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Citations sur Le Bug humain (85)

Nous sommes peut-être la dernière génération qui vivra dans l’opulence, la santé et la consommation sans frein. Dans trente ans, le monde n’aura plus rien à voir avec ce que nous voyons aujourd’hui. Année après année, les températures montent, les océans aussi, des milliers d’hectares de terres se transforment en désert et des millions de personnes se préparent à quitter leurs foyers pour migrer. De tout cela, nous sommes responsables. Pour la première fois de son histoire, l’enjeu pour l’humanité va être de se survivre à elle-même. Non plus à des prédateurs, à la faim ou aux maladies, mais à elle-même. Elle n’y est pas préparée. Devant ce défi suprême, elle ne répond que par des incohérences. La preuve : pourquoi, alors que nous sommes dotés d’outils extrêmement précis qui nous informent clairement de la tournure que vont prendre les événements dans quelques décennies, restons-nous impassibles ? Pourquoi, face à la catastrophe, continuons-nous à agir comme par le passé ? Qu’est-ce qui, en nous, est si dysfonctionnel ? Pour répondre à cette question, je me suis penché sur la part la plus intime et la moins visible de ce qui fait notre humanité. Ce qui nous échappe, blotti au fond de notre boîte crânienne, si obscur et si caché, mais qui nous gouverne. Notre cerveau. Ce que j’ai découvert m’a glacé. Ce cerveau, qu’on présente comme l’organe le plus complexe de l’univers et dont on chante les louanges à coups d’émissions de télévision et au fil de rayons entiers de librairie, est en réalité un organe au comportement largement défectueux, porté à la destruction et à la domination, ne poursuivant que son intérêt propre et incapable de voir au-delà de quelques décennies. Nous sommes emportés dans une fuite en avant de surconsommation, de surproduction, de surexploitation, de suralimentation, de surendettement et de surchauffe, parce qu’une partie de notre cerveau nous y pousse de manière automatique, sans que nous ayons actuellement les moyens de le freiner. Tout n’est pas perdu, parce que certaines parties de ce même cerveau ont la capacité de raisonner autrement. Mais elles sont en minorité, et elles ont du mal à se faire entendre. Pour faire gagner cette minorité silencieuse, il faut d’abord connaître la puissance de ces forces qui œuvrent de manière souterraine. J’ai voulu ici détailler le fonctionnement des circuits neuronaux profonds qui nous conduisent à notre perte, pour que toutes celles et ceux qui souhaitent comme moi un autre destin sachent à qui ils s’attaquent. Car il faut connaître son ennemi pour triompher, dit l’adage. Seul problème, il s’agit ici de se connaître soi-même. (p. 9-10)
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Un jour, peut-être, le nec plus ultra du snobisme sera d'être sobre et respectueux de l'environnement, et non de posséder un 4 x 4 suréquipé. Dans cette hypothèse, dès l'instant où le statut social sera associé aux comportements respectueux de la planète, la partie sera gagnée. Le striatum sera devenu le moteur de la préservation, et non de la destruction.
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Lorsque vous vous habituez à avoir tout instantanément, vous perdez la fonction physiologique qui permet de renoncer à quelque chose maintenant au profit d’autre chose plus tard.
[…]
Nous aimons toujours faire des projets, mais si c’est au prix de sacrifices réels dans l’instant, nous ne possédons plus la connexion physiologique nécessaire pour le faire. Si on nous dit: dans quarante ans, 30 % des terres habitables seront submergées, nous trouvons cela moins gênant que de renoncer à nos vacances annuelles aux Seychelles, et surtout à une bonne côte de boeuf dans notre assiette.
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La loi du moindre effort est, après la loi de l'alimentation alimentaire maximale, du sexe à gogo et de la domination, un socle fondamental du comportement animal, et même du comportement d'un animal "évolué" comme l'être humain. Et elle est inscrite dans le marbre de votre striatum.
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Pourquoi la pensée d'une catastrophe future ne nous conduit-elle pas à modifier nos comportements ?

Deuxième partie. Le bug humain, p. 162
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" Je dois voir les informations ", " laisse-moi me connecter ", sont des phrases que nous entendons quotidiennement. Pour la plupart des personnes accros à l'info en boucle, être informé de ce qui s'est passé au gouvernement, de la météo qu'il fait à Rennes ou du déraillement d'un train en Inde ne changera pas leurs décisions ni leur comportement pendant les jours et les semaines qui vont suivre. Il est probable qu'elles se sentiraient mieux en ciblant leur besoin d'information, et en s'occupant à d'autres activités récréatives. Mais notre comportement est principalement déterminé par le striatum, et non par la raison. Nous sommes devenus des obèses informationnels, un phénomène désigné sous le terme d'infobésité, néologisme qui résume le parallèle avec la consommation effrénée de nourriture dans un monde de pléthore alimentaire, ayant conduit aux taux d'obésité sans précédents que connaît le monde " développé ".
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p.157.
La dopamine qui circule entre l’aire tegmentale ventrale, le noyau accumbens et les différentes aires du cortex cérébral est responsable du fait que tous les tyrans ou dictateurs des régimes autoritaires s’accrochent au pouvoir même lorsque tout semble contre eux, et sont prêts aux massacres les plus sanglants pour éviter de voir chuter d’un microgramme la concentration de dopamine dans leurs synapses cortico-striatales.
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La lassitude dans le couple est en partie redevable de ce mécanisme qui émousse le plaisir par la prédictibilité. Mois après mois, année après année, les neurones du striatum apprennent à savoir exactement ce qui va se passer, et la dopamine se tarit. La réaction programmée par les neurones dopaminergiques est la recherche de nouveauté et de doses plus intenses. Dès qu’un nouveau partenaire sexuel est proposé, le striatum s’illumine de nouveau et la fougue renaît.
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Au terme de ce processus, l'être humain est devenu un danger mortel pour lui-même. Son programme neuronale profond continue aveuglément de poursuivre des buts qui ont été payants pendant une grande partie de son évolution, mais qui ne sont plus du tout adaptés à l'époque où il s’est projeté. Au regard de sa situation actuelle dans un monde globalisé, l'humain est inadapté. Le drame de sa condition réside dans le fait que ses moyens techniques, tout en s’accroissants au fil des siècles, ont toujours été mis exclusivement au service des objectifs prioritaires de son striatum . L’immense cortex d'Homo sapiens, en lui offrant un pouvoir toujours plus étendu, a mis ce pouvoir au service d'un nain ivre de pouvoir , de sexe , de , nourriture , de paresse, et égo. L’enfant sur armé n'a aujourd'hui plus de limites. La grande question qui se pose maintenant est : L’Humanité peut-elle sérieusement se définir d'autres buts que ceux de son striatum. 
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La moralité de tout cela est : lorsque vous vous habituez à avoir tout instantanément, vous perdez la fonction physiologique qui permet de renoncer à quelque chose maintenant au profit d'autre chose plus tard.
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