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sur 2595 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bilan rapide : qu'avais-je lu de Molière avant L'École des Femmes ?
- Les Fourberies de Scapin au collège,
- Dom Juan au lycée,
Autant dire rien.
Il était temps de me réveiller et de combler la lacune. Que dis-je ? le fossé, le ravin, le canyon, le gouffre !
Et pour commencer, cette pièce bien divertissante qui, si j'en crois la préface, apporte la nouveauté de la satire sociale qu'elle mélange à la farce pour créer la Comédie classique. Grands Dieux, voilà un départ intéressant !
Satire et farce sont en effet habilement mélangées pour faire rire et pour agacer. Les moments marrant sont nombreux. Par exemple quand Georgette et Alain, les serviteurs d'Arnolphe, s'envoient des alibis de surbooking parce qu'ils ont la flemme d'aller ouvrir la porte à leur maître et se précipitent à coup de « prems » et « moi d'abord » quand ce dernier les menace de leur couper les vivres.
La satire, c'est avant tout sur le personnage d'Arnolphe qu'elle tombe comme le marteau de Thor sur l'enclume de la stupidité. le gars a une vision de la place de la femme dans la société probablement assez commune à l'époque (et probablement assez commune de nos jours si on regarde sous les tapis de tous les peuples) : en gros la meilleure femme est une nouille inculte qui « réfléchit » trois jours avant de répondre « bonjour », qui fabrique et gère les mômes, et qui obéit au doigt et à l'oeil comme un bon toutou à son seigneur et maître de mari (en faisant où on lui dit de faire par-dessus le marché).
Le mec, qui veut se marier, a donc prévu son coup de longue date. Il a fait élever Agnès, celle qu'il a unilatéralement désignée comme sa promise, comme une oie blanche pas fut fut qui ne voit jamais personne pour éviter les tentations.
Mais le destin va se charger de remplir le cerveau vide par l'intermédiaire de l'expérience immédiate, l'amour du bel Horace servant de catalyseur. Les capacités innées d'Agnès sont suffisantes pour que son cerveau prenne les bonnes décisions, au grand dam d'Arnolphe qui n'a de cesse de la cloîtrer et de lui seriner ses devoirs.

Les multiples plans d'Arnolphe qui tombent en quenouille sont terriblement amusants. Tout au plus ai-je senti un peu de patinage à l'acte IV. La satire sur le genre de personnage qu'Arnolphe incarne tape juste, suffisamment pour que la pièce ait provoqué à l'époque de sacrés remous. Premier tir de Molière : touché, sous-marin coulé. Au navire suivant. Ce faisant, Molière défend l'idée de la femme érudite (et sexy je suppose, tant qu'à faire) qui rend la vie de l'homme incroyablement plus intéressante. Je crois que Molière aurait aimé les Salons du 18ème siècle.

Molière termine sa pièce par un coup de théâtre à base de coïncidence impossible, et tout finit bien. Mais l'essentiel est passé. L'essentiel est la caricature Arnolphe, tout comme dans l'Avare, l'essentiel est Harpagon lui-même.
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Lorsque Molière fait représenter l'Ecole des femmes en 1661, les spectateurs sont littéralement déroutés car ils n'avaient jamais vu une pièce de cette forme. Il faut savoir qu'à leur époque, la comédie était surtout composée de farces avec des plaisanteries grossières, du comique de situation ou encore la commedia dell'arte avec des personnages stéréotypés et beaucoup d'improvisation. Ainsi, pour la première fois, le public découvre une comédie en cinq actes et en alexandrins. Avec cette pièce, Molière veut donner à la comédie ses lettres de noblesse : il veut en faire un genre sérieux qui porte une réflexion morale et sociale. Pour répondre aux critiques, Molière décide alors d'écrire une petite comédie en un acte : la Critique de l'Ecole des Femmes.
Bien qu'elle fasse partie des premières oeuvres de Molière, l'École des femmes est sans conteste l'un des meilleurs ouvrages de l'auteur. Préfigurant en quelque sorte le vaudeville à travers les mésaventures cocasses d'Arnolphe et ses deux valets, la pièce est, comme toujours, un plaidoyer à l'amour sincère et non intéressé, non pas financièrement mais bien physiquement ici, ce qui en fait une des pièces les plus sexuelles de Molière. C'est surtout de la comédie pure et dure, même si en vers, quand Arnolphe tente par tous les moyens d'empêcher l'union de sa protégée avec un jeune homme - et, par extension, facilitant leur rapprochement plutôt que leur éloignement. Mené à un rythme effréné, avec cette pointe de critique des mariages arrangés qu'affectionnait Molière, L'École des femmes est un vrai moment de plaisir parfaitement équilibré et emblématique d'une oeuvre qui a su traverser les époques à titre méritoire.
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En décembre 2020, le gouvernement nous annonce que la polygamie, déjà interdite en France, sera sévèrement sanctionnée. Dans un projet de loi 'confortant les valeurs républicaines' (sic), il est prévu de retirer notamment les titres de séjours (professionnels et étudiants) aux personnes polygames.
Mais « on ne va pas interdire les plans à trois, l'infidélité, le polyamour, les trouples... », précise Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté.
Esprit gaulois ET réfractaire, quand tu nous tiens par la barbichette...
A défaut de piger toutes les nuances entre monogamie et fidélité, les multi-planeurs seront rassurés.

Au milieu du XVIIe siècle, Arnolphe ne l'entend pas de cette oreille : il ne veut pas partager. Ce vieux bourgeois, auto-rebaptisé M. de la Souche (pensée pour feu VGE), s'apprête enfin à convoler après une bonne dizaine d'années de patience.
Sa pupille Agnès, qu'il a repérée lorsqu'elle avait quatre ans (4 ans !), a été élevée au couvent pour correspondre à ses exigences.
Elle doit être :
1. fidèle
2. ne pas le tromper (mieux vaut le répéter, ça obsède Arnolphe)
3. douée pour la couture
4. ignorante et sotte.
A dix-sept ans, la voilà à point, prête à la conso, mais peut-être pas si disponible que le barbon l'espérait...

Wikipédia m'apprend que le spectacle, « novateur par son mélange inédit des ressources de la farce et de la grande comédie en vers », fut un immense succès à sa sortie, en 1662.

Je veux bien le croire : quiproquos et rebondissements s'enchaînent dans cette pièce en alexandrins pleine d'humour. Et Molière a su ménager le suspense jusqu'aux derniers vers.
Le coût d'entrée est un peu rude :
• la typo est minuscule,
• j'ai perdu l'habitude du vieux français entrevu au collège & au lycée,
• et le rythme de Gérard Depardieu dans 'Cyrano' (Jean-Paul Rappeneau, 1990) m'est sorti de la tête.
Mais l'effort en valait la peine !
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On ne dresse pas une jeune fille ou une femme comme un chien ;
Molière nous le fait savoir, tous les Arnolphe de la Terre sont des impertinents, des malotrus, des « machos » et le mot est faible.
.
« ARNOLPHE (à Agnès):
Votre sexe n'est là que pour la dépendance:
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu'on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité:
L'une est moitié suprême et l'autre subalterne;
L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne « 
.
Molière est le premier féministe !
.
.Le 26 décembre 1662, la troupe crée L'École des femmes, quatrième grande comédie de Molière, dans laquelle il bouscule les idées reçues sur le mariage et la condition des femmes.
Arnolphe est un vieux célibataire qui a peur d'être cocu s'il épouse une femme ; donc il a placé sa filleule Agnès dans un couvent pour qu'elle ne soit pas trop informée des choses du sexe, afin de pouvoir la manipuler, de l'épouser sans inconvénients, et de lui inculquer les règles entre époux à son goût à lui.
Mais survient un jeune homme qui fait la cour à Agnès.
C'est alors que Molière tourne le vieux grigou en ridicule en utilisant ses armes favorites : la farce et le quiproquo.
.
Que veut montrer Molière dans son art, au XVIIè siècle ?
.Avec L'École des maris (1661) et plus encore L'École des femmes (1662), Molière se moque des tyrans domestiques et plaide en faveur de l'éducation des femmes, d'où « L'école des femmes » ; c'est un féministe avant l'heure.
Cette pièce soulèvera des commentaires de la part des spectateurs offusqués et des précieuses, et Molière y apportera une belle réponse dans une autre pièce :
« La critique de l'école des femmes ».
.
Sans être « libertin » au sens moderne du mot ni porteur d'un système philosophique précis, Molière apparaît comme un homme qui « s'est affranchi des règles de la société et de la tutelle de l'Eglise.
.
Je trouve que la pièce « patine » dans la scène 1, mais s'envole ensuite : une bonne leçon à tous les machos de France et de Navarre, à commencer par le roi Louis, dont la pauvre Marie-Thérèse, qui fut cocue à souhaits, et dont on n'a jamais entendu l'opinion.
Mais Molière a toujours les faveurs du roi ; comme quoi, sous forme humoristique, beaucoup d'idées arrivent à s'exprimer !
.
A quatre siècles d'intervalle, oserai-je une comparaison ?
On peut rapprocher le théâtre de Mouawad ( « L'Incendie ») de la position de Molière dans « L'école des femmes » ;
Même si l'un a lieu en occident en 1662, l'autre en orient en 1975.
La femme soumise en France au XVIIè siècle peut-elle être comparée à la femme soumise en orient au XXè siècle ?
Même si les conditions sont différentes, on peut répondre par l'affirmative.
En effet, en France au XVIIè siècle, la femme est constamment sous tutelle ;
en orient au XXè siècle aussi.
Une femme qui sort du cadre sous Louis XIV est jugée péjorativement ;
Une femme qui sort des traditions au Liban moderne peut même être lapidée.
.
Avec ces constats, que peut-on dire que, sur la condition de la femme par rapport à la religion ?
Les musulmans ont-ils, sur ce plan, quatre siècles de retard sur l'occident ?
Au XVIIè siècle, la religion catholique était en pleine possession de ses moyens :
Molière se moquait des dévots, et qui là, critique humoristiquement l'enfermement dans un cloître d'Agnès, s'est même fait interdire provisoirement quelques pièces malgré l'appui du roi.
Chez Mouawad, on constate que les us et coutumes musulmanes ne sont pas en faveur de la femme.
La religion en général, semble être pour beaucoup dans la déconsidération de la femme !
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"Le petit chat est mort"..

Pauvre Agnès, souvent réduite à cette réplique qui passe tour à tour pour la plus enfantine niaiserie ou la plus sombre duplicité...alors qu'Agnès n'est rien moins que résolument fille, et bien décidée à ce qu'on la laisse devenir femme comme elle l'entend et avec qui elle le sent!

"L'école des femmes" met aux prises deux mondes atrocement réactionnaires avec un monde résolument moderne. Deux mondes finissant avec un monde à naître.

La réaction c'est celle, imbécile et quasi végétative, des paysans gardes-chiourme, Alain et Georgette, et aussi celle calculatrice et désespérée d'Arnolphe, le barbon amoureux d'une jeunette. La modernité c'est celle d'Horace, inflammable et audacieux, et d'Agnès,vibrante et décidée.

On voit très vite que ce combat-là, si disproportionné soit-il, est un combat d'arrière-garde, un combat perdu d'avance...

Place aux jeunes, semble nous dire Molière, plein de fougue et de conviction, tandis que le vieux Jean-Baptiste, mélancolique, regarde sa petite Armande chérie faire la belle avec tous les godelureaux qui passent...
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Voici un beau livre de Molière, le "géant" de la comédie.
Arnolphe, bourgeois vaniteux maintenant âgé, voudrait se marier, mais craint d'être cocu.. Il prévoit donc de se marier sous le nom de "Monsieur de la Souche" avec Agnès, jeune fille innocente, pour qu'elle soit entièrement soumise à lui. En effet, Arnolphe a fait élever Agnès dans un couvent, loin du monde, de manière à ce qu'elle soit la plus "sotte" possible. Toutefois, pendant l'absence d'Arnolphe, Agnès est tombé amoureuse d'Horace, jeune galant et fils du meilleur ami d'Arnolphe, et devient donc plus intelligente et autonome grâce à la découverte de l'amour.. Ainsi, Horace décide de confier ses élans amoureux à Arnolphe-Monsieur de la Souche, entre ses craintes et ses espoirsainsi que ses défaites et ses victoires..

Comme la plupart des comédies du XVII ème siècle, cette pièce en cinq actes a un dénouement heureux. J'ai beaucoup aimé, encore une fois, le style de Molière, l'histoire et la fin heureuse et paisible du merveilleux couple qu'est Agnès- Horace.
Une belle pièce, à lire !!
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Il y avait bien longtemps que je n'avais pas lu du Molière... et j'ai retrouvé avec plaisir sa plume agréable à lire. Ici, nous suivons les aventures de Arnolphe, qui désespère de trouver le bonheur conjugal. Il trouve les femmes insipides, niaises et il a une peur : être un jour cocu. Il décide de choisir une femme ingénue, qui ne connaît rien au monde. Comme ça, aucun danger... Mais bon, Molière ne lui réserve peut-être pas ce sort. Une pièce rapide à lire, plutôt drôle, qui a du être très sympathique de voir sur scène. Une belle lecture qui fait sourire..
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J'ai eu l'occasion de voir récemment en banlieue parisienne une représentation de cette pièce. Parmi les spectateurs se trouvaient de nombreux lycéens issus de quartiers populaires y compris quelques jeunes filles voilées, ce qui donnait à la salle un côté bigarré et une diversité qu'on rencontre moins dans les beaux quartiers. Malgré l'obstacle du texte pas toujours facile à aborder, la pièce a connu un grand succès auprès de ce public. Elle aborde par la comédie le sujet de la condition féminine et de l'autonomie de la femme et pose des questions qui me semblent particulièrement d'actualité, notamment chez les jeunes des cités où vivent des populations de culture musulmane et/ou noire africaine. Certes le destin d'Agnes est in fine fixé par son père donc on ne peut pas dire que Molière se fasse l'avocat d'une autonomie totale de la femme, sûrement inconcevable au XVIIème siècle mais L'Ecole des femmes a une résonnance très actuelle dans la société française d'aujourd'hui.
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Alors c'est "Le Barbier" sans Figaro, en à la fois plus drôle et plus dramatique. Bien sûr il y a les alexandrins, et le personnage beaucoup plus détaillé d'Arnolphe. En vieux gardien jaloux de sa jeune pupille, il ne me fait à aucun moment pitié, tant il est bien là détestable par ses propos misogynes et sa volonté de soumettre Agnès à un état de servitude complet. Et cette dernière, ô combien elle évolue entre le commencement et la fin de la pièce ! Si elle est décrite comme terriblement naïve au début, les quelques répliques qu'elle enverra à son tuteur au final montreront bien que celle que l'on forçait à être sotte ne le restera pas bien longtemps.

En revanche un qui n'a pas besoin de s'échiner à le faire croire, c'est ce bellâtre d'Horace, typiquement le genre de personnage qui m'insupporte. En effet, monsieur beau parleur parfait sur lui est un superbe crétin fini ; surtout pour aller conter fièrement ses exploits à son "rival" sans jamais avoir le moindre début de soupçon, il ne faut pas avoir beaucoup de jugeote. A aucun moment il ne m'a parut intéressant, sauf pour m'en moquer quand il court triomphalement dans la gueule de son ennemi. Ahah, involontairement oui c'est bien lui qui me fait le plus rire dans l'histoire.

Bon finalement, malgré cette impressionnante subtilité qu'on lui constate, l'intrigue veut qu'Horace sorte tout de même vainqueur ; alors contre Arnolphe, soit, mais vis-à-vis d'Agnès, dommage qu'elle ne lui substitue pas un nouveau galant de meilleur goût, c'aurait été un rebondissement moins deus ex machina que celui qu'on nous livre (j'vais réécrire la fin moi !). En tout cas je présage qu'il y aura de bons moments dans le couple avec elle, quand madame se trouvera complètement émancipée et qu'elle le dominera allégrement. Uh…, je m'attache trop aux personnages je crois, tralala.

Les répliques brillantes ou cocasses fusent, telle cette « la femme est le potage de l'homme » ainsi que sa suite, et on trouve des scènes de quiproquo, outre le principal, vraiment très drôles (je me remets difficilement du « il m'a pris le… » ).

Une lecture vraiment plaisante, donc, où les scènes de misogynie sont plus drôles qu'irritantes, tant elles sont à prendre au 23eme degré, où l'intérêt n'est pas tant dans l'histoire que dans la pertinence des propos et dans le piquant des situations.
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Arnolphe a une obsession : ne pas être cocu. Pour cela, il pense avoir trouver la parfaite solution : épouser Agnès, qui a été tenue à l'écart du monde et élevée par un couple de paysans. Mais quand Agnès croise le bel Horace, de vrais sentiments amoureux naissent à son égard...
Molière est vraiment doué pour la farce et il le prouve encore une fois avec cette pièce. On retrouve le comique de situations, de langages, de gestes... et le vieux français et les rimes avec grand plaisir.
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