Car, pour ainsi dire, avec un orgueil illimité, c'était le monde entier, oui, avec ses mers et ses continents, l'océan Atlantique, le Pacifique, la Méditerranée et la mer Rouge, l'Arabie Saoudite, le Pacifique, le Koweit, la Chine, les plaines d'Ukraine, la Volga, le Brahmapoutre, l'Ouzbékistan, les Abruzzes, l'Azerbaïdjan, la Cordillère des Andes, Paris, New York, Addis-Abeba, la France, l'Espagne, Andorre (l'Europe entière !) et le Siam bien sûr ! qu'il eût voulu faire tourner autour de sa verge brandie dans le cosmos, comme une mappe-monde autour de son axe d'acier, car c'était ça l'amour pour lui, au Yack, cet impérialiste et illimité besoin de soumettre l'Univers sous sa rondouillette petite bedaine, comme un Tartare, un Hun, sous le ventre sauvage et suant de sa fougueuse monture, car c'était un tyran Yack, un sanguinaire tyran, un Genghis Khan déployant aux quatre points cardinaux les ailes gigantesques de ses farouches armées.
Ot était réginalement contente de moi. Le triomphant et magistral sourire qui illumina son visage le prouvait assez. Penchant sa tête de côté, comme pour mieux me regarder, à la façon d'un pigeon ou d'un perroquet, elle m'offrait de loin, ainsi qu'une friandise, la fascinante sucrerie de ses lèvres fraîches et épaisses si souvent et si longtemps soustraites à mes désirs (alors qu'elle les vendait au premier venu) et dont je sentais bien que, ce soir, j'avais (oui!) mérité à ses yeux de les croquer. Il est inutile ici, au risque de tomber dans les poncifs des détails scabreux propres à la littérature pornographique, de dresser un rapport précis de ce qui advint.
Intervention de Morgan Sportès pour son roman "Les djihadistes aussi ont des peines de coeur" lors de la présentation de la rentrée littéraire 2021 à la Maison de la poésie.