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Catherine Billmann (Traducteur)
EAN : 9782742772520
400 pages
Actes Sud (28/02/2008)
4.4/5   5 notes
Résumé :

A sa mort, Kafka a laissé de nombreux manuscrits inédits. Bien qu'il ait demandé expressément à Max Brod, son ami et exécuteur testamentaire, de ne jamais les faire publier, celui-ci passa outre à cette volonté. Les textes ici proposés n'ont donc pour la plupart jamais été relus ni corrigés par l'écrivain, mais c'est leur inachèvement même qui les rend intéressants, voire fasc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Conversation avec l'homme qui prie (1903) :
Si le récit commence comme une autobiographie proustienne, que la rencontre a quelque chose des Carnets du sous-sol de Dostoïevski ou de ce que sera La Chute de Camus, la conversation reste proprement kafkaïenne, y compris les paroles du conteur qui débordent du contexte voire n'ont plus aucun rapport avec celui-ci. Cette rencontre sort le conteur du réel et l'amène à l'évidence de l'absurde vivant au milieu de tous. On est en 1903 et Kafka pose déjà l'étrangeté des choses du quotidien et des conversations normales, de l'impossible communication, de la vision de soi dans le champ d'observation, thèmes qui seront repris par Sartre dans La Nausée ou par Camus dans L'Étranger…

Vacarme (1903-1912) :
Ce très court récit est clairement une scène autobiographique. Si l'auteur a vraisemblablement la vingtaine quand il l'écrit, on y sent un genre de traumatisme d'enfance. Kafka était marqué par ce père qu'il ressentait comme une brute dans son caractère, par des soeurs plus jeunes et futiles. Outre l'impression de bruit, c'est la métamorphose en serpent qui est significative et annonciatrice. Celle-ci serait une condition d'action dans le monde : l'homme sensible doit perdre son humanité pour intervenir dans le monde.

Le Cavalier au seau (1917)
Raconté comme une farce ou un conte fantastique, ce très court conte exploite la fibre merveilleuse pour cependant mentionner une situation plus sérieuse, la souffrance liée au froid de ces temps de pénurie de charbon de la première guerre. Dès lors, le merveilleux se comprend comme un moyen de transfigurer la vie, ou bien comme le délire du souffrant dont les scènes de refus d'aide se passent comme un cauchemar incompréhensible, la peur de ne plus pouvoir avoir le moindre bout pour se chauffer, ou bien le mal mental lié au mal physique. le seau qui devient un destrier est l'attribut du chevalier du froid.

L'Instituteur de village (ou La Taupe géante) (1915) :
Partant d'un phénomène extraordinaire voire irréaliste, Kafka pose la difficulté d'aider son semblable sans paraître vouloir voler le prestige qu'on lui prête. Plus encore peut-être, il pose l'incompréhension des mondes citadin et villageois. Les différences fondamentales d'organisation de la société, de communication, de relations humaines, font des campagnes des lieux isolés, jaloux et des individus des villes des êtres craintifs, faibles devant la masse…

Le Pont (1917) :
Dans la métamorphose du conteur, il y a ici une métaphore évidente de l'homme qui par sa sensibilité et par son éducation est monté dans les hauteurs de la connaissance, se retrouvant dès lors au dessus d'un grand vide. L'ambition d'y être solide et utile pour les prochains aventuriers cède sous le premier coup incompréhensible d'un curieux moqueur qui n'est pas l'aventurier attendu. Ce récit très bref est une étrange élaboration, se présente là aussi comme un rêve ou une angoisse matérialisée.

Description détaillée des autres récits du recueil sur le blog
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
il ne faut pas oublier que la muraille devait devenir une protection qui traverserait les siècles; l'édifier avec le plus grand soin, appliquer la sagesse des bâtisseurs et des peuples de tous les temps, employer des ouvriers conscients, à tout moment, de leur responsabilité personnelle, étaient donc les conditions sine qua non de l'entreprise. Certes, on pouvait employer aux basses tâches des journaliers incultes, des gens du peuple, hommes, femmes, enfants, quiconque se proposant contre monnaie sonnante ; mais il fallait déjà un homme sensé, formé au métier, pour encadrer quatre journaliers ; un homme capable de ressentir au tréfonds de son coeur tout l'enjeu de cette entreprise. Et plus la performance est grande, plus les exigences sont grandes. De tels hommes, il s'en trouvait effectivement, et quoique ce n'ait pas été autant que cette construction aurait pu en nécessiter, il s'entrouvait beaucoup.
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En fait, nous - sans doute parlé-je ici au nom de beaucoup d'autres - n'avons appris à nous connaître nous-mêmes qu'en reprenant, lettre par lettre, les instructions que nous donnait la Direction suprême, et nous avons découvert de la même façon que, sans la Direction, ni nos connaissances scolaires, ni notre entendement, n'auraient été suffisants pour nous permettre de remplir les modestes fonctions que nous occupions au sein du tout. Dans le bureau de la Direction - où se trouvait-il, qui l'occupait? Aucune des personnes que j'ai interrogées ne le savait -, dans ce bureau, toutes les pensées et tous les voeux humains tournaient dans un sens, et tous les objectifs et toutes les réalisations humains tournaient dans l'autre. Mais tandis que la Direction traçais des plans, le reflet des mondes divins tombait par la fenêtre sur ses mains.
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Et puis, mes recherches sont devenues un peu anarchiques, je faiblis, je fatigue, je ne fais plus que trotter mécaniquement là où je galopais avec enthousiasme. Je repense à l'époque où j'entamais mes recherches sur la question : "D'où le terre tire-t-elle notre nourriture?" Bien sûr, je vivais alors au milieu du peuple, je me frayais un chemins jusqu'au plus dense de la cohue, je voulais prendre tout le monde à témoin de mes travaux et j'attachais même plus d'importance au fait d'avoir des témoins qu'à mon travail ; comme j'espérais encore que mon travail aurait une répercussion quelconque d'ordre général, j'en tirais évidement une stimulation puissante qui aujourd'hui, pour moi, le solitaire, appartient au passé.
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Mais tandis que la direction traçait des plans, le reflet des mondes divins tombait par la fenêtre sur ses mains.
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Mon malheur est un malheur instable, un malheur posé en équilibre instable sur une pointe fine, et si on le touche, il tombe sur celui qui pose des questions. (p. 14)
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"Une série de féminicides, un tueur, « l'assassin du dimanche ». Des femmes s'organisent, créent un collectif, avec Aurélie, une jeune qui travaille en usine, Jacqueline, une ancienne braqueuse, Anaïs, professeure de philosophie, Stella, mannequin, Louise, une femme de théâtre…"
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