Frédelle est seule.
Jeune veuve d'un homme qu'elle a finalement peu connu et qui lui a laissé une fortune... Ainsi, Frédelle a-t-elle fait la connaissance de Victor Hugo Espinoza qui est devenu son banquier attitré, son conseiller pour gérer ses biens, liquidités et autres placements dont Frédelle ne tient pas à entendre trop parler…
Frédelle reçoit occasionnellement la visite de son père, qui se signale dans un vacarme de moto, ce qui donne lieu à une frénétique mise en scène du lieu où elle vit, histoire de ne pas déplaire à ce père qui disparaît et réapparaît, comme bon lui semble, lui ramenant des souvenirs d'escapades lointaines... dont Frédelle s'est aperçue qu'elles venaient tout simplement du grand magasin voisin !
Frédelle est psychologue scolaire actuellement très concernée par le cas d'Irwin, un petit garçon trop sage ou trop sérieux - est-il surdoué ? - et qui a les yeux jaunes... comme... oui !
Frédelle habite une maison décrépie que son mari et elle ont choisie... à cause du jardin et des "occupants" botaniques de celui-ci : comme un îlot de poésie en plein bourg ! Faute de travaux, envisagés, imaginés, architecturés mais non réalisés, Frédelle vit désormais dans deux pièces, au décor assez fruste, en solitaire... encore que... Frédelle entend des conversations, des confidences, des confessions, elle vit entourée d'existences invisibles qui se confient à elle...
Vous l'aurez compris, en ouvrant ce livre, il faut lâcher prise et se laisser guider par les mots tourbillonnants d'
Agnès Desarthe, se laisser prendre dans les mailles de l'imaginaire, lever le nez en l'air, et se perdre dans la canopée, sauter à cloche-pieds d'étoile en étoile en se rattrapant aux tiges de la mauve glycine ou encore aux corolles labyrinthiques des rosiers. Sentez-vous toutes ces fragrances qui embaument et font perdre le fil des idées ?
Le récit virevolte, ralentit, part dans un sens, s'arrête brutalement, fait demi-tour… Vous voilà bousculé, l'impression que le livre n'est en fait qu'un oiseau qui ne cesse de déplier ses ailes pour s'envoler, un texte qui ne cesse de gesticuler, pour mieux se dire, pour mieux se livrer, pour mieux vous envoûter… On se retrouve captif de cette folle vision.
Tristesse, mélancolie, fou-rire, une dose de cynisme, une dose de réalité, et beaucoup d'imagination, autant d'originalités que de flocons nichés dans une bourrasque de neige en hiver ! C'est la magie de l'écriture d'
Agnès Desarthe qui offre, là, un récit tout en suggestion, tout en messages à élucider… A chacun d'écouter la voix et de la faire sienne...
Tout est dit, tout est tu, tout est explicite, rien n'est simplement translucide. Frédelle semble être une âme originale , et pourtant elle vous ressemble forcément, Frédelle semble submergée de chagrin, presque ensevelie sous la dépression, cependant, elle est vive et ardente : elle court tout le temps, d'une situation à l'autre, d'une conversation à un silence, d'un regret à un projet…
Frédelle, c'est la jeune femme que vous rencontrerez dans ces pages, et c'est aussi une métaphore, une parabole, une image…
Frédelle, c'est une facétieuse rencontre, encore qu'elle ne se limite pas à cela mais soit tellement plus…
Venez, je vais vous présenter… !