AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean Jourdheuil (Autre) Scharzinger £m Heinz (Autre)
EAN : 9782707310330
101 pages
Editions de Minuit (01/09/1985)
3.29/5   26 notes
Résumé :
Les neuf textes qui composent ce recueil permettent de retracer l'itinéraire de l'auteur. Dans les années 50 (Le Père, Autoportrait deux heures du matin, Projection 1975 et Deux lettres), il traite de problèmes rencontrés par l'édification du socialisme en R.D.A. À partir de 1961,il s'attache à redécouvrir le passé de l'Allemagne, ce qui le conduit à se tourner vers la mythologie grecque (Horace, 1968), puis à s'engager dans des recherches tout à fait originales, de... >Voir plus
Que lire après Hamlet-machineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Son « Hamlet-Machine » s'ouvre sur la fameuse fin de la culture européenne : « J'étais Hamlet. Je me tenais sur le rivage et je parlais avec le ressac BLABLA, dans le dos les ruines de l'Europe ». Suivent les conseillers qui marchent « au pas de l'oie », et qui forment le cortège funèbre du « géniteur ». On connait l'histoire d'Hamlet, prince de Danemark, dont Claudius, l'oncle, vient d'épouser Gertrude, la toute récente veuve du frère Polonius. Son spectre viendra hanter Hamlet, lui révélant qui l'a assassiné. C'est sans compter que Hamlet est amoureux d'Ophélie, la fille de Polonius. Mais ce dernier ne veut pas de cette liaison. Espionnant les amoureux caché derrière une tenture, il est tué par Hamlet qui l'a pris pour Claudius. Qui donc a tué qui ? de toutes façons, Heiner Müller ré-écrit le tout à sa manière. « J'arrêtai le cortège funèbre, ouvris le cercueil avec mon épée, la lame se brisa, j'y parvins avec le tronçon restant et distribuai le géniteur mort VIANDE QUI SE RESSEMBLE S'ASSEMBLE aux miséreux tout autour. le deuil se changea en allégresse, l'allégresse en gloutonnerie, sur le cercueil vide l'assassin saillait la veuve ». C'était pour le début. Par la suite, cela ne s'arrange pas, tout au long des cinq parties.
A vrai dire, la pièce est assez complexe. Heiner Müller reconnait que « Toute pièce d'une véritable valeur théâtrale se conçoit comme la montée d'un orgasme ». Et de même « Si l'on ne comprend pas que la pièce est une comédie, c'est qu'elle doit être un naufrage ». Dans « Album de famille », Hamlet s'adresse d'ailleurs de façon bizarre à Ophélie « Laisse-moi manger ton coeur qui pleure mes larmes, Ophélie ». Puis dans « L'Europe de la femme », Ophélie devient l'image de la destruction de soi. le tout se poursuit dans « Scherzo » par « Université des morts. Chuchotements et murmures. de leurs pierres tombales (chaires) les philosophes morts lancent leurs livres sur Hamlet. Galerie des femmes mortes. La femme à la corde La femme aux veines ouvertes, etc. Hamlet les contemple dans l'attitude d'un visiteur de musée (de théâtre). Les femmes mortes lui arrachent ses vêtements. D'un cercueil dressé portant l'inscription HAMLET I sortent Claudius et, vêtue et maquillée en putain, Ophélie. Strip-tease d'Ophélie ». Ensuite dans « Peste à BUDA bataille pour le Groenland », on ne sait plus très bien où l'on est. Il est cependant clair que dans un régime communiste, et la référence à la Hongrie est là pour éviter de dire la RDA, la Révolution a échoué, selon Heiner Müller. Au régime nazi de son enfance, qui n'a certes rien eu de bien humain, il ajoute la faillite du système collectiviste. « Ce qui m'intéresse le plus, lorsque j'écris une pièce, c'est de détruire des choses. Pendant trente ans j'ai été obsédé par Hamlet : j'ai donc écrit un court texte, Hamlet-machine, pour essayer de détruire Hamlet. L'une de mes autres obsessions était l'histoire de l'Allemagne : j'ai essayé de détruire toute cette obsession, ce complexe. Je crois que ce qui me fait agir, c'est de réduire les choses à leur squelette, d'arracher leur chair, de les dépouiller de leur surface. C'est ainsi qu'on en finit avec elles ». Et pour finir « « Furieuse attente / Dans l'armure terrible / Des millénaires » , ce sera une sorte d'apocalypse dans laquelle Ophélie devient pratiquement une nouvelle Electre « C'est Electre qui parle. Au coeur des ténèbres. Sous le soleil de la torture. Aux métropoles du monde. Au nom des victimes. Je rejette toute la semence que j'ai reçue. Je change le lait de mes seins en poison mortel. Je reprends le monde auquel j'ai donné naissance. J'étouffe entre mes cuisses le monde auquel j'ai donné naissance. Je l'ensevelis dans mon sexe. A bas le bonheur de la soumission. Vive la haine, le mépris, le soulèvement, la mort. Quand elle traversera vos chambres avec des couteaux de boucher, vous connaîtrez la vérité ».
Déjà le titre allemand « Hamlet-Maschine », dont les initiales sont sans aucun doute aussi celles de Heiner Müller est celui de la négation. Mais si on suit le texte on passe de l'acte 1 « J'étais Hamlet » à l'acte 4 « Je ne suis pas Hamlet ». D'ailleurs cette forme affirmative, ou négative, ne semble n'avoir aucune importance. de même que les questions sont peut être de simples affirmations « Que me veux tu. ». Bref une pièce fort noire, reflet de la situation en RDA. « Et le porteur du laurier interrogea: / le vainqueur doit-il être jugé? / Et le porteur de la hache interrogea: / L'assassin doit-il être honoré? / Et le porteur du laurier dit: / Si l'assassin est jugé / le vainqueur est jugé / Et le porteur de la hache dit: / Si le vainqueur est honoré / L'assassin est honoré. / Et le peuple regarda l'un et indivisible auteur / de ses actes différents et garda le silence ».
Commenter  J’apprécie          10
J'ai choisie au hasard un cours de théâtre contemporain Allemand. Et me voila, j'ai pour lecture Hamlet-Machine de Muller dans les mains.
Réticente au début, je dois avouer que ce n'est pas mon truc à la base, le théâtre Allemand.

Dans Hamlet-Machine qui est composé de plusieurs pièces, l'auteur entremêle les textes classiques et les temps anciens avec l'actualité de son temps. Et nous montre avec brio que le théâtre qu'importe à qu'elle époque il intervient remet en question une actualité, pose des questions et à une part d'universalité.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ma place, si mon drame avait encore lieu, serait des deux cotés du front, entre les fronts, au-dessus. Je me tiens dans l'odeur de transpiration de la foule et jette des pierres sur policiers soldats chars vitres blindées. Je regarde à travers la porte à deux battants en verre blindé la foule qui afflue et je sens ma sueur froide. J'agite, étranglé par l'envie de vomir, mon poing contre moi-même qui suis derrière le verre blindé. Je me vois, agité de crainte et de mépris, dans la foule qui afflue, l'écume à la bouche, agiter mon poing contre moi-même. Je pends par les pieds ma viande en uniforme. Je suis le soldat dans la tourelle du char, ma tête est vide sous le casque, le cri étouffé sous le chenilles. Je suis la machine à écrire. Je fais le noeud coulant quand les meneurs vont être pendus, enlève le tabouret, me brise la nuque. Je suis mon prisonnier. J'alimente les ordinateurs en informations sur moi. Mes rôles sont salive et crachoir couteau et plaie dent et gorge cou et corde. Je suis la banque informatique. Sanglant dans la foule. Respirant derrière la porte à deux battants. Secrétant une bave de mots dans ma bulle insonorisée au-dessus de la bataille. Mon drame n'a pas eu lieu.
Commenter  J’apprécie          90
C'est Electre qui parle. Au coeur des ténèbres. Sous le soleil de la torture. Aux métropoles du monde. Au nom des victimes. Je rejette toute la semence que reçue. je change le lait de mes seins en poison mortel. Je reprends le monde auquel j'ai donné naissance. J'étouffe entre mes cuisse le monde auquel j'ai donné naissance. Je l'ensevelis dans mon sexe. A bas le boheur de la soumission. Vive la haine, le mépris, le soulèvement, la mort. Quand elle traversera vos chambres avec des couteaux de boucher, vous connaîtrez la vérité.
Commenter  J’apprécie          80
Des machinistes, à l'insu de l'interprète d'Hamlet, installent un réfrigérateur et trois postes de télévision. Bruit du réfrigérateur. Trois programmes sans le son.
Le décor est un monument. Il représente, agrandi cent fois, un personnage historique. La pétrification d'une espérance. Son nom est interchangeable. L'espérance ne s'est pas réalisée. Le monument gît sur le sol, renversé trois ans après les funérailles nationales de celui qui fut haï et vénéré par ses successeurs au pouvoir. La pierre est habitée. Dans les spacieux orifices du nez et des oreilles plis de la peau et de l'uniforme de la statue démolie s'est nichée la population pauvre de la métropole. A cette chute du monument après un temps convenable succède le soulèvement. Mon drame, s'il avait encore lieu, aurait lieu dans le temps du soulèvement.
Commenter  J’apprécie          40
MAUSER




CHOEUR: tu as combattu sur le front de la guerre civile
L'ennemi ne t'a trouver aucune faiblesse
Nous ne t'avons trouvé aucune faiblesse.
A présent tu es toi-même une faiblesse
Qu'il ne faut pas que l'ennemi nous trouve.
Tu as distribué la mort dans la ville de witebsk
Aux ennemis de la révolution sur notre ordre
Sachant: le pain quotidien de la révolution
Dans la ville de Witebsk comme dans d'autres villes
Est la mort de ses ennemis, sachant: l'herbe même
Il nous faut l'arracher afin qu'elle reste verte
Nous les avons tués de ta main.
Commenter  J’apprécie          60
C'ÉTAIT UN HOMME QUI NE PRENAIT QU'À TOUS. J'arrêtai le cortège funèbre, ouvris le cercueil avec mon épée, la lame se brisa, j'y parvins avec le tronçon restant et distribuai le géniteur mort VIANDE QUI SE RESSEMBLE S'ASSEMBLE aux miséreux tout autour. Le deuil se changea en allégresse, l'allégresse en gloutonnerie, sur le cercueil vide l'assassin saillait la veuve VEUX-TU QUE JE T'AIDE À GRIMPER ONCLE ÉCARTE LES JAMBES MAMAN. Je me couchai par terre et j'entendis le monde tourner au pas cadencé de la putréfaction.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Heiner Müller (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Heiner Müller
En débat, deux spectacles adaptés de romans :
"Les Frères Karamazov" de Sylvain Creuzevault au Théâtre de l'Odéon "Les Frères Karamazov" est un monstre. Comme pour "Les Démons" (mis en scène aux Ateliers Berthier à l'automne 2018), et après "Le Grand Inquisiteur" (créé à l'Odéon 6e à l'automne 2020), Sylvain Creuzevault taille dans ses 1300 pages les éléments d'une lecture inspirée de Heiner Müller et Jean Genet, selon qui l'ultime roman de Dostoïevski est avant tout “une farce, une bouffonnerie énorme et mesquine”. Cet humour farcesque, déjà perceptible dans "Les Démons", devient ici littéralement ravageur.
"Sleeping" de Serge Nicolaï au Théâtre Monfort Éclairer la vie en regardant la mort. "Sleeping" est un spectacle onirique qui résonne avec l'époque. Associant masques, jeu théâtral, vidéo et musique, Serge Nicolaï s'inspire du roman "Les Belles Endormies" de l'écrivain japonais Yasunari Kawabata. Évocation poétique d'un vieil homme, Eguchi, au crépuscule de sa vie. Toutes les femmes qui ont jalonné sa vie, sa mère, sa fille, son amante, lui apparaissent au seuil de la mort, belles, provocatrices, sensuelles, délicates. Des messagères tant fascinantes que répugnantes de l'entre-monde. Des icônes féminines qui reflètent l'âme d'Eguchi et confrontent sans relâche son être le plus intime à ces questions : Comment as-tu aimé ? Comment as-tu vécu ? Une merveilleuse ode à la vie.
+ Lire la suite
Dans la catégorie : ThéâtreVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Théâtre (83)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1300 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}