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Citations sur Nos corps invisibles (12)

Parce que je suis heureux. Ça a l'air bête, peut-être, mais cette sensation de bonheur est le résultat d'un long combat, alors je me donne la permission d'en profiter au maximum.

Je les regarde. Autant de visages, autant d'histoires. À part Tiphaine, on a un point en commun, celui d'être passés par la case « thérapie de conversion ». D'avoir subi le harcèlement, le lavage de cerveau, la violence, parfois physique. un autre point commun: on a porté plainte. C'est Tiphaine, d'ailleurs, qui en a eu l'idée. Ce n'était pas évident d'aller raconter ce qu'on avait enduré à des policiers. Pour moi, c'était une femme, plutôt ouverte et bienveillante. Pour d'autres… Eh bien, on peut dire que ça a été une épreuve de plus. Mais on a eu raison de le faire. Pour nous, et pour tous les autres qui n'osaient pas. Qui n'osent pas encore. Qui peut-être oseront demain. Ou n'oseront jamais.
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Se laisser aller, ce n'est pas renoncer à tout mouvement. Se laisser aller, c'est s'abandonner à un courant souterrain qui vous conduit quelque part. Peut-être vers la mort. Peut-être vers la vie. Qui peut savoir ?
Et surtout, qui peut juger ?
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Je veux vivre. Sans avoir tout le temps à me poser la question de savoir si je suis un garçon ou une fille. Est-ce que ça compte vraiment ? est-ce que je ne peux pas être un peu des deux ? S'il y a un problème, ce n'est pas le mien. c'est celui de ceux qui refusent de m'accepter.
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Je n'ai qu'à jouer la comédie. Leur dire ce qu'ils veulent entendre. Inventer une histoire. Me détacher de moi-même et me regarder de loin tomber en pièces sur l'estrade, me vautrer dans la honte, récolter les encouragements et les applaudissements. Je serai lavée de tout, après, c'est ce qu'ils disent, mais ils se trompent. Après, je me sentirai sale, et cette crasse-là ne partira pas sous la douche. Je la traînerai jusqu'à la fin de ma vie. Si j'accepte de mentir. Si j'accepte de "mourir pour renaître". C'est ça, l'arnaque : ici, tout le monde meurt, et c'est tout. Il n'y a pas de renaissance.
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Ils ont tout, le bow-window, l'escalier peint en blanc, les poutres apparentes et la cheminée décorative avec rampe de fausses flammes intégrée, la table de ping-pong dans le garage, le barbecue dernier modèle en forme de capsule spatiale, les livres d'art (qu'ils n'ouvrent jamais) dans la bibliothèque. Et une fille parfaite, Tiphaine.
Et moi.
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Je réprime la panique qui monte, je pose ma main droite sur la gauche, mes doigts sont agités de spasmes, je vais perdre le contrôle, non, respire, Lori, c’est ce qu’ils attendent, que tu t’écroules, c’est ça cette fameuse “mort” dont tout le monde parle depuis le début, “la mort est renaissance”, mais c’est faux, ils tuent les gens de l’intérieur pour les bourrer de carton et en faire des mannequins dociles, au sourire artificiel, qu’on peut exposer dans une vitrine.
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Si seulement on m'avait laissé le choix, à moi. Un prénom, ça n'a l'air de rien, on le porte sans y penser la plupart du temps : on l'aime ou pas, on s'en accommode ou non, mais il nous définit en partie. C'est une image brandie face aux autres, une étiquette, presque un tatouage dans la mesure où s'en défaire est compliqué.
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J'observais les adultes - et les autres. Ils n'avaient pas l'air de pousser un rocher. Je me disais, de temps en temps, que c'était une illusion. Que tout le monde poussait quelque chose. Peut-être que c'était ça, le truc magique : faire comme si le rocher n'existait pas, comme s'il ne pesait rien. Paraître heureux et normal. Ou peut-être que non.
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La douceur de l'enfance, ça n'existe que dans l'imagination de ceux qui l'ont quittée depuis longtemps.
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D'autres images brouillent la mienne, silhouettes, branches agitées par le vent, nuages, je recule, je disparais. Avaler par le jardin ou la rue. Ni effacée ni détruite : avalée. Recouverte. C'est peut-être la seule façon, pour moi, de faire partie de ce monde.
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