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Les Editions du Rocher [corriger]

Les Éditions du Rocher ont été fondées en 1943 à Monaco, et tirent leur nom de cette localisation. Le Rocher publie principalement des documents (biographies, actualités, histoire..)., des romans français et étrangers, à travers la marque «Le Serpent à plumes» et la collection de poche « Motifs ».

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L'Homme démasqué

Convenances.



Lord Uplandtowers convoite Barbara, une jeune noble. Mais elle s'enfuit avec Edmond fils d'un maitre verrier. Une belle histoire qui sera brisée par les convenances.



J'ai été agréablement surprise par cette nouvelle. Je craignais de lire une romance poussiéreuse. Le récit est bien plus complexe, c'est une dénonciation en règle des convenances de la société victorienne. Thomas Hardy dit les choses frontalement et ne s’embarrasse pas de figures de style.



La plume de l'auteur est non seulement très belle, mais aussi très agréable à lire. J'avais l'impression de lire un auteur contemporain.



La morale de l'histoire est amère: les bonnes mœurs priment sur le bonheur et le développement des personnes. Le plus important est que les nobles se marient entre eux et ne se mêlent pas aux roturiers.



Bref, je lirai probablement d'autres écrits de Thomas Hardy.
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La paix paresseuse

Julien Donadille remet en lumière un événement peu et mal connu. Cette fameuse conférence de Stresa en 1935 avait pour objectif initial de contrer la montée du nazisme en Europe et de construire un front uni face à l’ambition dévorante d’Hitler. Vous vous en doutez, cette conférence n’a pas rempli ses objectifs, et a mené à ce que l’on sait.



Dès les premières pages, le lecteur est embarqué dans une valse mondaine au milieu des plénipotentiaires, hommes politiques et militaires… Dîners fastueux, bals somptueux, cette conférence n’est pas qu’un espace de négociation dont les enjeux échappent encore largement à nombre des participants, elle est aussi un lieu de spectacle où chacun tente de briller.



L’auteur nous retrace ici avec un luxe de précisions non seulement les tractations politiques de Stresa, mais également des mondanités qui en sont la toile de fond. C’est extrêmement bien fait, on se sent totalement acteur du devenir de l’Europe mais malheureusement également spectateur de l’aveuglement des français et britanniques vis à vis de Mussolini… C’est glaçant !



Sur le fond, ce récit historique est mené de façon très plausible, le lecteur adhère totalement. En revanche, s’ajoute à ce récit historique une pseudo-histoire d’espionnage et de passion fugace entre un jeune diplomate et une femme allemande d’origine juive… Là, les choses prennent, de mon point de vue, une tournure trop romanesque et qui, surtout, n’apporte à mon sens pas grand chose au récit, alors que le véritable talent de l’auteur consiste à nous dépeindre avec maestria un moment historique peu connu.



Vous l’aurez compris, ce séjour sur le lac Majeur, pour moi, a été en demie-teinte… Dommage car le récit historique de cette conférence est franchement fascinant.
Lien : https://ogrimoire.com/2024/0..
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Une vague inquiétude

Il s’agit d’un mince livre (83 pages dans un petit format), composé de trois courtes nouvelles : « Le masque », 1914 ; « Un doute », 1919 ; et « Le wagonnet », 1922.

* « Le masque » (p. 15-33), que je trouve le moins intéressant, décrit les conditions dans lesquelles un homme porteur d’un masque hyottoko [masque grotesque d’homme à la bouche grimaçante avec un œil plus grand que l’autre] meurt à 45 ans lors d’une fête. Plus précisément, il s’agit d’une fête rituelle appelée le hanami ou fête de contemplation des fleurs. Des spectateurs placés sur un pont regardent passer les bateaux de cérémonie, essentiellement des péniches. Sur l’une d’elle, un homme portant un masque, visiblement ivre, fait le pitre en dansant et amuse ainsi la galerie. Il est tellement ivre qu’il meurt en se cognant contre la péniche, après que celle-ci ait été déstabilisée par un remous. À partir de là, l’auteur décrit rapidement la vie de Heikichi Yamamura qui, visiblement, n’a jamais été très sage, a eu tendance à mentir sans cesse. Il ressemblait à un bouffon, nous dit Akutagawa, c’était un ivrogne invétéré, un menteur. Après avoir lu son parcours de vie, on a du mal à regretter sa mort.

* « Le doute » (p. 35-69). C’est la nouvelle que j’ai préférée. Un intellectuel, le narrateur, est invité à prononcer des conférence de morale pratique dans une ville de province. Il a demandé à loger à l’écart et à être exempté de tous les rites de réception usuels. Il savoure sa tranquillité, les après-midis, après avoir donné ses conférences le matin. Un après-midi, un étranger pénètre dans sa chambre et lui confie un lourd secret. Lors du tremblement de terre de 1921, la ville dans laquelle il habitait avait été complètement détruite. Il avait échappé par miracle à l’effondrement de sa maison, mais sa femme était restée coincée sous une poutre. Malgré tous ses efforts, il n’était pas parvenu à la libérer. Or, comme un incendie se rapprochait dangereusement, il s’était énervé, avait paniqué et, sous le coup de la peur qui l’assaillait, n’avait rien trouvé de mieux à faire que de tuer sa femme à coup de tuiles, pensant qu’ainsi il lui épargnerait les terribles souffrances qu’allait provoquer le fait d’être brûlée vive. Quelques temps plus tard, dans la salle des professeurs du lycée où il enseignait, il entendit un de ses collègues se rappeler qu’à la suite du terrible tremblement de terre, une femme, restée coincée sous une énorme poutre, avait été miraculeusement sauvée parce que l’incendie qui a ravagé la ville, après le tremblement de terre, avait réduit en cendres la poutre et que la femme avait pu ainsi être sauvée. L’homme bascule alors dans une sorte de folie, de détresse, de mélancolie. Des amis, des proches tentent de l’en faire sortir et le poussent à se marier. Mais il en éprouve tellement de honte qu’il abandonne au dernier moment et avoue à tous « je suis un criminel », sans préciser de quel crime il s’agit. Et s’il est venu raconter tout cela au professeur-narrateur, c’est pour lui demander son avis : n’y a-t-il pas un monstre qui sommeille en nous et peut à tout moment se réveiller pour nous faire commettre des crimes imprescriptibles ?

* « Le wagonnet » raconte l’histoire d’un jeune garçon, Ryôhei, fasciné par le travail de construction d’un chemin de fer dans son village. Et en particulier, par les wagonnets qui servent à transporter les matériaux de remblai. Un jour, en cachette, avec deux autres garçons, ils s’amusent à glisser le long d’une pente avec l’un des wagonnets, mais se font surprendre et gronder. Un autre jour, le narrateur, alors âgé de huit ans, ose demander à deux jeunes ouvriers s’il peut les aider à pousser le wagonnet. Ceux-ci acceptent et tous les trois font monter l’engin jusqu’à la prochaine descente. Là, les ouvriers font monter le gamin avec eux et tous trois se laissent porter par la gravité et ainsi de suite sur plusieurs kilomètres, jusqu’à ce que les ouvriers disent au garçon de rentrer chez lui maintenant, car eux vont dormir dans la maison de thé au bord de laquelle ils se sont arrêté. Le gamin est alors paniqué parce que le crépuscule arrive. Il se met à courir le plus vite possible, mort de trouille, passe par des crises de panique, se déleste de plusieurs vêtements, jusqu’à arriver à son village puis à sa maison. Et éclate en sanglots intarissables. Ses parents ont beau l’interroger sur les raisons de son retard et de son état, il garde le silence.

À un premier niveau, ces trois nouvelles donnent à voir une palette de situations et d’événements caractéristiques de la société japonaises du début du XXe siècle. Empreinte de fêtes traditionnelles en l’honneur de la nature, sujette aux tremblements de terre et aux incendies qu’ils déclenchent, se transformant rapidement avec le développement des chemins de fer, mélange donc de traditions et de modernité. Mais ces trois récits présentent aussi trois facettes sophistiquées de la fragilité de l’existence et des risques que l’on prend à chaque instant, quelle que soit notre intention : faire le pitre, se saouler (le masque) ; agir pour le bien de ses proches (le doute) ; partir, insouciant, à l’aventure (le wagonet). Comment être sûr de prendre les bonnes décisions – commettre un crime pour éviter qu’une personne souffre ? Peut-on apprendre de ses erreurs – le petit garçon évitera-t-il dorénavant de partir à l’aventure ? Pourquoi sommes-nous si vulnérables – face aux catastrophes naturelles, par exemple, un tremblement de terre, un incendie ? Qui peut nous guider pour nous montrer la voie – le professeur saura-t-il apporter une réponse au mari torturé par sa culpabilité ?

Autant d’interrogations et d’interprétations possibles, que peut faire émerger la juxtaposition de ces trois textes, juxtaposition à laquelle l’éditeur a donné le nom – vague inquiétude – du dernier signe qu’Akutagawa a laissé avant de se suicider.

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