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EAN : 9782070775125
128 pages
Gallimard (09/11/2006)
2.44/5   16 notes
Résumé :
Un aubergiste devient le dépositaire de la véritable histoire de Don Juan. Celui-ci n'est pas un séducteur ; il n'a rien de remarquable. Son pouvoir vient de son regard : il dévoile la vérité des êtres. Voici que les papillons se posent sur ses mains, que la timide loutre renifle ses orteils, que le corbeau fait tomber à ses pieds un fruit de la passion. Don Juan se révèle dans la rencontre amoureuse, celle qui suspend le temps, quand présent et éternité se rejoigne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lire Peter Handke peut, comme l'affirment les 2 critiques précédentes de cet ouvrage, paraître ennuyeux voire inutile. C'est sans compter sur l'extraordinaire sens de l'écriture cet écrivain qui nous offre autant une description par le menu de la nature qui l'entoure que de la nature humaine. le détail, le détail, la pensée qui décortique jusqu'à la dernière molécule, le moindre fait et son espace ambiant.

Lire Peter Handke peut aussi déstabiliser: où, grand dieu, veut-il en venir ? Ce sont subtiles allusions ou jeux de miroir... Que cette "revisitation" de Festin de Pierre se passe dans une auberge n'est pas dû au hasard; qu'un hôte du mariage s'étrangle d'une arrête n'est-il pas une allusion au naufrage du Don juan de Molière ou est-ce moi qui déc... ? Et il en est d'autres de ces allusions que je n'aurai probablement pas décryptées.

Cependant, à aucun moment, Handke n'use du ton de la parodie: son Don Juan est ce qu'il y a de plus sérieux, son histoire, ce qu'il y a de plus nécessaire... Une rédemption ? Plus que cela : la consolidation d'un mythe.

Son Don Juan en effet ne parle ni d'amour, ni de séduction; il décrit cette autre chose qui rapproche une femme d'un homme et qui n'a pas de nom, seulement un regard. Ou plus précisément, le temps d'un regard. Ce bref moment où le présent, à travers un regard échangé, se rend disponible.

"Mais ce qui eut l'effet le plus immédiat, toute la semaine durant, ce fut l'évidente simultanéité entre Don Juan et elle, l'autre qui au premier regard ne se sentait plus l'autre, tout comme lui, l'homme inconnu, elle ne le sentait plus autre. "

Le Don Juan de Peter Handke parle d'épiphanie. Et cela est rare ! Il décrit, avec cette précision du scalpel, ce qu'est une épiphanie. Et cela nous importe.

Il nous importe aussi de comprendre que cette soi-disant séduction suivie de la fuite n'est pas signe de lâcheté, la plus grande lâcheté qui soit pour un homme qui feint de s'intéresser à une femme. Non ! Il s'agit bien au contraire d'une épreuve, de la plus grande épreuve qui soit pour un homme et une femme ayant vécu un tel présent ensemble. Celle de se quitter et laisser le présent déjà perturbé survivre.
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Je vais vous permettre d'économiser de précieuses minutes de votre vie, plus précisément les minutes qu'il vous faudrait pour lire les 130 pages de ce petit opus : passez votre chemin. Sur Don Juan, il a été écrit, composé, joué, réalisé tellement mieux que ce texte sans intérêt ! C'est comme si l'auteur avait trouvé un titre sympa et n'avait pas su renoncer quand il n'avait rien trouvé d'intéressant à mettre derrière.
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131 pages en Folio. Que c'était long ! Que le livre était lourd à porter ! Mes yeux glissaient sur les pages et avaient tant de mal à accrocher tous ces mots pompeux !
Je l'ai terminé pourtant, par bêtise et acharnement dans cette résolution. de quoi avais-je à me punir ?

Et ça aurait … < la suite sur mon site personnel >
Lien : http://antoastu.com/don-juan..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mais ce qui eut l'effet le plus immédiat, toute la semaine durant, ce fut l'évidente simultanéité entre Don Juan et elle, l'autre qui au premier regard ne se sentait plus l'autre, tout comme lui, l'homme inconnu, elle ne le sentait plus autre. S'il y avait quelque chose en quoi la femme avait confiance, c'était bien cette simultanéité. On pouvait s'y fier : au cours des événements ultérieurs, ils seraient deux à être ou à agir simultanément. Ses gestes et ses mouvements seraient aussi les siens. Elle et lui auraient un sens du temps en parfait accord. En Don Juan si un nom lui venait à l'esprit, à elle, ce ne serait en aucun cas celui-ci – cette femme trouva son contemporain.
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Don Juan était orphelin et non au sens figuré. ll y avait des années de cela, il avait perdu l'être humain qui lui était le plus proche et ce n'était pas son père ni sa mère, mais ầ ce qu'l me parut, son enfant, son seul enfant. On pouvait donc devenir orphelin par la mort d'un enfant, et comment.
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(...) les femmes dont il s'agissait et autour desquelles cela tournait dans son histoire ici reconnaissaient en lui leur maître, non pas à l'instant de la rencontre, mais dans celui de la reconnaissance. Les autres hommes avaient été et seraient ce qu'ils étaient, et lui le seul, pour toujours Don Juan, elles le considéraient, oui, le considéraient comme leur seigneur (pas "maître"). Et elles le revendiquaient comme tel, presque ("presque") comme une sorte de sauveur. Sauveur de quoi ? Sauveur, simplement. Ou simplement, elles les femmes, les éloigner d'ici, et d'ici et encore d'ici.
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Mais son histoire, telle qu'l me la racontait, n'avait rien à voir avec désir ou victoire, du moins pas avec les siens, à lui, Don Juan. C'était plutôt l'inverse, c'était lui qui de son regard - et non d'être regardé, il n'avait rien de remarquable -, lui qui libérait le désir de la femme. C'était un regard qui saisissait plus et autre chose qu'elle seule, qui la dépassait et la laissait être, telle qu'elle était, et c'est pourquoi elles se savait concernée et honorée par lui ; un regard qui agissait. (p. 57)
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Le pouvoir de Don Juan venait de ses yeux. Il n'avait pas besoin de dire qu'il ne pouvait être question de regards exercés. Jamais, il ne voulait ni ne projetait quelque chose de cette sorte. Et malgré tout, il était conscient du pouvoir ou de la signification qui allait être proclamée, au moment même où il dirigeait les yeux, non l'oeil, sur la femme de façon non dominatrice mais plutôt anxieusement consciente.
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Videos de Peter Handke (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Handke
Découvrez l'entretien de Peter Handke, prix Nobel de littérature 2019, consacré au volume Quarto, "Les Cabanes du narrateur. Oeuvres choisies".
Depuis cinquante ans, Peter Handke bâtit une « oeuvre influente qui explore les périphéries et la spécificité de l'expérience humaine ». Embrassant toutes les formes de la littérature, elle présente comme constante une fidélité à ce qu'il est, c'est-à-dire un homme de lettres, un promeneur dont la création ne peut prendre forme que grâce à la distance propice, paradoxalement, à une plongée dans l'intériorité des personnages, à la description imagée et vivante de la nature, à l'attention au quotidien. Pierre angulaire du patrimoine littéraire d'Europe centrale, servie par un style tranchant et unique, cette écriture se définit par le besoin de raconter — faux départs, difficiles retours, voyages, etc. — la recherche d'une propre histoire, de la propre biographie de l'auteur qui se fond dans ses livres : « Longtemps, la littérature a été pour moi le moyen, si ce n'est d'y voir clair en moi, d'y voir tout de même plus clair. Elle m'a aidé à reconnaître que j'étais là, que j'étais au monde. » Cette édition Quarto propose au lecteur de suivre le cheminement de l'écrivain à travers un choix qui comprend des récits qui l'ont porté sur le devant de la scène littéraire dans les années 1970-1980 comme d'autres textes, plus contemporains, imprégnés des paysages d'Île-de-France, et reflets de son écriture aujourd'hui. Et, le temps d'une lecture, de trouver refuge dans l'une de ses cabanes.
En savoir plus sur l'ouvrage : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/Les-Cabanes-du-narrateur
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