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Citations de Agnès Desarthe (685)


Je me demande à quel moment j'ai compris qu'il fallait faire beaucoup plus d'efforts qu'auparavant pour continuer à vivre. Simplement à vivre. Je m'étais toujours figuré, je ne sais pourquoi, que l'existence avait la forme d'une montagne. L'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte correspondaient à la montée. Ensuite, arrivé à quarante ou cinquante ans, la descente s'amorçait, une descente vertigineuse, bien entendu, vers la mort. Cette idée, assez commune je crois, est fausse. Je le découvre un peu plus précisément chaque jour. C'est par la descente qu'on commence, en roue libre, sans effort. On dispose de tout son temps pour contempler le paysage et se réjouir des parfums - c'est pourquoi les odeurs d'enfance sont si tenaces.
Ce n'est que plus tard que la véritable côte nous apparaît, et l'on met bien du temps à la reconnaître pour ce qu'elle est : une pénible ascension qui a la même issue que la folle pente sur laquelle on s'imaginait projeté à pleine vitesse.
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Comme c'est étrange, cet homme de soixante-dix ans qui parle de sa mère, ai-je pensé. Je croyais, à l'époque, que les parents disparaissaient simplement de votre vie à la fin de l'adolescence, qu'ils se dissolvaient dans vos souvenirs aux côtés des maîtresses d'école et des amoureux de maternelle. J'ignorais qu'en réalité on porte nos parents en nous jusqu'à la tombe.
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C'est quoi d'ailleurs l'amour...
C'est quand on pense à l'autre en souriant
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Je m'étais toujours figuré, je ne sais pourquoi, que l'existence avait la forme d'une montagne. L'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte correspondaient à la montée. Ensuite, arrivé à quarante ou cinquante ans, la descente s'amorçait, une descente vertigineuse, bien entendu, vers la mort.
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Les vivants continuent d’être avec les vivants. Les morts nous ont quittés, ils sont avec les morts. Mais ce n’est pas si simple. Les morts, à leur manière, sont aussi avec nous. Ils nous parlent, ils nous taquinent en visitant nos songes, ils apparaissent sous les traits, si ressemblants, d’un inconnu croisé dans le bus, ils se manifestent.
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Que lui répondaient ses parents quand elle se plaignait de l'ennui, ou qu'elle était d'humeur maussade à cause d'un chagrin d'amour ? Ils ne lui disaient pas : « On te comprend, ma fille, on est passés par là, nous aussi », ou bien : « Nous t'avons pris rendez-vous chez le meilleur psychologue du quartier. » Ils ne disaient rien. Et, d'ailleurs, ma mère ne se plaignait pas. Elle songeait que ses parents avaient vécu l'exil, la misère et la guerre - et elle ? Rien.
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Moi,je collabore à un site très confidentiel dont le nom désuet me plaît beaucoup : "Oiseaux de nos campagnes ".C’est joli,non ? Ça me rappelle les images que la maîtresse nous distribuait au bout de dix bons points quand on était sages.C’est sans doute là qu’est née ma vocation,dans le face-à-face ensommeillé d’un samedi matin glorieux avec une bergeronnette grise,un gros-bec casse-noyaux,un cincle plongeur,joliment peints sur le papier mat ivoire à l’odeur mélancolique de buvard.
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L'intolérance des gens, leur conformisme, c'est là qu'est le crime, si vous voulez mon avis.
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Elle n'avait besoin de rien. Elle aurait vécu parfaitement heureuse dans une roulotte, même sans eau, même sans électricité. Moins il y avait d'objets, plus la vie était facile. Moins il y avait de gens, plus elle était simple. Le vertige du dénuement lui procurait un genre d'extase bien particulier, comme un état semi-comateux, entre la vie et la mort, mais dans la vie quand même. Ainsi, au loin, à l'écart, sans besoins et sans soucis, elle acceptait d'exister, de perpétuer le rail sacré des jours.
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Suis-je une menteuse? Oui, car au banquier, j'ai dit que j'avais fait l'école hôtelière et un stage de dix-huit mois dans les cuisines du Ritz.Je lui ai montré les diplômes et les contrats que j'avais fabriqué la veille. J'ai aussi brandi un BTS de gestion, un très joli faux. J'aime vivre dangereusement. C'est ce qui m'a perdue, autrefois, c'est ce qui me fait gagner aujourd'hui. Le banquier n'y a vu que du feu. Il a accordé l'emprunt. Je l'ai remercié sans trembler. La visite médicale? Pas de problème. Mon sang, mon précieux sang est propre, tout propre, comme si je n'avais rien vécu.

Suis-je une menteuse? Non, car tout ce que je prétends savoir faire, je sais le faire.
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- Et pourquoi doit-on absolument être un oiseau pour gagner ce concours ? Demanda Milos. Les oiseaux ne sont pas plus beaux que les gnous.
- C’est vrai, concéda Denis le pingouin, mais ce n’est pas le problème. Les oiseaux sont les favoris à cause des plumes et de la couleur. À Paris, capitale de la mode, ils préfèrent recevoir un vainqueur avec des plumes multicolores, ça fait plus couture, ça fait mieux dans les défilés, c’est plus chic, enfin, tu vois, quoi.
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J'aime lever le rideau de fer pour rentrer chez moi. C'est archaïque et cela me procure un authentique sentiment de puissance. Une fois à l'intérieur, je le baisse à nouveau et je me sens protégée. Cette paupière d'acier qui, en se fermant, m'abstrait du monde - comme parfois un clignement d'oeil suffit à refouler une pensée, une larme - me fait mieux disparaître qu'une porte.
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Dans la vie, tu dois te taper chaque seconde. Il n’y a pas d’ellipse qui t’amène deux heures, une semaine ou cinq ans plus tard. Quand ta femme est morte, elle continue d’être morte la seconde d’après et celle d’encore après. Tu regardes la pendule et les aiguilles n’ont pas avancé. Elle est toujours morte et toi, tu éprouves toujours le même déchirement, la même quantité de chagrin. Les gens te disent que le temps fera son travail. Très bien. Mais le temps est si lent.
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La souris aux longues moustaches grimpa sur la tête de l’autruche aux cils épais, le crapaud gonfla son goitre et le serpent s’enroula autour d’un des seuls piliers encore en place pour le consolider.
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"Bonjour, Petit Pince Pouf. Je suis ton maître d'école. Je m'appelle Monsieur Ku." "Enchanté", dit Petit Prince Pouf. "C'est étrange", dit Monsieur Ku, "tu es le premier enfant que je rencontre à ne pas éclater de rire en entendant mon nom." "Oh, vous savez", dit le prince, "quand on s'appelle Pouf..."
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Harriett, 52 ans- Quand ma mère est morte, j'ai éprouvé une colère et un chagrin si forts que j'ai dit à mon mari " Moi, je ne mourrai jamais. Hors de question que je fasse subir un truc pareil à nos enfants." Et pour l'instant, ca va, je tiens. Ca fait dix ans et je ne suis toujours pas morte. Je fais régulièrement des contrôles. Je pratique tous les dépistages possibles et imaginables. Je tiens.

(p.101)
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- C'est quoi le pire, pour toi, dans le fait de vieillir ?
- La douleur. le mouvement entravé. La fin de la souplesse. La laideur. J'ai honte de tout, de mes cheveux, de mon visage, de mes mains, de mes pieds ( je ne parle pas du reste) . C'est comme si je polluais l'espace visuel collectif. Cela me rend malade de timidité. Je ne sais pas comment m'habiller, comment m'asseoir, comment me relever. J'ai l'impression de m'être endormi dans un corps et de m'être reveillé dans un autre.

(p.66)
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- Un concours de beauté ? À quoi bon ? Dit-il. C’est pour les vaniteux. Qu’y gagne-t-on ?
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C'est bien ce que je disais, bougonne le lapin, excédé. Vous séparez. Vous divisez. Vous vous croyez supérieurs pour cette raison, mais vous êtes vos propres dupes. J'ai beaucoup de tendresse pour toi, jeune homme, mais j'ai honte quand je t'écoute. J'ai honte de l'existence morcelée que tu mènes.
Absence de continuité. Classification stérilisante. En catégorisant, tu assassines. Cette femme, Emma, si tout est raté avec elle, quitte-la. Et ne me parle pas d'amour. Comme si je ne savais pas ce que c'est. Votre passion guindée, votre distance, le respect qu'elle t'inspire. Foutaises.
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Je m'étais toujours figuré, je ne sais pourquoi que l'existence avait la forme d'une montagne. L'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte correspondaient à la montée. Ensuite, arrivé à 40 ou 50 ans, la descente s'amorçait, une descente vertigineuse, bien entendu, vers la mort.Cette idée, assez commune je crois, est fausse . Je le découvre un peu plus précisément chaque jour. C'est par la descente qu'on commence, en roue libre, sans effort. On dispose de tout son temps pour contempler le paysage et se réjouir des parfums- c'est pourquoi les odeurs d'enfance sont si tenaces.
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