T'es fleur ou t'es chou ?

Rue du Monde nous offre cet album jeunesse sur les stéréotypes de genre et l'impitoyable clivage dont peuvent être victimes les enfants selon leur genre. Les filles sont en rose, elles jouent avec des poupées, prennent le thé avec des peluches, alors que les garçons sont en bleu, jouant avec des véhicules et font des jeux de guerre. Les fille naissent des fleurs, les garçons des choux*. Mais qu'arrive t-il lorsqu'un enfant nait d'un choux-fleur? Et bien, il nous invite à jouer sur les deux côtés de la frontière, amenant du même coup fille-fleur et garçon-chou à aussi amalgamer rose, bleu, poupées, chars d'assaut, chamailleries, batailles d'oreiller et autres activités forts amusantes ensemble!

Un bel album très coloré qui nous invite à revoir les stéréotypes de genre, en plus de nous ouvrir au statut dit "non-binaire" des enfants qui ne définissent ni comme garçons ni comme filles., dans un décor qui a des aires de "Pays des merveilles". Une histoire où les scènes deviennent de plus en plus créatives et où les objets deviennent de plus en plus "hybrides", tant en couleurs qu'en formes.

*Historiquement, au Québec, c'était une ruse employée par les parents de dire aux enfants qu'ils naissaient dans des choux, car il ne fallait surtout pas évoquer le fait que c'était des femmes que naissaient les enfants, encore moins que les pères avait quelque rôle à y jouer. le "sexe", même sa forme purement féconde, était un des tabous ultime à cette époque sombre de notre histoire, donc on inventait des histoires abracadabrantes de ce genre. Ma source? Ma propre grand-mère. Il y a donc un petit côté "avéré" dans cet album. Bon, bien sur, cette croyance n'était pas généralisée, mais elle existait bel et bien.

Mélangeant les codes bien institués où les filles ne jouent pas au foot, ne courrent pas et les garçons n'apprécient pas les calins et sont bagarreurs parceque c'est ainsi, les auteurs font entrer dans le jeu un troisième camarade de jeu qui offre la possibilité à la petite fille et le petit garçon de jouer ensemble et d'entrer dans l'univers de l'autre en réinventant d'autres jeux fédérateurs. Et aussitôt, souffle un vent de folie et de fantaisie où l'imaginaire n'a plus de limites pour leur plus grand plaisir. le petit Maël est un exemple de compromis qui démontre que tout en conservant son identité de jeune mâle aventurier, il est possible d'apprécier les petites musiques du coeur et de les partager. Les illustrations sont drôles et colorées, rappelant parfois un univers de Merveilles et de lapin blanc. C'est très agréable!

L'histoire est sympathique, mais ce sont surtout les illustrations de Clotilde Perrin toujours aussi splendides qui allument l'étincelle dans nos yeux. de vraies oeuvres d'art, un festival de traits, d'élans et de couleurs qui jaillissent à chaque page. Très bon !

Une histoire sympathique, avec de magnifiques illustrations très colorées. Cependant le scénario aurait pu aller plus loin pour briser les différences, toutes culturelles, entre les jeux de filles et les jeux de garçons.