Un gros livre, oui, mais qui se dévore et se savoure. On peut picorer par petites touches, s'arrêtant pour se régaler des très nombreuses illustrations, tester les recettes proposées selon les différentes périodes historiques - même si les reconstitutions sont hasardeuses, en l'absence de véritables conversions des mesures, d'indications sur les températures, d'ingrédients qui ne sont plus les mêmes, de livres de recettes qui n'apparaissent que tardivement... Si on est gourmand, on peut lire d'un coup tout un chapitre - ils sont tous assez courts, accessibles, ne demandant pas de connaissances historiques particulières. Pour la soif, le lecteur peut se désaltérer avec le récit des "mythologies de table", de petits paragraphes sur l'invention des pâtes,
Marie-Antoinette et la brioche...
Pour donner un point de vue plus historique, il faut saluer le travail sur les sources : archéologie, iconographie, livres de recettes et livres de comptes... Ce n'est pas une histoire mondiale, plutôt occidentale, même si les échanges culinaires entre civilisations et continents font partie de l'histoire de l'alimentation : nouveaux produits, nouvelles pratiques... La mondialisation a commencé par la mondialisation alimentaire.
Et surtout, le propos principal, au delà d'une simple histoire des goûts ou des techniques agricoles et culinaires, est de montrer que l'alimentation s'inscrit toujours dans une culture précise. Les interdits religieux, les règles de politesse, les ustensiles... sont propres à chaque culture, mais aussi à chaque milieu social. Plus encore, l'alimentation apparaît donc comme un fait social total qui est éminemment politique. Oui, au-delà des anecdotes amusantes, c'est cette dimension qui est particulièrement intéressante - savoureuse donc.