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EAN : 9782268109404
224 pages
Les Editions du Rocher (06/09/2023)
4/5   5 notes
Résumé :
Règlements de comptes entre bandes rivales, émeutes urbaines, attaques de commissariats au mortier, actes de terrorisme, crimes sordides, agressions à l'arme blanche... La France est frappée en plein coeur par un ensauvagement sans précédent.« Le problème de la police, c'est la justice ! », scandent les forces de l'ordre, exaspérées de courir après les mêmes récidivistes. Confronté à une double fracture identitaire et sécuritaire, notre pays vit aujourd'hui sous la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ancien juge et ancien député (UMP) Georges Fenech livre sa vision de la justice.

Evidemment, ce livre horripilera ceux qui parlent de fantasme sécuritaire et/ou pensent que la délinquance est plus le fruit d'une injustice sociale que le fait de comportements individuels.

La conviction de l'auteur est qu'il est absolument nécessaire d'instaurer une vraie réponse pénale, même légère (mais avec une contrainte réelle), plutôt que de laisser la délinquance impunie, si l'on veut réduire l'insécurité. Sur ces questions, Georges Fenech livre sa conviction, bien établie. le lecteur qui tente de se faire sa propre opinion aura son doute besoin de lire ailleurs quelques arguments contradictoires.

L'auteur est aussi très dur envers le Syndicat de la Magistrature qui, même s'il a toujours été minoritaire, a réussi à s'imposer dans tous les rouages du pouvoir judiciaire. Sur ce point, il n'a pas de mal à être assez convainquant : il lui suffit de citer les propos ou écrits de ses adhérents qui assument de placer leur propre idéologie au dessus de tout pouvoir politique, et se placent même au dessus des lois de la république, votées par des parlements démocratiquement élus, puisqu'ils estiment juste d'y résister si leur conscience politique le leur dicte.
Ce positionnement, de ceux qui firent l'actualité avec leur Mur des cons, semble constituer un double danger pour la démocratie : le premier parce qu'il nie la volonté du peuple souverain; le second, parce qu'en faisant cela, ils favorisent toutes les exaspérations populaires.

Je ferme se livre en me disant que si l'indépendance de la justice est une condition de la démocratie, cette indépendance ne se limite pas à la séparation d'avec le politique, mais qu'elle doit aussi se traduire par une indépendance vis à vis de toute idéologie, pour rester au service de la souveraineté populaire, exprimée par les lois de la république.
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Georges Fenech fut magistrat puis député. Il nous livre un constat des politiques judiciaires depuis les années 80 : peu importe le parti au pouvoir puisque ce sont les juges qui décident de rendre ce qu'ils considèrent être la justice au lieu d'appliquer les lois . Contrairement à « La France Orange mécanique » de Laurent Obertone qui se concentrait sur les jugements d'affaires judiciaires, l'auteur se concentre ici sur les choix de nos juges pour éviter au maximum la sanction.

Par l'analyse du système judiciaire d'autres pays il nous montre comment la France reste archaïque, par exemple avec notre statut de juge d'instruction datant de Napoléon au lieu de passer au statut de juge de l'instruction afin de garantir l'enquête à charge et décharge. de même le système néerlandais montre dans les faits son efficacité sur les mineurs délinquants (au minimum une semaine de prison dès la première infraction) tandis que nos juges distribuent des énièmes rappels à la loi et sursis. Enfin, lorsqu'une peine de prison est finalement prononcée, le juge d'applications des peines va la transformer en bracelet électronique ou travaux d'intérêt généraux si la peine est inférieure à deux ans. Si elle est supérieure à deux ans, une réduction de peine sera automatiquement appliquée par une libération anticipée.

C'est ainsi que l'on arrive à des situations révoltantes où un criminel aurait dû être en prison au moment de son nouveau crime commis mais comme il avait été libéré à la moitié de sa dernière peine prononcée…

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COMMENT NE PAS DONNER UN AVIS POLITIQUE SUR UN LIVRE POLITIQUE ?

Ancien juge d'instruction et député honoraire, Georges Fenech se sert de son expérience dans les univers judiciaire et politique pour pointer leurs responsabilités respectives dans la hausse de la délinquance et de la criminalité.

Entre la prise de pouvoir d'une idéologie au sein de l'institution judiciaire et la lâcheté des hommes politiques devant ce constat, personne n'est épargné. Georges Fenech fait partie des rares observateurs à avoir compris le cri du coeur d'un syndicat de police : « le problème de la police, c'est la justice. »

Il ne remet pas en cause le dévouement du personnel judiciaire, mais la manière dont la justice a fini par être pensée et rendue en France.

En fin de compte, c'est un livre constat. Encore un autre me direz-vous. A mettre sur la pile déjà haute des autres faisant constat. Et s'il y fait politique c'est parce qu'il parle de civilité, dans son sens premier.



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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
De nombreuses études démontrent que la criminalité n’est pas liée aux difficultés économiques. Aux États-Unis, James Q. Wilson, dans son ouvrage Thinking about crime (1983), avait déjà démontré qu’aucune hausse de la criminalité n’avait accompagné la Grande Dépression (1929-1936). À l’inverse, en France, dans la période de pleine expansion économique, entre 1960 et 1975, on enregistrait une importante augmentation de la délinquance. Plus tard, entre 2007 et 2011 après la crise financière des subprimes, la criminalité avait chuté de 17 % en 2012. Chez nos voisins britanniques, eux-mêmes très impactés par cette crise venue d’Outre-Atlantique, on enregistrait en 2012 une baisse générale de la criminalité de 8 %. Ce n’est donc pas la misère qui est source du crime, mais bien l’inverse, car la richesse est source de tentation pour tous ceux qui préfèrent la facilité à portée de main.
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Or, depuis 1764, époque des travaux du criminologue italien Cesare Beccaria, nous savons que « la certitude d’une peine, même modérée, fera toujours plus d’impression que la peur d’une autre, même plus terrible, mais qui serait souvent inappliquée2. » Aujourd’hui, non seulement la sanction tout juste prononcée fond comme neige au soleil, mais, de surcroît, les courtes peines d’emprisonnement ont quasiment disparu de l’arsenal répressif.
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Ces conclusions sont vérifiées par toutes les analyses criminologiques, ainsi que par certaines expériences étrangères. Aux Pays-Bas, où l’on prononce deux fois plus de courtes peines qu’en France proportionnellement à leur population, on enregistre deux fois moins de condamnés emprisonnés. Résultat ? On est passé d’environ 2000 détenus en 2004 à 11 000 en 2020, soit une division par deux.
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En faisant preuve d’une générosité sans limite à l’égard des fauteurs de troubles, les dirigeants ont simplement oublié que toute politique pénale repose sur ses deux pieds, la prévention et la répression, et que la meilleure des préventions reste la certitude de la sanction.
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D’où leur vient cette perception singulière du criminel comme étant avant tout la première victime d’un système discriminant, et du clandestin comme étant d’abord le créancier d’un crime de colonisation ?
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