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3,2

sur 790 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alice Zeniter nous convie à un voyage bicéphale : dans le monde des hackers avec L. et sur le territoire d'un assistant au service d'un député socialiste. Ces deux planètes si éloignées l'une de l'autre finiront par se rencontrer en apportant de l'eau au moulin de la théorie des cinq poignée de main, modifiant ainsi l'orbite de leur trajectoire avec plus ou moins d'angle.


L. est une solitaire, naviguant entre le domaine du dedans (les méandres du web) et du dehors, qui, hormis la présence temporaire mais réconfortante d'Elias, activiste sur le darkweb, représente un univers hostile qui incite à la paranoïa. Mais même les paranos ont des ennemis et la menace rode autour de la jeune femme.

Quant à Antoine, son rôle de subalterne après de son député de patron, lui confère un statut de grenade, et même de grenade dégoupillée, étant donné la popularité décroissante du parti politique qu'il a investi. Alors que les émeutes des « Gilets » gagnent en violence ce qu'elles perdent en popularité, Antoine voit sa carrière, construite malgré ses origines modestes, prendre une tournure déclinante, alors que ses rêves d'écriture s'enlisent dans une impasse créative.

Brillante démonstration d'une collecte de documentation bien retranscrite sur le plan littéraire, qui permet, sinon de comprendre au moins de s'immiscer dans le milieu des aficionados du codage, avec suffisamment de pédagogie pour au moins en expliquer sans effet copié-collé le lexique interne.

Un bémol sur le fil rouge qui s'articule autour des délires (ou pas) de persécution de L. . le récit prend des allures de thriller sans qu'il y ait vraiment de lumière sur ce qu'elle a ressenti comme un danger. Un polar sans conclusion…

Cela reste cependant une lecture prenante, et l'on suit avec plaisir et addiction les aventures du couple improbable.
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C'es un exercice assez casse-gueule d'écrire un roman ultra-contemporain en prise directe avec l'actualité, ce n'est pas pour rien que le grand Philip Roth disait avoir besoin d'un laps de temps de vingt ans avant d'écrire sur une époque.
J'étais donc curieuse de voir comment s'en sortait Alice Zeniter, que j'avais découverte et beaucoup appréciée dans L'art de perdre.
Sur la peinture de l'air du temps, rien à redire. D'une manière ou d'une autre, chacun trouvera des échos dans le désenchantement de l'un, la perte de repères de l'autre, la frustration de tous devant un monde qui s'est emballé et sur lequel plus personne n'a de prise et qui donne envie de reprendre la maîtrise de sa vie en lui donnant du sens.
Sur le récit lui-même, c'est un peu moins bien réussi. Même si les deux personnages sont convaincants, tant L. aux allures de Lisbeth Salander qu'Antoine le provincial "monté" à Paris et de plus en plus perdu dans son triangle fierté/colère/déférence, le roman manque de souffle et on n'échappe pas aux figures attendues du député professionnel d'une gauche moribonde ni à celle du militant investi dans sa ZAC bretonne.
Toujours est-il que le regard de l'auteur est juste, le propos souvent d'une grande pertinence et que la mélancolie de l'époque est bien là, balançant entre envies contradictoires de sortir de l'empire et de s'y faire sa place, ou encore de se refermer sur son propre empire quand tout s'écroule.
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Le roman d'Alice Zeniter nous plonge dans notre monde actuel.  Totalement contemporain.
Totalement d'aujourd'hui.  C'est un pari ardu que d'écrire sur la réalité de son époque sans recul possible.
C'est ce qu'a fait Alice Zeniter avec son roman Comme un empire dans un empire.
Deux personnages principaux comme le pile ou face d'une pièce.
Il y a l'. Elle est hackeuse.
Il y a Antoine, assistant parlementaire d'un député socialiste.
Deux façons diamétralement opposées de mener un engagement politique et social.
Comment être dans l'action, et saisir le réel de son époque  ?
Le fait de prendre part à  la société induit il un engagement dans des lieux de pouvoir ou peut il être un engagement auprès de communautés ou dans les arcanes du Web.
Ces deux personnages, issus de la classe moyenne et de la méritocratie , veulent être de ceux qui peuvent quelque chose. Antoine le fera par la politique . l'le fera par l'intérieur du Web..
A partir de là Alice Zeniter va nous raconter l' histoire de ces 2 personnages,  de leur rencontre,  d'une éventuelle rencontre amoureuse.
Mais cette histoire n'est pas le sujet du roman
Le sujet du roman est l'actualité,  les mouvements sociaux ( Nuit debout - #me too ou encore les gilets jaunes) le dedans et le dehors d'Internet.
Alice Zeniter ne prend pas position et nous livre ces personnages à distance.
A nous de nous faire notre opinion.
Cela peut manquer de chaleur et de tendresse envers l'et Antoine.
Ne sont ils pas des rouages pour nous dire notre engagement dans notre monde actuel.
Oui nous vivons dans un empire connecté,  médiatique, ultra rapide  . Mais dans cet empire ne pouvons nous pas créer notre propre empire, avoir notre propre engagement ?
Les règles changent, le monde politique peut sembler obsolète et désolant. Cela empêche t il de trouver d'autres modes d'action ou de revisiter l'engagement politique  ?
On peut être militant du dehors ou du dedans.
Alice Zeniter connaît bien cette génération militante  . Elle en fait partie.
Tout est décrit avec finesse ,exactitude au prix d'une belle documentation.
Alice Zeniter nous incite à aller voir le monde d'un peu plus près.
Et ça vaut le coup.




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Très intéressante et érudite lecture, emplie de modernité et d'humanisme.

Deux histoires de vie contemporaines qui vont s'enchevêtrer.
Une rencontre entre Antoine, assistant parlementaire et L., hackeuse, à un moment où les doutes et les angoisses se sont immiscés dans leur vie. Ils sont tous deux insatisfaits du système et se battent pour leurs idéaux. Antoine dans la "viandosphère" (le monde réel selon L.) et L. "au-dedans" (le monde virtuel). D'autres personnages portés par leur engagement gravitent autour d'Antoine et L. : il y a Xavier, propriétaire d'un terrain communautaire alternatif ouvert à tout le monde, Salma, aux commandes d'une association féministe Grenade(s), Élias, très engagé dans le "dedans" à l'origine de cyberattaques.

Je retiens une lecture réaliste et très dense, quelque peu hachée cependant par de denses descriptions techniques sur le hacking et parsemée de nombreuses réflexions politiques.

« C'était ce qu'avait écrit Simmel dès 1907, est-ce qu'il avait lu Simmel ? le système des aides sociales, c'était le moyen de faire taire les classes laborieuses qui prenaient par ailleurs de plein fouet les ravages du capitalisme mondialisé. »

J'ai aimé l'analyse psychologique poussée des protagonistes, la description de leur engagement et de leur force, j'ai aimé le regard et les réflexions de l'autrice sur l'actualité récente (Gilets jaunes, Marches pour le climat...), j'ai beaucoup appris sur le hacking, sur le dynamique et protestataire mouvement Anonymous, défenseur de la liberté d'expression, des Robins des bois du darknet.

« Ils avaient développé un langage commun, fait de blagues et de références qui n'étaient qu'à eux, et ils avaient donné un nom à ça, à l'ensemble des images, des blagues, des références et des phonèmes, ils avaient appelé ça le lulz. l'se sentait à sa place parmi eux. »
Un beau portrait d'une jeunesse militante en plein questionnement face à un système qui s'essouffle.

« Internet, tu dois y penser comme à une ville qui se gentrifie. Nous, on était les premiers habitants, ceux qui pouvaient et savaient se déplacer à l'intérieur. Ensuite les riches sont arrivés et ils ont voulu que les quartiers soient sûrs. Alors les uniformes sont arrivés aussi. Pour pouvoir continuer à exister, on a occupé les égouts, les terrains vagues, les ruines. Ce n'est pas par choix, c'est parce qu'on est traqués. À partir du moment où il y a eu des cyberagents, ce qu'on faisait est devenu une cybercriminalité, alors qu'avant, c'était simplement une manière d'habiter Internet et tout le monde s'en foutait. Ils ont fait le ménage à coups de procès, à coups d'amendes mais pourquoi est-ce qu'Internet obéirait aux lois de tel ou tel pays ? Internet, c'est pas un pays, c'est rien de terrestre. C'est un monde totalement différent. »
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J'avais beaucoup aimé " L'art de perdre " mais là je suis déçue. Les personnages manquent de force, on a du mal à s'attacher à eux. Antoine est un peu mollasson et il est assistant parlementaire d'un député PS, un parti qui en ce moment ne représente pas franchement la pointe de l'innovation au niveau des idées, donc mauvaise pioche.
L. a beaucoup plus de choses à nous apprendre. Elle navigue dans un monde parallèle, celui des hackers. Elle a connu les débuts et la fin des Anonymous et à ses heures perdues, elle aide les femmes qui craignent d'être pistées par leur compagnon violent. Personnage intéressant. Pour lequel néanmoins on peine à ressentir de l'empathie. En effet Alice Zeniter installe une distance entre le lecteur et les personnages auxquels on n'arrive pas à s'attacher.
Comme un empire dans un empire est un roman bien écrit mais son message politique est confus et il manque ce petit quelque chose qui en aurait fait un véritable coup de coeur.
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J'ai beaucoup admiré le talent d'Alice Zeniter en lisant cet roman très ambitieux qui embrasse à la fois la politique à travers le personnage d'Antoine attaché parlementaire au service d'un député de gauche un peu perdu (ah bon ?), le monde des hackers informatiques à travers le personnage captivant de l'(ce n'est pas une erreur elle est nommée ainsi dans le livre). L'histoire entre les deux personnages est intéressante, le livre est aussi pertinent sur le terrain des idées que sur celui de l'intrigue proprement dite. C'est très intelligent, le style est vraiment remarquable (à un moment devant l'habileté de Zeniter à mêler grande histoire et destins particuliers, amour et grandes idées j'ai pensé à Kundera - toutes choses égales par ailleurs !).
Toutefois si j'ai comme je le souligne à nouveau admiré le talent de l'écrivaine, son talent pour parler de notre époque et ses problématiques (féminisme, mondes numériques, désenchantement politique etc), je suis resté toutefois un peu distant. Reste que je me suis dit, mais ce n'est pas bien original, qu'Alice Zeniter est décidément (j'avais beaucoup aimé l'Art de perdre), l'une de nos meilleurs autrices.
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Je découvre Alice Zeniter avec ce roman engagé et bien ancré dans notre société contemporaine. L'écrivaine nous invite à suivre Antoine et L. Antoine est assistant parlementaire, il s'interroge de plus en plus sur son action. Issu d'un milieu modeste, il a parfois un peu l'impression de ne pas être à sa place. Engagé et fréquentant des acteurs du monde associatif, il aimerait parfois faire bouger les choses de l'intérieur mais il semble de plus en plus résigné. Son projet ? Ecrire un livre sur la guerre d'Espagne mais il est en panne d'inspiration... Il va rencontrer L. au hasard d'une soirée.

L. est une hackeuse, personnage très introverti, elle se sent bien mieux dans "le monde du dedans", comprendre par là dans le monde d'internet. Engagée également, elle participe à des actions militantes mais commence à sombrer petit à petit dans la paranoïa lorsque son petit ami du moment est arrêté et se retrouve en prison.

La rencontre tarde un peu à arriver puisque l'écrivaine consacre de nombreuses pages à présenter de manière très détaillée les deux personnages. Finalement, la rencontre tant attendue de ces deux personnages très différents survient et, à partir de ce moment, je suis un peu resté sur ma faim. La relation entre les deux protagonistes est assez étrange et méritait sans doute d'être un peu plus détaillée. Pour autant, on va dire que cette distance donne un côté assez mystérieux et un peu décalé, l'ensemble débouchant sur un style plutôt atypique et intéressant. On voit toutefois rapidement l'accent mis par l'écrivaine sur l'importance de l'amitié, de l'amour, du soutien affectif dans une société toujours plus individualiste.

Au-delà de la relation entre les deux personnages principaux, c'est un roman dense et à l'écriture vive. L'écrivaine donne énormément d'informations au lecteur sur la psychologie des deux personnages principaux mais elle n'est aussi pas avare en anecdotes sur des sujets divers et variés, parfois techniques notamment lors des passages sur la face cachée d'internet mais aussi sociétales ou encore historiques. Cela donne un roman foisonnant et il faut bien avouer que l'on s'y perd un peu parfois. Les nombreuses digressions, bien qu'intéressantes, peuvent parfois éloigner le lecteur de la trame principale. Pour autant, on retrouve de nombreux éléments de réflexion très intéressants ce qui en fait une lecture plutôt riche.

C'est donc un roman un peu particulier au final. Il m'a sans doute manqué un peu plus de romanesque, d'évasion pour vraiment m'embarquer, mais on voit bien que ce n'est pas du tout l'objectif de l'écrivaine pour ce roman. On est plus ici dans l'exposition d'une certaine vision de notre société, une réflexion sur l'engagement en faveur de certaines causes...

Au final, "Comme un empire dans un empire" est un roman social, engagé qui aurait sans doute gagné à être purgé de quelques digressions afin d'être plus concis, plus direct. Pour autant, c'est un roman qui reste très agréable à lire de par l'écriture soignée, moderne et dynamique de l'écrivaine. Ce roman de la rentrée littéraire 2020 mérite bien que l'on s'y attarde un peu compte-tenu des éléments de réflexion intéressants qu'il apporte sur notre société, sur l'engagement et sur les rapports humains.
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Destins croisés.

Une femme, la trentaine, L., hackeuse activiste ne vit que pour le "dedans", le monde du "dark web". Elle participe à démanteler la fachosphère, la cybercriminalité. Elle fait quelques réparations d'ordinateurs afin d'assurer son quotidien, le plus souvent chez des femmes rabaissées, trompées, battues, harcelées par leur "homme". Lorsque son compagnon Elias est arrêté, L., se sent persécutée, prend peur et détruit tout : ordinateurs, disques durs, … "ils" ne doivent rien trouver. Cette peur va prendre presque toute la place dans sa vie, dans son corps.

Un homme, la trentaine, Antoine, assistant parlementaire, est prisonnier de ses engagements politiques. Il voudrait écrire un livre sur la guerre d'Espagne. Il vit dans le "dehors". Il remarque que les politiques ne se rendent pas compte de la situation des citoyens lambda. Ses idéaux de gauche sont mis à rude épreuve notamment lors des manifestations des "gilets jaunes".

Deux personnages qui rêvent d'un monde meilleur, mais se sentent de plus en plus impuissants face à la société actuelle complexe dans laquelle on retrouve : l'internet, les ressources d'une planète qui s'épuisent, la croissance économique , etc ; le plus souvent le fait des plus riches au détriment des plus pauvres.

Antoine et L. vont se rencontrer et vont apprendre des combats et des interrogations de l'un et de l'autre mais aussi de leurs convictions, leurs motifs de leurs engagements. Ils se sentent attirés.

La peur de persécution de L. devient tellement forte, qu'Antoine la mène chez son ami d'enfance, Xavier, qui a monté une communauté en pleine campagne , sur le modèle d'une ZAD : un lieu où règne la bienveillance et la solidarité. L. y débarque toute liquéfiée et là, parmi des idéalistes, des artistes du cirque, elle va parvenir à se reconstruire, petit à petit en commençant par faire des choses simples.

L'auteure nous fait découvrir la complexité de notre société actuelle au travers de moult sujets. Son style est fait de phrases précises, ciselées, sans grandes descriptions. Toute une palette d'émotions émaille ce roman.

La leçon que l'on peut en retirer est que malgré toute la noirceur de la société , il y aura toujours des gens qui combattront pour un monde meilleur. Et quelque part, cela nous rassure.

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Deux personnages principaux se partagent le texte : L, son prénom réduit à une lettre, est une hackeuse bien connue du milieu où elle agit, notamment en venant en aide aux femmes harcelées par un conjoint violent. Antoine, lui, est assistant parlementaire d'un député socialiste. Il s'est lancé dans les études, puis en politique, pour échapper à un milieu d'origine assez modeste, dont il ne parle pas. On se doute que leurs chemins vont finir par se croiser.
Sur le thème des classe sociales et du militantisme, ce roman ne se montre jamais inintéressant, même si ni l'univers des hackers ni celui des assistants parlementaires ne me passionne de prime abord. L'écriture d'Alice Zeniter permet de laisser le lecteur toujours en attente, jamais en rade. Elle a le sens de l'observation, du détail exact, qui donne à chaque scène un air de vécu, et jamais elle ne donne l'impression de déployer une thèse. Encore une fois, cette autrice m'a surprise et épatée !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Le monde du dedans et le monde du dehors: Zeniter invite le lecteur à pénétrer les arcanes du dark web et ceux de l'Assemblée nationale. Autrement dit, deux salles , deux ambiances.
Les chapitres consacrés au web avaient tout pour me rebuter notamment du fait de nombreuses références techniques et donc ennuyeuses. Mais l''écriture de Zeniter permet de se laisser couler dans ce monde du dedans, obscur et dangereux. Mais finalement l'est-il plus que celui du politique partisan? L'ambition, le pouvoir sont des enjeux tout aussi féroce que ceux poursuivis par les Anonymous; chacun se défendant de servir un intérêt général. Eternelle question de la fin peut-elle justifier les moyens?
Ce roman est surprenant par les thèmes abordés: réseaux sociaux et droit à l'oubli, élaboration législative et gilets jaunes, folie douce et vie communautaire...etc
La discrimination est intelligemment abordée, notamment la discrimination discrète, sans nom, mais toute aussi sournoise: la discrimination sociale.
J'ai passé un bon moment, quelque fois un peu lassée par l'histoire de L. (absurde ce prénom qui n'en est pas un) , mais l'écriture de Zeniter emporte mon adhésion.


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