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EAN : 9782369148913
272 pages
Libretto (07/03/2024)
3.93/5   14 notes
Résumé :
« Meurtres » raconte l’irrésistible ascension d’une famille modeste – le père est instituteur – dont les enfants deviendront avocat, médecin, prêtre, et dans laquelle se cache une brebis galeuse en la personne de Noël. Ce fils maudit, destiné à observer une trajectoire plus personnelle, commettra l’irréparable, et deviendra la première victime d’un féroce ostracisme familial.

« Mort d’Isabelle », premier volume de cette saga bourgeoise, nous plonge da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Bienvenue dans la famille Annequin au début des années 20, qui en deux générations a fait un bond prodigieux sur l'échelle sociale. Les aïeuls paysans ont pataugé dans la boue et le fumier, subi gelées et canicules ; leur fils, instituteur durant quarante ans, a, au prix de grands sacrifices offert à ses quatre garçons collèges, universités, diplômes pour qu'ils deviennent avocat, médecin, prêtre, le gratin de la bourgeoisie. Seul Noël n'a pas suivi la voie royale. Brebis galeuse, il s'est entiché d'une fille de petite beauté, de dix ans son aînée, et surtout ouvrière à la fabrique, souillure impardonnable chez les parvenus. Et non content de s'être enseveli dans une existence de pauvre avec sa femme adorée, d'approuver le bolchévisme, Noël déshonore sa famille en commettant un geste irréparable, un acte d'amour selon lui, un meurtre pour la société.


Dès lors, Meurtres – Mort d'Isabelle – raconte comment, sans émotions, sans autre intérêt que sa survie sociale, la fratrie réunie autour de la mère veuve, les belles-filles affidées, certaines relations haut-placées, unissent leurs efforts, s'arc-boutent pour sauver les apparences, éviter le scandale, contrôler le qu'en-dira-t-on ; comment Noël devient « la part du feu », cette pièce sacrifiée pour sauver la maison ; comment pour éviter la cour d'assises, la prison et qui sait la guillotine, tout est fait pour le faire passer pour fou, un malade mental suscitant la compassion et un meurtrier la honte. L'avis de Noël sur sa défense n'est pas à l'ordre du jour.


Charles Plisnier, romancier belge notoire, récipiendaire du prix Goncourt en 1937 peint un tableau féroce et réjouissant des nouveaux riches, de leurs symboles, de leurs cultes, de leurs croyances dont les formes leur paraissent indispensables puis inamovibles ; de leur terreur de voir un jour la tare de leur ancienne pauvreté réapparaître, indélébile, dans leur vie. L'auteur observe ce monde hypocrite, bigot, vaniteux, dénué de tout sentiment sous une loupe, en entomologiste, saisit leurs expressions ridicules, leurs tics, leurs ornements artificiels, leur vacuité. C'est un plaisir de lire, page après page, comment par une subtile inversion des rôles, la morte dont la maladie n'intéresse personne, devient coupable d'avoir été exigeante, avide, néfaste, et comment la famille et le meurtrier souffrent d'être ses victimes. J'ai spécialement apprécié au cours de cette lecture, les récits des expertises psychiatriques subies par Noël et de l'enterrement d'Isabelle qui sont des bijoux de cynisme et d'humour noir.


Si le style de Charles Plisnier est classique, en conformité avec les canons de son époque, on sent sa préoccupation d'abandonner les lourdeurs littéraires, enluminures, boursouflures parfois indigestes du début du XXème siècle au profit d'une relative sobriété encore novatrice en 1939, date de parution du roman. Il est à ce titre étonnant de constater comment cette oeuvre octogénaire rééditée a résisté aux décennies pour s'inscrire avec à-propos dans le courant actuel favorable aux chroniques familiales. La lecture de Meurtres – Mort d'Isabelle – est à la fois riche et agréable. Je lirai avec plaisir les tomes à venir. Merci à Libretto et Babelio pour leur confiance.
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En juin 1922, Les Annequin se retrouvent comme chaque année depuis cinq ans pour commémorer la mort de Dominique Annequin. Il y a là Antoinette, la veuve et ses quatre fils. Hervé, brillant avocat qui ambitionne de devenir bâtonnier, Blaise, chirurgien réputé qui espère bientôt être à la tête de sa propre clinique, et Rémy qui a embrassé la carrière ecclésiastique, ce qui, si cela ne rapporte pas fortune, reste une profession honorifique. Ils font la fierté de la mère qui s'est saignée aux quatre veines avec son mari, petit instituteur, pour offrir à ses enfants la possibilité de faire des études pour grimper dans l'échelle sociale, accéder à cette bourgeoisie provinciale et oublier que le grand-père était paysan et qu'il a épousé sa servante de ferme. Mais il reste Noël, le mouton noir de la famille. Celui-là cumule les tares et s'oppose en tout à ses frères : méprisant les honneurs et la réussite, Noël a choisi la dure vie de fermier ; alors que le reste de la fratrie affiche des idées sociales de façade, Noël flirte avec les thèses bolchéviques ; mais surtout ce que d'aucun ne semble lui pardonner c'est son union stérile avec Isabelle, une vulgaire ouvrière d'usine, de dix ans son ainée, aujourd'hui atteinte d'un cancer et à qui la famille attribue tous les malheurs de Noël, pendant qu'Hervé et Blaise ont fait de beaux mariages et des enfants. Aussi quand Noël, dans un geste désespéré d'amour, met fin aux souffrances intolérables de son épouse bien aimée d'un coup de fusil de chasse, la famille n'a d'autres préoccupations que de préserver son honneur et éviter le scandale qui la menace, quitte à sacrifier Noël en le faisant passer pour fou, interner dans un asile psychiatrique puis en l'exilant en Suisse, en s'appuyant sur leurs relations, usant parfois de passe-droits pour que le nom des Annequin ne soit pas terni et continue de symboliser les valeurs et les vertus de la bourgeoisie républicaine.

L'auteur belge Charles Plisnier, prix Goncourt 1937 pour "Faux-passeports" a publié cette sage familiale en cinq tomes entre 1939 et 1941? Avocat, communiste, issu d'une famille ouvrière par sa mère et bourgeoise par son père, Charles Plisnier dresse, dans ce premier opus, le portrait d'une famille avide de légitimation sociale, pour laquelle rien d'autre ne compte que l'élévation au sein d'une classe sociale qu'elle a intégré en seulement deux générations. Parmi tous les membres de cette famille qui se vouvoient avec affectation, les sentiments, l'amour, l'attention à l'autre passent au second plan. Seul Noël et Martine, sa petite nièce valétudinaire, se démarquent. L'auteur montre que l'instruction n'est pas l'éducation et que les parvenus n'ont souvent rien de plus pressé que d'oublier et da faire oublier le plus vite possible leur ancienne condition, pour s'accrocher avec une véhémence incroyable à leurs nouveaux privilèges. Si pour cela, il faut faire preuve de férocité, d'indifférence et d'absence de pitié, ils s'en montrent alors fort capables. Si pendant des siècles, nous avons été définis par nos identités héritées, réussir l'ascension sociale, devenir un transfuge de classe, terme aujourd'hui bien à la mode, sans y perdre son âme n'est pas chose aisée.

Dans un style en adéquation avec l'époque, riche, fluide et précis, l'auteur trace en profondeur les caractères d'individus dénués d'empathie, dont j'ai grandement apprécié suivre les péripéties et conjonctures. Aussi je remercie sincèrement Babelio et Libretto de m'avoir permis de découvrir ce romancier wallon. Les autres volumes sur de nouvelles masses critiques privilégiées peut-être ?.... comme quoi quand on a des apanages, prérogatives ou faveurs on s'y accroche fort !
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Merci à BABELIO est s Masse critique privilégiée pour l'envoi du 1er tome de la saga "Meurtres" du romancier belge Charles Plisnier.

J'ai ainsi pu découvrir un auteur qui m'était complètement inconnu jusqu'alors. Malgré un style d'écriture classique et une intrigue très familiale, les ressentiments de la réussite des uns par rapport aux autres et les convenances du début du XXème siècle, j'ai cependant eu du mal à adhérer à cette saga où l'un des fils de la famille Annequin est bien malgré lui le héros de l'histoire en tuant son épouse, alitée depuis de longs mois. Noel y est considéré comme l'élément perturbateur, le maudit, la brebis galeuse et ses excès par rapport à ses frères, installés dans la bourgeoisie, le mèneront à un ostracisme familial.

Au final, sauf à aimer la société de l'aprés première guerre mondiale, on se perd un petit dans le récit.
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C'est une bonne idée qu'on eue les éditions Libretto de rééditer Charles Plisnier et je ne peux que les remercier, avec l'équipe Babelio, pour m'avoir fait parvenir ce premier volume de Meurtres.
Charles Plisnier est un poète et romancier belge, prix Goncourt 1937, dont la majeure partie de l'oeuvre a été composée entre 1920 et 1950.
Meurtres est une série romanesque dont Mort d'Isabelle constitue le premier volume. On y suit l'histoire d'une famille dont l'élévation sociale se voit menacée par le comportement idéaliste de l'un de ses membres. Difficile d'en dire plus sans en dévoiler trop…
Malgré son titre, il ne s'agit pas d'un roman policier, mais d'un roman psychologique et social assez typique des années 1930. On songe à Van der Meersch ou aux Grandes Familles de Druon (qui paraitront une dizaine d'années plus tard). Et s'il fallait chercher des influences antérieures, j'irai chercher du coté de Flaubert et Zola
Cette Mort d'Isabelle est fortement teintée par les idéaux socialistes et chrétiens de Plisnier. Elle méritait de sortir de l'oubli. L'écriture en est certes datée, mais l'indignation sous-jacente de l'auteur, sa colère, me parait très actuelle.

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Babelio et les éditions Libretto me proposent la lecture d'un roman de Charles Plisnier et précisément le premier volet d'une saga familiale composée de cinq tomes.

L'auteur né en 1896 et mort en 1952 est détenteur d'un prix Goncourt obtenu en 1937 avec son roman « Faux passeports ».

Ce premier opus publié en 1939 vient de bénéficier d'une réédition.

Je ne vais pas être en mesure de vous parler de l'histoire parce que je ne suis pas arrivé au bout.
L'écriture est trop datée pour moi et je n'accroche absolument pas.
J'ai une PAL tellement importante que je préfère passer à autre chose
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quarante années d'enseignement ! Quarante années dans une école, au fond d'un village, mois après mois, jour après jour, entre le tableau noir et les rangées de bancs usés, où les générations de rustres venaient se nourrir de son cerveau, de ses nerfs, de sa vie.
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La vérité n'est-elle point morcelée en milliards d'éclats, comme le verre – une vérité pour chacun, un éclat dans lequel, suivant des angles de réfraction jamais pareils, vient se mirer le monde ; et le vérité de l'un, aux profondeurs où certaines âmes peuvent descendre, ne vaut-elle pas la vérité de chacun des autres ? L'humanité n'est-elle point un peuple de solitudes ? Et que ces solitudes se parlent et croient se comprendre, n'est-ce point mirage et mystification ?
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Pendant le dîner, Lola avait demandé à Hervé, une fois de plus, ce qu'était une « ducasse ». Impatienté, Hervé avait répondu laconiquement :

- Je te l'ai dit dix fois, Lola. C'est ainsi qu'on nomme la fête patronale du saint de la paroisse, dans nos pays du Nord, en Flandre, en Hainaut, en Artois.
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« L'homme de science, aimait-il à dire, n'a que faire des belles tournures. Deux et deux font quatre. Un duodénum est un duodénum ».
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Car le peuple hait les notables, mais ne leur reproche rien tant que d'être fraichement sortis de ses rangs.
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