L'une, Joséphine, est étrangère partout où elle vit. Ni Paris, le pays de son père, ni Bucarest, le pays de sa mère, ne la reconnaissent vraiment. Sa chance ? Son regard, son talent de photographe immédiatement reconnu au point de faire d'elle, l'adolescente espiègle, une vedette. L'autre, Nadia, une jeune adolescente roumaine, est surtout étrangère à elle-même. Son atout à elle, la danse. Lorsque les deux « étrangères », se rencontrent, c'est le coup de foudre immédiat, elles ne pourront plus se passer l'une de l'autre, même lorsqu'elles mettront des pays entiers entre elles. « LES ETRANGERES » donnent le récit de de cet amour brûlant, de cette passion qui aime et qui hait avec autant de force, de cette fragilité intrinsèque au talent artistique qui fait que l'acte de création n'existe que dans une situation d'extrême urgence. le lecteur partage tous les élans, les enthousiasmes et les peurs, les succès et les détresses. En fond de tableau, 1989, l'exécution des Ceausescu, quelques semaines après la chute du Mur de Berlin, la fin de l'empire communiste, une ère nouvelle pour la Roumanie, les Pays de l'Est, l'Europe entière. Au coeur de cette mutation, de « LES ETRANGERES » est à la fois un roman d'amour et un roman historique, une fiction palpitante et un documentaire éclairant. L'architecture de la narration est subtile, exigeante. Entre Paris, Bucarest et le refuge de Kalior où Nadia part à la recherche d'elle-même. L'écriture précise, sans artifices, directe, n'obéit qu'à une seule règle du jeu : « Cesse de croire qu'il y a à prouver ou à montrer ou à raconter quelque chose. Il n'y a rien. Il n'y a que ce que nous sommes. Il n'y a qu'à être ». Au sortir du livre, il n'y a plus qu'à y aller, vers soi !
« Là-bas, à Kalior, « on existe, tout simplement ». Et si « LES ETRANGERES », c'était aussi une philosophie de la vie ?
LES ETRANGERES a fait partie de la première sélection des livres nominés pour le PRIX LITTERAIRE 2017 DES MEDIATHEQUES DE L'AGGLOMERATION DE MANOSQUE "UNE TERRE, UN AILLEURS"
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Là où Joséphine a besoin du filtre d'un appareil photo pour rester au bord du monde, en le fixant dans un instant immobile, Nadia, la danseuse, le pénètre de son corps en mouvements, en élans. Entre stagnation et déplacement, entre Roumanie et France, entre avant et après la chute du communisme, Joséphine et Nadia s'aiment, se brûlent, se cherchent et demeurent peut-être intimement étrangères. Un temps fusionnées dans la création artistique, elles se disjoignent sans se détacher. Art rebelle, art soumis, art docile, art cannibale... les personnages se frottent à chaque facette du pouvoir et de l'impuissance de l'Art. le rythme de l'écriture épouse les trajectoires de ces corps en exil et entrelace les rêves inaboutis à ceux dont l'accomplissement laisse le goût amer de l'insatisfaction.
Un roman envoûtant qui trace d'impalpables arabesques entre réel et imaginaire, entre ici et ailleurs, entre les unes et les autres...
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Quelque peu déçue par ce roman du fait du développement décousu de l'histoire. Certains passages sont développés mais n'apportent rien à l'histoire, d'autres manquent de profondeur.
Au regard du résumé, je pensais que cette relation avec Nadia aurait été racontée avec plus de sentiments, mais sonne creuse.
Seules les dernières pages vous plongent dans le récit, mais arrive la fin du roman, dommage.
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" Il n'y a pas d'oreilles dans les murs, mais il y a de la matière, elle veut tout toucher, tout sentir, puis quand elle a fini les cloisons verticales elle lève les yeux et remarque le plafond. (...) Elle regarde alors le sol, elle se déchausse et parcourt la maison entière pieds nus, même si les carreaux en marbre noir et blanc sont froids et le carrelage de la cuisine aussi, ses pieds avancent partout comme des phoques sur la banquise."
Des milliers de petites gouttes froides viennent se suicider contre les fenêtres. (p.183)
Elle aussi elle va se promener,bien entendu,avec moi,puisque nous sommes liées.Je suis à Paris,nous sommes à Paris,ou à Bucarest,nous sommes à Bucarest aussi,nous sommes à plusieurs endroits toujours ensemble.
Une lecture du premier chapitre de "Celui qui comptait être heureux longtemps"
Pour une lecture qui donne envie d'aller plus loin, d'en savoir plus