Pennsylvanie, années 70. Rabbit, la quarantaine, est riche. A vrai dire, il fait partie de la classe moyenne : il dirige une franchise Toyota, heureux héritage de son beau-père. Mais le chemin parcouru a été long, Rabbit a bien galéré.
Une histoire de famille et une peinture sociale, entre réalisme et satire matinée d'une touche de mélancolie. Un des fils rouge est la relation compliquée avec son fils. Rabbit sent son autorité de père de famille contestée.
Au beau milieu du roman, une scène saisissante, qui associe l'or et le sexe : Rabbit a investi une partie de ses économies dans l'or : ayant acheté de pièces de monnaie pour trois mille dollars, il en pare sa capricieuse épouse le temps d'une mémorable partie de jambes en l'air. Cette scène marque le second leitmotiv : l'argent et le sexe.
Justement : j'ai bien aimé la première moitié ; mais sur la seconde moitié, l'overdose de sexe m'a désenchantée. Est-ce que c'était la mode dans les années 70-80 ? Et hop, je retire une étoile, même deux. Dire qu'il a eu le Pulitzer en 1982. Pffff !
Rabbit est le descendant direct de Babbitt, le personnage emblématique du roman de Sinclair Lewis. Babbitt, monsieur tout-le-monde du Middle-West, tandis que Rabbit vit en Pennsylvanie, pays de
John Updike. Lorsque j'ai lu Babbit, il y a quelques années, j'avais noté une phrase de la préface : « Quand on appelle le bonheur, c'est le confort qui répond ». Cela colle également au présent texte. Oui, le confort, mais aussi la respectabilité et sans doute la sérénité qui accompagne la fortune ; le sentiment d'être arrivé.
Rabbit est riche est le second roman d'une tétralogie. La traduction n'est pas à la hauteur, ce que je déplore très souvent au sujet des oeuvres anglophones. A quand une nouvelle traduction ?