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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour jouer au mikado, il faut être au moins deux. Ça tombe bien : nous étions trois. Une jeune gitane en fuite, un vieux campeur solitaire, et moi. Eux deux qui discutaient, moi qui buvais leurs paroles.

Comment s'appelaient-ils ? Je n'en ai aucune idée, et manifestement De Luca n'en sait pas plus que moi ("Leurs noms ne comptent pas", nous prévient-il dès la préface. "Ils n'ajoutent rien aux gens").
Existent-ils, ont-ils existé ? Aucune importance non plus ("Si cette histoire est tirée ou inspirée d'un fait divers, je préfère l'ignorer").
Non, Erri de Luca n'a que faire de tout ça, il n'a pas l'habitude de s'embarrasser de détails inutiles. Dans ses textes nul artifice, jamais, il va à l'essentiel et pèse le moindre mot. Son dernier roman ne fait pas exception : des phrases courtes, sobres, expurgées de l'accessoire, fragiles comme des fleurs de montagne. Charge alors au lecteur d'en extraire le suc, de décoder les messages quasi-subliminaux qui lui sont adressés.

Que cherche-t-il à nous dire, ce vieil horloger italien, lui qui passe ses hivers seul sous la tente dans le silence des sommets alpins ?
Qui est cette gitane qui vient de franchir clandestinement la frontière slovène, ou va-t-elle, que fuit-elle ?
Mesure-t-elle la chance qu'elle a d'être tombée sur le campement de ce vieil homme habile et débrouillard, parfaitement disposé à lui venir en aide ?

Entre eux va s'établir une profonde relation d'amitié confiance, et la majeure partie du roman n'est en fait qu'un dialogue ininterrompu entre la fuyarde et l'ermite.
Elle lit les lignes de la main, vénère les ours et les corbeaux, elle "croi[t] au destin et aux signes, au dieu des choses".
Lui voit la vie comme un jeu d'adresse, un mikado géant à la stabilité précaire, "un chaos à résoudre". Il se plaît à n'être qu'un "engrenage dans la machine du monde", sait la fragilité des équilibres et accorde toute son existence aux lois ancestrales du mikado : "attention au moindre mouvement, faire avec intention, sans automatisme."
Voilà qui ouvre à l'auteur de nombreuses pistes de réflexion et lui inspire quelques jolies métaphores que chacun pourra interpréter à sa guise.

Tout ça me convenait parfaitement, jusqu'à ce que l'auteur mette brusquement fin à la conversation entre ces deux personnages. Nous les retrouvons quelques années plus tard, à travers un bref échange épistolaire, avant un dernier chapitre tout à fait inattendu qui ne m'a hélas pas complètement convaincu... de mon point de vue ce coup de théâtre superflu rompt quelque peu le charme subtil et délicat de l'histoire.

Les règles du mikado n'en demeure pas moins un roman plaisant, et les lecteurs fidèles d'Erri de Luca y retrouveront sans mal la "patte" de l'orfèvre italien : minimalisme, poésie, engagement humaniste et art du mot juste. 
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Erri de Luca conte, dans Les règles du Mikado, une rencontre improbable, sous une tente en pleine montagne, avec une jeune fille Slovène de quinze ans tzigane. Elle est en fugue contre son mariage forcé. L'autre est un vieux randonneur, ancien horloger. Après cette rencontre, le vieil homme se sent redevable envers cette enfant, redevable de responsabilité ! Il va s'appliquer à l'aider pour lui permettre un nouveau départ.

Une première partie consiste en un accompagnement qui permet à chacun de garder sa liberté, basé sur la confiance mutuelle et le soutien lors de discussions orales intenses. Celui de la gitane amène au vieil homme la jeunesse. Mais aussi celui du vieil horloger permet à la jeune fille de trouver sa voie.

Seulement, la vie passe. Vient le temps de lever les secrets. Alors des lettres ou d'un carnet, Erri de Luca révèle la véritable histoire du vieil horloger et de la jeune fille. Peut-être, révèlent-ils, aussi, un peu, les secrets de l'écrivain lui-même et de ses combats passés.

Ce court roman est prétexte à Erri de Luca pour partager ses réflexions, continuer à travailler sa dextérité littéraire comme le vieil horloger travaille sa dextérité manuelle avec son jeu de Mikado. Leurs échanges permettent des remarques, souvent d'une poésie étonnante, d'un humaniste sans conteste. Car pour l'écrivain, au jeu de Mikado, « Prendre le bâton noir sans déplacer (ou gêner) les autres » est un de ses principes de vie primordiaux, toujours présent au fil de ses écrits.«

Ainsi Les règles du Mikado ressemblent étrangement aux valeurs qu'on s'impose dans la vie. Y jouer c'est s'assurer que l'éthique personnelle est respectée. Alors d'un vieux sage à une enfant, la conversation a des accents de transmission et pour le lecteur, d'héritage à méditer.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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J'ai lu ce livre grace à Babelio et les éditions Gallimard que je remercie dans le cadre d'une future rencontre avec l'auteur et une masse critique.

Une jeune gitane de 15 ans qui vit en Slovénie s'enfuit de sa communauté pour échapper à un mariage forcé avec un homme de 50 ans. Elle rencontre un homme mûr d'une soixantaine d'années qui a planté sa tente en hiver à la frontière italienne dans la forêt. C'est l'hiver et le froid est intense.

La jeune fille est accueillie par cet homme dans une tente. Un dialogue s'instaure entre ces deux êtres. Elle et il
n'ont ni nom, ni prénom. Selon Erri de Lucca le prénom peut inciter à rechercher
une imitation avec un être connu. Je n'ai jamais eu cette sensation car lorsque je lis je m'imprégne des personnages sans les comparer à qui que ce soit. Mais bon, j'accepte le concept.

Pendant environ la moitié du livre un dialogue entre ces deux personnages se met en place. La jeune fille fuit son père et au-delà son clan. Sa fuite représente un déshonneur pour son père et sa
communauté.

L'homme l'héberge dans sa tente. Il est horloger et joue notamment au mikado. Il l'aide à fuir le père, les gendarmes et l'amène au bord de la mer où il n'y a pas de gitans. La jeune fille lit les lignes de la main de l'homme et décèle un secret que nous découvrirons plus tard.

Ce dialogue m'a plutôt plu.

Ensuite, une correspondance épistolaire s'installe entre eux après que l'homme ait aidé la jeune fille à vendre ses cheveux pour s'acheter un abécédaire pour apprendre à lire et lui ait permis de trouver un métier.

J'ai été un peu moins convaincue mais le style m'a enchantée.

La fin m'a quelque peu échappé. le carnet laissé par le vieil homme et la dernière lettre de la jeune fille devenue femme, veuve et mère ne m'ont pas convaincue.
.
De cette lecture je retiens surtout le style de l'auteur très beau mais je reste un peu sur ma faim.

J'ai oublié d'écrire que j'ai aimé l'amour de l'altérité. Une certaine solidarité émane de ce livre qui me plaît.
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L'oeuvre d'Erri de Luca est diverse et réserve des surprises au lecteur qui découvre le livre sans avoir lu le 4ème de couverture ou de nombreuses critiques. Une constante :  le style, sobriété et épure. Densité pour ce court roman, 159 pages que j'ai lues d'une traite, d'un souffle. Il réserve de nombreuses surprises.


La vie avec le mikado comme métaphore, jeu solitaire, jeu d'adresse, de concentration, d'équilibre....

Engrenage de la vie, pour le héros de l'histoire, qui est horloger, adresse et patience.

D'autres jeux surgiront dans ce roman : échecs bien sûr, bridge ou poker, cartes, et le grand jeu comme l'aurait dit le regretté le Carré. Mais j'en ai déjà trop dit ....

Surtout ne pas spoiler!





Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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"J'ai rencontré mon destin. c'est à un inconnu que revient la possibilité de le révéler." p 94 "Lui que voulait-il de moi ? Rien, il m'aidait, c'est tout." p95. "
Un livre sur la rencontre, sur le "nous" p 78 qui passe d'abord par une attention à soi , son rapport au monde , au temps "à mon temps qui me fait agir en lui."p109...

"Une rencontre peut servir d'amorce mais c'est la vie qui change les personnes et non l'inverse." P140

Alors, que de messages existentiels dans ce livre ! Sur l'exil, la violence, la guerre, la vieillesse, la filiation, la culture, l'amour, l'apprentissage, le lien, la transmission, la décroissance, l'invisibilité, la présence, l'absence...
Et ces règles du mikado hors du champ de la compétition, comme une éthique :
"attention aux moindres mouvements, faire avec intention, sans automatisme" p110 , ""agir doucement sans attirer l'attention " p110...
Et les règles, ça se transmet !

Un livre sensiblement humain.

4 étoiles et non 5, à cause de la première partie uniquement faite de dialogues qui ne m'intéressait pas et me déstabilisait par rapport à ce que je connais de l'écriture de Erri de Luca.
Ouf ,ensuite la prose fascinante est arrivée.



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J'ai beaucoup aimé ce petit livre qui m'a étonnée, dès les premières pages, avec un texte constitué uniquement du dialogue entre un vieil horloger campeur et une jeune gitane qui fuit sa famille. Aucun des deux n'a de prénom parce que ceux-ci, nous explique l'auteur dans la préface, n'ajoutent rien aux gens. le lecteur part donc à la rencontre de ce texte sans les repères habituels. C'est déroutant, agréable, presque amusant. On se surprend à revenir en arrière de quelques lignes pour ne pas perdre le fil du récit, à lever les yeux du texte pour réfléchir à ce que nous dit l'auteur.

Et puis, tout à coup, une très brève dernière partie qui fait irruption, sans prévenir, dans le calme de cette lecture. L'auteur nous entraîne brutalement dans un échange de correspondance certes, pas désagréable à découvrir mais dont je n'ai pas vu l'intérêt. Un twist que l'on s'attend à lire dans un roman policier, qui s'avère saugrenu dans ce livre.

Ce court roman reste, malgré ces quelques dernières pages inattendues, un vrai plaisir. C'est un texte dense qui appelle une relecture. On y parle de solitude, de la vie qui s'écoule, d'amitié .... et, bien sûr, du mikado, "ce jeu d'équilibre dans lequel un mouvement imperceptible peut changer la partie", … comme dans la vie.
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Difficile d'écrire une critique sans en dire trop ... C est pour moi l une des réussites de ce roman : la surprise, le rebond au milieu de l ouvrage.
On pourrait croire, dans les 50 premières pages, à un conte philosophique basé sur la rencontre entre un viel homme solitaire et une jeune femme tsigane en fuite. Vous verrez qu on va bien au delà : qui sont réellement ces personnages ?
Comme à son habitude Erri de Luca livre une vision du monde très inspirée par "quelque chose" ou "quelqu'un" qui nous dépasse. Personne n avance seul et chacun est responsable de ceux qu il croise.
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Une jeune gitane en fuite se réfugie dans la tente d'un horloger qui fait du camping en montagne...

Comme dans le précédent roman d'Erri de Luca, le roman prend la forme d'un dialogue (même si on a en 2eme et 3eme partie des lettres et un journal, les deux s'adressent à un correspondant) ce qui donne une forme concise et dynamique au récit.
Même si j'ai bien aimé la relation que les deux personnages sans nom nouaient au fil des dialogues, j'ai été moyennement convaincue par la fin qui part dans un sens très différent du reste.
ça reste un texte court, intéressant, qui trouvera ses adeptes, mais je ne suis pas complétement séduite (c'est d'ailleurs le 3eme roman d'Erri de Luca que je lis, et aucun n'est vraiment un coup de coeur, mais je ne saurai nier son talent, malgré tout; c'est une impression très personnelle).
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Un récit/fable étonnant, dans la 1ere partie construite autour d'un dialogue, deux personnages se rencontrent fortuitement une jeune femme qui fuit ses origines, sa famille et un homme âgé qui s'extrait régulièrement du monde horloger. Les deux vont s'apprivoiser, se dévoiler au fil de leurs échanges, le jeu du Mikado et sa métaphore sont un fil entre les deux personnages. J'ai apprécié la vivacité des dialogues, la métaphore associée à la mécanique des montres, à l'idée d'être le plus discret possible. J'ai aimé la fougue du personnage féminin, sa détermination à s'en sortir et le côté protecteur du vieux, son histoire. La 2e partie donne une dimension plus historique et une autre saveur au récit, comme dans les poupées russes, on en découvre une autre et le récit se lit différemment. Cette double lecture historique, les échanges de lettres qui remettent en perspective les personnages m'ont beaucoup plu et je m'attendais pas à ce choix. le récit semble simple mais pose les questions du choix, de l'engagement, mais aussi des liens qu'on se crée. Une belle découverte de l'écriture de l'auteur. Merci pour cette masse critique.
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Il suit la frénésie récente, j'étais démuni pcq j'avais plus de livre et lola m'a conseillé celui là. Particulier car écrit uniquement en dialogue, alors que je sors de le discours et le roman de Jim où c'est principalement du dialogue interne, comme souvent dans les livres en fait donc ça rend la narration assez spéciale sur celui là mais étonnamment fluide et prenant pcq ça en dit peu et on se nourrit de détails. Il y a des twists étonnants qui sont très cools et je l'ai englouti en deux jours (actuellement dans le train pour Nantes). Problème je ne sais pas ce que je vais lire après mais demain je passerai à une librairie et on verra.
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