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Critiques appréciées (17)

Titre     Date    

Le roman de Jim

Aymeric a vingt-cinq ans quand il tombe amoureux de Florence ; elle en a quarante et est enceinte. le père biologique, Christophe, déjà en couple, ne souhaite pas reconnaître l'enfant et disparaît. Sans trop savoir à quoi s'attendre, Aymeric accompagne Florence dans sa maternité et est à ses côtés lors de la naissance de Jim. Peu à peu, un lien puissant se tisse entre lui et l'enfant, si puissant qu'il s'occupera de lui comme un père dix années durant. Jusqu'à ce que Christophe ressurgisse et revendique de retrouver sa place, évinçant peu à peu Aymeric, qui sera finalement contraint à une séparation brutale d'avec l'enfant.
Le Roman de Jim, qui se déploie sur plusieurs décennies, tresse le destin de personnages et leurs revirements avec une justesse et une empathie émouvantes. En interrogeant les différentes façons d'être père, il dessine une parentalité mouvante et s'adaptant sans cesse aux aléas d'existences complexes et bouleversées. C'est aussi le portrait saisissant d'un garçon sauvage puis d'un homme en marge, sur fond de précarité, de missions intérimaires, au sein d'un Jura dont la nature le consolera, peut-être, d'une douleur rarement décrite en littérature.
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Le continent de la douceur

Fable politique pour adulte, "Le continent de la douceur" nous narre l'histoire du Karst, petite principauté imaginaire et oubliée des Balkans dont toute ressemblance avec d'autres principautés n'est sans doute pas tout à fait fortuite. Il commence avec un premier chapitre très drôle et une impressionnante galerie de personnages fictifs qui font de l'accrobranche et dans laquelle débarquent Jean-Claude Juncker, Manuel Barroso ou Dominique Strauss-Kahn ! Puis on fait la connaissance de Flavio et d'Olivier, deux enfants, amis ou ennemis, qu'on verra grandir au cours du récit. On découvre aussi le couple Ida-Jan, Ida, la richissime banquière à la folle histoire romanesque et Jan, le golden boy de Wall Street, beau gosse pas très futé qui arrêtera de collectionner les femmes pour les timbres ! On suit également le personnage de QPS, intellectuel à la croyance toujours renouvelé dans le libéralisme et avatar de BHL sans en être une caricature, opposé à Griff, un écrivain nationaliste qui devient fou et fasciste. Cela donne une collection de personnages pittoresques, drôles ou risibles fonctionnant par couple et ayant tous un lien avec le Karst. La suite du récit m'a un peu inquiété par moment avec des plongées dans les mathématiques ou l'histoire européenne et une érudition très marquée. J'ai redouté de ne pas accrocher ou de me perdre dans les digressions historiques, sociales ou économiques très documentées sans toujours bien comprendre où l'auteur voulait en venir. Mais le baroque de la trame romanesque, qui m'a fait penser à des albums de Tintin, permet de s'en sortir. Riche et dense, le récit, qu'il me faudra sans doute relire, foisonne de références, de symboles, d'objets cachés et d'énigmes qu'on s'amuse à décrypter. Aurélien Bellanger réussit le tour de force de complexifier l'histoire européenne déjà bien compliquée en y ajoutant celle d'une principauté imaginaire. Et ce mélange entre ce qui est connu, historique ou réel et ce qui est fictif, imaginaire ou inventé, fonctionne magistralement, sans suture visible. Car l'auteur maitrise parfaitement la langue, le vocabulaire, la grammaire, le rythme du récit avec des chapitres courts et parfaitement calibrés. Sur le plan politique, il propose une fable satirique à la Voltaire qui questionne, sans vitriol ni lourdeur, se moquant gentiment de ses personnages, tout en douceur. Au fond, Aurélien Bellanger, en racontant l'histoire d'une principauté qui n'existe pas, nous offre une vision décalée de l'histoire européenne dans laquelle il dit beaucoup de choses sur la situation et les oppositions actuelles et qui rend finalement la lecture de cette fable politique teintée d'humour caustique très réjouissante. Et on finit par oublier que l'on avait pu se perdre par moment.
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Nino dans la nuit

Nino Paradis a vingt ans, sans argent ni aucune perspective de vie, mais une furieuse envie de dépasser cet horizon bouché, quitte à se fracasser contre les parois de la nuit. Se perdre dans les ténèbres lui permettra-t-il de retrouver le chemin de la lumière ? de sa prose ardente, ce roman illumine le crépuscule d'un nouveau jour. Un roman incandescent.

Ça commence par un engagement militaire dans la Légion étrangère, « l'armée en pire ». C’est une volonté empreinte de désespoir qui l'a poussée à venir « gueuler en coeur » parmi « un concentré de galériens, prêts à crever canon en avant pour un smic ». Mais il n'aura pas le temps de marcher au rythme du Boudin : recalé, car complètement camé. « C'est le destin de ce monde que de rattraper ceux qui fuient trop vite ».

« Retour à la case merdier », car il faut bien continuer d'avancer. Et s'il ne peut plus verser son sang pour la France, il se contentera de donner son corps dans des petits boulots précaires et mal payés. Son père le croit étudiant, alors qu'il crève de manque d'argent. Et le peu qu'il gagne, autant le dépenser à s'oublier. Nino Paradis, son nom pourrait être un gag, pour l'instant il le justifiera dans des plaisirs artificiels : la weed pour voyager, des canettes pas chères avec des gros 8 dessus pour décoller, la coke, la kétamine et toutes les lettres de l'alphabet sur des comprimés pour s'envoler. Fuir, oublier « la brume dégueulasse dans laquelle s'enfonce l'avenir », quitte à « sombrer dans un monde où tout est possible et qui fera demain encore un réveil triste ».

La nuit l'emporte, elle l'envahit. Défoncé des cinq sens, ses tympans pressurés par des musiques assourdissantes, à force de trop tirer sur le joint, « la queue du diable », il n'aura pas de second tour gratuit pour le paradis et risquerait bien de se faire appeler Nino Enfer.

Du fond de la nuit, brille encore une lumière.
Les souvenirs de sa peau l’aident à tenir. Elle s’appelle Lale. Elle revient dans sa vie comme un messie. Ensemble, ils pourront retrouver le chemin du jour et « baiser la nuit ». À corps unis, l’espoir surgit. C’est pour elle qu’il volera, pour elle qu’il vivra. Lale est son phare, son seul espoir.

« Je cherche le bout du départ pour nous dérouler la grande vie, te tailler des tangas dans le tapis rouge et plus jamais suer à courir après ce qu'il faut pour passer d'un jour à l'autre. Je sais pas comment faire, alors je sors guetter, brancher la vigilance dans la rue pour voir si des fois de l'or sortirait pas de ses trous. »

C’est une déclaration d’amour avec les mots qui lui restent. De leur prose étincelante, Capucine et Simon Johannin feraient lever le soleil dans la nuit la plus noire. Après L’Été des charognes de ce même Simon, on suit avec plaisir et émotion le destin de Nino l’écorché. Tour à tour poétique ou brute, sa langue fait briller en nous tous les espoirs assombris.

Nino dans la nuit, Nino dans le jour, Nino pour la vie. Une étoile polaire d’une vivacité et d’une vitalité éblouissante !

Retrouvez ma chronique sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Nino-da..
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Au-dessous du volcan

Allons!
Je ne couperai pas à la relecture de ce livre qui sut m'hypnotiser voici quelque quarante ans... peut-être avec la nouvelle traduction Sous le volcan.
Je n'ai gouté au mescal que quelque temps après Au-dessous du volcan, et j'y ai retrouvé la saveur du chef-d'oeuvre de Malcolm Lowry. le mescal, pas la tequila.... La tequila n'ayant pas ce "bouquet" particulier de terre, de fumée et de mort.
L'alcool et une déchéance aussi continue que flamboyante accompagnera le consul ("completamenta borracho") jusqu'à une fin de gueux, misérable.
La lumière est crue et la nuit chaude, oppressante comme la prose de l'auteur habité par ses personnages...marionnettes hantées par leurs démons et leurs souvenirs prégnants.
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Les garçons de l'été

Au départ, j'ai acheté le roman grâce au bandeau “Du Stephen King à la française”. Surprenant comme bandeau, non ? Forcément, il a suscité mon intérêt.
Les cent premières pages du roman ont été compliquées. Je voyais mal où l'auteure voulait nous emmener. On suit Mylène Chastaing (mère de Thadée, Zachée et Ysé) partie rejoindre ses deux fils à La Réunion après que Thadée se soit fait manger la jambe par un requin lors d'une session de surf. Mylène est plus qu'agaçante. Elle considère ses fils comme les 8èmes merveilles du monde, elle critique constamment tout et tout le monde et ne peut s'empêcher de faire des remarques désobligeantes. Mais l'écriture de Rebecca Lighieri (aka Emmanuelle Bayamack-Tam) est addictive et on tourne les pages sans s'en rendre compte. Puis on passe au point de vue du père, Jérôme. Il nous raconte son quotidien et sa vie de famille pendant que Mylène et ses fils sont encore à La Réunion. Il est seul avec Ysé, sa fille de douze ans aux centres d'intérêt très éloignés des fillettes de son âge (les reptiles, les insectes, etc.). Ensuite, on virevolte entre les points de vue des fils, de la copine de Zachée, Cindy, et d'autres personnages. On comprend peu à peu que cette famille biarrote bourgeoise n'est pas aussi parfaite qu'elle le prétend. Chacun a ses vices et ses défauts qui salissent peu à peu l'image lisse des Chastaing. Et puis il y a le drame, finalement annoncé depuis plusieurs années, et la traque que mène Ysé seule, délaissée par le reste de sa famille.
Oui, vraiment, du Stephen King à la française et une psychologie des personnages très poussée ! Tout en subtilité, Rebecca Lighieri nous emmène dans les profondeurs les plus sombres d'une famille et nous rappelle qu'on ne connait jamais vraiment les gens. Un roman au génie glaçant où l'auteure n'hésite pas à malmener ses personnages (et son lectorat !) pour surprendre. Mais un bon roman est un roman qui suscite des émotions...

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La femme changée en renard

"Les seules indices qui suggèrent une explication possible ne sont que conjectures vagues et je les donne ici moins que pour leur propre valeur que pour ne rien cacher au lecteur."
Voici ce qu'écrit en 1922 David Garnett en exorde de son livre "La femme changée en renard". Avertissement fait au lecteur, il faudra à celui-ci pour entrer dans le cours de cette histoire, abandonner toute idée d'improbable, dépasser l'instant d'hésitation et se laisser aller.

Nous sommes à la fin du XIXème siècle, dans la campagne anglaise. Comme à leur habitude, Mr Richard et Mrs Silvia Tebrick, jeunes et riches propriétaires terriens, partent en promenade en forêt. Ce jour est particulier car c'est aujourd'hui la reprise de la chasse. Quelques coups de fusil se font d'ailleurs entendre au loin. Mrs Tebrick est inquiète, cette promenade en forêt est dangereuse. Son époux parvient cependant à la rassurer et ils poursuivent tous deux main dans la main leur balade. Tout à coup, une détonation retentit tout proche. Mr Tebrick n'a pas le temps de réagir, qu'il sent la main de son épouse se dérober à la sienne. Il se retourne brusquement et ne voit plus Silvia à ses côtés. Désorienté, il cherche tout autour de lui du regard, nulle présence. Mais tout à coup son attention est attirée par une forme au sol, là, tout près de lui. Cette forme, c'est celle d'un renard. Richard Tebrick peu à peu comprend : ce renard immobile, silencieux, qui le scrute intensément du regard, c'est son épouse.
La stupéfaction passée, Mr Tebrick s'empare de son épouse apeurée et l'emmène jusqu'à leur habitation. La situation étrange lui commande d'agir sans délai. Il décide de dissimuler à tous les regards la présence du renard, ceux du personnel de maison, du voisinage. Pour cela, il décide de l'enfermer dans une des pièces de la maison. Il n'imagine alors pas que les événements vont prendre un tour très particulier...

Entre roman et conte fantastique, "La femme changée en renard" m'a séduit par sa forme autant que par son style. C'est par ce livre que j'ai découvert David Garnett et j'ai trouvé chez lui un vrai talent de conteur, cela au travers d'une belle écriture sobre et familière, un peu dans la tonalité des histoires de notre enfance, de celles qui nous ouvrait à l'étonnement, au fantastique et au merveilleux.

Les nombreuses péripéties présentes dans cette histoire nourrissent sans cesse la relation entre Mr Tebrick et son épouse changée en renard, réduite à l'état sauvage (il n'y a pas d'essai d'anthropomorphisme dans ce livre) et lui donnent un étrange et passionnant caractère. Une relation teintée de peur, de désespoir parfois mais aussi et surtout, d'un amour sans mesure. "La femme changée en renard", c'est aussi le rythme de la nature et des saisons.
Je recommande avec plaisir ce beau petit livre, injustement méconnu selon moi.
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La Vérité sur l'affaire Harry Quebert

Ah, il est malin, M Joël Dicker. Dans ce roman épais mais très facile à lire, il nous happe dans son histoire grâce à d'innombrables rebondissements et une trame narrative particulièrement maîtrisée. Il entraîne notre curiosité jusqu'à la fin et nous ne résistons pas à l'envie de tourner les pages de plus en plus rapidement. Cependant, les personnages manquent de profondeur, le décor apparaît bien factice et les dialogues sont parfois franchement niais. Il est souvent question d'imposture dans cette affaire, à commencer par la personnalité de son jeune écrivain Marcus.
Mais M Joël Dicker ne serait-il pas le premier des imposteurs en nous livrant là tout juste un médiocre scénario de série policière?
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Crever les toits, etc (suivi de) Déplacements

Une poésie combattante et acérée de la sidération face à la fermeture des frontières et des coeurs.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/01/26/note-de-lecture-crever-les-toits-etc-suivi-de-deplacements-septembre-2016-claude-favre/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Les Revenentes

Ce texte est perfect ! Pérec me crée de l'effet chez les Revenentes ! C'est un texte qe je vénère, tellement c'est pété et excellent ! Bérengère, le clebs, le clerc... Qe des gens véhéments chez les Revenentes. Ce texte, je le vends et revends ! C'est le Chef d'Evre de Pérec.

Certes, le sexe est présent vers le end, et c'est très X. Mé c'est Qe Pérec s'exerce, le E pénètre le texte en même temps qe le sexe réel des gens pénètre clebs, clerc ect. le X crée le "E" délivré dens les vers. Bref, Pérec, c'est vrément l'expert !
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La Mer de la fertilité : Neige de printemps -..

Une révélation... Ce roman, ou plutôt cette somme de 4 romans fut pour moi une véritable révélation. Mishima nous a livré une oeuvre intemporelle sous forme de testament littéraire puisque quelques mois après le point final il se fera seppuku.

J'ai adoré "neige de printemps" dont les héros sont longtemps venus peupler mes rêves. Mishima sait manier une forme d'onirisme un peu sombre.

L'univers qu'il a créé est passionnant, il touche aux valeurs du bouddhisme.

D'ailleurs le choix du titre, cette mer sur la lune était selon Mishima à l'image de la vie que l'on pense pleine d'espoir alors qu'elle est vide.
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La Mer de la fertilité : Neige de printemps -..

Bon, ici, on est dans la catégorie « poids lourds ». du Nobel en barre, ou peu s'en faut, 1200 pages d'absolu. Une suite de quatre romans qui s'étendent du Japon de 1912 à celui des années 1970. Une fresque somptueuse et parfois dérangeante, écrite avec une virtuosité confinant au génie par un auteur qui n'avait plus rien à prouver, mais tout à dire, comme on écrit un testament, un chant du cygne voulu et assumé.

Les quatre romans décrivent la vie de Shigekuni Honda, un homme dont la vie reflète l'histoire du Japon, qui va tenter de retrouver et d'entrer en relation avec les réincarnations successives d'un de ses amis de jeunesse, le beau Kiyoaki. C'est donc aussi l'histoire d'une amitié absolue, par delà la mort, guidée par le « journal des rêves » que tenait Kiyoaki et dont Honda héritera, s'en servant comme un guide tout au long de sa vie.

Neige de printemps, le premier roman, décrit l'histoire d'amour complexe entre Kiyoaki et la belle Satoko (ne me demandez pas pourquoi, mais je suis tombé amoureux de ce personnage féminin, au point de choisir son prénom pour être celui de l'héroïne de mon propre roman !). le bonheur est à portée des deux jeunes gens, tout semble aller de soi, et pourtant les tergiversations, l'indécision de Kiyoaki, incompréhensibles pour Honda, son ami intime, vont compliquer ce qui semblait si simple, et marquer du sceau de la tragédie cette histoire d'amour entrevue à vingt ans.

Chevaux échappés raconte comment Honda, à trente-huit ans, rencontre par hasard l'athlétique Iinuma, en qui il identifie la réincarnation de Kiyoaki. Iinuma se lancera dans des activités politiques basées sur un mysticisme assumé et un nationalisme forcené. Alors que tout lui souriait, son obstination à faire triompher ses vues le conduira à sa perte, dans les voies de l'honneur. Il est bien difficile au lecteur averti de ne pas voir en Iinuma Mishima lui-même, et l'annonce de ce qui advenir après la rédaction de la mer de la fertilité.

Le temple de l'aube décrit comment Honda retrouve l'âme de son ami dans le corps d'une fillette, Ying Chan, princesse thaïe (oui). Honda deviendra proche de la princesse, au destin étonnant, et organisera sa vie dans un seul but : avoir la confirmation de la réincarnation de son ami dans le corps de Ying Chan. Ce roman contient pas mal de détails sur les différentes doctrines de la réincarnation qui peuvent rendre sa lecture parfois un peu ardue, mais il n'y a rien là d'insurmontable (et des passages peuvent être sautés sans peine). Là aussi, la tragédie conclura cette histoire, malgré la fortune qui favorise Honda.

Dans l'ange en décomposition, C'est un Honda fatigué qui retrouve, à soixante-seize ans, l'âme de son ami de jeunesse dans un jeune homme, Toru Yasunaga, qu'il finira par adopter, et lui causera bien des déceptions. Pour Honda, c'est le temps des questions, de la réflexion et d'un certain désenchantement de vivre. le roman, et l'oeuvre, se concluront par la visite que Honda se décidera à faire à Satoko, dont la réaction sera des plus énigmatique, pouvant plonger le lecteur dans un certain embarras, voire une certaine déception. Une telle oeuvre ne se conclut pas en une minute. Deux ans après l'avoir lue, je réfléchis encore au sens des paroles de Satoko.
Au final, cette tétralogie n'est donc pas seulement un moment de distraction. Il n'a clairement pas été écrit pour cela. Ce sont les derniers mots d'un condamné qui a choisi son chemin, sa sentence et sa fin. C'est une oeuvre puissante et poignante. Je ne dirais pas que l'on en ressort transformé, mais, à coup sûr, on en vient à réfléchir à de nombreux points que, sans ce texte, on n'aurait sans doute pas abordés.
Chacun des quatre romans peut se lire indépendamment, mais je vous conseille de commencer tout simplement par le premier, le plus facile à lire, si je puis dire, le plus « beau ». le temple de l'aube est peut-être, au début, plus difficile à aborder, mais on est rapidement payé de ses efforts.
Pourquoi ce titre, au fait, la mer de la fertilité ? Je laisse la parole à Mishima lui-même : « j'ai fait la suggestion de diviser mes quarante-cinq années de vie, une vie si pleine de contradictions ! - en quatre fleuves, « l'écriture », « le théâtre », « le corps » et « l'action », qui tous finissent par se jeter dans la mer de la fertilité. »
Lorsque j'ai terminé la lecture de la mer de la fertilité, je me suis senti très triste, et une larme a bien failli couler sur ma joue. Je vous souhaite de vivre les mêmes émotions que celles que j'ai ressenties à sa lecture.

L'édition Quarto compte 1200 pages, c'est donc une longue lecture. Si vous voulez plus de détails, un numéro d'apostrophe, avec M. Yourcenar et Jean d'Ormesson, a abordé cette oeuvre.

La tradition voulait qu'avant de se faire seppuku, le samouraï vaincu ou déshonoré compose un poème. La mer de la fertilité est ce poème. Voici sa fin (qui ne révèle en rien l'intrigue, mais annonce paradoxalement la tragédie, bien réelle, qui s'ensuivit) « le plein soleil d'été s'épandait sur la paix du jardin ».
Une phrase dont, finalement, je ferais bien, après le dernier de mes jours, mon épitaphe...
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Au-dessous du volcan

Un décor grandiose, volcanique et irréel: le Popocateptl est à distance, comme un témoin du drame.
Le roman commence par la fin, deux personnages se rappellent du dernier jour du Consul, un notable déchu, charismatique et en souffrance.
C'est un roman de plus de 600 pages sur cette fameuse journée qui aurait dû bien commencer puisque la jolie femme du Consul, tant aimée, est revenue mais, durant une promenade, en proie au démon de l'alcool, le temps d'appréhender le premier mezcal , ce dernier fuit...

Quel bonheur que de suivre les déambulations du Consul, torturé par son passé. Ce personnage imposant, alcoolique et en quête de solitude tient le lecteur en haleine car peu à peu un portrait se dessine dans les vapeurs d'alcool.

Mais il faut parfois subir des descriptions ou des retranscriptions de la radio mexicaine fort longues car elles semblent sans intérêt et parasitent, à mon avis, l'histoire. Si bien que j'ai parfois évité ces "déserts" en sautant ces pages.

S'il n'a pas abandonné, le lecteur est ainsi récompensé de sa patience par les 100 dernières pages qui accélèrent furieusement le rythme. Et c'est en lisant la fin que j'ai compris... le début.

Pourquoi relire un roman si âpre?
Parce qu'il est si dense qu'il garde une part de mystère très attirante, parce qu'il subsiste une émotion intense de cette oeuvre si dérangeante, si poétique sur la déchéance, bien construite, finalement.
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Au-dessous du volcan

Je ne sais pas si, comme moi, vous avez l'habitude de sauter les avant-propos, préfaces et autre postfaces avant de vous lancer dans un roman mais, pour le coup, je vous conseille de ne pas faire l'impasse sur celles qui ont accompagnées la publication d'Au-dessous du volcan en France à la fin des années 50 et que l'on retrouve dans cette version chez Folio. Vous y trouverez les clés indispensables pour bien comprendre la substantifique moelle de ce texte que Paul Morelle n'a pas hésité à qualifier dans le Monde de « chef d'oeuvre comme il n'en existe pas dix par siècle ».


C'est un fait, Au-dessous du volcan n'est pas simple d'accès. Il demande de l'attention, il vous pousse dans vos derniers retranchements de lecteur. le premier chapitre, d'une centaine de pages, est déstabilisant, presque inintelligible. Il se dresse comme un mur qu'il vous faudra contourner pour accéder à ce monument de la littérature, rien de moins. L'histoire est pourtant simplissime. Un homme, consul britannique déchu, échoué dans un coin perdu du Mexique, noie son mal-être dans la tequila et le mescal. Douze chapitres retraçant ses douze dernières heures, sa chute vertigineuse et inéluctable. Yvonne, sa femme, qui l'a quitté, qui revient, qui l'aime et qu'il aime, ne pourra que constater les dégâts, impuissante. Dans l'avant-propos, Maurice Nadeau parle de l'histoire d'amour du consul et d'Yvonne comme d'une « des plus belles et des plus poignantes qu'on ait jamais lues. »


Mais Au-dessous du volcan ne se résume pas à une magnifique histoire d'amour impossible. C'est « le roman d'un alcoolique qui, avec une lucidité effrayante et une suprême maîtrise de moyens, décrit tous les symptômes de sa maladie et lui trouve ses véritables causes, qui ne sont pas du ressort de la médecine » (Nadeau, encore). Car le consul est malade de l'âme, incapable d'aimer, incapable de communier avec l'autre. On assiste au spectacle de son dérèglement, à sa volonté délirante de dépasser l'ivresse pour accéder à l'absolu. Et le consul de finir abattu par des policiers fascistes à la sortie d'une gargote. Il bascule dans un ravin, mort. Quelqu'un jette auprès de lui le cadavre d'un chien.

Dis comme ça, ça fait ne fait pas très envie, je le concède. Mais ce roman est proprement fascinant. Sa construction, son exigence, son style inclassable en font un texte à part, essentiel, et je me répète, un monument de la littérature.

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Le livre de Yaak : Chronique du Montana

Ce livre plein de poésie (et de candeur face à la versatilité des politiques de tous bords) est la narration d’une multitude de rencontres improbables : avec la forêt, avec des coyotes, avec des hommes et de femmes qui, chacun pour des raisons propres et inconnues, sont accrochés à la vie dure que la Yaak leur fait mener.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Frère d’âme

Quel livre ! Roman très court qui a pour contexte, voire pour prétexte, un épisode de la première guerre mondiale, au moment des tranchées, mettant en scène des tirailleurs sénégalais. Ils sont deux notamment, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, partis ensemble du Sénégal, élevés ensemble depuis tout petits, deux plus que frères. Alfa, c'est le grand, le fort, celui que les filles regardent. Mademba est petit et au physique plus ingrat. Quand Mademba meurt, les entrailles ouvertes dans les entrailles de la terre, Alfa va se trouver seul confronté à la folie de la guerre et des massacres.

Lui, le paysan tranquille, va devenir le guerrier sauvage. le texte alors est dur, violent, sans répit. On suit le cheminement de la pensée d'Alfa, celui qui par la mort de son plus que frère est devenu un autre ..

Envoyé à l'arrière pour le préserver de la folie, il reviendra peu à peu sur son passé africain, l'enfance, la jeunesse, l'amour, l'amitié ....

Un grand roman malgré la dureté de certaines scènes, qui entraîne le lecteur dans la profondeur de cette âme africaine, déracinée de tout sur ce champs de bataille. C'est bien plus que d'un déracinement dont il s'agit ici, et la fin est magistrale.

Un coup de coeur de cette année 2018.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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