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EAN : 9782253250739
288 pages
Le Livre de Poche (15/05/2024)
4.09/5   429 notes
Résumé :
Dans le Paris de l'après-guerre, David, un jeune Américain, s'éprend de Giovanni tandis que sa fiancée est en Espagne. La sincérité et l'audace avec lesquelles James Baldwin décrit le trouble émotionnel de David, déchiré entre Giovanni et Hella, font de ce livre un classique.

Publié en 1956 aux Etats-Unis, La Chambre de Giovanni est un récit bouleversant sur la confrontation culturelle, l'identité sexuelle et l'amour.
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 429 notes
David aime les hommes, et se déteste pour ça. Chaque fois qu'il succombe aux charmes d'un jeune homme, il tremble de peur à l'idée d'être découvert, pense aux blagues salaces et aux propos injurieux qui accompagnent les gens de son espèce et craint de les incarner. Pour se tranquilliser, le jeune américain part à Paris. À l'abri de la foule, et des regards connus, il peut fréquenter les milieux homosexuels en relative tranquillité.

Cette tranquillité ne le pousse toutefois pas à s'affirmer, même pas dans ces cercles fermés. Il clame à qui veut l'entendre qu'il aime les femmes, et les quelques aventures qu'il a ne comptent pas vraiment. D'ailleurs, il a une petite amie, et il vient de la demander en mariage. Si ça, ce n'est pas une preuve ! le fait qu'elle soit partie seule en Espagne pour faire le point avant de répondre ne semble pas le troubler outre mesure.

Pendant cette absence, David rencontre Giovanni, un immigré venu d'Italie. Giovanni est tout le contraire de son nouvel amant : il se donne à 100 % dans cette nouvelle relation, sans crainte des regards, sans peur des préjugés. Dans la chambre de Giovanni, coupée du monde extérieur, avec ses rideaux toujours tirés, une petite bulle d'amour pur peut exister. En dehors, David ne peut tout simplement pas supporter le poids de cette relation. « Tu veux quitter Giovanni parce qu'avec lui tu pues. Tu veux mépriser Giovanni parce qu'il n'a pas peur de la puanteur de l'amour. »

L'ambiance de ce livre est très oppressante : dans la description du milieu homosexuel de l'après-guerre déjà, et la chape de plomb de la condamnation morale à supporter ; la haine de soi est omniprésente, tout comme la haine de l'autre, qui a contribué à vous faire chuter une nouvelle fois. S'ajoute encore à cela un rapport prostitutionnel qui ne contribue pas à adoucir les rancoeurs, car seuls les très riches, ou les déclassés, peuvent être à l'abri des poursuites.

On plaint également Giovanni, pour qui l'amour semble si facile, et le poids du regard des autres si léger. Jusqu'au bout, il croira à la victoire des sentiments contre l'obligation de conformité ; prêt, même, à sacrifier une grande partie de la vie de son amant à la société des gens biens comme il faut. Mais pour ça, il faudrait que David arrête de fuir ce qu'il a fuit toute sa vie. Et la partie est loin d'être gagnée…
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J'avais si souvent entendu parler de James Baldwin et de son engagement pour les causes à défendre à son époque. L'auteur aborde le thème de l'homosexualité dans l'après-guerre.

David, un américain en voyage dans le Sud de la France, vient de se fiancer avec Hella. Mais quelque chose le fait hésiter, avant de s'engager dans le mariage, c'est pourquoi il décide de faire un séjour seul à Paris. En effet, il veut s'éloigner d'Hella pour réfléchir, car au fond de lui, il connaît son attirance pour les hommes.

Une fois à Paris, il fait la rencontre d'un barman séduisant, Giovanni, dont il tombe amoureux et avec qui il passe une saison entière. Mais il craint la société, parce qu'elle n'accepte pas du tout l'homosexualité, à cette époque-là.

David voit Giovanni souffrir de son inertie, mais il ne fait rien pour en sortir. Idem pour sa petite amie qui attend un signe de lui depuis le Sud français, ou son père en Amérique qui s'interroge sur la longueur de son séjour. Pendant qu'autour de lui ses proches vivent des moments tourmentés à cause de son silence, David, vit dans la chambre de Giovanni, un moment à la fois de transition et de métamorphose, et trahit les uns et les autres.

Ce livre est profond et philosophique, avec un côté mélancolique, fataliste. Il parle de lâcheté, d'impuissance, de pression sociale et familiale. On sait dès les premières pages que Giovanni connaîtra un sort dramatique et que cet amour aura une fin. C'est pourquoi ce couple est fascinant, et mystérieux, surtout le personnage de Giovanni qui semble davantage attachant, également dans ce qu'il exprime au travers des dialogues très justes de mon point de vue. J'ai passé un excellent moment de lecture.
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La chambre de Giovanni est le récit d'une homosexualité qui se découvre sur le tard, malgré une vie que l'on croyait rangée, casée, formatée, mais qui peine à s'avouer. David, Américain expatrié à Paris s'éprend de Giovanni, alors que Hella, sa fiancée est en voyage en Espagne. S'il s'avoue son trouble, donne libre cours à leur désir et que leurs corps et leurs coeurs se rencontrent, David ne peut réprimer sa honte et faire de cet amour une histoire sordide et inacceptable.

Plus que le thème de l'homosexualité, James Baldwin nous parle du courage d'être soi. Derrière les masques que nous mettons parfois pour nous sécuriser et ne pas nous écarter de la norme, se cachent bien souvent de grandes solitudes. Ne pas être dans le moule, vivre sa vie et être soi, voilà qui demande parfois tellement de courage.

Encore une fois, c'est brillamment que James Baldwin explore les failles humaines. Qu'il s'empare de questions raciales - à noter que David, le narrateur est un Blanc, comme tous les autres personnages, ce qui interroge vu le caractère personnel du texte et de sa thématique - ou d'identité, quelle soit sexuelle ou simplement humaine, cet auteur sensible et profond nous jette une lumière crue et parfois désespérante sur la difficulté de vivre avec ce que l'on n'a pas choisi. Mais il nous dit aussi que l'on peut choisir de l'assumer et de se reconnaitre avec ce que nous sommes.
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David est un jeune américain dans le Paris des années 50. Sa fiancée Hella est en Espagne...Seul, il fréquente les bars, cherche de la drogue...il doit de l'argent, ne sait où dormir...Rencontre avec Giovanni, jeune italien, qui l'héberge. Début d'une relation sexuelle, d'un amour, d'amours qu'on cachait alors. Magnifique roman, que certains disent autobiographique sur l'amour homosexuel...
Roman tragique aussi sur la peine de mort, évoquée très tôt dans le livre. Pourquoi ? Je vous laisse le découvrir.
Si Giovanni se donne complètement à cet amour véritable, il n'en est pas tout à fait de même pour David, qu'on perçoit tantôt passionné, tantôt incapable et fautif du fait de cette relation interdite par l'époque, interdite par les bonnes moeurs. Tiraillé par les conventions. Incapable de s'assumer.
Cette petite chambre l'étouffe parfois, Hella est toujours présente à son esprit.
Un roman troublant, non pas du fait du thème, mais surtout du fait du témoignage de la période. Un petit côté vieillot bien nostalgique dans la description des lieux, de l'époque, de l'ambiance. Et surtout dans la perception du poids des convenances.
Je ne sais pas comment ce livre fut reçu lors de sa parution. Il a certainement dû être montré du doigt, banni dans certains milieux bien pensants. Peut-être confidentiel, James Baldwin n'étant pas alors très connu..C'était l'un de ses premiers livres.
Si la confrontation culturelle ne posait pas de problème, il n'en était pas de même ce ce qui concerne l'identité sexuelle, les amours homosexuelles, même sincères.
"On a beaucoup écrit sur l'amour qui se transforme en haine, sur le coeur qui, avec la mort de l'amour, devient de la glace. C'est un processus remarquable. Considérablement plus terrible que tout de que j'avais lu sur le sujet, plus terrible que je ne saurais jamais le dire." (P. 222)
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ce roman est paraît-il un sommet de la littérature homosexuelle. C'est surtout un sommet de la littérature tout court.
Certes le thème de l'amour entre hommes est superbement traité mais la force de l'auteur est d'avoir su exprimer la quasi impossibilité de la rencontre amoureuse, la peur d'être abandonné suscitant son corollaire : l'effroi de ne pouvoir donner assez, qui confronte à sa finitude et à son impuissance finale celui des deux qui peut-être aime moins, ou différemment.
Aragon le dit " Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force ni sa faiblesse ni son coeur et quand il croit ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix ".
Et La Mort, réelle ou fantasmée, de suivre le cortège des amours inachevées...
Ce petit livre m'a beaucoup émue et je n'oublierai pas de sitôt David et Giovanni.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
"- Pour une femme, dit-elle, je crois qu'un homme est toujours un inconnu. Et il y a quelque chose de terrifiant à être à la merci d'un inconnu.

- Mais les hommes sont à la merci des femmes aussi, non ?

- Les hommes peuvent bien être à la merci des femmes; je crois que les hommes aiment cette idée qui flatte le misogyne en eux. Mais si un homme en particulier arrive à être à la merci d'une femme en particulier, eh bien, en quelque sorte, il n'est plus un homme. Et la femme, dans ce cas-là, est plus que jamais piégée."
p.178
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Son corps, que je connaissais si bien, rayonnait dans la lumière et rendait plus électrique, plus dense, l’air qui nous séparait. Soudain, quelque chose céda dans ma tête, une porte secrète s'ouvrit sans bruit, me remplissant d'effroi : je n'avais pas compris jusque-là qu'en fuyant son corps, je reconnaissais le pouvoir de ce corps sur moi, que je le perpétuais.
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Je ne pouvais que boire, dans l'espoir que l'ouragan s'épuise sans faire plus de ravage sur mes terres. Mais j'étais heureux.
Je regrettais seulement d'avoir eu Jacques pour témoin. À cause de lui j'avais honte. Je le haïssais aujourd'hui d'avoir vu ce qu'il avait, parfois contre tout espoir, attendu depuis tant de mois. Nous nous étions engagés dans un jeu mortel et il était le vainqueur. Il était le vainqueur en dépit du fait que j'avais triché pour gagner.
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- Vous venez souvient ici ? demanda Giovanni soudain, après un moment de silence.
- Non, pas très.
- Mais vous viendrez plus souvent maintenant, dit-il le visage illuminé d'un air de moquerie irrésistible.
- Pourquoi ? bredouillai-je.
- Ah ! s'écria-t-il, est-ce que vous ne vous rendez pas compte quand vous vous faites un ami ?
Je ne savais que je devais avoir l'air idiot et que ma question était idiote aussi. Si vite ?
Pourquoi pas ? Il dit cela comme une évidence, puis ajouta, jetant un coup d’œil à sa monte : on peut attendre une heure si vous préférez. On pourrait devenir amis dans une heure. Ou attendre jusqu’à la fermeture. On pourrait devenir amis à ce moment-là. (...) Les gens disent toujours ça, il faut attendre, il faut attendre. Qu'est-ce qu'ils attendent ?
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J'eus soudain peur. Peut-être parce qu'il avait l'air si innocent, couché là, totalement confiant ; peut-être parce qu'il était tellement plus petit que moi. Mon propre corps me sembla soudain grossier, écrasant, et le désir qui montait en moi me parut monstrueux. Mais surtout, j'avais brusquement peur. Une pensée se fit jour en moi : Mais Joey est un garçon ! J'étais soudain conscient de la puissance de ses cuisses, de ses bras, de ses poings doucement serrés. La puissance, la promesse et le mystère de ce corps me firent soudain peur. Ce corps m'apparut soudain comme l'entrée béante d'une caverne à l'intérieur de laquelle je serais torturé jusqu'à la folie, dans laquelle je perdais ma virilité. Justement, je voulais connaître ce mystère et sentir cette puissance et voir cette promesse s'accomplir à travers moi. La sueur se glaça dans mon dos. J'avais honte. Le lit était lui-même, dans son tendre désordre, la preuve de cette souillure. Je me demandai ce que la mère de Joey dirait lorsqu'elle verrait les draps. Puis je songeai à mon père, qui n'avait personne d'autre au monde que moi, ma mère étant morte lorsque j'étais enfant. Un abîme s'ouvrit dans mon esprit, sombre, empli de rumeurs, de suggestions, d'histoires à demi entendues, à demi oubliées, à demi comprises, pleines de mots sales. Je crus voir mon futur dans cette caverne. J'eus peur. J'avais envie de pleurer de terreur et de honte, d'incompréhension qu'une chose pareille ait pu m'arriver, qu'une chose pareille ait pu avoir lieu en moi.
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