De loin, j’avise l’énorme queue qui s’étire depuis la porte vers laquelle je me dirige. Je pâlis. Les queues, j’adore ça, mais de préférence sur un mec comme Leroy.
Je bande direct.
Je pourrais même indiqué le chemin avec ma queue à Samantha.
— Mais, mec, t 'as absolument pas conscience du spécimen que t'as invité ? Tu m'as fait du chantage pour me forcer à venir ici, avec les manières d'un
enfoiré fini. Tu vas tellement manger ce week-end que tu me supplieras de t'achever.
— J‘ai parlé d’un “nous“ putain. Un “nous“ ! Parce que j‘ai envie de tenter le coup. Parce que tu t‘es incrusté dans ma foutue peau en un week-end, enfoiré ! Un “nous“ siginifie pour moi qu‘on se fait confiance. Or je ne vois pas comment ce serait le cas, puisque des deux, je suis le seul à ne pas mentir !
Aujourd’hui, tout le monde a un avis sur tout et se fait un devoir de le partager derrière son écran. La plupart des chroniqueurs à la télé et des influenceurs sur les réseaux sociaux pullulent et clament leurs opinions qui ne souffrent, selon eux, d’aucune contestation. Ils sont pour la plupart incompétents pour juger de ces situations, mais peu importe. Ça fait de l’audimat et des vues. Ça donne l’illusion que tout le monde est en droit d’imposer ses idées et ses croyances. Et des putains d’algorithmes valorisent le buzz bien dégueulasse, alors je ne devrais pas m’étonner de lire “Sale PD” sur mon dernier commentaire, si ?
— T’es gay ?
— Non.
— Je ne sais pas. Je suis Milo. Juste Milo.
Tant pis pour Simon et le reste du monde...
Ce que je ressens ne souffre d‘aucun compromis.
— Justement, ils sont forcément tarés. Un jour, ils vont se rendre compte que ce que je fais, c’est n’importe quoi, et ils vont tous me lâcher.
— Je me demande comment je vais résister à ne pas me jeter sur toi pour recommencer.
T’es gay ?
[...].
Je souris.
— Non.
J’étouffe un rire, puis déclare :
— Je ne sais pas. Je suis Milo. Juste Milo.