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EAN : 9782021483468
224 pages
Seuil (26/04/2024)
4/5   13 notes
Résumé :
Une nuit, j’ai reçu un appel de ma mère. Elle me disait au téléphone que l’homme avec qui elle vivait était ivre et qu’il l’insultait. Cela faisait plusieurs années que la même scène se reproduisait : cet homme buvait et une fois sous l’influence de l’alcool il l’attaquait avec des mots d’une violence extrême. Elle qui avait quitté mon père quelques années plus tôt pour échapper à l’enfermement domestique se retrouvait à nouveau piégée. Elle me l’avait caché pour ne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Ce livre que vous lisez est, en un certain sens, le résultat d'une commande de ma mère. Je ne l'ai pas décidé, pas programmé. Je n'en ai pas eu l'idée le premier. Rien en littérature ne m'avait jamais autant procuré de joie. » ● Un jour, en soirée, Edouard Louis reçoit un appel téléphonique de sa mère en pleurs, lui disant que l'homme avec lequel elle vit l'insulte et l'humilie lorsqu'il est pris de boisson, ce qui arrive tous les jours. Elle s'était pourtant libérée du père maltraitant d'Edouard Louis, était venue de son village du Nord à Paris, pensant débuter une nouvelle vie, mais voilà que cela recommençait. Son fils, qui est en voyage professionnel en Grèce, tente de la convaincre de partir et de se réfugier dans son appartement parisien pour mettre de la distance entre elle et cet homme. ● Edouard Louis avait déjà écrit sur sa mère, Combats et métamorphoses d'une femme, livre que j'avais beaucoup aimé. Celui-ci, très bref, m'a moins convaincu, peut-être parce que ses récits autobiographiques finissent par tourner un peu en rond, peut-être parce qu'il est beaucoup plus optimiste que ses autres récits. ● le portrait de la mère est réussi, de même que le récit de l'amour filial et de l'amour maternel. Mais je suis un peu resté sur ma faim.
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Avec ce leitmotiv « La honte est une mémoire », Édouard Louis relève tous ses petits souvenirs de rendez-vous manqués, ces moments de gêne, de ses paroles prononcées, vite oubliées, qui décriait le quotidien de sa mère, même séparée de son père. Elle avait cru encore une fois qu'un homme pouvait la protéger ! Mais, un soir, elle appelle son fils…

« Trois maris, trois poivrots ». Et au troisième, avec l'aide de son fils, elle s'enfuit. Peut-être, les insultes entendues à travers le haut-parleur du téléphone ont-elles aidé à cette prise de conscience. Que l'intime soit franchi, l'emprise se délite !

« (..)Fuir et se libérer demandent une telle énergie que, souvent, en cours de fuite, on renonce et on fait demi-tour. »
Édouard Louis fait le récit de cette évasion. Et, il souligne, à chaque page, que devant tant à faire, il faut être accompagné ! de l'apprentissage de l'ordinateur à l'avance pour le nouveau logement, les lendemains de fuite et la fragilité qu'elles amènent sont les principales difficultés à surmonter.

Édouard Louis nous raconte la joie de cette renaissance lorsqu'elle est réussie et ponctue son récit d'un bel hommage d'un fils à sa mère, une représentation théâtrale en son honneur.

Au-delà de cette expérience personnelle décrite dans Monique s'évade, Édouard Louis montre, encore et encore, la portée sociale de son récit. Même si la joie vient cicatriser la honte, c'est bien parce que son fils connaît tous les codes sociaux de son quotidien qu'il peut soutenir sa mère vers sa libération.

Car, les associations n'ont plus les subventions nécessaires pour accomplir ce travail. L'état fait tout pour ne plus servir les aides, comme on l'apprend pour Monique, lorsqu'il n'en restreint pas drastiquement les bénéficiaires.

Alors, si la femme ne peut compter sur personne, impossible que l'évasion se réalise vraiment. Elle reviendra un jour ou l'autre auprès de son tortionnaire tant les étapes sont difficiles à franchir. Et, là, on est au coeur de la critique sociale, l'essence même de la littérature d'Édouard Louis.

De façon plus concise…
Cependant, « Monique s'évade » représente également un moment de retrouvailles entre un fils qui a trahi sa classe, son sexe et surtout sa famille, et celle qu'il a détestée, qu'il a fuie et dont il a constamment eu honte.

La mère et le fils se sont retrouvés et découvrent l'ampleur de leur tendresse. Édouard Louis est heureux avec sa mère. D'ailleurs, elle a fait la commande de ce livre pour qu'il montre, enfin, à tous, la joie de sa renaissance !

Une évasion émouvante, réaliste et tendre d'une mère, racontée par son fils. Et, ils retrouvent enfin !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Quand j'ai écrit mes listes, j'ai pu remarquer qu'il en existait une sur Les Mères.
J'aurai bien rajouté ce si beau livre sur la mère d'Édouard Louis.
Monique se casse, se barre, disparaît enfin de la vie de l'individu, "L'autre" comme le nomme l'auteur.
Cette mère fragile (mais pas tant que ça...) a vécu des années au service du père d'Édouard, alcoolique et violent. Elle l'a quittée mais encore une fois, ce qui est logique pour l'inconscient de Monique, elle tombe sur la même sorte d'individu que son mari.
Et puis un jour, elle l'appelle, le fils, en larmes car l'autre est saoul et l'insulte.
Et c'est ainsi que la cavale de Monique commence.
Édouard Louis est là, et bien là.
Je ne raconterai pas par le menu les détails de ce sauvetage, car il s'agit d'un sauvetage, mais le fils aimant (car oui, il l'aime) exfiltrera sa mère de sa pauvre vie et lui offrera une nouvelle vie, une maison, de l'argent, une disponibilité, et surtout, oui surtout une protection.
Il en parle d'ailleurs de l'argent, toujours aussi honnête intellectuellement, et il se fait la réflexion que, finalement, grâce à sa réussite, ilui qui se sent coupable quelque part d'avoir trahi sa famille, surtout sa mère, de leur avoir tourné le dos malgré lui, et bien ce succès lui permet d'aider financièrement sa mère.
Le prix de la liberté comme il dit.
Parlons en de cette mère.
Elle est incroyable de résiliences, elle se bat peut être pour la première fois de sa vie. Vraiment. Comme pour l'avion. Ceux qui l'ont lu me comprendront.
Dans ce beau texte, Édouard Louis se livre totalement, sans doute le plus sincèrement du monde, il va au fond des choses, bat même sa coulpe à de multiples reprises, il est effarant d'amour et d'aide pour cette mère qui, en d'autres temps et en d'autres lieux, pouvait être méchante car en ménage avec son père, donc comme une éponge, elle absorbait l'agressivité et la méchanceté du père.
On pressent bien l'auteur qui s'interroge, qui s' auto-analyse, qui donne et donne encore, et pas que que des billets, mais de la douceur, beaucoup de douceur, de la pudeur. Il l'a traitée comme une reine.
Elle sera à l'origine d'une pièce de théâtre qui racontera sa vie.
Merci à l'auteur pour les dons à sa mère, pour le fait qu'elle se sente "importante" pour la première fois de sa vie.

Pour terminer, la dernière page est une photo de sa mère dans l'avion qui l'emporte vers Hambourg. Elle fixe le ciel et les nuages par le hublot.
Enfin libérée.



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Le regard d'un fils sur la souffrance de sa mère et l'émancipation bouleversante d'une femme.

Ce livre transpire d'amour maternel et traite de sujets qui me touchent tout particulièrement.

J'ai adoré suivre cette fuite, cette transformation.

Une libération qui explose le coeur.
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critiques presse (4)
LesInrocks
30 avril 2024
Après “Combats et métamorphoses d’une femme”, l’écrivain raconte l’organisation de la deuxième fuite de sa mère, victime de son nouveau conjoint. Comment en finir avec la répétition de la violence ?
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Lexpress
30 avril 2024
Dans son très émouvant "Monique s’évade", la star des transfuges de classe raconte une nouvelle libération de sa mère.
Lire la critique sur le site : Lexpress
OuestFrance
29 avril 2024
L’auteur controversé d’« En finir avec Eddy Bellegueule » signe un nouveau portrait de sa mère. Bouleversant récit populaire et féministe sur la violence sociale ou opuscule bourgeois finalement plus misogyne qu’il n’y paraît ? Avis tranchés.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Actualitte
24 avril 2024
Le roman ne se contente pas de narrer une fuite ; il s’agit d’une réflexion où liberté, identité et résilience se font écho. Monique s’évade transcende le cadre territorial et familial, pour atteindre plus largement une parole commune — universelle, si le terme n’était pas galvaudé. Bien sûr, il faut accepter le pacte de lecture : celui d’une misère humaine où l’on est immergé, sans toucher au pathos du misérabilisme toutefois.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Elle n'avait jamais fait quoi que ce soit pour elle-même. Sa vie avait été, jusqu'à maintenant, une vie pour les autres.
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(...) [ma mère] ce qu'elle avait vu comme une trahison était ce qui nous permettait d'affronter le présent. Ce qu'elle avait vécu comme une violence [son premier roman] à son égard était aujourd'hui ce qui allait lui permettre de se libérer de la violence.
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J'avais arrêté de passer des après-midi ou des nuits avec ma sœur. C'est ça aussi la distance de classe : ne plus pouvoir chanter à deux sans une voiture, n plus pouvoir rire ensemble dans les rayons d'un supermarché.
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Woolf avait compris cent ans plus tôt que la liberté n'est pas d'abord un enjeu esthétique et symbolique, mais un enjeu matériel et pratique. Que la liberté a un prix.
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Toutes ces choses qu'on s'apprêtait à faire ensemble seraient pour elle une succession de Premières fois. Une guerre contre une armée de Jamais.
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Videos de Édouard Louis (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Édouard Louis
Edouard Louis présente son livre "Monique s'évade", publié au Seuil. Dans ce dernier, l'auteur aux multiples succès raconte l'histoire de Monique, après deux décennies avec son deuxième mari, elle a bravé l'incertitude pour trouver refuge, seule avec ses enfants, au coeur de Paris. Mais la douleur refait surface, implacable. Les mots blessants, les humiliations, elle les subit encore, cette fois-ci aux côtés d'un gardien d'immeuble. Trois maris, trois alcooliques. le poids des années s'abat sur ses épaules alors qu'elle s'interroge, tourmentée : "Ai-je commis une faute ?". L'écho de ses tourments atteint son fils, Édouard Louis, écrivain en exil. Dans ce livre poignant, Monique aspire à une nouvelle vie, affranchie de tout fardeau masculin. le courage de partir, de tout recommencer, prend forme dans son désir de liberté.
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