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EAN : 9782910457204
170 pages
Domens (01/01/2002)
4/5   1 notes
Résumé :
Trilogie de la solitude. Des solitudes de l'homme. Multiples. De ses interrogations et de ses quêtes.
Celles de Jonas, le prophète biblique qui a fui la Parole, et qui, dans la pièce d'ouverture de la trilogie, "Jonas", est amené à rechercher à travers la parole –au cours de son voyage initiatique dans la nuit viscérale des monstres marins qui jouent à l'avaler en s'avalant les uns les autres– l'unité perdue d'avec soi-même. Quête sur l'horizontale.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En tant que dramaturge, le poète (et prosateur !) roumain Marin Sorescu a tenté l'expérience du théâtre existentialiste et du théâtre de l'absurde [Jonas (1968), le Bedeau (1969), le Rhume (1976), Mon cousin Shakespeare (1992), le troisième Pal (1971)], tout en explorant une nouvelle approche théâtrale qui englobe notamment la parabole, la métaphysique et l'ironie. Ses personnages, faisant souvent référence aux mythes bibliques ou païens, sont confrontés à l'existence tragique de la condition humaine, et finissent par être écrasés par leur implacable confrontation à leur finitude.

Trois pièces, Jonas (Iona), le Bedeau (Paraclisierul), La Matrice (Matca) sont réunies par l'auteur sous le titre La soif de la montagne de sel (Setea muntelui de sare) et traduites en français (1996) par Paola Bentz-Fauci. Ces pièces (déclarées par la critique roumaine comme étant l'aboutissement du génie dramatique de Marin Sorescu, traduites et créées dans plusieurs villes d'Europe) présentent une unité de forme, de démarche artistique et d'écriture, qui repose sur le traitement habituel de la « fable ».

Jonas est un monodrame qui a comme point de départ le personnage biblique et la situation d'un homme claustré dans le ventre d'une baleine. L'homme essaie de se libérer, d'éventrer la baleine qui le tient prisonnier, mais chaque tentative aboutit à l'enfermement dans un autre ventre de poisson.
Comme le chemin qui conduit vers la liberté et la « lumière» lui est fermé, Jonas décide de repartir dans une autre quête en tournant le couteau vers soi-même et en s'ouvrant le ventre. Mais le personnage Jonas n'est plus le prophète de la Bible, mais un homme qui n'a pas le choix, un homme prisonnier. En fait, à part le nom du personnage, la mer et le « grand poisson », rien ne subsiste de la fable de départ. Dans la Bible, l'histoire de Jonas expose le cheminement d'un être égaré vers la connaissance. Jonas y apprend le sens de la pitié et la nature de l'amour que Dieu porte aux hommes. le personnage de Sorescu chemine, quant à lui, vers une connaissance plus intellectuelle que spirituelle, exprimée dans le texte par le mot « lumière ».

La Matrice prend comme point de départ la ballade populaire roumaine intitulée « Le monastère d'Argeș » (cf. la fin du livre) dans laquelle Manole, le héros, est un maître maçon qui s'est engagé à construire une église. Mais tout ce qu'il érige pendant la journée s'écroule durant la nuit, et le seul moyen de continuer exige un sacrifice humain. Afin de pouvoir construire son église, Manole se voit dans l'obligation de murer Ana, sa femme enceinte. À noter toutefois que Manole n'entame pas sa construction sur un terrain vide. Il commence à bâtir à partir d'un mur en ruine, une construction qui l'avait précédé et qui est chargée d'un passé que Manole ignore. Il fait donc figure de créateur qui sacrifie son bonheur pour la pérennité de sa création.

Le Bedeau est un autre monodrame qui se déroule à l'intérieur d'une cathédrale neuve mais déserte. le protagoniste passe sa vie à masquer les signes de ce déclin. À l'aide des cierges allumés, il noircit de fumée les dalles et les murs de la cathédrale. Une fois son travail terminé, son lien avec la vie terrestre est rompu et il se jette du haut des murs afin de monter vers le ciel. La source est une tragédie qui met en opposition la naissance et la mort. Pendant une pluie qui ressemble au Déluge, Irina et son père sont enfermés dans leur maison et coupés du reste du monde. La mort du Vieux se confond avec la naissance du bébé. La mère et le fils semblent être les seuls survivants au milieu des eaux qui montent sans cesse. le cercueil du Vieux est l'objet flottant qui aide le bébé à rester le plus longtemps possible à la surface de l'eau.

Le texte français de Paola Bentz-fauci se montre fidèle à l'original roumain et c'est une bonne chose à relever. Elle propose par ailleurs une bonne notice biographique et bibliographique.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ma chaussette… j'ai mis l'une à l'endroit et l'autre à l'envers. Bah, tant pis ! j'ai pas la force de recommencer. Encore que. M'accepteront-ils ainsi... au jugement dernier? ne vont-il pas me chercher noise, dis? voire même se… se moquer de moi? Crénom de nom, y'z y ont pas intérêt!… (S'allongeant sur son lit) Aïe, aïe, aïe! (soupir) C'est bien, n'empêche quand on s'est attifé pour mourir, un souci de moins… Avec celui de la vie éternelle, c'en fait deux !
(extrait de "Matca, la source", pièce en deux actes, six tableaux)
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Une fois, quelqu’un avait peint une église sur une outarde. C’était la dernière en ces lieux, les autres avaient toutes été tuées par les chasseurs ; quant aux églises — un bail qu’il n’y en avait plus. Aussi, il en a peint une sur cette dernière outarde. Sur la crête, le jabot et les plumes-moustache, il peignit les Miracles du Christ. Sur une aile — la Passion et la Mise au tombeau; sur l’autre — l’Ascension. Il y a un équilibre dans ces choses, à ce qu’on dit ; ce qu’on enterre de l’aile gauche s’élève aux cieux quand on remue la droite. Et réciproquement, ce qu’on élève, on l’enterre. Une fois l’église achevée, il a relâché l’outarde dans les champs. Toute la journée il lui courait après. Pour prier.
« Vous n’auriez pas vu mon église ? » demandait-il à tous. Jusqu’au jour où il tomba sur quelqu’un qui l’avait pendue à sa ceinture, ruisselante de sang.

(extrait de "Le bedeau", pp. 67-68)
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Cela me revient : Jonas. Je suis Jonas. (Silence)
Et, veux-tu que je te dise, c’est moi qui ai eu raison. Je ne me suis pas trompé de route, c’est la route qui a mal tourné. Elle aurait dû aller dans l’autre sens.
(Hurlant) Jonas, Jonaaas ! À l’envers, tout est à l’envers. Mais on ne m’aura pas comme ça ! Je repars. Et, cette fois je t’emmène. Chance ou pas chance. C’est trop dur d’être seul.
(Il sort son couteau) Prêt, Jonas ? (S'ouvrant le ventre) Nous parviendrons quand même à la lumière !

(fin de "Jonas", p. 51)
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Si je suis en pleine mer?
Un jour, deux jours, un an, je nagerai sur le ventre. Quand je n’en pourrai plus, je me mettrai sur le dos. Ensuite, sur le côté. Puis sur un doigt, un fil de cheveu, un filet d’ âme, un filet de souffle, un reste de soupir... Quoi qu’il advienne, je m’en sortirai.

(extrait de "Jonas", p. 44)
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