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Editions Métailié [corriger]

Les Editions Métailié sont une maison d`édition créée en 1979 par Anne-Marie Métailié. La maison s`est d`abord concentrée sur la publication d`ouvrages de la littérature lusophone et hispanophone puis s`est ouverte sur des auteurs de nationalités différentes comme Christopher Klein (allemand), Massimo Carlotto (italien) ou encore Arnaldur Indridason (islandais). Il est à noter que les Editions Métailié publie tous les ouvrages traduits de l`auteure espagnole Rosa Montero.

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Les Parias

Une contrée rude dans laquelle, depuis des décennies, se côtoient bourreaux et victimes.



Konrad est un inspecteur à la retraite qui n’a pas réellement raccroché. Erna, sa femme, a succombé à un cancer ; il n’a plus que ses yeux pour la pleurer d’autant qu’il n’a pas été un mari tendre et exemplaire.

Il lui resterait bien Hugo, son fils, médecin hospitalier, mais leurs relations ne sont pas au beau fixe non plus. Le père de Konrad a lui été assassiné devant les abattoirs de la rue Skulagata, sans que Konrad n’ai pu savoir pour quel motif. Cette quête de la réponse remplie, embrume son cerveau, sa vie.

A ceci se rajoute d’autres affaires : le cadavre d’un homme d’affaire retrouvé dans les glaciers, la noyade d’une jeune fille dans un étang, un mort dans une cave, sans compter cette dame âgée qui rapporte au commissariat un pistolet de son défunt mari et que l’on retrouve être impliqué dans un assassinat non élucidé en 1955. Bref, tout pour créer un bon polar aux multiples rebondissements.



Les intrigues sont denses, flippantes. Certains des échanges et des dialogues amènent une touche presque asphyxiante. Le comportement bourru, pour ne pas dire glaçant de Konrad, n’arrange rien. Il ne sait pas être sympa. Le passé de ce père violent semble une des explications quant au comportement délétère qu’il a, que ce soit avec ses ex collègues ou avec ses proches.



Quelques thèmes forts jalonnent le polar : la pédophilie face à de jeunes garçons placés en institution, divers trafics, une homosexualité particulièrement malmenée, la mort. J’allais oublier, il y a aussi ce médium qui n’arrange pas le flou de l’atmosphère souhaité par l’auteur, le presque surréalisme qui transparait par moments ainsi que ces paysages rudes et cette météo glaçante. L’atmosphère est sombre, très sombre presque douloureuse. On a mal pour les personnages comme pour Konrad. Ses obsessions, ses tortures internes sont telles qu’on en arrive à l’excuser d’être aussi rugueux.



Un pan historique dont je n’avais pas conscience est abordé par Arnaldur Indridason : celui de l’envahissement des anglais, puis des américains lors de la Seconde Guerre mondiale. Les motivations étaient défendables, empêcher qu’Hitler et les nazis ne prennent le contrôle de l’Atlantique Nord. Leur départ effectif n’a eu lieu qu’en 2006. L’auteur profite de ce polar pour rappeler à quel point cette fichue guerre et la situation stratégique particulière de l’Islande ont induit des sentiments et des situations non négligeables.



Je me suis fourvoyée dans un certain nombre de fausses pistes, perdue dans les flash-back et les fantômes d’antan qui revenaient pendant l’enquête : bien joué Monsieur Indridason ! Votre commissaire ne lâche rien, obstinément il s’acharne à avancer, piétinant un peu tout le monde sur son passage. Peut-être a-t-il peur de s’arrêter, de réfléchir à sa vie, de repenser à ses morts ? En tout cas ça y ressemble fortement. Ce qui est sûr, c’est que l’immobilité n’est pas son truc et, à la fin, il est gagnant.
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Les jeunes mortes



« Le sujet était toujours présent. »



Il est non seulement présent, mais s’inscrit dans une continuité de temps qui défie l’entendement. Le féminicide est le plus gros sujet silencié de toute l’histoire de l’humanité. On peut mourir d’être une femme...Mourir d’être et d’avoir un corps de femme. Mourir d’appartenir au genre féminin, et se retrouver « malencontreusement » dans un système de violences qui nie ces êtres-sujets, et empêche même justice et reconnaissance, où que les femmes soient sur cette terre. Les jeunes mortes, c’est une dénonciation de cette réalité terrible de la condition féminine. Ces pages parlent de l’Argentine et des crimes impunis de trois jeunes femmes, mais les prénoms ou les lieux sont interchangeables puisque ce crime spécifique, est universel…



« La mémoire s’est ravivée. »



13 ans. 13 ans, c’est l’âge ou Selva Almada apprend le meurtre d’une jeune fille, à la radio. 13 ans, c’est tôt, pour saisir la violence du monde. 13 ans, c’est la première empreinte du traumatisme de cette réalité où des filles peuvent être tuées, chez elle, dans leurs lits. Mais Selva Almada va vite comprendre qu’elles meurent, partout, tout le temps, dans l’indifférence la plus totale. Les jeunes mortes, c’est un livre hybride entre enquête et récit, qui retrace les histoires tristes, et malheureusement similaires à tant d’autres, de trois jeunes femmes qui n’ont jamais obtenu justice. 30 ans plus tard, les affaires ne sont toujours pas résolues. Même en allant gratter dans les archives, même en allant chercher témoignages et preuves, directes et indirectes, même en faisant appel au paranormal, Les jeunes mortes, Andrea Sarita et María Luisa, sont, encore, victimes, de la silenciation. Et si Selva Almada avait oublié ces jeunes femmes, le monde les aurait oubliées, aussi. Or, ce n’est pas ce qui c’est passé et c’est heureux. Le devoir de mémoire est sauf, grâce à ce livre bouleversant. Entre faits divers et divers intimes, l’autrice nous confie de la difficulté d’être femme en Argentine.



« Je crois que ce que nous devons faire, c’est reconstruire le regard que le monde portait sur elles. »



Ce livre est nécessaire. Indispensable, à vrai dire. Il faut montrer la cruauté des féminicides. Mettre bien nos yeux dessus. Il faut invoquer la Huesera. La supplier de faire sa mission sur terre. Ces jeunes mortes en ont besoin. Toutes les femmes en ont besoin. Aujourd’hui, la Huesera c’est Selva. Il va falloir beaucoup de textes de cette trempe et de cette force engagée, pour remettre des chairs sur les os, renforcer la lumière sur ces ténébreuses histoires de violences, et faire hurler les louves sur ce nouvel horizon. Merci à Selva Almada d’avoir donné une première impulsion, et espérons qu’elle soit suivie, amplifiée, démultipliée pour qu’enfin, la justice s’empare de ce problème de société omniprésent. Coup de cœur 💔❤️



« On dit que quand on quitte un cimetière, on ne doit regarder derrière soi sous aucun prétexte. »


Lien : https://fairystelphique.word..
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Désarroi

"Désarrois" est le récit initiatique d'une existence broyée par une famille dysfonctionnelle où l’auteur, qui est un conteur hors-pair, mêle avec maestria en parallèle le destin d’un individu opprimé et le devenir d’un pays, la RDA.



À l’université de Leipzig, le professeur Ringeling est vénéré par ses étudiants. En société il est toujours parfaitement poli et correct.



Sa retenue a été forgée dans son adolescence par un père pratiquant une morale catholique répressive et violente. Les châtiments corporels s’enchaînant, d’autant plus que le père a découvert l’orientation sexuelle de son fils qu’il qualifie de sodomite, « un péché mortel ».



Dressé à la résignation, Ringeling vit une existence de déchirement et de refoulement, solidement cachée derrière une façade sociale lisse. Il est guetté par un triple ennemi : son père d’abord, la RDA ensuite, qui voit et sait tout, et saura exploiter sa « petite particularité », enfin la société tout entière. Sous la pression de la Stasi, il trahira.



Et la chute du Mur ne signifiera pas pour lui une libération mais une oppression supplémentaire.



Je remercie les @EditionsMétailié et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir cet auteur que je ne connaissais pas.



Même si j'ai trouvé la fin un peu abrupte, j'ai bien aimé découvrir la vie de Friedeward Ringeling depuis son enfance maltraitée par son père violent jusqu'à l'âge adulte où il vit mal son homosexualité secrète à cause de son éducation rigoriste. Il cache constamment son orientation sexuelle, bien que la RDA aie aboli les lois la criminalisant.



La majeure partie du livre met en lumière ses années d'adolescence et sa rencontre avec son grand amour de jeunesse, Wolfgang Zernick. La structure narrative est un peu bancale car cette première partie de sa vie est très détaillée alors que le reste consacré à son mariage blanc avec Jacqueline pour détourner les soupçons est beaucoup plus rapide. J'ai eu l'impression d'une vie inachevée, incomplète, bridée par le système moral paternel dont il a hérité et dont il n'arrive pas à s'émanciper.



J'ai trouvé que ce récit était assez distancié, avec une narration directe et un style plutôt froid, ce qui révèle le poids des interdits sociaux et religieux de cette époque. Au-delà de l'histoire de Friedeward, c'est toute la société est-allemande qui est passée au crible par l'auteur. Il ne semble pas y avoir d'autres échappatoires que le renoncement, le mensonge, la fuite ou la mort. C'est le portrait d'une société révolue qui sonde la psyché au-delà d'un lieu ou d'une époque !

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