Un célèbre écrivain reclus dans un château en Irlande. le narrateur dédire le rencontrer et faire sa biographie. L'écrivain a un secret . Mais qui est-il vraiment?
Le Guillou écrit avec une belle langue, poétique et sait dire la pluie, la tourbe, le vent, les rochers, les ciels d'orage, les chemins trempé de cette Irlande des fables.
Mais je me suis ennuyée. le personnage de l'écrivain est surfait, on n'y croit pas une seconde. L'attitude du narrateur prétentieuse. le personnage de la fille peintre très cliché.
Grosse déception. J'aurais voulu aimer ce livre, je pensais l'aimer en l'achetant. Je me suis forcée à le terminer, sans plaisir aucun, mais avec un agacement permanent.
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La nuit engourdissait la mer. Le ressac s'exténuait. Les colonnes, elles, tanguaient, un fracas émanait de leur base, je les sentais vibrer sous mes pas, tel un pavage inégal, descellé, livré au vent mauvais. La chaussée en fusion me parlait d'épopée et de passage, de cosmos commençant, de filiation et d'unité archaïque. Noirs amers de l'origine. La route sombrait, ornières liquides, axe fracassé. Porte marine. Il eût fallu descendre, plonger, aller jusqu'à l'Oméga de ces lumières alcyoniennes. Vertige d'un continent de colonnes naufragées. Des pas de cendre dure. Quel sacrifice avait consommé la rupture et l'engloutissement de la route ? Nulle approximation scientifique ne saurait le dire. Il n'était, sur cette proue diffractée, de certitude, de vérité que de l'âme.
J'ai vécu dans l'instant...Plus les textes étaient froids, concassés, plus ils enchantaient. Univers des cocktails, des colloques, aventures avec des étudiantes... Tout y est passé... Galeries d'action painting... J'avais réussi à tuer en moi toute nostalgie...
_ Nostalgie de la Bretagne ? De Florence ?
_ Toute nostalgie. Tout ancrage. J'ai vécu dans le désert, le froid. Le glacé design, le glacé des appartements vitrés, cette négation horripilante de l'Histoire. L'acier, le verre, le souci excessif du plaisir et de la modernité. Ma femme baigne encore dans ces milieux-là. La facticité. J'aurais pu y périr Les concepts engendraient les concepts Littérature de laboratoire...
Une vieille légende de ma Bretagne rapporte l'histoire d'un cadavre de pauvre qui enfanta d'une fleur. J'étais le cadavre, et je nais de Florence, recollé, transmué, je nais du vert de Masaccio et de l'or de l'Angelico, je renais du creuset de la ville, de l'ocre cuit des palais.
J'accède au feu de l'Ange.
Avant-propos
Pour celui qui l'a créé, le roman porte toujours en filigrane ses secrets de fabrique. Et, à cet égard, la lecture de Lonveigh aura ravivé des souvenirs qui flottaient en moi et que la fréquentation des pages de ce livre sombre et mouillé aura réssuscités et coagulés, me laissant à penser qu'un romancier n'a pas à tenir un journal ou à écrire le récit de sa vie, ses fictions étant comme les reliquaires où il dépose , au passage, la trace ou la matière de ce qui le hantait à ce moment-là de son existence.
_ Vous allez écrire une biographie ?
_ Non, répliquai-je. Surtout pas. Je déteste cela. En aurais-je le projet, Thomas Daigre me fermerait son donjon.
_ Thomas Daigre est tellement narcissique et heureux qu'on parle de lui qu'il ne vous fermera plus son donjon. Ce sera à vous de fermer le donjon sur Thomas Daigre. Mais cela, c'est votre affaire.
La remarque me surprit. Nous passâmes autre chose.
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Brest, de brume et feu
Philippe le Guillou
Éditions Gallimard
©Philippe le Guillou pour la librairie La Procure
Animation par Mathilde, libraire à La Procure de Paris