Peu habituée aux essais, surtout à les commenter, je tente l'exercice avec difficulté, tout comme il est compliqué de dire si j'ai apprécié ou pas cette lecture. le sujet principal de celle-ci est, non pas les
sorcières, mais l'inégalité entre hommes et femmes.
Si j'avais deux colonnes à ma disposition, je listerais les points positifs et négatifs, alors, je vais faire comme si…
Première colonne - les points positifs :
- Quatre parties bien étanches, ce qui empêche de se disperser : l'indépendance de la femme, la maternité, la vieillesse, la médecine. Pour chaque thématique est analysé ce qui, depuis des siècles, empêche la femme d'accéder à la liberté et d'être insoumise au patriarcat.
- le livre est hyper documenté, il y a beaucoup de références si on souhaite approfondir, faire des vérifications, ou se renseigner sur l'une des thématiques.
- La lecture est instructive : j'ai appris énormément de choses grâce aux exemples cités et anecdotes racontées par l'autrice, grâce aux rapprochements entre l'histoire des
sorcières depuis la Renaissance, pourchassées pour leur indépendance, leurs connaissances des plantes et de la nature, leur expérience et donc le risque de faire de l'ombre au tout puissant patriarcat, et la vie actuelle des femmes souvent cantonnées à leur rôle de mère et d'épouse, traitées comme des objets par les scientifiques, par les médias, par la société. La différence de traitement, dans des situations semblables, entre l'homme et la femme, est mise en exergue et les exemples et anecdotes sont édifiants.
- Grâce à cette lecture, j'ai pris conscience de certaines situations lointaines, de certains faits ou évènements historiques que perpétuent aujourd'hui des traditions iniques qui maintiennent l'inégalité entre les deux sexes.
- L'écriture est simple, directe et franche. le livre se lit facilement, est accessible aux personnes ayant un déficit de connaissance sur les sujets, comme moi ! C'est donc une bonne entrée en matière pour les profanes.
Pour toutes ces raisons positives, la lecture est addictive,
Mona Chollet m'a embarquée et je n'ai pas lâché ce livre une fois entamé.
Deuxième colonne - les points négatifs :
- Paradoxalement, j'ai trouvé un manque de structure à l'intérieur de chaque thématique, c'était pour moi un peu confus.
- Si au début de son essai,
Mona Chollet parle des
sorcières, de leur chasse et de la terreur qu'elles ont subies, de leurs tortures et exécutions pendant la Renaissance, de la crainte qu'elles inspiraient aux hommes, non par leurs diableries et sorcelleries, mais par leurs connaissances, expertises, autonomie, et donc finalement, à cause du risque qu'elles accèdent au pouvoir et, ou deviennent l'égale de l'Homme, j'ai regretté qu'après avoir explicité son point de vue sur la relégation de la femme au rang de jolie chose jusqu'à sa date de péremption - la ménopause - permettant à l'espèce humaine de se reproduire (pour faire bref), elle ne fasse plus que quelques allusions comparatives aux ancêtres
sorcières pendant les trois-quarts du livre. le titre de l'essai n'est donc pas évocateur de son contenu.
- Il y a beaucoup de parti pris, je l'ai ressenti comme une instruction à charge : tout ce qui place la femme en position d'infériorité à l'homme n'est que pure volonté intentionnelle de la part de ce dernier, ou plutôt de la société patriarcale : c'est réducteur et manichéen; j'aurais aimé que l'autrice contrebalance ses assertions, qui ne sont souvent que l'expression de son opinion, par les progrès et l'évolution de la société, surtout en Occident. Elle accuse beaucoup d'avoir diabolisé les femmes indépendantes, mais elle-même diabolise l'homme. Bien sûr, elle explique que ce n'est pas l'homme individu qui est visé, mais le patriarcat; il n'empêche que certains raccourcis m'ont dérangée. Il y a parfois un effet « loupe » sur lequel elle surfe pour en tirer une généralité.
- A mon avis, le contenu du livre n'apprendra pas grand chose aux personnes déjà au fait de ces thématiques.
Je m'arrête là car je suis déjà trop longue, et pourtant je me suis limitée à l'essentiel de mes ressentis. Je ne regrette absolument pas cette lecture, et il est même possible que je relise cet essai de manière moins rapide, afin d'assimiler certains concepts et de revoir peut-être mes jugements.
Au final, après m'être relue, il se trouve que je recommande cette lecture pour celles et ceux qui s'intéressent au féminisme, mais avec un esprit très critique ! Et…que je ne recommande pas cette lecture à celles et ceux qui s'intéressent aux
sorcières, ou de s'arrêter après l'introduction…