Plébiscité sur les réseaux sociaux, montré comme "le" livre féministe à avoir et à lire, j'attendais beaucoup de ce livre, et en fût partiellement déçu.
Je commencerai par le positif : j'offrirai sans hésiter cet ouvrage à n'importe quelle personne souhaitant commencer des lectures féministes mais ne sachant pas par où commencer. En effet, celui-ci parcoure habilement et avec une écriture souple la question de la violence des femmes dans l'art, le cinéma, dans la grande histoire mais aussi dans les récits familiaux individuels. Irene vulgarise également quelques ouvrages théoriques, tel que le Se Défendre d'
Elsa Dorlin. Un beau panorama, une belle entrée en matière.
Rentrons désormais dans le dur, dans la déception. Irene est une militante féministe ayant notamment construit sa notoriété sur Instagram. Et c'est bien là pour moi, justement, ce qui constitue son défaut : c'est un livre tout droit sorti du militantisme virtuel. Ici, pas de nouveautés, les exemples sont vus et revus. Pas d'analyses, non plus, si ce n'est des citations d'ouvrages théoriques reformulés par la suite. Parlons d'ailleurs des citations : elle constituent une part importante du livre, parfois sur plusieurs pages ! Bref, pas de nouveauté, pas de valeur ajoutée, pas de nouveaux chemins de réflexions déboisés, un simple panorama qui ne méritait, je pense, pas autant d'emballement.
Un dernier agacement subsiste, qui montre une nouvelle fois l'aspect "Instagram" de l'ouvrage : la mention de
Valérie Solanas. On sent Irene gênée d'en parler. Cette femme ayant écrit le manifeste le plus violent de l'histoire du féminisme, impossible d'en faire l'impasse ; malheureusement, cette femme a eu des prises de positions qui ne plaisent plus (concernant la prostitution, par exemple) ou étant franchement détestables (transphobie). Où voit-on l'aspect Instagram, donc ? Dans cette peur tangible d'Irene de risquer d'être publiquement associée à ses prises de position, et donc d'être publiquement disqualifiée. Ainsi, au lieu de parler franchement des faits, Irene tourne autour du pot, montre patte blanche, effleure le sujet de
Valerie Solanas et n'en fait rien. La peur domine, et c'est dommage !