Meurtres, tome 1 : Mort d'Isabelle

Je ne connaissais Charles Plisnier que de nom et n'avais jamais rien lu de son oeuvre. En découvrant ce roman, j'ai parfois pensé à la Chronique des Pasquier de Georges Duhamel, parue à peu près à la même époque et que j'ai eu l'occasion de lire il y a longtemps. Ce que l'on peut dire, c'est que les auteurs actuels n'ont plus du tout ce style d'écriture. Aujourd'hui, fini les longues phrases, fini les descriptions minutieuses des états d'âme des personnages.
Ce roman se déroule sur une année, et le même évènement est développé et décortiqué de toutes les façons. On prend ainsi le temps de découvrir les réactions et sentiments de tous les protagonistes de l'affaire. J'ai apprécié le style de Charles Plisnier et son approche précise des caractères des personnages. Une écriture d'un temps où tout allait moins vite.
Si, en découvrant le titre on peut penser à un roman policier, on risque d'être surpris, car meurtre il y a, oui, mais pas pour des raisons de haine ou de vengeance, tout au contraire.
Je trouve l'idée excellente de rééditer des oeuvres un peu oubliées. Un mot aussi sur la présentation de l'ouvrage par les éditions Libretto : une couverture particulièrement originale en noir, blanc et doré, qui attire l'oeil et retient l'attention.
Tous mes remerciements à Babelio et aux éditions Libretto de m'avoir permis de découvrir cet auteur.

Mort d'Isabelle est le 1er tome d'une saga familiale.
Les frères Annequin se retrouvent autour de leur mère, Antoinette, pour l'anniversaire de la mort de leur père. Si leurs parents étaient d'origine modeste (le père était instituteur de campagne), leurs enfants aînés ont des ambitions bourgeoises. Hervé est avocat et vise le bâtonnat, Blaise est médecin et ambitionne une fonction honorifique supérieure. Rémy n'a pas tant d'ambition mais s'est assuré une prestance sociale en devenant prêtre.
Seul le benjamin, Noël, se contente d'une vie paysanne paisible auprès de son épouse malade, au grand dam de ses frères.
Lorsqu'une nuit, Noël tue son épouse d'un coup de fusil et se constitue prisonnier, les trois autres frères ne songent qu'aux répercussions d'un tel acte sur leur réputation et vont tout mettre en oeuvre pour préserver leur position sociale, quitte à sacrifier Noël et duper leur mère.

Ce livre a été écrit en 1939, pourtant la réflexion menée autour de l'opinion publique est plus que d'actualité. Les relations fraternelles sont analysées, fouillées et la diversité des caractères de chacun des frères enrichit l'intrigue.
Après un début de lecture addictif, j'ai néanmoins ressenti une certaine baisse d'intérêt dans la seconde moitié du récit. Cela ne m'empêchera pas de lire le deuxième tome, car l'auteur a su ménager du mystère autour de personnages secondaires.

Meurtres raconte l'histoire d'une famille bourgeoise qui tente de préserver sa réputation à tout crin lorsque l'un des leurs commet un acte difficile à pardonner. C'est aussi une histoire d'amour difficile et une histoire d'amour filial.

J'ai eu du mal à me plonger dans l'histoire le temps de me familiariser avec le style et les personnages et de m'habituer à leur côté antipathique. Néanmoins c'était une lecture intéressante qui aborde des thèmes variés notamment ceux de l'ascension sociale et des relations familiales et qui donne à réfléchir au fonctionnement de la société.

J'ai été très touchée par Noël et par son histoire avec Isabelle. Par sa difficulté à trouver sa place, son énergie brute et son esprit libre.