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EAN : 9782707315649
125 pages
Editions de Minuit (07/08/1996)
3.46/5   41 notes
Résumé :
Un chien perdu court le long de l'autoroute. Des automobilistes et un cycliste s'arrêtent. Cette vision agira comme un révélateur sur ces témoins, accompagnant en filigrane leurs drame intimes. Six personnages en quête d'un chien.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le jour du chien, c'est un jour de révélation. Ou plutôt un jour où remontent à la surface des souvenirs anciens ou récents, plus ou moins enfouis, plus ou moins ignorés, et sur lesquels tout à coup on met le projecteur, et les mots pour les exprimer. le jour du chien, c'est donc ce jour où six personnes assistent à la course folle d'un chien au bord de l'autoroute, manifestement égaré, sans doute abandonné par son maître. Abandon, le mot est lâché. Car c'est ce sentiment, au sens large, qu'ont en commun les six personnages de ce roman et qui, brutalement, leur saute aux yeux. Six témoins pour six chapitres reliés par ce bizarre incident du chien. Un chauffeur routier qui n'a jamais connu ses parents et qui s'invente des vies en écrivant des lettres aux journaux et aux magazines; un prêtre qui avait cru rencontrer l'amour d'une femme jusqu'à ce que celle-ci se volatilise; une jeune femme prête à quitter son amant et qui comprend qu'en réalité c'est elle qui est larguée. Un jeune homme gay qui a lâché son travail et qui se retrouve délaissé par ses amis lorsqu'il cesse d'être l'oreille attentive à leurs états d'âme et se met à exprimer son ressenti(ment). Et qui roule à vélo comme un dératé sur l'autoroute, pédalant pour garder son équilibre mental. Une mère et sa fille, abandonnées par leur homme, c'est-à-dire veuve et orpheline, enfermées chacune dans leur désarroi depuis qu'elles ont perdu celui qui était un trait d'union entre elles et leur permettait de communiquer.

L'auteure utilise une tonalité différente pour ces six personnages et leur monologue intérieur, malgré une même mélancolie qui les étreint tous. Ce roman, prix Rossel 1996, est écrit avec une sensibilité à fleur de peau et sonne très juste, et pourtant il ne m'a pas convaincue. En dehors des récits de la mère et de sa fille (dans lesquels on réalise le gâchis en raison du gouffre d'incompréhension entre elles), je n'ai pas réussi à réellement m'intéresser au sort des six protagonistes. Des personnages qu'on abandonne là, le long de l'autoroute et dont on ne saura plus jamais rien. du chien perdu non plus, d'ailleurs...
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Aaaah, les Editions de Minuit, cette prestigieuse maison d'édition qui compte un lot incalculable de grands auteurs depuis 1941, cette maison d'édition « hostile à la littérature bourgeoise et réconfortante » que mes profs d'unif m'ont fait découvrir avec Robbe-Grillet, Butor, Beckett… !
Toujours en quête d'auteurs belges, je suis tombée par hasard sur Caroline Lamarche, et me suis rendu compte que son « Jour du chien » non seulement avait obtenu le prestigieux prix Rossel, équivalant au Goncourt en Belgique, mais était paru aux éditions de Minuit.
Mon sang n'a donc fait qu'un tour, et c'est tout émue que j'ai commencé la lecture de ce curieux ouvrage, qui ne dément nullement la philosophie des éditions de Minuit.

En effet, c'est autour d'un chien, un chien qui court sur l'autoroute, que s'articule le roman.
Six chapitres. Six solitudes.
Six personnages en quête de sens, hommes et des femmes abandonnés, mal dans leur peau, s'accrochent à cette image du chien pour plonger en eux-mêmes : un camionneur, un curé, une amoureuse, un cycliste, une jeune veuve et sa fille boulimique.
Six personnages qui, à la faveur de cette rencontre fortuite, verront leur moi bouleversé et trouveront leur voie.

Ces six récits introspectifs m'ont emmenée loin en moi-même de façon inégale mais toujours juste. le style vif aux méandres très sinueux entraine, casse les codes, touche à l'essentiel.

Je terminerai par une citation de Pierre Mertens, chroniqueur littéraire au Soir et lui-même auteur : « On est heureux de lire un pareil livre si sobrement compassionnel, aussi généreux que cruel, et dépourvu de toute sensiblerie ».
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Tel un tenace indien sioux sur la trace d'un grizzly, je poursuis inlassablement mes pérégrinations en quête de quelques pépites d'auteurs de chez moi.
Il m'arrive ainsi de tomber sur de véritables joyaux littéraires tel ce premier roman : le jour du chien (prix Victor-Rossel 1996).
La liégeoise Caroline Lamarche, en cette succession de six récits différents, nous propose, au départ du vécu d'un même incident tout compte fait assez banal (un chien apparemment abandonné errant le long d'une autoroute) d'appréhender les réactions de quelques humains amenés par le fait du hasard à croiser la route de ce pauvre animal.
Initialement assez sceptique, je me dois de vous avouer avoir pris un réel plaisir et intérêt à suivre les pensées, préoccupations, angoisses existentielles de tous ces personnages qui ont quelque chose à nous dire, ont aussi grand besoin d'être écoutés et pour qui, cette bien improbable rencontre servira, à tout le moins, de catalyseur et pourra peut-être, peu ou prou, influencer les décisions qu'ils ont à prendre quant à certains choix de vie.
C'est parfois jubilatoire, toujours pertinent, finement ciselé, grave et pathétique (mais sans aucun pathos), profondément juste, humain et généreux.

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Un chien court le long de l'autoroute. D'où vient-il ? On ne sait pas. Où va-t-il ? Il ne sait pas. Comment s'appelle-t-il, ce chien ? Drôle de chien, drôle de jour, le jour du chien. Ils en parlent, mais parlent-ils seulement du chien ? On ne sait pas. Comme dans l'expression "Quel temps de chien !" ou dans "C'est un temps à ne pas mettre un chien dehors !" ou ... Et pourtant, le chien poursuit sa course folle. Jusqu' où ? Pourquoi ?

Lorsque l'on s'embarque avec ce camionneur, l'on ne sait pas jusqu'où l'on va. Le sait-il seulement pourquoi il arrête sa course folle, ce jour-là ? Il est le premier à nous raconter. Ils seront six à s'arrêter là, à cause du chien, mais pourquoi ces six-là ? Six, comme les six faces d'un cube, un Rubik cube. Six témoignages, six récits de couleurs différentes. Ils nous racontent pourquoi ils se sont arrêtés, mais parlent-ils seulement du chien ?

Bizarre, c'est donc lorsqu'ils arrêtent que le voyage commence. Finalement, chacun est là au bord de l'autoroute, comme un chien qui lècherait discrètement ses plaies et que beaucoup ne verraient même pas.

Caroline Lamarche nous invite le temps de 126 pages à suspendre notre course folle. C'est court, c'est juste. Juste assez de dit pour tellement de non-dits.
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En triant l'étagère de la bibliothèque où s'entassent (un peu) pèle-mêle les livres de ma Pile A Lire, je suis tombée, tout au fond, sur ce court roman de Caroline Lamarche. Acheté il y a bien longtemps dans le cadre d'une formation « Atelier d'écriture », il a été enfermé dans mon armoire au Lycée, en vue de l'utiliser pour travailler avec les élèves sur les différents points de vue qu'un ou plusieurs narrateurs peuvent avoir un même événement. Ce que je n'ai jamais eu le temps de faire… Quand j'ai vidé mon armoire en quittant mon emploi de prof, il a atterri dans ma PAL et, en l'exhumant ce soir, je me suis dit que si je ne lisais pas tout de suite, je ne le lirais jamais.

Ce court roman s'articule autour d'un fait somme toute anodin : un chien court, le long du terre-plein central de l'autoroute. Il court, sans prêter attention aux voitures, au danger et sa route croise celle de six personnes. Ce jour-là, « le jour du chien », comme un déclencheur, sera pour chacune d'elles l'occasion de réfléchir sur le drame qui remplit leur quotidien. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, la course de ce chien abandonné sert de prétexte à l'auteur pour proposer une réflexion aux multiples facettes sur un thème central : l'abandon.

Il y a ce camionneur qui s'invente une famille pour tenter d'oublier que sa femme l'a quitté et que, justement, il n'a pas de famille…
Il y a ce prêtre qui se sent abandonné par Dieu, en crise de foi après avoir rencontré une mystérieuse jeune femme…
Il y a cette jeune femme en rouge, en route vers une rupture par peur de l'immensité de l'amour et qui, abandonnée autrefois, abandonne tout le monde depuis…
Il y a ce jeune homme, homosexuel que son père a jeté dehors, qui vient une fois de plus de plaquer son boulot et ses amis et qui roule à vélo sur l'autoroute, comme un défi à la vie…
Et il y a cette mère et sa fille : l'une vient de perdre son mari, emporté par un cance, et remplit le vide en aidant tout le monde sauf sa fille qu'elle ne parvient pas à aimer comme elle le voudrait ; l'autre a perdu son père, remplit le vide en mangeant et souffre de n'exister pour personne, même pas pour sa mère…

Six histoires différentes qui laissent peu de place à l'espoir et qui ne m'ont pas touchée avec la même intensité. On plonge au coeur des réflexions des personnages, ils dévoilent une partie de leurs sentiments, de leur mal-être, de leurs envies mais c'est somme toute assez froid, sauf peut-être pour le chapitre consacré à la femme en rouge et à la jeune fille. C'est elle qui donne le plus d'importance au chien dans son récit et qui y voit enfin une raison de redresser la tête.

C'est un livre intéressant du point de vue narratif et pour pousser assez loin une réflexion sur la thématique qu'il propose, je ne regrette pas de l'avoir finalement découvert mais je n'ai pas non plus de regrets de ne pas l'avoir utilisé en classe. Il n'aurait pas réconcilié mes élèves de l'enseignement technique et professionnel avec la lecture...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils ont dû être contents d’avoir une lettre de camionneur, au Journal des Familles. Ce n’est pas souvent que ça doit leur arriver. J’ai écrit: «L’autre jour, sur l’autoroute, un chien abandonné courait le long du terre-plein central. C’est très dangereux, ça peut créer un accident mortel.» J’ai pensé, après l’avoir écrit, que «créer» n’était peut-être pas le bon mot, puis je l’ai laissé parce que je n’en trouvais pas de meilleur, et que créer, c’est mon boulot, bien que j’aie ajouté: «Mon boulot, c’est camionneur». J’ai dit ensuite qu’il y avait un réel problème de chiens abandonnés, que ce n’était pas la première fois que je voyais une chose pareille, et que je voulais témoigner, non seulement pour que le public se rende compte, mais pour mes enfants, qu’ils sachent qu’un camionneur voit beaucoup plus de choses de la vie qu’un type dans un bureau, et qu’il a donc des choses à dire, même s’il n’a pas fait d’études. Par exemple, ai-je écrit, quand je pars le matin dans mon camion, comme je n’ai rien d’autre à faire qu’observer, je remarque les anomalies, et j’en parle. J’en parle quand je peux, quand je rencontre des gens qui ont envie d’écouter, ce qui n’est pas très fréquent parce que, dans les aires de repos où on s’arrête, on ne se dit pas grand-chose, à cause de la fatigue. Et puis moi, par nature, je ne parle pas beaucoup. Et mes enfants, je ne les vois guère. Heureusement que leur mère s’en occupe, c’est un ange. Mais moi, quand ils iront à l’université et que je serai à la retraite, il faudra que j’aie des choses à leur dire, sinon ils me regarderont de haut, comme tous les enfants regardent leurs parents, je ne prétends pas que notre famille soit une exception même si eux ils vont faire les études que moi je n’ai pas pu faire, à cause de mes parents, justement.
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Le chien non plus n'avait personne sur qui compter. Pourtant, je me souviens que nous étions au moins une demi-douzaine à vouloir le sauver.
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En vérité, en quittant brusquement mes amis, je quittais la société des gens qui travaillent et qui ont donc des raisons de se retrouver pour s’amuser. Et j’ai ri, oui, de rouler seul dans la nuit, j’ai ri d’imaginer leurs commentaires désolés, et cette mauvaise conscience plus légère qu’une sueur de fête qui les quitterait avec la douche du soir.
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Videos de Caroline Lamarche (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline Lamarche
Avec la participation des autrices Caroline Lamarche, Stéphanie Leclerc et des auteurs-illustrateurs Simon Bournel-Bosson, Thomas Lavachery.
Et la classe de 4èmeA du collège Saint-Michel, Guéméné-Penfao (44). Un grand merci à la professeure Claire Blet.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International et du Centre Wallonie-Bruxelles Paris.
Avec la séquence La Tête dans les images Salah Elmour, Sauvage, texte de Layla Zarqa, trad. de l'arabe Nada Issa, le port a jauni
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