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3.91/5 (sur 188 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 14/02/1966
Biographie :

Marc Graciano est né le 14 février 1966.
Il vit au pied des montagnes aux confins de l’Ain et du Jura.

Liberté dans la montagne est son premier livre.

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Quand il ne travaille pas à Genève comme infirmier psychiatrique, il voyage dans les montagnes du Jura.

Il a publié six livres aux éditions Corti.
Liberté dans la montagne (2013)
Une forêt profonde et bleue (2015)
Au pays de la fille électrique (2016)
Enfant-pluie (2017)
Le sacret (2018)
Embrasse l’ours (2019)
Le Soufi [ 2020 ] est le fragment d’un plus grand projet en cours que l’auteur nomme Le grand poème.


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Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain FleischerClaude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains. L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde. « Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.

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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Mais le moment que je préfère reste celui des matins d'automne, quand le soleil à peine levé, mais déjà triomphant, tandis que brille encore l'étoile journale, celle mêmement nommée Vénus, de laquelle il semble qu'elle ait premièrement faonné l'imparfaite lumière de l'aube, transmute la plate lumière albine qui, je te le confesse, par son blême, me fait toujours entrer en désespérance, et roussit la déjà fauve forêt aux alentours, tant splendidement par endroits que l'on croirait qu'un encendement y a été initié, d'autant que l'astre radieux n'a encore pu dissiper l'épaisse brume qui s'est couchée sur elle pendant la nuit, et qu'il en demeure de rares bandes stables, qui semblent de la fumée, et quand, avant de pénétrer dans la chapelle par la porte arrière, celle qui donne sur le cimetière qui jouxte, je me recueille devant les tombes de mes prédécesseurs, ainsi que je le fais presque chaque jour, sans doute pour combattre cet intolérable sentiment de solitude qui m'assaille au débutement du jour, et qui m'est chaque fois comme une pénitence, et quand, sans même lever la tête durant ma contemplation, j'entends une troupe de geais crier l'alarme, alors, je le sais, que personne ne vient jamais à cette heure, comme si les oiseaux braillards voulaient me prévenir d'une présence invisible, et quand je me dis qu'il s'agit bien certainement de celle de Johanne, de qui j'éprouve alors la complète impression, non même comme si elle était en moi, mais comme si elle revenait vraiment près de moi, qu'elle était près de moi, toute proche de moi, quand je sens qu'elle est pour toujours ma prochaine, ce qui, chaque fois, me donne envie de pleurer tendrement.
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Dès le printemps, Johannette venait encore plus souvent que de coutume à l'ermitage, et c'était, quelque jour avant Pâques, quand les mésanges crient à tue-tête, ivre de bonheur, de soleil et d'air tiède, et que l'Infini leur monte à la tête, et que l'alouette, sans perdre haleine, sans s'époumoner et cesser d'émettre son babil, monte le plus haut possible dans le ciel, son cœur minuscule, bien accroché dans sa petite poitrine, battant à peine plus fort, à peine inquiet de monter tant haut, mais c'est, il est vrai, vers frère soleil, quand les bourgeons ne se sont pas encore déployés, et quand le paysage semble avoir été teint d'un très léger vert par un peintre négligent, ou plutôt de complexion timide et discrète, et que l'azur est très clair, et que seules les aubépines sont en fleur, sans que celles-ci aient véritablement et largement éclos, les arbres comme peinturés en céruse, et que Johannette s'arrêtait devant l'une d'elles, transportée par le mélodieux chant d'une fauvette qui la hantait, celle à tête noire (...)
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(...) Johanette finissant le voyage à quatre pattes, par dépit, mais mêmement à cause que cela facilitait sa progression, même qu'elle en aurait fait une habitude, et même encore, prenant cette allure sur tout le chemin depuis Domrémy, prétendant être un chien ou un loup, et poussant parfois des cahulements, ce que lui aurait laissé longanimement faire sa mère, quoiqu'elle en fût profondément agacée, mais sans le montrer, sachant qu'il ne fallait rien dire et faire, et qu'avec le temps cela passerait, une fantaisie d'enfant, exactement la même contenance qu'elle eut quand sa fille fit brusquement savoir à ses affins, bien que ce fût longuement pourpensé, sous l'aiguillon de ses voix, qu'elle avait le projet de rejoindre le Dauphin pour l'aider à faire lever le siège d'Orléans, et le faire sacrer à Reims, et finalement chasser les Anglais hors du bon Royaume de France, et le libérer de leur infecte présence, à la différence de Jacques, son père, qui préconisa rustiquement de la noyer dans la Meuse si un jour prochain elle s'avisait d'aller à l'estrade avec des soldats, même, dans sa froide colère, qu'il avait indiqué l'endroit où il faudrait le faire, c'était près du pont, derrière la première arche, où le courant qui reflue a fouillé le lit de la rivière, et où existe un bouillon, qui est depuis toujours réputé périlleux, surtout qu'on ne peut prévoir sa profondeur, à cause que sa surface est couverte de longues algues, enracinées un peu en amont du trou, et ondoyantes comme l'immense chevelure d'une morte, et, au printemps, porteuses de nombreuses fleurs blanches, tant que l'on croirait qu'une lavandière a délaissé en cette place un drap flori, après l'avoir fixé à un piquet, pour qu'il se rince tout seul dans le courant (...)
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Mais le vieux n'était point si vieux en vérité.
Le vieux était simplement rendu à l'âge où un homme ne se raconte plus d'histoires.Il était rendu à l'âge où un homme ne craint plus ni les échecs ni les succès. Le vieux était désaffecté et doux.(...)
Le vieux était un vétéran.
Un sage.
Un fou.


( p.15)
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Ce fut en cet arroi que nous rejoignîmes au plus vite les bois noirs sur les collines au dessus de Vaucouleurs, et c'était l'heure où les canards quittent les roselières en queue d'étang pour évoluer dans un ciel sombre, et où le vol des oiseaux sauvagins palpite à la lisière des forêts, et où la terre froide faonne des bandes de brume qui se meuvent comme si elles étaient vivantes, (...)
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Le géant demanda au vieux par qui la garde de la petite lui avait été confiée et le vieux répondit qu' il aurait aisément pu lui répondre que c'était la grand-mère de la petite qui le lui avait demandé car, raconta le vieux , la mère était morte à la parturition et que c'était la grand-mère qui avait été la nourrice de la petite et que, une fois malade et mourante elle-même, c'était à lui, le vieux, que la grand-mère avait décidé de confier la petite et, durant le temps que le vieux parla, le géant observa que la petite écoutait avec de grands yeux fascinés car sans doute, pensa le géant, que c'était la première fois qu'elle entendait conter sa propre histoire. L'histoire de sa venue dans le monde.Que pour la première fois elle entendait le récit de sa propre genèse mais, pour finir, le vieux dit que le devoir de s'occuper de la petite était un devoir qui, en vérité, lui incombait de toute éternité.

( p.164)
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La petite regardait tous ces objets comme des trésors et ses yeux brillaient d'excitation et le vieux s'amusa d'y lire la fierté satisfaite du propriétaire mais c'étaient pourtant de maigres biens en vérité. C'étaient les maigres biens de deux vagabonds.De simples ustensiles pour bivouaquer et pour survivre.De pauvres outils pour errer et cheminer mais ces pauvres biens semblaient toute leur richesse à la petite et elle pensait que tant qu'ils les posséderaient rien de néfaste ne pourrait leur advenir et elle éprouvait, chaque fois que le vieux en faisait l'inventaire un puissant sentiment de sécurité.
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Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui. À cette fin, le vieux veillait à libérer la petite de tout faix. Le vieux veillait aussi à toujours régler son pas sur celui de la petite. Le vieux marchait doucement et quand la petite découvrait une chose inconnue et qu’elle s’arrêtait pour l’observer et qu’elle s’accroupissait sur les talons et qu’en se grattant impudiquement les fesses elle questionnait le vieux, le vieux s’arrêtait aussi. Le vieux interrompait leur voyage et, chaque fois qu’il le pouvait, il nommait à la petite ce qu’elle voyait. Chaque fois qu’il le pouvait, le vieux enseignait la petite sur les êtres et sur les choses qu’ils rencontraient. Le vieux nommait à la petite toutes les choses qu’elle découvrait et, quand il le connaissait, il lui en décrivait l’usage. Souventefois aussi, la petite demandait au vieux l’origine des choses et le vieux faisait toujours l’effort de lui répondre le plus sérieusement et le plus complètement possible mais, quand il ignorait la réponse, le vieux l’avouait à la petite.
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La petite portait une robe chasuble de lin gris et elle portait des chausses de lin gris et elle portait des bottes de chanvre à lacets et elle avait, pour les temps froids, un gilet en peau de mouton que, lorsqu’elle ne l’utilisait pas, le vieux portait pour elle roulé en sautoir sur sa propre taille à l’aide de la longue cordelette de cuir qui était cousue au gilet en office de ceinture. La petite avait des cheveux très blonds, presque blancs à force de blondeur, qu’elle portait libres ou bien attachés par le vieux avec un lacet de cuir en une couette unique à l’arrière du crâne. Elle avait le nez retroussé avec beaucoup de taches de rousseur et elle avait les oreilles petites et décollées. Elle avait la peau très mate et elle avait des yeux gris et elle portait, autour de son frêle cou longiligne, un collier de coquillages marins dont les surfaces extérieures étaient parfaitement lisses ou bien naturellement sculptées de fines cannelures qui apparaissaient en relief mais dont la nacre des revêtements intérieurs était toujours brillante et grise.
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Il lui dit qu’ils possédaient le ciel et il lui dit qu’ils possédaient la forêt et il lui dit qu’ils possédaient les poissons dedans la rivière et aussi les animaux de la forêt. Il lui dit qu’ils possédaient les plantes et il lui redit qu’ils possédaient le ciel et aussi les oiseaux dedans le ciel
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