Rapport de lecture sur “
Un animal sauvage” de
Joël Dicker
1. Clichés et descriptions simplistes
Dans “
Un animal sauvage”,
Joël Dicker semble persister dans l'utilisation de clichés et de descriptions simplistes, ce qui nuit à la profondeur de son récit. Les lieux, les personnages et les situations sont souvent décrits de manière stéréotypée, sans l'originalité ni la finesse qui permettraient de captiver pleinement un lecteur ayant quelques exigences de qualité littéraire.
2. Difficultés avec la concordance des temps
Une difficulté notable dans ce livre est la gestion de la concordance des temps, particulièrement l'utilisation de l'imparfait par rapport au plus-que-parfait. Ces erreurs grammaticales peuvent dérouter le lecteur et nuisent à la fluidité du récit. Par exemple, des actions qui auraient dû être décrites au plus-que-parfait sont parfois présentées à l'imparfait, créant des incohérences temporelles.
3. Utilisation libre de la ligne du temps et flashbacks
Dicker multiplie les “flashbacks” et fait une utilisation libre de la ligne du temps, ce qui peut désorienter le lecteur. Si cette technique narrative peut être efficace lorsqu'elle est bien maîtrisée, ici, elle semble servir principalement à privilégier l'utilisation du présent et à minimiser les erreurs grammaticales liées aux temps du passé. Cette approche rend la chronologie des événements confuse et moins immersive.
4. Compte à rebours et montée de suspense
Le dispositif narratif de compte à rebours par rapport à l'attaque de la banque, censé créer une montée de suspense, est grotesque. Plutôt que de susciter une véritable tension, il donne l'impression d'une construction artificielle et maladroite, qui échoue à engager le lecteur.
5. Personnages et profil psychologique
Le plus dérangeant dans ce livre est l'absence de profondeur psychologique des personnages. Ils manquent de cohérence et de stabilité, apparaissant comme de simples marionnettes au service d'une intrigue destinée à prendre à contrepied les intuitions du lecteur. Leurs réactions aux émotions comme la surprise ou la peur sont simplistes et soudaines, sans évolution progressive ni analyse approfondie des sentiments.
6. Évolution des sentiments et analyse psychologique
L'évolution des sentiments des personnages n'est jamais véritablement explorée. Les retournements d'opinion et les changements d'émotion sont abrupts et manquent de crédibilité. Par exemple, un personnage furieux contre sa femme pour infidélité peut instantanément changer d'avis sur une simple phrase, puis revenir à son opinion initiale en un instant, sans analyse psychologique crédible.
7. Synopsis et retranscription
Il semble que si
Dicker écrit des synopsis, il les retranscrit directement dans le roman sans vraiment les étoffer. Cela se traduit par des dialogues et des situations qui manquent de profondeur et de réalisme psychologique. La progression des intrigues est souvent précipitée et superficielle.
8. Réception critique et popularité
La popularité de
Dicker repose principalement sur une intrigue surprenante et contre-intuitive, plutôt que sur la profondeur des personnages ou la vraisemblance des réactions. Les lecteurs qui apprécient ses romans recherchent avant tout une histoire qui les déroute, sans se soucier de la cohérence psychologique. Les critiques médiatiques, souvent peu sincères, contribuent à cette popularité sans apporter d'analyses approfondies des faiblesses du texte.
Conclusion
“
Un animal sauvage” de
Joël Dicker souffre de nombreux défauts, allant des clichés et descriptions simplistes aux erreurs de concordance des temps et à une gestion maladroite de la chronologie. Les personnages manquent de profondeur psychologique, et les intrigues, bien que surprenantes, manquent de crédibilité et de cohérence émotionnelle. Malgré cela, l'auteur continue de jouir d'une popularité considérable, en grande partie grâce à une intrigue déconcertante mais superficielle, soutenue par des critiques médiatiques peu exigeantes.