France Bloch-Sérazin, Une femme en résistance (1913-1943)

Résistance. Ce mot m'évoque le bruit des bottes en cuir qui battent le pavé parisien à la tombée de la nuit. Les pas furtifs des résistants qui parcourent les dédales des rues, collant des affiches, mettant à l'abri un homme en fuite. Cela m'évoque les sabotages, les trains qui déraillent, les soldats allemands assassinés furtivement dans le métro, les journaux passés sous le manteau et imprimés clandestinement... bref je pense aux coups d'éclat. Mais la résistance ce n'est pas que ça et les livres tel que "France Bloch-Sérazin Une femme en résistance" nous le rappellent. En nous plongeant dans la vie de France, Alain Quella-Villéger nous rappelle que la résistance c'était surtout un quotidien, une lutte de tous les instants. C'est une accumulation de petits actes, de nombreuses prises de risques et parfois seulement des coups d'éclat, quand le plan aboutit. Mais c'est surtout un danger constant. Ces hommes et ces femmes sont prêts à donner leur vie pour leurs idéaux et pour défendre ce en quoi ils croient. La plupart des résistants sont restés dans l'anonymat, ce sont des héros pour la plupart inconnus et particulièrement les femmes. L'image du résistant qui combat pour libérer son pays est plutôt celle d'un homme dans l'imaginaire commun. Les résistantes sont donc souvent restées dans l'ombre, inconnues ou ignorées. Ici on découvre une femme intelligente et moderne pour son époque avec une vie professionnelle et familiale riche et épanouie. Pourtant elle n'hésitera pas à risquer de tout perdre parce qu'elle ne peut tolérer l'intolérable.
Le livre alterne entre les faits historiques, les éléments tirés de documents administratifs, les témoignages de témoins de l'époque, les morceaux de lettres, de correspondances échangés entre France et son entourage...
L'auteur croise ainsi la vie de France Bloch, cette femme impressionnante de courage, de détermination et d'abnégation, avec le contexte historique et politique de l'époque. Ce livre est riche en informations. On y évoque la vie dans la prison, comment étaient jugés les résistants lors d'un simulacre de procès nous donnant ainsi une idée de leur vie en prison jusqu'à ce qu'ils soient fusillés ou guillotinés voire pour certains déportés.

Ce livre est très instructif et bien construit mais attention il se rapproche plus d'un livre d'histoire que d'un roman, même si le personnage principal reste France Bloch. Peut être du fait de ce ton très factuel et très sérieux il m'a été difficile de m'attacher à France en temps que personne même si j'admire le personnage. On sent l'admiration de l'auteur pour cette femme, pour autant il ne s'attendrit pas il relate des faits et raconte l'histoire le plus fidèlement possible à partir des résultats de ses recherches.
Cette démarche, de faire connaître ces femmes et ces hommes inconnus, m'apparaît essentielle pour se rendre compte de ce que certains ont sacrifié pour que nous puissions vivre dans les conditions que nous connaissons aujourd'hui.

Merci à Babelio pour la découverte de ce livre dans le cadre de la masse critique non fictions et aux éditions des femmes Antoinette Fouque pour l'envoi.

Ce récit nous décrit une femme de la résistance. Il y a eu surtout des textes sur les hommes mais les femmes, dans l'ombre, faisaient un travail essentiel. Remercions Allain Quella-Villéger d'en avoir mis une à l'honneur. Il nous donne beaucoup de détails sur les faits et gestes de personnages historiques de la résistance mais il nous montre aussi le courage des gens ordinaires.
J'ai suivi France Bloch-Sérazin pendant tout le récit avec le fol espoir qu'elle va s'en tirer bien que l'issue finale ne laissait pas de doute. Une critique peut-être? Elle m'aurait été plus attachante, plus émouvante si l'auteur avait pris le parti de nous délivrer son message sous un angle plus narratif (mais par conséquent moins historique). Sans doute parce que je lis trop de romans historiques. Alors, pour une fois que rien est inventé!
Je recommande cet ouvrage à tous ceux qui s'intéressent à cette période de notre histoire. Il met à l'honneur une femme ordinaire mais d'exception. Il est très bien documenté avec des renvois en annexes nombreux. Comme dans tous ses ouvrages Allain Quella-Villéger, historien de formation, a le souci du détail et de l'exactitude et fait preuve d'un grand professionnalisme.

Les portraits de femmes résistantes sont en général moins nombreux en littérature que ceux des hommes mais Alain Quella-Villeger réussi à corriger cela avec cet essai consacré à France Bloch-Sérazin, jeune femme juive et communiste entrée très tôt en résistance aux coté de son mari Frédo Sérazin.
Le travail de recherche d'Alain Quella-Villeger est impressionnant, les documents d'archives très nombreux (témoignages et lettres de proches, rapports de filature ou encore interrogatoires de police) et montrent différentes facettes de France, mère, épouse, chimiste, communiste engagée emplie de valeurs humaines.
La lecture est un peu ralentie par les nombreuses notes en bas de page mais celles ci sont nécessaires à la bonne compréhension des faits.
De telles biographies me font invariablement me poser les mêmes questions : Aurais-je eu autant de courage ? Aurai- je, moi aussi, risqué ma vie en étant maman ?
On ne peut que trouver admirables ces hommes et femmes qui sont "morts pour la France" à l'image de France Bloch-Sérazin, exécutée à Hambourg pas les nazis alors qu'elle n'avait pas encore 30 ans.
Je conseille fortement cet ouvrage à toute personne s'intéressant à cette période de l'Histoire.

France Bloch épouse Sérazin, mère d'un petit garçon, chimiste, juive, communiste et surtout résistante. Cette biographie est vraiment poignante et, je ne suis pas originale, elle a soulevé en moi les questions classiques, en tant que mère aurais-je fait ne serait-ce que la moitié de ses actes ? Aurais-je été aussi forte sous la torture ? Fière, persévérante et pleine d'espoir en un monde meilleur jusqu'au dernier souffle ? Cette femme a tout sacrifié pour l'espoir d'un monde où son fils vivrait libre.

L'auteur utilise des extraits de lettres, de rapports de police, de souvenirs, etc. pour nous raconter l'histoire de cette héroïne au plus près de la réalité et sans jamais tomber dans le sensationnalisme. Les scènes de tortures ne sont pas détaillées, les propos ne sont pas dramatiques ou larmoyants, bref c'est factuel. Alors parfois on peut trouver certains passages un peu froids bien que les faits soient terribles mais c'est aussi la force de cet écrit, son objectivité. Je recommande fortement cette lecture qui permet de poursuivre notre devoir de mémoire envers tous ces héros et héroïnes qui ont donné leur vie pour que nous puissions vivre libres.

Franche Bloch naît en 1913. C'est la fille de l'écrivain-journaliste Jean-Richard Bloch. Milieu intellectuel, elle côtoie enfant tout ce que la France fait d'écrivains, penseurs, journalistes : Colette, André Gide, Darius Milaud, Tristan Bernard, Louis Jouvet, Stefan Zweig, André Maurois son oncle. Milieu aisé, bourgeois. La jeune femme est une brillante étudiante en chimie qui adhère jeune au Parti Communiste.

Exclue du laboratoire dans lequel elle travaille pare qu'elle est juive, elle participe aux premiers groupes de résistance. Elle sera arrêtée en 1942, déportée en Allemagne et guillotinée le 12 février 1943.

Voilà brièvement résumée la vie de cette jeune femme qui a eu le tort de naître juive et de vouloir défendre des valeurs républicaines. La biographie de Alain Quella-Villéger est précise, très documentée, à l'aide d'archives, de courriers envoyés ou reçus par France. On dirait d'elle aujourd'hui qu'elle était pétillante, vive, qu'elle aimait la vie. le biographe sait faire ressentir la vivacité, l'envie et la joie de vivre de France Bloch-Sérazin (elle s'est mariée en 1939 à Fredo Sérazin, communiste et résistant).

La grande qualité de ce livre est de la faire revivre et à travers elle, toutes les femmes qui ont oeuvré dans la Résistance mais qui sont restées anonymes tant les hommes ont imposé leurs noms. Elles ne furent pas moins courageuses, moins téméraires, elle furent femmes simplement donc plus aisément oubliables dans et par notre société patriarcale.

Il n'est pas innocent que cette biographie sorte chez Des femmes-Antoinette Fouque, maison qui porte haut la parole des femmes, ni qu'elle paraisse aujourd'hui le 7 mars, veille de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Deux raisons supplémentaires s'il en fallait de lire l'excellent travail de l'auteur et la vie de cette femme admirable.
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