Âme perdue

Ploc, ploc, ploc... Une pluie torrentielle le réveille. C'est en ouvrant péniblement les yeux que ce drôle de p'tit bonhomme tout maigre, un peu bossu, les yeux hirsutes, les cheveux en pétard et deux dents en avant, prend conscience du monde qui l'entoure. Un ciel gris qui surplombe des sommets à perte de vue. Un endroit désertique parfois foudroyé par des éclairs. Lorsqu'une terrible faim se fait ressentir, il décide de parcourir ce territoire inconnu et hostile à la recherche de nourriture. Mais, cela s'avère bien difficile. Peu de choses à se mettre sous la main. Et cet orage qui ne cesse de gronder ! Il va devoir s'armer de courage s'il veut survivre dans cet environnement...

Grégory Panaccione réussit une fois de plus une prouesse artistique originale. L'on suit cet étrange p'tit bonhomme dans sa quête de nourriture. Une quête qui l'amènera à des rencontres inattendues, tantôt bienveillantes tantôt hostiles (l'une d'elles ressemble d'ailleurs, à s'y méprendre, à Marcel Coste que l'on a pu admirablement voir sur le cours dans Match). Un album dans lequel l'on perd parfois pied: qui est cet enfant ? Où est-il ? Que cherche-t-il vraiment ? La fin n'en est que plus touchante et surprenante. Grégory Panaccione décortique chacun de ses gestes sur plus de 240 pages, nous liant intimement à lui. Presque sans paroles, cet album nous plonge dans un monde onirique et un brin fantastique. le trait est très expressif et nerveux et fait parfaitement ressentir les émotions et l'agitation qui anime notre héros. Passant des tons ocres joyeux au bleu nuit ou au gris, les ambiances se suivent et ne se ressemblent pas.
Un album subtil, à la fois drôle et touchant, parfaitement abouti...

Livre généreusement partagé dans une boîte à livre. La narration m'a complètement échappé, puis je me suis laissé aller, guider. Entre "Scrat" de l'âge de glace et l'enfant sauvage, l'empathie a fonctionné. L'ambiance lugubre et le rythme lancinant m'ont un peu pesé. Quand les rencontres sont arrivées, le propos s'est ouvert, déployé. J'y ai trouvé un autre intérêt. le final en mode reboot post-apo est intéressant et utile, mais du coup presque didactique. Bref, j'ai été plus emporté par le trait que l'histoire, mais l'un aurait-il subsisté sans l'autre et réciproquement ? Je l'ignore. Pas de grand coup de coeur, marais ravi d'avoir replongé dans le travail éditorial de Shampoing. Notre âme doit bien se perdre pour se retrouver, non ?

« Âme perdue » de Grégory Panaccione est un roman graphique atypique et décalé qui met en scène une petite créature au physique guère avenant – corps squelettique, cheveux hirsutes, deux gros yeux et deux dents uniques – mais aux mimiques adorables. Elle se réveille amnésique, dans un monde sombre, dangereux et inconnu, avec, pour seul repère, un bracelet qu'elle a autour du bras. Nous ne sommes pas plus informés qu'elle et assistons à sa lutte pour survivre : chercher à manger, se protéger des violents orages qui sévissent, échapper aux animaux menaçants qui rôdent… Car il semble bien que c'est dans un monde cruel qu'elle reprend connaissance et ses aventures ne vont pas être de tout repos ! le parti pris de l'auteur est de traiter la rudesse de cette intrigue avec légèreté et humour. J'ai éprouvé de la tristesse et de la compassion pour notre petit héros, mais j'ai aussi apprécié pouvoir rire de ses mésaventures rocambolesques.

La petite particularité de ce récit est d'être narré sans presque aucune parole. Quelques onomatopées, parfois des borborygmes, ou des phrases très décousues mélangeant les langues font leur apparition. Mais la majeure partie de cette histoire est dénuée de texte.

Ainsi, une note de l'auteur au début du roman indique : « à lire calmement ». C'est donc confortablement installé dans mon lit et calée sur plusieurs oreillers que j'ai attaqué cette charmante et immersive lecture. J'ai pris le temps de la savourer, d'en déguster chaque case, et de me laisser porter par les péripéties entraînantes de ce petit bonhomme. La magie a opéré et j'ai plongé dans ce récit onirique, lent et contemplatif, mais qui ne manque pas d'animation ni de mouvement.

Le dessin est très expressif et véhicule beaucoup d'émotions : les mines qu'affichent notre personnage sont toutes très touchantes et sincères. Alternant tons sombres, maussades et tons colorés, féeriques, le graphisme traduit à merveille les difficultés et les joies rencontrées par la petite créature. La vivacité et l'agitation qui imprègnent ce roman graphique sont illustrées par des traits vifs et nerveux. le tout est saupoudré d'une bonne dose d'humour qui n'a pas manqué de me faire sourire. Ainsi, nous avons là une oeuvre ébouriffante regroupant un maximum d'éléments qui font d'elle une vraie réussite.
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Ame perdue fut l'une des premières oeuvres de Gregory Panaccione. On suit les aventures d'un petit être dans un monde où la nature est très hostile. On a froid et on a peur pour ce petit personnage mignon tout plein. On ne sait pas à quelle époque on peut situer ce récit. J'avais opté par le Paléolithique supérieur mais je me suis visiblement lourdement trompé.

Là encore, on croit qu'il s'agit d'une bd totalement muette mais cela ne sera pas le cas. Il est vrai qu'il y a une bonne centaine de pages qui défilent sans le moindre dialogue dans ce monde froid et terrifiant. J'ai bien aimé la mise en image, le graphisme, les couleurs ainsi que la tournure que prend les événements.

Là encore, on sentait que l'auteur a un formidable potentiel et qu'il n'a pas déçu dans ses oeuvres postérieures. C'est plus qu'un brillant exercice de style. C'est une découverte et presque une consécration.

Réveillé par la pluie, un drôle de petit bonhomme ouvre les yeux sur un paysage désert et hostile : il fait nuit, il est seul, il semble ignorer ce qu'il fait là et il est terrifié par l'orage qui gronde. Seul le bracelet qu'il porte au poignet pourrait le relier à la civilisation. Poussé par la faim, il part explorer le monde qui l'entoure mais difficile de tomber sur quelque chose de comestible ou de trouver le sommeil avec le froid et les prédateurs qui rôdent et à qui il échappe de peu. Heureusement, la beauté du ciel étoilé et l'aide inattendue de petits insectes vont lui redonner des forces, assez pour repartir à l'aventure.
Un album dense, presque sans dialogues, avec un découpage lent qui nous permet de découvrir le monde à travers les yeux de ce petit héros, et ses réactions souvent amusantes et émouvantes en font un personnage attachant qui va de surprises en surprises.
(Critique également publiée sur la page Facebook de la Librairie Bulles et crayons où je travaillais.)