantasmer sur elle : échec prévisible
Je n’avais même plus besoin de regarder le réveil. Je savais qu’il était 7 h 13.
Et je le savais car, depuis six mois, je vivais avec Patrick Swayze. Enfin, je vivais avec Ashley, présidente du fan-club, amoureuse invétérée et fan absolue de Patrick-she’s-like-the-wind-Swayze.
Depuis six mois, à chaque fois que j’entendais la voix rocailleuse de Patrick, je savais qu’Ashley était en train de se réveiller. Durant les premiers jours de notre cohabitation et en l’absence de la cellule diplomatique « Connor-Maddie », j’avais fait ce que n’importe quel homme aurait fait : j’avais grogné, lancé mes chaussures contre le mur, pesté et j’avais finalement pris une mesure drastique : la suppression de la ration quotidienne de muffins de ma gourmande de colocataire.
- Moi aussi, murmure-t-elle.
- Toi aussi quoi ?
- Moi aussi j'ai eu envie de t'embrasser une bonne centaine de fois. Mais dans le cadre de notre politique de redéfinition de notre relation, je suggère qu'on abandonne ce genre de pratique.
- Et pour quelle raison ?
- Parce que nous somme colocataires. Et rien d'autre.
Trouver une nouvelle tactique, je dois ; sous mon charme, elle sera.
Sous son charme, je suis ; fou, elle me rendra.
Vivre avec Ashley pouvait même se révéler très agréable. Si mon réveil de 7 h 13 était désastreux, l’apparition matinale de ma colocataire à 7 h 18 pour son petit déjeuner était divine. Assis sur le canapé, mon mug à la main, j’attendais le signal : le grincement de la porte de sa chambre. Ce fameux bruit qui annonçait mon moment préféré de la journée : l’instant où Ash apparaissait avec sa longue chevelure blonde maintenue dans une pince rose vif et ses yeux verts encore ensommeillés. Son short en soie bleu mettait en valeur sa peau diaphane et son haut Minnie se révélait innocemment érotique. Cette maudite souris était torride au réveil.
S'il était là, c'est qu'il y croyait encore.
Si j'étais là, c'était que je voulais y croire.
— Benjamin Harris, êtes-vous en train de me faire une « feinte-double-feinte » ? s’écria-telle, stupéfaite.
— Tout dépend. Ashley Jordan, êtes-vous en train de me draguer ouvertement dans le but de réaliser un de vos fantasmes pervers dans cette laverie ? demandai-je en triant ses vêtements.
— Comment sais-tu pour mon fantasme ? s’étonna-telle, troublée.
— Tu viens juste de me l’avouer, dis-je avec un clin d’œil complice. Je croyais que je n’étais pas ton genre d’homme ?
— Tu ne l’es pas. Je tente de réveiller le macho dominateur qui sommeille en toi.
— Je suis tout sauf un macho dominateur.
— « Garde mon boxer » ? me rappela-telle sournoisement.
Ashley claqua des doigts, me ramenant à la réalité.
— Ne t’égare pas, jeune padawan. Quel genre de mec, alors ? répéta-telle.
— Le genre Peter : grand, brun, trop bronzé, tatoué et un tantinet stupide.
— Par opposition à : petit, chauve, pâlichon et suprêmement intelligent ?
Elle tapota le bout de ses doigts sur son menton, semblant réfléchir à cet improbable dilemme. J’en profitai pour finir mon café et attaquer mon muffin. Je testais régulièrement de nouvelles recettes, et Ash avait un formidable palais pour le sucré.
— Juste pour me faire une idée, tu te places où, toi
Revenir à la case départ ne changera rien, affirmai-je en essuyant mes larmes d'un revers de la main. En revanche, nous pouvons mettre un point final à tout ça.
En technicolor, ma vie est. Amoureux d'elle, je suis.