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EAN : 9782743662356
Payot et Rivages (03/04/2024)
4.13/5   34 notes
Résumé :
Tous les vendredis soirs, Antoine se rend à La couronne d'or pour jouer au 31, jusqu'au jour où il gagne une grosse somme d'argent. Une nouvelle vie s'offre à lui, mais les addictions sont nombreuses, entre le jeu, l'alcool et le sexe. Une exploration des excès de la société du XXIe siècle et des limites de la moralité.
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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« Vraiment, Antoine, vous allez encore vous plonger dans le jeu ? Quand donc cesserez-vous cette fuite en avant ? Si au moins vous aviez l'audace d'aller à fond dans la démesure... C'est ce dernier grief qui vous pique, car il réveille le véritable parieur qui sommeille en vous. le joueur total, prêt à miser sa montre et sa chemise, les clés de sa bagnole, enclin à signer n'importe quel papier pourvu que l'adrénaline soit au bout. »

Antoine décide de jouer le tout pour le tout, l'entièreté de sa vie pour tenter de se défaire de ses addictions, les unes après les autres. All in ! Un ultime face-à-face avec le sort qui le plonge dans un monde parallèle, fantastique où tout est possible, où tous les possibles peuvent s'exprimer. On le suit dans un labyrinthe sans fil d'Ariane où s'enchaînent ses démons intérieurs comme autant de cercles de l'enfer pour une errance qui semble éternelle entre addictions au jeu, au fric, à la nourriture, au sexe, à l'alcool.

Le récit est audacieux. Il n'y a pas vraiment d'histoire de type romanesque, juste un personnage que l'on suit d'une scène à une autre, de Charybde et Scylla, avec un narrateur omniscient et acerbe qui s'adresse continuellement à lui à la deuxième personne du pluriel. Ce « vous »envahit le récit, houspille, sermonne, fustige, tance, raille Antoine tel un procureur intransigeant. Peut-être ce « vous » inquiétant s'adresse-t-il au lecteur en le prenant au collet ? Mais les addictions décrites sont tellement poussées à l'extrême qu'il est difficile de se sentir visé si on n'y a jamais succombé à s'en noyer.

Charles Roux ne cherche jamais à rendre son personnage sympathique ou a développé chez le lecteur une quelconque empathie à son égard. En fait, durant toute la lecture, je me suis demandé quelles étaient les intentions de l'auteur, je n'ai toujours pas de réponse. Choquer ? Certaines scènes le sont, notamment toute la partie orgiaco-sexuelle. Déranger ? le lecteur passe par beaucoup d'émotions et de sensations allant jusqu'au dégoût et la nausée. Dénoncer la société capitaliste, société du trop dévorée par l'excès ? Assurément un peu tout cela. Ce qui est sûr, c'est que je pense que pour que la charge soit d'intensité maximale comme l'auteur semble le vouloir, il faut lire ce court récit cul sec.

Est-ce que j'ai aimé ? Bonne question. Les Monstres, précédent roman de l'auteur, sur une thématique « morale » finalement assez proche, m'avait impressionnée par sa mise en scène et sa capacité à pousser le lecteur dans ses retranchements et à se questionner sur le monstre qu'on a en nous : qui est le monstre ? Celui qui affiche sa monstruosité par ses actes ou celui qui masque ses turpitudes pour conserver un vernis civilisé ?

La Maison de jeu m'a semblé être un exercice de style plus « gratuit » dans le sens où je me suis sentie en total surplomb sans me sentir vraiment concernée, et donc moins perturbant. Je le regrette parce que finalement, je referme La Maison de jeu plus fatiguée que dérangée dans mon confort intérieur. D'autant que le filtre fantastique devait permettre de transfigurer le sujet pour aller plus loin.

Malgré ces réserves, ce texte imprime des images assez dingues, stupéfiantes et marquantes, comme lors de la scène de submersion alimentaire ou celle de la fellation par une mendiante dans la rue. Surtout, Charles Roux a le style flamboyant, son écriture aux phrases polies mais aux arêtes saillantes, donne tout à voir tout en laissant la place à l'imagination du lecteur. Vraiment un tour de force qui vaut pour la qualité de l'écriture. Je lirai donc le prochain avec grand intérêt.
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Dans la station balnéaire où il habite, Antoine a l'habitude de se rendre tous les vendredis à la Couronne d'Or qui est, malgré son nom de restaurant chinois, un casino. le soir du 31, il prend la résolution de jouer au jeu ultime, celui auquel on ne peut jouer qu'une fois dans sa vie et qui conduit soit à la fortune sans limite soit à la ruine totale, et gagne aux dés une nouvelle vie, faite d'addictions à l'argent, à la nourriture, à l'alcool et au sexe. ● C'est peu de dire que j'ai détesté ce très bref récit en forme de conte fantastique, sans personnage à part le « héros » Antoine qui est interpellé à la deuxième personne du pluriel, et sans intrigue. ● Ce n'est qu'une suite monotone et lassante de tableaux dénués d'originalité visant sans doute à critiquer la société de consommation et le néolibéralisme bourgeois, comme d'habitude. ● A mon avis vous pouvez vous abstenir de dépenser 18.50 euros pour les 134 pages de ce récit sans intérêt et fort dispensable.
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Cette fiction aux allures d'allégorie fait immédiatement penser à L'homme-dé de Luke Rhinehardt, roman auquel il est fait allusion au cours du récit.

Charles Roux charge son personnage d'un bât d'addictions et l'homme, emprisonné par les mécanismes de son fonctionnement neurologique tente d'assouvir ses désirs en alimentant son circuit de la récompense. Malheureusement, l'addiction satisfaite s'auto-alimente dans un cercle infernal incontrôlable. du jeu à l'alcool, en passant par le sexe, l'homme tente de s'échapper pour mieux retomber.

Le jardin des délices côtoie l'enfer, sans issue possible.

Avec une écriture flamboyante, Charles Roux confirme son talent d'écrivain, dans un univers très personnel qu'il avait déjà bien campé dans Les monstres. le flux des mots construit un monde unique, très original, où transparait la nature humaine dans ce qu'elle a de plus complexe.

Beaucoup plus court, mais aussi plus concentré que le roman précédent, La maison de jeu se dévore avec une réelle addiction !

A suivre …sans modération !

176 pages Payot et rivages 3 avril 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Vivre et (se) laisser mourir

Quand Antoine, joueur invétéré décide de se mettre sur son 31, pas de smoking mais juste un besoin irrépressible d'aller au bout de son vice, grâce à ce jeu ultime qui d'un coup de dé, peut faire basculer une vie. Et les dés sortent…

La vie devient alors no-limit et all inclusive en matière de bouffe, d'alcool, de sexe et de tout ce qui peut toucher à l'excès et au sulfureux. Mais est-ce toujours la vie, Antoine ? Ou plutôt une autoroute vers la mort ?

Dans une fuite en avant qui semble inarrêtable, Antoine se gave. Puis se calme. Et tombe de haut.

« C'est tout à fait cela, Antoine : vous êtes devenu raisonnable. Et en épousant cette nouvelle manière d'être, vous voilà pénible, morne et triste (…) Vous commencez à fatiguer tout le monde, vous le premier. »

Dans La Maison de jeu, Charles Roux nous embarque dans un conte moderne flirtant constamment entre le réalisme cynique de nos vies contemporaines des faiblesses et des renoncements, et l'imaginaire des possibles pas toujours souhaitables.

En bon lecteur de Luke Rhinehart, il traite à son tour du libre arbitre par l'absurde, celui que les dés nous imposent, nous renvoyant à l'utopie de l'abandon total qui ne mène finalement nulle part.

Un sujet qui a parfaitement fait écho chez moi, même si le livre touche parfois aux limites de la dose d'imaginaire que je suis capable d'absorber et qu'une centaine de pages de plus ne m'aurait pas déplu, ne serait-ce que pour traiter de certains des questionnements avec lesquels nous laisse l'auteur ?

« Et ce serait quoi, un lieu magique où il serait permis de célébrer le simple fait d'être en vie, d'apprécier le temps qui passe sans se rouler dans le marais des excès humains ? »
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Si vous souhaitez sortir de votre zone de confort et que vous avez le coeur bien accroché, ce roman pourrait vous plaire. J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre en entamant ce livre. J'aime bien être surpris par une lecture et là j'ai été servi, All in !
Véritable OLNI, « La maison de jeu » nous emporte dans un voyage fantastique dans tous les sens du terme. Riche, foisonnant, surprenant, déroutant, tous ces adjectifs s'appliquent à cette oeuvre inclassable. Tour au long du roman, le narrateur s'adresse par le vouvoiement à un certain Antoine, dont on ne saura pas grand chose, à part le fait qu'il est sujet à des addictions: au jeu, à la malbouffe, à l'alcool, au sexe.
Difficile à cataloguer, ce livre est aussi difficile à résumer. Dans un style toujours excellent, il entraîne Antoine et le lecteur dans un tourbillon parfois difficile à contenir, mais toujours plein de surprises. L'auteur puise entre autres dans la littérature fantastique proche de Borges, mais aussi dans les films surréalistes de Bunuel.
Cette critique cinglante de l'ultra consumérisme fait mouche, mais certains passages excessifs m'ont empêché de lire ce texte à tête reposée. Y aurait-il une petite part d'Antoine en moi, en nous tous ?
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Vous venez de comprendre, à vos dépens et une fois de plus, la puissance infinie de la roue du destin. La prochaine fois que vous l'actionnerez, ne faites pas semblant de croire que vous contrôles quoi que ce soit. Ce sont les dés qui décident, pas vous, vous qui n'êtes que main qui lance et corps qui subit.
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Foutue ville moderne, lancée dans une course effrénée avec la faim, mais ayant dépassé depuis belle lurette la ligne d'arrivée ! Elle continue à courir sans raison vers un au-delà indépassable, un ailleurs pantagruélique gorgé de nourriture. Gavage permanent, dîners de fête étalés toute l'année et occasions chaque jour renouvelées de festoyer et de manger gras.
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Cette immense déchetterie personnelle de vos errements continue de se remplir et vous fait bientôt l'effet d'un fleuve de sang en ébullition: vous seriez ébouillanté vif que vous ne souffririez pas plus. Les vêtements commandés mais jamais portés se font métal en fusion, les livres achetés mais jamais lus deviennent parpaings de béton. Tous ces objets chutent et s'écrasent à vos pieds. Tout ce que vous avez consommé de votre vivant, Antoine, s'est rassemblé autour de vous, sous forme de lames de couteau, de pierres coupantes et de tisonniers avec lesquels d'invisibles démons vous frappent sans relâche.
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Impuissant à contrer la marche du temps, ni aujourd'hui ni demain vous n'arriverez à devenir maître de la situation. Les objets vous appartiennent, mais en les amassant vous augmentez l'emprise qu'ils exercent sur vous. Ce n'est pas vous qui possédez, c'est le contraire : vous êtes la proie facile de cet argent maudit, qui a fait de vous un homme aussi riche que malheureux.
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Vous êtes de la veine de ceux qui sont en perpétuel rebond. Tout n'est donc pas perdu, puisque vous réussissez à vous rendre compte, enfin, de votre dérive. Il était temps Antoine !
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En explorant jusqu'à l'extrême les excès de notre société, Charles Roux brosse, avec une effroyable précision, le portrait d'une humanité insatiable.
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