AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Édouard Louis (815)


J'ai le sentiment que ton existence a été, malgré toi, et justement contre toi, une existence négative. Tu n'as pas eu d'argent, tu n'as pas pu étudier, tu n'as pas pu voyager, tu n'as pas pu réaliser tes rêves. Il n'y a dans le langage presque que des négations pour exprimer ta vie.
Commenter  J’apprécie          210
Elle ne comprenait pas que sa trajectoire, ce qu'elle appelait ses erreurs, entrait au contraire dans un ensemble de mécanismes parfaitement logiques, presque réglés d'avance, implacables. Ce qu'elle appelait donc des erreurs n'étaient en réalité que la plus parfaite expression du déroulement normal des choses.
Commenter  J’apprécie          200
Il m’a fallu des années pour comprendre que son discours n’était pas incohérent ou contradictoire mais que c’était moi, avec une sorte d’arrogance de transfuge qui essayait de lui imposer une autre cohérence, plus compatible avec mes valeurs - celles que j’avais précisément acquises en me construisant contre mes parents, contre ma famille _ qu’il n'existe d’incohérences que pour celui qui est incapable de reconstruire les logiques qui produisent les discours et les pratiques.
Commenter  J’apprécie          200
Des bagarres ponctuaient ces soirées. Dans l'arrêt de bus s'ajoutaient aux litres de bière du whisky bon marché et du pastis. Les festivités se prolongeaient jusqu'au bout de la nuit, jusqu'au lever du jour, du temps pour rien, pour attendre que le temps passe ou plutôt qu'il vienne. L'arrêt de bus, lui aussi en briques rouges, tagué Nicke la police, A more les salle pédé.
Commenter  J’apprécie          191
J’utilisais les mots pédé, tantouze, pédale pour les mettre à distance de moi-même. Les dire aux autres pour qu’ils cessent d’envahir tout l’espace de mon corps.
Je suis resté assis dans l’herbe et j’ai condamné leur comportement. Jouer aux homosexuels était une façon pour eux de montrer qu’ils ne l’étaient pas. Il fallait n’être pas pédé pour pouvoir jour à l’être le temps d’une soirée sans prendre le risque de l’injure.
Commenter  J’apprécie          180
La cour de récréation fonctionnait de la même manière que le reste du monde. : les grands ne côtoyaient pas les petits. (p.15)
Commenter  J’apprécie          180
D'autres questions qu'il ne comprenait pas à cause du langage, pas seulement de l'institution judiciaire, mais des mondes où les individus font des études. Affirmeriez-vous que vos actes sont imputables à des contraintes extérieures ou avez-vous la sensation que seul votre libre arbitre était en jeu dans cette affaire? Mon cousin a balbutié qu'il n'avait pas compris la question et il lui a demandé de répéter. Il n'était pas gêné, il ne ressentait pas directement la violence qu'exerçait le procureur, cette violence de classe qui l'avait exclu du monde scolaire et finalement, par une série de causes et d'effets, cette violence qui l'avait mené jusque-là, au tribunal. Il devait penser au contraire que le procureur était ridicule. Qu'il parlait comme un pédé.
Commenter  J’apprécie          180
A force d'injures et des remarques de mon père, j'avais donc fini par me rapprocher de quelques garçons du village. Si je les appelais " mes copains", "ma bande", il était évident que c'était un fantasme que j'exprimais, et que j'étais plutôt un élément isolé qui gravitait autour d'eux.
Commenter  J’apprécie          180
Est-ce que je suis condamné à toujours espérer une autre vie ?
Commenter  J’apprécie          170
Le gouvernement d'Emmanuel Macron retire cinq euros par mois aux Français les plus précaires, il retient cinq euros par mois sur les aides sociales qui permettent aux plus pauvres en France de se loger, de payer un loyer. Le même jour, ou presque, peu importe, il annonce une baisse des impôts pour les personnes les plus riches de France. Il pense que les pauvres sont trop riches, que les riches ne sont pas assez riches. Son gouvernement précise que cinq euros, ce n'est rien. Ils ne savent pas. Ils prononcent ces phrases criminelles parce qu'ils ne savent pas. Emmanuel Macron t'enlève la nourriture de la bouche.
Hollande, Valls, El Khomri, Hirsch, Sarkozy, Macron, Bertrand, Chirac. L'histoire de ta souffrance porte des noms. L'histoire de ta vie est l'histoire de ces personnes qui se sont succédé pour t'abattre. L'histoire de ton corps est l'histoire de ces noms qui se sont succédé pour le détruire. L'histoire de ton corps "accuse" l'histoire politique.
Commenter  J’apprécie          170
L'histoire qu'on enseignait à l'école n'était pas ton histoire à toi. On nous apprenait l'histoire du monde et tu étais tenu à l'écart du monde.
Commenter  J’apprécie          170
Il aurait été logique que lui aussi se fasse traiter de pédé. Le crime n'est pas de faire, mais d'être. Et surtout d'avoir l'air.
Commenter  J’apprécie          170
Mécanisme classique : comme tu as eu l'impression de ne pas avoir vécu ta jeunesse jusqu'au bout tu as essayé de la vivre pendant toute ta vie. C'est le problème avec les choses volées, comme toi avec ta jeunesse, on ne peut pas réussir à penser qu'elles nous appartiennent vraiment, et il faut continuer à les voler pour l'éternité, c'est un vol qui n'en finit pas. Tu voulais la rattraper, la récupérer, la revoler. Il n'y a que ceux à qui on donne tout depuis toujours qui peuvent avoir un vrai sentiment de possession, pas les autres. La possession n'est pas quelque chose qu'on peut acquérir (p. 43).
Commenter  J’apprécie          160
Je suis arrivé chez elle [ma soeur] il y a quatre jours. J'avais imaginé naïvement qu'un séjour à la campagne était le seul moyen de me remettre de la fatigue et de la lassitude de mon mode de vie, mais à peine le pied posé dans cette maison, le sac de voyage jeté sur le matelas, à peine la fenêtre de la chambre qui donne sur les bosquets et sur l'usine du village d'à côté ouverte j'ai compris que j'avais commis une erreur et que j'allais rentrer encore plus mélancolique et encore plus déprimé par l'ennui.
[...] Je ne sais pas ce que je fais ici. Déjà, la dernière fois, j'étais monté dans la même voiture que cette semaine, cette voiture qui me rend malade avec son odeur de tabac froid, et en voyant défiler de l'autre côté de la portière les mêmes champs de maïs et de colza, les mêmes étendues de betteraves à sucre qui empestaient, les enfilades de maisons en briques, les affiches répugnantes du Front National, les petites églises sinistres, les stations-service désaffectées, les supermarchés rouillés, branlants, plantés au milieu des pâtures, ce paysage déprimant du nord de la France, j'avais été pris de nausées. J'avais compris que je me sentirais seul. J'étais reparti en me disant que je détestais la campagne et que je ne reviendrais plus jamais. Et cette année je reviens.
(p. 12-13)
Commenter  J’apprécie          160
J'ai enfin lu ce livre qui fait le buzz ! L'histoire de Eddy devenu Edouard Louis est en fait une peinture sociologique de notre époque dans les milieux défavorisés. Au début on se prend à regarder la couverture en se demandant si on n'est pas en train de lire en fait un livre de Zola tant on a l'impression d'être sur une autre planète temporelle. Et pourtant c'est une peinture sans concession de ces fameux "cassos" comme on le dit actuellement . Des éditeurs ont refusé de publier ce manuscrit prétextant que c'était trop caricatural !! Simplement une réalité mais souvent la vraie misère se cache ...
Le sujet n'est pas abordé mais je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement avec la monté du Front Natioinal : le terreau de la haine, de l'autre, de la différence est là même s'ils n'ont jamais vu ou eu de problèmes avec ces "autres" : étrangers, homos etc...On comprend à quelle point il ne faut pas grand chose pour faire sortir cette violence déjà omniprésente ....Effrayant dans ce sens.
J'ai vu que nombreux sont ceux qui trouvent malsain d'exposer ainsi sa famille, qu'il n'y a pas assez de recul. Pourquoi devrait-il se cacher après toutes ces années de honte et de violence qu'il a subit. En plus c'est une peinture ou l'on sent également l'amour brusque et maladroit que ses parents ont pour lui.
J'ai vu ses interviews, il n'est pas habité par la haine, la vengeance, la rancoeur. Il fait un constat, a essayé de faire tout ce qu'il pouvait pour s'intégrer à son propre milieu puis a compris qu'il fallait fuir s'il voulait sauver ses fesses...
Je trouve donc cet ouvrage intéressant, courageux et le prend plutôt comme une étude ethnologique .
Commenter  J’apprécie          160
De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux. Je ne veux pas dire que jamais, durant ces années, je n'ai éprouvé un sentiment de bonheur ou de joie. Simplement la souffrance est totalitaire : tout ce qui n'entre pas dans son système, elle le fait disparaître.
Commenter  J’apprécie          160
Dans ce monde où les valeurs masculines étaient érigées comme les plus importantes, même ma mère disait d'elle "J'ai des couilles moi, je me laisse pas faire. "
Commenter  J’apprécie          150
Édouard Louis
Vous savez, pour moi, un des grands phénomènes de violence et de dépossession dans nos vies, c'est que la plupart du temps on ne voit même pas sa propre vie, on vit à côté d'elle, on passe à côté d'elle et on meurt en l'ayant à peine aperçue.

in Retour à Reims, Didier Eribon, Précédé d'un entretien avec Edouard Louis (Champs essais)
Commenter  J’apprécie          140
Pourtant j’ignorais les causes de ce que j’étais. J’étais dominé, assujetti par ces manières et je ne choisissais pas cette voix aiguë. Je ne choisissais ni ma démarche, les balancements de hanche de droite à gauche quand je me déplaçais, prononcés, trop prononcés ni les cris stridents qui s’échappaient de mon corps, que je ne poussais pas, mais qui s’échappaient littéralement par ma gorge quand j’étais surpris, ravi ou effrayé.
Commenter  J’apprécie          140
Édouard Louis
Être bourgeois, c’est apprendre à ignorer les autres et être bien avec ça.
Commenter  J’apprécie          140



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Édouard Louis Voir plus

Quiz Voir plus

Avez vous bien lu "En finir avec Eddy Bellegeule" ?

Par combien de garçons Eddy se fait-il brutaliser dans les couloirs du collège ?

2
3
4
5
6

10 questions
259 lecteurs ont répondu
Thème : En finir avec Eddy Bellegueule de Édouard LouisCréer un quiz sur cet auteur

{* *}