Les règles du Mikado

C'est un grand plaisir de retrouver Erri de Luca avec Les règles du Mikado, bien que je ne me sois jamais vraiment éloignée de l'auteur italien que je lis régulièrement. Une fois de plus c'est une surprise et un bouleversement.

Une surprise dans la construction du roman puisqu'il y a deux parties bien distinctes : l'histoire d'une rencontre entre un vieil homme et une jeune gitane puis l'après, des années plus tard.
L'homme est un horloger italien qui passe du temps dans la montagne où il se réfugie seul sous une tente. Il vit dans le calme de la nature et joue au Mikado.
J'adore le jeu du Mikado et cela m'a donné envie d'y rejouer puisque je ne l'ai pas fait depuis un moment. C'est un jeu de patience et d'habileté mais aussi de stratégie qui peut être partagé où se jouer seul. La qualité principale pour le Mikado est le calme, la sérénité.
Une nuit, une adolescente de quinze ans en fuite vient chercher refuge sous sa tente pour échapper à son père qui risque de la tuer pour l'honneur car elle refuse un mariage arrangé. le vieux campeur va protéger la jeune gitane et ils vont apprendre à se connaître, lié par un lien fort d'amitié. Elle vient de Slovénie, analphabète, elle connaît des ruses et a appris à communiquer avec les animaux quand elle vivait dans sa communauté Sinté, peuple Tziganes qu'elle a quitté. Ils vont faire un petit bout de chemin ensemble jusqu'à Grado au bord de la mer Adriatique. Lui, est réglé comme une horloge. Ces deux-là ont une façon d'affronter le monde qui semble opposée mais c'est peut-être aussi ce qui les rapproche.

Ce livre est aussi un bouleversement parce que cette histoire n'est pas celle que l'on croit. Erri de Luca parle d'humanité et de transmission, ce qui m'a profondément touchée.
L'humanité c'est d'abord la Fondation Mikado qui aide les sans-abris, les réfugiés, présidé par le vieil horloger, et qui s'avère être bien plus que cela, proposant un nouveau départ pour des personnes dans le besoin. Je n'en dirai pas plus car la deuxième partie révèle pas mal de choses grâce aux lettres échangées avec la gitane devenue femme de nombreuses années plus tard quand elle a changé de nom en se mariant, a deux fils et pratique la chiromancie en plus de son travail. Les lettres ne sont ni datées ni signées mais il n'y a aucune ambiguïté sur les événements. D'ailleurs, le courrier manuscrit est réhabilité, son intérêt étant de pouvoir dire des choses qui ont besoin d'éloignement.
Grâce au Mikado que lui a transmis le vieil homme elle applique les règles en dehors du jeu, par exemple en agissant doucement sans attirer l'attention, en faisant les choses avec intention, sans automatisme.

J'ai donc aimé ce roman intelligent car on voit comment une rencontre peut servir d'amorce à un changement de vie, surtout quand la générosité prime. Erri de Luca sait aussi parler de la vieillesse avec lucidité, sans tristesse, dans ce beau livre sur l'espoir.

Je remercie vivement les éditions Gallimard et Babelio pour ce roman poignant qui m'a été offert dans le cadre d'une rencontre très attendue avec l'auteur.


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J'ai beaucoup aimé Les règles du Mikado.
Erri de Luca nous emporte par son style très épuré. Il a besoin de peu de mots pour nous transporter dans un monde poétique et philosophique.
Une adolescente gitane entre dans la tente d'un vieux campeur horloger. Elle fuit son peuple, son père, un mariage forcé.
Deux mondes, deux philosophies vont cohabiter ensemble.
Nous assistons à leur dialogue. Puis surgissent des lettres et un cahier.
Je n'ai pas trouvé la fin saugrenue, je l'ai au contraire trouvée intéressante et éclaire bien la relation qu'ont eu ces deux personnages.
Ce roman est très émouvant par l'humanité qui s'en dégage, par la beauté d'un geste dans les deux sens qui m'a fait penser à la maïeutique de Socrate.

Entrer dans un livre d'Erri de Luca, c'est entrer chez un orfèvre de la langue. Son style est sans fioriture, il va à l'essentiel tout en arrivant à créer une promenade poétique auprès de personnages qui n'ont pas besoin d'adjectifs. Ils sont, c'est tout ce qu'on leur demande. Et c'est magnifiquement fait.

L'histoire importe t-elle ? oui sûrement, il s'agit d'une rencontre, celle qui dépasse le quotidien, celle qui fait sens sur le sentier de la vie. Mais l'essentiel est ailleurs, tout est dans le dialogue, dans l'autre qui s'apprivoise mais qui ne se donne jamais totalement, à l'image de ses personnages sans nom. Ils n'ont pas besoin de plus d'ancrage.

Bref, j'ai adoré et cela me donne envie de divaguer car il n'y a rien à raconter, c'est une expérience de lecture.

J'ai juste envie de vous dire : faites cette rencontre.

Et merci à Babelio de me permettre de rencontrer l'auteur !

Dans les règles de l'art, de la littérature et du jeu !
Erri de Luca, encore une fois, est d'une efficacité déconcertante.
Un écrit parlé d'une grande fluidité, à tel point que le dialogue des deux protagonistes principaux pourrait s'inverser, et naturellement se mélange. Pas question de s'étendre sur des descriptions longues et fastidieuses de leurs profils respectifs, c'est l'histoire qui importe, la mécanique. Nommer soustrait le lecteur ? Comme toujours je demeure agréablement surprise par cette neutralité de penser, cette absence de jugement arrêté qui nous conduit, nous, à approfondir notre réflexion, à aller plus loin que le bout de notre nez, que le sommet de la montagne…
Tant de thématiques sont approchées, le rapport au temps et le jeu fabriquent un décor insolite, il casse la chronologie, l'horloge est déréglée et pour une fois, tant mieux !
La construction du livre me donne mes envies théâtrales, cinématographiques et son récit tant de questions philosophiques.
Faire un parallèle entre les fractures generationnelles et ce qui peut rapprocher deux personnes si étrangères est aussi déroutant que satisfaisant, encore une fois les codes sont brisés par le remous des vagues du passé, du présent et du futur.

Magnifique histoire, dont l'absence de prétention apporte grandeur à chaque parole.

D'emblée, le Mikado comme métaphore de l'existence, incarnation parfaite de la vie qui nous attend. Dans ce petit tas de bâtonnets emberlificotés, il nous faut trouver le fil qui donne sens à l'inextricable. Au départ, je n'ai aucune fascination particulière pour ce jeu de patience, mais très vite le piège se referme, la magie de l'écriture opère. L'auteur nous embarque dans une aventure dont on ne sort pas indemne. Erri de Luca possède ce talent rare du récit d'une autre histoire dans l'histoire première, comme si, à l'encre invisible, il pouvait nous donner à lire l'histoire qui n'est pas imprimée dans le livre et qui y est pourtant contenue. Une histoire en creux si on sait creuser. Difficile de parler d'un roman sans risquer d'en détruire le charme ou la magie. La quatrième de couverture suffit à donner l'envie. Ne sert à rien de vouloir la paraphraser. Je peux seulement vous confier le plus beau passage, ce moment où le Mikado devient cadeau, fabuleux cadeau où rien n'est donné à moitié. le mi/cadeau est entier partage. Juste à trouver la bonne page.
Lien : http://www.crimonjournaldubo..

Comme j'aime la finesse de l'écriture de De Luca, qui me touche en plein coeur à chaque fois. Deux parcours de gens cabossés mais déterminés, l'une espagnole, en cavale, et l'autre pro des Mikado, qui vont se rencontre autour de l'hospitalité d'une tente de bivouac hivernal. Les échanges, quid loufoques, quid censés, m'ont parlé et ce roman, presque aux allures d'enquête de vie, fonctionne !

Dans les montagnes italiennes, un vieil horloger campe sous sa tente, en plein hiver. Une nuit, une jeune gitane lui demande l'hospitalité. Elle fuit un mariage forcé. Selon les lois de son clan, son père est parti à sa recherche. S'il la trouve, il la tuera. Cette nuit-là s'instaure un dialogue entre deux façons d'appréhender la vie, deux cultures. Cet échange se poursuit, sous diverses formes, au fil des années. Par petites touches, chacun se livre, et fait évoluer sa perception du monde. le lecteur, lui, savoure les mots, et prête une attention particulière aux règles du Mikado.

Un roman inspirant, apaisant. Coup de coeur.

J'ai lu ce livre d'une traite. J'ai été emporté dans cette tente perdue en montagne puis dans l'échange entre ces deux êtres. C'est un moment poétique et étonnant. C'est une très belle rencontre entre deux êtres humains très différents qui se sauvent mutuellement. Un très beau livre sur la force des rencontres et l'humanité.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une rencontre avec l'auteur.
J'ai aimé le livre dès la préface. Nous ne connaîtrons pas le prénom des protagonistes, et peu importe. Ce récit commence par un dialogue. Juste, concis, avec deux personnages bien incarnés. Et en milieu d'ouvrage, un autre style de narration qui surprend. Qui nous emmène dans une direction inattendue, suscitant une réelle surprise, tout en restant dans cette écriture fluide et propre à l'auteur que j'ai découvert dans deux autres romans, avec en fil conducteur ce jeu du mikado. Un beau roman à découvrir !

C'est un récit-dialogue qui avait peu de chance d'advenir et qui est d'autant plus intrigant. Un dialogue simple et riche de rappels subtils sur quelques essentiels, parmi les plus savoureux, qui guident nos vies : l'instinct (ce que l'on sait avant de savoir expliquer l'origine de ce savoir), le 'double-fond' que nous cachons tous (parfois à nous-même), et aussi quelque part, la façon dont nous composons notre propre histoire...
Très agréable lecture, happante et surprenante jusqu'à la fin. Comme d'habitude avec De Luca, elle est légère et dense à la fois.
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