Le monde à nos pieds

Ont-ils vraiment le monde à leurs pieds ces six personnages en quête de réalisation de soi, de célébrité ou de reconnaissance sociale? rien n'est moins sûr, vont-ils se prendre les pieds dans divers chausse-trappes malgré leurs talents et leur intelligence?

Ils sont six: trois filles: Katel, jeune fille d'origine africaine poussée vers les études par ses parents, Louise, d'origine bretonne dont la famille de profs s'est établie à Melun, et Delphine, dite Finette, issue d'Alnaye-sous-Bois. Trois garçons viennent compléter la bande: Stan, le grand bourgeois aux sympathies de gauche, Max fils d'un ouvrier d'Epinal, et Lucas, jeune idéaliste aux activités syndicalistes.

Tous les six se retrouvent à Sciences-Po en septembre 1994, où ils démarrent leur scolarité. Ils viennent de milieux socio-économiques très contrastés et leur vécu, leur ressenti sera très différent.

Atmosphère crépusculaire de la fin du deuxième mandat de François Mitterrand; Internet n'en est qu'à ses balbutiements et les méthodes de travail sont encore bien classiques, pour ne pas dire traditionnelles. L'arrivée d'un nouveau directeur de Sciences Po en la personne de Richard Descoings, personnage hautement atypique, va "décoiffer" un peu le cadre de vie..;

Les motivations de ces jeunes étudiants vont déterminer leur type de carrière: Louise, qui a connu un drame personnel, va rechercher le train de vie et la richesse pour "compenser", Katel, fidèle à ses origines, veut éclairer la pensée du monde et va s'orienter vers la sociologie après un passage à la fac, Finette, quant à elle, va vite embrasser la carrière politique et jouer des coudes, elle sait se défendre et en a vu d'autres...

Les garçons vont avoir le même type de parcours: l'un deviendra un leader politique, l'autre un directeur de fonds d'investissement et le dernier sera professeur..
La force du livre est de montrer les interactions riches entre ces personnages: rivalités amoureuses, compétition professionnelle, aspiration à un monde meilleur, espoirs déçus, tentatives de percée dans l'humanitaire..

Ils sont face à leurs contradictions, leurs motivations ne sont pas toujours très claires et ils se trouvent face à un monde qui est sur le point de basculer dans le numérique, la course à la performance.. Les idéaux politiques sont souvent mis à mal et les héros vont parfois devoir "retourner leur veste" (quelle horrible expression) pour se garantir une survie et une voie d'évolution..

Ce livre se lit d'une traite.. on adore l'atmosphère crépusculaire, cette évocation sans complaisance des différents milieux sociaux et des préjugés propres à chaque milieu... Les professeurs de Sciences Po n'apparaissent pas toujours sous leur meilleur jour mais qu'importe, on a ici une vaste fresque sociale qui englobe aussi les différents mouvements politiques (les épisodes Balladur, Sarkozy, Jospin sont bien rendus..)

La dernière partie du livre se passe en 2017, soit vingt ans après les études de nos héros... que sont-ils devenus et surtout, que sont leurs idéaux devenus...

C'est le premier roman de Claire Léost, dont j'avais déjà lu le deuxième roman "le passage de l'été", mais j'ai trouvé son premier roman bien plus puissant..
Il y aura paraît-il une adaptation pour la télé, j'ai hâte de la voir...

Le monde à nos pieds est le premier roman de Claire Léost, à paraître le 27 mars prochain chez JC Lattès. Sur NetGalley.fr, le résumé m'a tout de suite donné envie de le lire :

" Paris. Septembre 1994. Tandis que la France se prépare à enterrer les années Mitterrand, Louise, jeune fille sage débarquée de sa banlieue, fait son entrée à Sciences-Po, certaine d'avoir rendez-vous avec son destin.

Dans le hall de la rue Saint-Guillaume, où l'on débat du marxisme et du libéralisme sous un épais nuage de fumée, elle se lie avec une bande d'élèves. Il y a Lucas, le militant d'extrême-gauche romantique. La sublime et pétillante Finette. Katel, d'origine africaine, passionnée par Bourdieu. Max, le chiraco-gaulliste solitaire. Et Stan, qui se destine à la présidence de la République. Trois filles et trois garçons promis à un brillant avenir, et que ces années à Sciences-Po vont lier à jamais.

Ensemble, ils découvrent tout : l'engagement et le combat politique, les tourments de l'amitié et de l'amour. Mais quand les espoirs romantiques de leur adolescence se heurtent à l'injustice et à la violence, tous se retrouvent confrontés à leur incapacité à changer le monde. Les années passent, et ils porteront le poids des secrets, des fautes et des regrets nés de cette époque. Vingt ans plus tard, en pleine effervescence macronienne, le temps sera venu d'affronter ou d'être rattrapé par les fantômes de ces trois années.

Le Monde à nos pieds restitue ce moment si particulier où l'on découvre que grandir c'est renoncer, et que toute réussite a un prix. Il explore le mystère de ces fils invisibles qui nous relient, et que le temps attaque sans parvenir à rompre. "

Les années 1994-1997 qui servent de cadre aux deux premiers tiers du roman sont celles où j'ai commencé à m'intéresser à la politique : c'est donc avec un certain plaisir et un brin de nostalgie que j'ai replongé dans les événements qui ont marqué le début de ma vie de citoyen : l'atmosphère de fin de règne à l'issue du deuxième mandat de François Mitterrand, le renoncement de Jacques Delors annoncé face à Anne Sinclair dans Sept sur Sept avant l'élection présidentielle de 1995, la campagne marquée par l'affrontement fratricide entre Jacques Chirac et Edouard Balladur, la percée inattendue de Lionel Jospin au premier tour qui réveille en partie la gauche, et la victoire de celle-ci aux législatives anticipées en 1997 suite à la dissolution provoquée par le président Chirac.

J'ai dévoré ce livre car même si certains passages sont plus faibles que d'autres, c'est une chronique prenante du milieu des années 90 d'un point de vue politique, avec ces jeunes étudiants plus ou moins idéalistes ou au contraire déjà cyniques, et plus ou moins sincères dans leur engagement.

Si je n'ai pas forcément été passionné par les histoires de coeur des six personnages du roman, j'ai bien aimé ce récit à plusieurs voix avec des personnalités affirmées et qui représentent autant de stéréotypes : l'opportuniste prêt à changer de camp pour faire carrière, l'idéaliste gauchiste, la noire qui cherche encore sa voie mais qui refuse d'être l'africaine de service, etc.

La troisième partie, qui se déroule au printemps au moment de l'événement du « nouveau monde » macroniste et de l'entrée de son champion à l'Elysée, m'a un peu moins plu. Je ne sais pas si les destinées des personnages, vingt ans après leur passage à Sciences-Po, se veulent surprenantes mais elles ne l'ont pas vraiment été pour moi. Malgré tout cel reste intéressant, avec un arrière-goût de désillusion et de renoncement qui m'a semblé juste et adapté à notre époque.

Tout n'est pas parfait dans ce roman, je pense même que certains n'y trouveront pas leur compte, mais j'y ai trouvé un certain charme et je dois dire que j'ai été captivé presque du début à la fin. Plutôt bon signe au moment de faire le bilan !

Ce roman nous replonge avec beaucoup de réalisme dans les années 90 en suivant la vie de jeunes étudiants entrant en première année à Science Po Paris. Ils sont six, filles et garçons, avec des profils bien entendu très divers (c'est un peu le principe obligé avec ce genre de romans où on suit une bande d'amis), de la jeune fille timide de banlieue tout étonnée de rejoindre cette prestigieuse école parisienne, en passant par le futur politicien sûr de lui et le militant de gauche passionné. le récit alterne entre les histoires des uns et des autres et nous fait partager la vie et les décisions de ces jeunes adultes qui vont petit à petit les entraîner sur des chemins très différents de ceux qu'ils avaient imaginés.
L'auteur restitue avec beaucoup de détails et d'anecdotes l'ambiance de ces années et notamment tout ce qui tourne autour de la politique et des médias, cela sonne juste et pour ceux qui ont connu cette époque on s'y replonge avec plaisir. Les personnages sont attachants et ne sont pas trop caricaturaux, certes chacun représente un peu un archétype mais ils évoluent suffisamment et avec assez de surprises et de tournants pour que le récit ne vire jamais à la caricature. Même si j'ai suivi leur histoire avec plaisir, il m'a quand même manqué un je ne sais quoi pour m'attacher vraiment, l'auteur donne l'impression de nous tenir à distance et l'ensemble est très froid, on ne plonge pas vraiment dans cette lecture et on reste simple spectateur.

Je me suis facilement retrouvée dans ce roman puisqu'il débute en 1994, année où j'étais également étudiante en droit. C'est d'ailleurs ce contexte qui m'a donné envie de le lire. Passé les réminiscences, j'ai trouvé ce texte un peu froid. J'ai apprécié de me plonger dans le passé politique de ces 25 dernières années et de voir l'évolution des personnages (et leurs renoncements) mais je me suis peu attachée à eux. Ce fut donc une lecture plaisante mais pas un coup de coeur.

Trois garçons, trois filles qui ont en commun sciences po et des idées de gauche ... Au travers de ce récit, on découvre les caractères de chacun, les amours contrariées, les idées politiques. On suit leur parcours, qui à ce jeune âge, est ambitieux, vif et plein d'avenir. On voit leur destinée se dessiner au gré du récit. On voit leurs choix et leur vie prendre tel ou tel virage. 20 ans plus tard, ils se retrouveront et ce sera l'heure des bilans...
C'est un livre à plusieurs voix; en effet, chacun des personnages décrit par ses yeux le climat, la vie, les copains, la politique. C'est un livre qui nous replonge clairement dans une période connue de tous... Ce livre nous parle ! Toutefois, il est un peu répétitif, un peu fade ... Il n'a pas suscité chez moi de grandes émotions... Peut être est ce le sujet, la longueur du texte, le manque de sentiments vis à vis des personnages... Tout est raconté comme un documentaire; c'est sans doute le point de vue de l'auteur ...mais ce n'est pas forcément ce que je recherche dans un livre. Je suis passée à côté ! Dommage !