Son monde baigne dans un écran rouge. Un nuancier écarlate colore ce qu'elle voit. Et elle aime éperdument ce qu'elle voit. Des hommes et des femmes qui prennent conscience de leur sort. Qui tentent de fuir maladroitement. Aucun n'assume avec brio son rôle de proie.
Dieu est un leurre, un mirage qu'on a remplacé par celui de la consommation à outrance.
Elle bénit les heures qu'elle s'imposait à la salle de sport, les kilomètres avalées sur la machine de running, les tractions, les burpees, cet entraînement pour la SaintéLyon.. Bien plus que les études et le travail, ces habitudes saines lui sauveraient peut-être la vie.
De brèves images apparaissaient à Olivier. Invisibles à tout autre, elles jaillissaient sur son chemin, prenaient la forme de spectres décharnés et s'évaporaient aussitôt dans le noir. L'homme apercevait des visages aussi. Ceux, déjà verdâtres, des soldats tués en ce jour. De temps à autre, la face blanche de sa défunte épouse – morte de la peste noire des années plus tôt – surgissait sans crier gare.
Cette créature n'était pas un animal. Aucune bestiole de cette taille ne courait sur les murs à la manière d'un lézard ou d'une araignée. C'était... autre chose qui...
Comme dans Alien.
... s'attaquait à l'homme...
Comme dans Alien.
... dans un espace clos.
La bête se mit à le fixer sans cesser d'avancer, et il put contempler tout à loisir cette longue gueule curieuse qui rappelait le museau d'un requin. De quel enfer sortait cette chose ? De quel putain de film d'horreur ?