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3,9

sur 626 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avoir de l'imagination est un plus, ce livre en est thé-moin. du thé pour les fantômes est un petit bijou, Chris Vuklisevic mettant beaucoup de chaleur et d'esprit dans cet étonnant roman.

Il était une fois deux petites soeurs jumelles, l'une choyée, l'autre honnie par leur mère autant que par les gens du village. Ce n'est pourtant pas le vrai début de toute cette histoire. Adultes, l'une est devenue une sorcière hideuse, cachée de tous ; l'autre entremetteuse officielle avec les spectres, en utilisant du thé. Une quête va les réunir pour retrouver le fantôme de leur mère, récemment décédée. Pour comprendre aussi. Les révélations sur leur passé et celui de leur mère seront fort surprenantes.

Cette quête va se faire enquête autant que virée à travers les ruelles du vieux Nice, de l'arrière-pays et même de l'Espagne. Et surtout s'apparenter à un voyage intérieur.

L'étrange-thé du roman, expression joliment utilisée par l'autrice, est assez vite envoûtante si on sait se laisser porter par l'écriture atypique, se laisser emporter par les émotions qui transpirent de cette merveilleuse imagination. A partir du moment où on arrive à se coller au rythme de la narration, tout coule de source.

Le récit regorge d'idées folles, mais tellement belles, comme ces troupeaux de théières sauvages qui n'en font qu'à leur tête. Mais toujours au service de l'histoire qui se révèle bien plus sombre qu'il n'y paraît, un récit enchanté pour raconter les parts d'ombre de deux soeurs s'étant perdues.

Elles vont se retrouver à travers la recherche de leurs racines qui déploient très loin leur généalogie.

Voilà un très beau spécimen de fantasy pour tous, à conseiller aux lecteurs curieux. le texte est tellement riche de sens, d'esprit et de corps qu'il a toutes les qualités pour contenter bon nombre d'entre eux.

Il faut dire que le thème des secrets familiaux est universel, tout comme la difficulté de se construire sans amour véritable. le réalisme magique du roman emporte par la grâce d'une écriture vraiment étonnante. L'écrivaine a autant soigné la forme que son histoire. Avec talent et inventivité !

C'est un récit à la fois touchant et dur, tout en atmosphère(s) et en nuances, où les esprits frappeurs touchent le coeur. Avec beaucoup de traits d'esprit qui créent un décalage pour mieux aborder les sujets graves.


Du thé pour les fantômes est autant un conte fantastique que philosophique, autour d'une histoire de famille égarée.

Le récit de Chris Vuklisevic, loin d'être empo-thé, démontre un talent fou et une vraie personnalité qui illumine chaque chapitre. Pour un roman qui est une magnifique preuve que l'imaginaire peut parler à tous.
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Après un premier roman remarqué puisque lauréat du concours organisé par Folio SF pour célébrer ses vingt ans (« Chroniques d'un monde oublié »), Chris Vuklisevic revient cette année avec un nouvel ouvrage relevant cette fois davantage du fantastique que de la fantasy. L'action se déroule à Nice et ses environs et met en scène deux soeurs jumelles ainsi que leur mère, toutes trois vivant sur le mont Bégo, à l'écart du reste du village et de ses habitants. Un isolement prompt à la prolifération de rumeurs toutes plus farfelues les unes que les autres, surtout après la naissance tumultueuse des jumelles : Félicité et Agonie. Si certaines de ces allégations sont clairement fantaisistes, d'autres comportent tout de même un fond de vérité, la petite famille étant loin d'être ordinaire. Les deux filles possèdent par exemple la capacité de voir les fantômes (elles grandissent, littéralement, avec celui de leur père) tandis que la mère semble habitée par une puissance extraordinaire lui permettant de convoquer l'orage. Les pouvoirs d'Agonie sont toutefois sans commune mesure avec ceux des deux autres mais bien plus handicapant : des papillons flétrissant tout sur leur passage lui sortent de la bouche dès qu'elle parle, des fleurs endémiques poussent partout où elle s'installe… Bref, la vie quotidienne avec elle n'est pas de tout repos. Est-ce la raison pour laquelle sa mère la traite si différemment de sa soeur qu'elle choie et avec laquelle elle entretient une relation fusionnelle tandis qu'elle ne reçoit que brimades ou indifférence ? Les deux soeurs, elles, s'entendent plutôt bien et se protègent l'une l'autre de cette mère tour à tour attentionnée ou maltraitante, jusqu'au jour où leur chemin se sépare brutalement. Une banale histoire familiale, serait-on tenté de penser. Sauf que cette séparation marque également la disparition du village de Roquebillière situé lui aussi sur le mont Bégo, et c'est justement pour expliquer cette surprenante désertion qu'un archiviste va être envoyé pour recueillir le témoignage des deux soeurs. Plusieurs années après les faits, le voilà qui rapporte la curieuse histoire dont il est parvenu à recoller les morceaux à une simple touriste de passage, tous deux confortablement installés dans un salon de thé.

Ce roman de Chris Vuklisevic n'est pas banal et, si la forme comme le fond peuvent s'avérer déconcertants dans un premier temps, on prend finalement beaucoup de plaisir à plonger dans le passé pour le moins surprenant des deux soeurs et de leur mère. le récit est intimiste et accorde une place centrale à la relation conflictuelle entre les deux soeurs qui se retrouvent bien des années après leur séparation afin d'enquêter sur l'histoire de leur mère. Devenue détective spécialisée pour les esprits errants, Félicité craint en enfin que celle-ci ne soit devenue un fantôme lors de sa mort brutale survenue sur le mont Bégo, et elles ne seront pas trop de deux pour enquêter. L'autrice opte pour plusieurs récits imbriqués, avec un conteur principal qui intervient régulièrement mais qui rapporte surtout les témoignages des principaux acteurs des événements survenus à Roquibillière. Aucune information ne nous est donné sur l'auditrice à laquelle il s'adresse, si ce n'est qu'elle n'est pas originaire de la région, si bien qu'on se glisse facilement dans sa peau et que l'on suit avec attention le récit du vieil archiviste. Il faut dire que son enquête n'est pas banale puisqu'elle nous entraîne de bibliothèques en petites boutiques insolites en passant par un cimetière, un désert ou encore une maison abandonnée. Des lieux que l'on retrouve fréquemment dans le genre fantastique pour l'imaginaire effrayant qu'ils convoquent, mais qui est ici contrasté par le décor niçois. A l'évocation du mot « fantôme », on pense en effet davantage à des lieux glauques et sordides qu'à des plaines ensoleillées et à la plage. le contraste est saisissant et rajoute au caractère insolite du roman qui joue également sur tout le folklore imaginé par l'autrice concernant le thé et les esprits. le récit prend alors un tour presque humoristique, certaines trouvailles à propos des troupeaux de théières, des étranges-thés et de tout le cérémonial qui les accompagne, s'avérant assez savoureuses.

Outre l'humour, le roman est également habité par une touche de poésie appréciable, certains concepts à l'image du majordome-cartographe ou du jardinier-photographe ouvrant la porte à un imaginaire qui sort de l'ordinaire et se mêle harmonieusement au réel pour mieux le réenchanter. L'autrice se fend également de quelques expérimentations sur la forme qui s'avèrent réussies et renforcent la poésie de l'ensemble tout en permettant de s'attacher plus étroitement encore aux personnages. Difficile en effet de ne pas se prendre d'affection pour ces deux soeurs si différentes et que tout oppose, mais qui sont parvenues dans l'adversité à tisser un lien que même les années ne parviendront pas à atténuer. Central dans le roman, le personnage de Félicité est sans doute celui que l'on comprend le mieux et, en dépit de ses premiers abords froids et sévères, l'héroïne se révèle finalement pleine de contradictions, de regrets et d'affection. Egonia, elle, provoque dans un premier temps des sentiments ambivalents chez le lecteur, mélange de dégoût devant la sombre magie qui l'habite, et pitié face aux mauvais traitements qu'elle a subi pendant son enfance. Ces deux sentiments se muent progressivement en respect, si bien qu'on en vient au fil de l'ouvrage à considérer avec autant d'affection l'une ou l'autre des jumelles. Leur mère, enfin, est un personnage complexe particulièrement bien construit qu'on déteste mais qu'on ne peut aussi s'empêcher de comprendre et dont on est impatient de découvrir tous les secrets. Ces derniers se révèlent peu à peu au fil de l'enquête des deux soeurs et mettent en lumière une histoire familiale chaotique et captivante.

« Du thé pour les fantômes » est un roman étonnant qui relate la quête de deux soeurs qui se plongent dans le passé de leur famille afin de retrouver le fantôme de leur mère. Peuplée de rencontres avec les esprits, de thés aux propriétés magiques, ou de déserts enchantés, l'histoire convoque un imaginaire qui sort de l'ordinaire, mêlant le caractère glauque et inquiétant des récits fantastiques aux décors ensoleillés de la région de Nice dans un contraste saisissant. le fond comme la forme sont travaillés et accordent une grande importance à la poésie et aux sentiments des personnages que l'on se réjouit de suivre dans leur enquête, d'archives en cimetière, de maison hantée en plage pluvieuse. Une belle découverte, donc, qui confirme le talent de Chris Vuklisevic dont il s'agit ici du deuxième roman.
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Un récit doux et amer, comme le thé, au centre des rencontres dans ce roman.
Carmine a accouché de jumelles. Une sera son soleil auquel elle donnera et apprendra tout et l'autre ses ténèbres dans lesquelles elle déversera sa haine et ses colères. Une sera passeuse de fantômes, l'autre une sorcière générant mort et pourriture autour d'elle.
Pourtant lorsque la mère meurt, elles doivent composer ensemble pour comprendre la mémoire de cette femme très secrète.

Comment se construit-on quand on est une enfant rejetée et non-aimée ? La préférence maternelle induit-elle obligatoirement la jalousie entre soeurs ?
Autant de schémas de l'enfance que l'autrice explore avec beaucoup de talent et de poésie dans ce beau récit, très touchant et intime, utilisant une narration qui emprunte beaucoup au réalisme magique.
Le roman nous emmène à la découverte d'outrenoms, en compagnie de fantômes presque tous choupis et d'un troupeau de théières sauvages, le tout dans la belle Nice et sa région.
Du Thé pour les Fantômes est un récit de sorcières, d'ombres et de lumière, une histoire de famille qui charrie un cortège de fantômes extraordinaires.
J'ai beaucoup aimé.
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En passant à la médiathèque, j'ai repéré cette superbe couverture. En me voyant, la bibliothécaire m'expliqua son dilemme face à ce roman auquel elle n'accroche pas ... Il ne m'en fallait pas plus pour piquer ma curiosité!
Entrons donc dans une atmosphère cosy, un narrateur anonyme (au début n tout cas) me raconte une histoire au coin du feu dans un salon de thé un peu étrange où fantômes et humains savourent leur thé.
Partons à la rencontre d'une famille composée de trois femmes aussi étrange les unes que les autres, la mère et les deux soeurs jumelles, Félicité et Agonie-Egonia, aussi différentes que possible et qui après 30 ans de silence se retrouvent à la suite du décès de leur mère.
C'est à ce moment qu'elles font équipe pour trouver le fantôme de leur mère et obtenir des réponses sur le passé familial qui semble si flou.
J'ai aimé la plume de l'autrice et l'aspect magique de cette lecture, avec les propriétés des thés, les fantômes, les papillons ou encore l'attribution d'un outrenom.
Une lecture envoutante!
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Adepte d'oeuvres alliant ésotérisme et surnaturel, j'ai de suite été attiré par l'envoûtante couverte et mystérieux résumé de cette oeuvre. Une fois en ma possession, je n'ai pu me résoudre à le laisser et de côté et je me suis empressé d'effectuer un véritable voyage me laissant assez perplexe tant j'ai été séduit par l'univers et ses touchants personnages qui, pourtant, ne sont parvenues à m'emporter totalement au sein leur histoire.

Pour autant, je ne peux affirmer ne pas avoir apprécié cette lecture mais les premières pages me laissaient penser à une lecture coup de coeur tandis que les suivantes m'ont laissé le goût d'incertitude me concernant. Ce sentiment me frustre tant la plume de Chris Vuklisevic n'est absolument pas fautive du fait de sa singulière et enivrante prose qui a plus que résonné en moi et dont le lyrisme m'a fortement envoûté. Il est indéniable que l'auteure maîtrise parfaitement la construction de son oeuvre qui nous permet de mettre en lumière une partie de notre merveilleux patrimoine et j'ai adoré cette excursion niçoise à l'ambiance lourde et à l'atmosphère sinistre. Ainsi, j'ai de suite été saisi par le délicat contraste entre la poésie et la morbidité de l'univers dévoilé et des plus passionnant par cet atypique salon de thé où bien des secrets demeurent. Finalement, du Thé pour les Fantômes se veut autant une oeuvre fantastique que de terroir et j'ai apprécié ce savoureux mélange des genres offrant une oeuvre unique et singulière et permettant à Chris Vuklisevic d'offrir une fresque familiale divertissante à découvrir.

En effet et bien que principalement axé sur le funeste destin de Félicite et d'Egonia – où Agonie, c'est selon – cette dernière dévoile des portraits de femmes fort succulents à découvrir. Dès leurs naissances, la vie ne leur fera pas de cadeau et leurs noms ne laisseront que trop bien présager ce qui attendra cette attachante et touchante sororité. Peu importe le point de vue dévoilé et qu'il s'agisse de la douce et colorée Félicite ou de la sombre Egonia, chaque portrait m'a autant séduit que captivé. Ces deux personnages forcent l'empathie et je me suis rapidement attaché à celles-ci. Séparées depuis bien des années, la mort de leur mère les forcera à se retrouver afin de pouvoir permettre à celle-ci de reposer en paix. Pour se faire, ces dernières devront remonter les traces de leur passé pour découvrir leur véritable histoire et les conséquences de leurs venues au monde.
Bien que j'ai adoré remonter le passé en leur mélancolique compagnie et que cette fresque familiale permet à l'auteure de construire un univers d'ombres et de lumière, enclin à la magie et au surnaturel ainsi qu'aux délicats sentiments, j'admets que cela a quelque peu freiné l'étendue de ce dernier. L'action reste concentrée sur l'origine des soeurs et se dessine finalement un miroitant jeu de piste qui, pour ma part, m'a semblé parfois s'étirer en longueurs malgré toute la beauté du style de Chris Vuklisevic et les nombreux lieux dévoilés et autres personnages présentés.

C'est pourquoi et si je m'en tenais qu'à la sombre ambiance de cette oeuvre ainsi qu'à la singulière et poétique plume de l'auteure, ce roman serait une véritable réussite. Néanmoins, je dois reconnaître que malgré la passionnante fresque familiale dévoilée, cette dernière essouffle quelque peu toute l'étendue du magistral et enivrant univers de cette oeuvre. Pour autant, Chris Vuklisevic est un nom à surveiller de près tant j'ai été sensible à sa délicate prose.
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Même si je n'ai pas été pleinement satisfaite, quand j'ai lu Porcelaine sous les ruines de Chris Vuklisevic alias Ada Vivalda, j'ai eu envie de retrouver sa plume sur un autre texte car j'ai trouvé quelque chose en lui qui m'a beaucoup plu. Ce fut donc un vrai plaisir de participer à la lecture commune de son précédent roman : du thé pour les fantômes avec Audrey et Isabelle et de découvrir enfin un récit qui me parle.

La sensibilité que j'avais cru percevoir dans Porcelaine sous les ruines mais qui m'avait été gâchée par une ambiance trop romantasy que je n'aime pas, je l'ai découverte ici dépouillée de cet habillage artificiel et quelle lecture ce fut ! Poétique, étrange, perturbante, floue. J'ai eu l'impression de plonger avec mes comparses dans une multitudes de petites touches donnant lieu au final à un tableau rempli d'impressions. Merveilleux ! Une ambiance à mi-chemin entre les contes provençaux, les contes des mille et une nuits et du fantastique pur jus également est venu me bercer et m'emporter le temps d'une lecture un peu hors du temps où mes pieds ont souvent quitter terre.

Avec une plume à la fois très directe et poétique malgré sa brièveté et sa concision, l'autrice a élaboré une histoire qui marque, une histoire qui perd, une histoire où on cherche à se retrouver comme ses héroïnes. Les débuts peuvent être étranges, on devine une histoire de famille à suivre autour de deux jumelles que la vie a séparées et qui vont se retrouver autour du mystère de la mort de leur mère. Mais la suite n'est qu'une suite justement de petits morceaux de vie, comme des petits bouts de papier déchirés qu'on collecte et tente de rassembler pour voir l'image générale qu'ils donnent. J'ai souvent eu la sensation, et ma collègue Audrey aussi, de lire ces moments dans un état de semi-conscience, prenant plaisir à suivre ces instants mais ne m'en rappelant que fugacement ensuite. C'est là tout le talent de l'autrice d'ainsi nous faire basculer dans l'étrangeté de son récit dans le rythme même de sa narration et l'impact qu'il a sur le lecteur.

Car cette lecture est une vraie expérience. Elle nous plonge dans les profondeurs des âmes des femmes de cette étrange famille fait d'une mère qui peut déclencher des tempêtes, d'une fille qui aide les fantômes à traverser et d'une autre qui est une sorcière qui fait sortir des papillons mortels de sa bouche dès qu'elle parle. Ces femmes, elles ne semblent pas s'aimer au premier abord, elles ont la rudesse du village reculé de Provence dont elles sont issues et on se dit qu'elles sont fort peu aimables les unes avec les autres. En cela, l'autrice m'a rappelé ces écrits « de terroir » où j'ai aimé la rugosité des personnages qui peu à peu ont fait tomber leur écorce pour dévoiler la tendresse de leur âme. Carmine n'est pas que cette mère injuste et dure que semble décrire Agonie/Egonia ; Félicité n'est pas que cette soeur distante et parfaite ; Egonia n'est pas que cette sorcière qui fait peur.

La beauté du texte vient à la fois du rythme de la plume de l'autrice, des sensations et émotions qu'elle y met dans cette atmosphère de quête de vérité étrange et entêtante où les volutes des parfums des thés employés par Félicité semblent nous pénétrer. Mais elle vient aussi de son écriture en quinconces des personnages, ceux-ci étant toujours sensiblement décalés avec l'image qu'ils donnent, se révélant bien plus riches et complexes. J'ai été totalement happée par cette alliance, le rythme singulier de l'intrigue et son nuage de mystères me pénétrant toujours plus et me rendant les révélations sur les personnages toujours plus saisissantes et émouvantes. Car ne le cachons pas, tout le monde l'aura deviné, avec ces figures de femmes « à pouvoirs » il va être question de marginalité, singularité, sororité et féminisme bien sûr. L'autrice nous invite à revoir notre vision de l'autre, de la différence, de la liberté aussi mais également de la culpabilité et de la monstruosité qui peut se cacher dans la beauté. C'est très philosophique et très intérieur comme lecture. Au fur et à mesure qu'on avance dans le brouillard de cette narration complexe, on voit que les fils entremêlés ne le sont pas pour rien et que cette complexité cache bien des blessures, des blessures profondes, causées notamment au sein même de la famille, ce lieu qui devrait tellement être une protection, mais l'est si rarement.

Bien que parfois perdue dans ma lecture, j'ai vécu une expérience intense auprès d'héroïnes marquantes dont le parcours de vie ancestral fut âpre et entêtant. Une épopée familiale étrange qui m'a emmené aux racines du fantastique tel que je l'aime avec une belle pointe acre de féminisme et d'humanité permettant de mettre en relief nos relations aux autres et les blessures qu'on peut causer en pensant se protéger. Chris Vuklisevic m'a bien démontré toute la profondeur de sa plume telle qu'il me semblait l'avoir perçue et bien plus. Elle m'a charmée par son rythme envoûtant, sa poésie brumeuse et piquante et sa quête tellement résistante. Un superbe voyage de songes, de thé et d'émotions familiales que j'ai adoré faire en compagnie de mes camarades de périples littéraires : Audrey et Isabelle. Merci !
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Déguster un bon thé avec une cuillère de miel (celui de Lutin 82 est un régal) est un véritable plaisir. le faire en lisant un bon roman est une merveille, notre esprit voyage en compagnie des saveurs du breuvage, dans des contrées lointaines en compagnie des personnages. Alors prenez le temps, posez vous autour d'une bonne théière pleine de thé et écoutez l'étrange histoire racontée par Chris Vuklisevic. Cette dernière est une conteuse hors pair, elle a d'ailleurs remporté le concours organisé pour les vingt ans de la collection Folio SF avec Derniers jours d'un monde oublié . Approchez, venez profiter du moment, laissez vous porter par les mots au milieu de la Provence, près de Nice, à une époque pas si lointaine où on offrait aussi du thé pour les fantômes.

Maintenant que vous êtes assis bien confortablement, laissez votre esprit s'évader dans la Provence d'antan, dans un petit hameau perdu dans les collines lointaines de Nice appelé Bégoumas, charmant nom qui fleure bon le Sud de la France. C'est dans ce cadre particulier que deux soeurs jumelles, Félicité et Agonie, deux filles de berger, voient le jour. Les deux soeurs ont grandi dans ce coin pittoresque, mais malgré leur lien de jumelles tout les sépare, à commencer par la relation avec leur mère. Leurs vies vont être bien différentes, mais elles vont être réunies par le décès brutal de leur génitrice, 30 ans après s'être perdues de vue. Félicité est devenue passeuse de fantômes, elle aide les morts à terminer ce qu'ils voulaient faire ou dire pour leur permettre de disparaître réellement. Si elle veut aider sa mère à passer de l'autre côté, il lui faut trouver son fantôme, et pour cela requérir l'aide de sa jumelle. Ensemble, elles vont essayer de connaître cette femme mystérieuse, qui a aimé l'une de ses filles et rejeté l'autre.

Du thé pour les fantômes est un récit à déguster comme une tasse de thé. On en découvre les saveurs petit à petit, l'odeur en premier puis le goût tout doucement ( c'est très chaud au début), avant de nous envelopper de bien-être. L'histoire en elle-même est assez simple : il s'agit de la quête de 2 soeurs que tout sépare depuis leur naissance, de leur relation, de leur lien avec leur mère et de la vie de celle-ci. Mais ce qui fait le sel du roman est la narration si particulière et la plume de l'autrice. Chris Vuklisevic a choisi une narration non linéaire qui apporte beaucoup de charme à cette histoire. A cela s'ajoute les beautés des paysages du Sud, avec leurs caractéristiques bien particulières que fait si bien ressortir Chris Vuklisevic et dont elle tire parfaitement partie. Il suffit de fermer les yeux pour se laisser porter dans ces paysages si typiques de la région niçoise, d'arpenter les collines de Bégoumas. L'histoire des deux jumelles est aussi particulièrement touchante, pleine de non-dits, de sentiments refoulés. La plume de l'autrice se fait tour à tour poétique, envoutante, presque théâtrale par moments. Elle offre un récit très immersif en déployant un cadre si unique, plein d'étrange-thés, et porté par un narrateur mystérieux dont on se demande longtemps l'identité.

Du thé pour les fantômes est une histoire autour du lien familial, du passé, une histoire toute en nuances. Un roman porté par la superbe plume de Chris Vuklisevic et une narration qui brouille les pistes. Un récit qui s'infuse pendant quelques heures et offre une belle évasion, un superbe voyage tout comme une tasse de bon thé.
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Je ne sais pas trop quoi penser de ma lecture. Au début il faut s'adapter au fait que le narrateur nous parle comme si on était en face de lui dans le salon de thé.
Il nous raconte l'histoire des ces deux jumelles qui ne se sont pas vues depuis 30 ans. L'une est passeuse de fantômes, elle peut les voir et les faire parler grâce à du thé, la deuxième est sorcière tout ce qu'elle touche vieilli. A la mort de leur mère elles vont partir chercher son fantôme pour lui poser des questions.
L'écriture est poétique, cela pourrait ressembler à un conte. Plus que l'histoire de leurs pouvoirs c'est une quête d'identité qui est raconté ici. L'histoire de cette famille est très intéressante.
Mais je ne sais pas si ce sont les personnages auxquels je ne me suis pas attaché ou autre chose mais il m'à manqué quelque chose pour vraiment apprécier ce livre.
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Du thé pour les Fantômes était une lecture plaisante, et j'aurais adoré l'aimer encore plus. L'histoire, le style d'écriture, l'ambiance générale et les idées sont incroyables. J'ai un faible pour le surnaturel, les histoires glauques et... les fantômes et le thé ! Et tout ça sans même parler de la si jolie couverture. La plongée dans le Vieux Nice n'est pas sans me rappeler les vacances chez la grand-mère non plus.

Néanmoins, cette histoire a rebondissements multiples est plutôt indigeste -c'est du moins mon ressenti. Si j'ai adoré suivre les péripéties à étapes et les allers-retours dans les souvenirs et le temps, j'ai trouvé les personnage exécrables. A cause de ça, c'est dur d'en avoir réellement quelque chose à faire de leurs histoires. J'ai un faible pour Agonie, et j'avais à coeur de savoir vers où l'intrigue allait nous mener pour elles. Les autres, pas tellement. Des motivations discutables, superficielles et égoïstes, une cruauté sans limite et aucune qualité rédemptrice. Même le rebondissement final très attendu ne justifie pas la vie de souffrance imposée aux jumelles Félicité et Agonie. Ne pas de méprendre sur ma phrase précédente : rien ne justifie de tels abus, mais la conclusion aurait pu avoir une moral douce-amère où l'on se questionne sur "et si c'était moi?". Non, là c'est juste cruel.

En conclusion, je reste vraiment sur une lecture positive, avec des tas d'éléments gothiques qui ne sont pas pour me déplaire, avec un bonus de soupçons de proses poétiques si agréables. Je pense cependant que si j'avais aimé plus de personnages, ce roman aurait été un de mes favoris, sans aucun doute. On pourra dans tous les cas saluer le travail sur lesdits personnages, parce que je pense qu'iels ne laisseront personne indifférent.

Et je rêve d'avoir mon propre troupeau de théières !
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Un très agréable roman pour un bon moment de détente estival dans les hauteurs de mes montagnes du sud est de la France !

Je ne connaissais pas cette jeune auteure Chris Vuklisevic de ma région dont c'est le deuxième roman. Je me suis laissé tenter et ai été agréablement surprise en me faisant emporter dans un récit mélangeant contes et fantastique avec pour toile de fond ma Provence et ses petits villages de montagne devenus quasiment inaccessibles.
Ce récit laisse tout autant la part belle au réalisme en décrivant comment nous nous construisons au cours de notre vie par notre enfance, notre famille, notre parcours bien sûr mais aussi ce qui nous est donné de savoir et surtout ce qui nous est caché et qu'il nous restera à découvrir si le besoin s'en fait sentir.

Agonie et Félicité se définissent aujourd'hui sur la fin de leur longue vie comme soeurs jumelles, l'une sorcière et l'autre passeuse de fantômes et sont, comme leur montagne natale, remplies de creux et de bosses façonnés par leur existence.
Mais cela n'a pas toujours été le cas, elles ont porté différents noms, se sont senties fille unique voire sans famille, ont exercé différentes activités avant de trouver leur voie. La mort de leur mère les a pourtant réunies de nouveau, toutes les deux porteuses de nombreuses questions restées sans réponse. Chacune a une image de leur mère tellement différente et aucune de ces deux images ne semble être la bonne, leur mère reste finalement totalement à redécouvrir.
Ces deux soeurs vont alors refaire tout le parcours de leur mère au fur et à mesure qu'elles le découvrent dans le but de retrouver son fantôme qui pourrait leur fournir toutes les réponses espérées. En le faisant, elles vont redécouvrir non seulement leur mère évidemment mais aussi se redécouvrir elles-mêmes et l'une l'autre.

J'ai beaucoup apprécié ce récit qui est en fait raconté par un témoin extérieur qui va lui-même transmettre l'histoire et l'avancée des recherches de ces deux soeurs. J'ai en effet tout du long ressenti ce parallèle permanent entre la découverte de la vie de cette famille et celle d'une région et de ses villages plus ou moins oubliés. Les deux sont tellement imbriqués ne sachant plus vraiment qui a influencé, construit l'autre, de la famille ou de la montagne.
De même, leurs recherches vont amener ces deux soeurs dans une région bien plus lointaine et le schéma va se reproduire, les déserts et oasis étant la conséquence ou à l'origine de certaines vies.
Il y a d'ailleurs une forte part d'implication de personnages des archives et un des personnages va même se révéler cartographe.
Pour totalement connaitre et comprendre des personnes faut-il connaitre leur région et leurs mythes associés ou inversement est ce la connaissance des vies ayant peuplé une région qui permet de mieux connaitre une région et en définit ses mythes ?

Pour conclure, je pense que Chris Vuklisevic a réussi avec succès à nous raconter à la fois l'histoire de ces deux soeurs et celle de sa région.
Cependant, je rajouterai que mon objectivité est d'autant plus amoindrie que je suis d'origine et vis de nouveau maintenant en Provence. J'ai, alors comme beaucoup à plusieurs reprises il y a bien longtemps, suivi le chemin de ces deux soeurs jusqu'au mont Bégo sommet de la Vallée des Merveilles qui sont des sites sanctuaires. J'y avais été surprise de ce changement total d'ambiance par rapport à d'autres randonnées de la région grâce à ce haut lieu minéral qui invoque la divination . J'ai ainsi retrouvé dans cette lecture tous mes ressentis oubliés de l'époque mais qui me sont au fur et à mesure revenus.


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