Un inventaire à la
Prevert de tous les profils de clients rencontrés par Louise, aussi connue sous le nom d'Alma, qui s'est prostituée pendant plusieurs années pour subvenir à ses besoins; voici ce que nous propose l'autrice.
Ce récit de vie sur « la puterie » est intéressant. Profils et comportements des hommes, qui pour la grande majorité ne respectent pas les limites et tentent d'aller toujours plus loin, cette obligation de résultat car le client paie pour jouir qu'importe ses capacités de base (elle parle d'ailleurs des « peine à jouir » qui sont de vrais calvaires pour les prostituées), l'impact sur le corps, l'impact sur le mental et sur le rapport au sexe et sa propre libido, la difficulté d'en sortir et de revenir à un schéma de vie plus classique et une vie moins confortable financièrement … ces aspects sont abordés très franchement.
Je suis moins emballée par les qualités littéraires de l'autrice.
D'abord, l'écriture n'est pas agréable.
Louise Brevins a la rabâche facile, et entre des passages où elle décrit des scènes vécues, elle se lance parfois dans des argumentaires longuets et faciles, du style « on se fait tous baiser par le système donc autant de prostituer réellement et gagner assez d'argent pour survivre », « on est tous la pute de quelqu'un »…
Certains passages, on ne sait pas pourquoi, sont crus et vulgaires alors que ce n'est pas le ton général du livre.
Il est clair que quand on lit un bouquin sur la prostitution on peut s'attendre à des scènes explicites et cela ne me dérange absolument pas, par contre je ne comprends pas l'intérêt de rajouter du vulgaire au vulgaire. Cela a tendance à discréditer le récit.
Et enfin, le dernier chapitre qui s'adresse à ses collègues prostituées ne m'a vraiment pas convaincue, je l'ai trouvé assez moralisateur voir hypocrite.
Alors que l'autrice explique en début de bouquin qu'en fonction de son origine sociale, de sa capacité à s'exprimer ect on est pute ou escort. Traduction : on fait le trottoir ou on peut proposer d'autres formules.
L'autrice, elle, a vite opté pour un créneau particulier : les massages nudistes. Elle masse des hommes nue et propose une finition par une branlette ou une fellation protégée. Ok. Tarif 120 euros le massage; 4000 euros par mois.
D'autres sont dehors, dans les bois, dans des conditions plus difficiles et à des tarifs bcp plus bas.
Le conseil de placer de l'argent de côté, de ne pas faire du plan B qu'est la prostitution son plan A, de garder un objectif etc revient à ces propositions démagos qui nient la réalité de certaines femmes qui sont dans l'incapacité psychique et matérielle de se projeter sur autre chose.
Je conseillerai quand même ce livre qui se lit rapidement.