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EAN : 9782864248484
312 pages
Editions Métailié (19/01/2012)
3.22/5   23 notes
Résumé :
1987. Cinq jeunes femmes autour d’un piano, cinq survivantes du naufrage de l’Empire colonial portugais, elles sont là pour chanter. Il y a Gisela, qui les a convoquées et va mettre toute son audace et son énergie à leur transformation en un groupe vocal qui enregistre des disques et se produit sur scène. Il y a les deux sœurs Alcides, Maria Luisa la mezzo-soprano et Nani la soprano qui sortent du conservatoire. Il y a Madalena Micaia, The African Lady, à la sublime... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
2009 , dans un ciné-théâtre on enregistre une émission de télévision. Gisela Batista est la grande prêtresse de cette soirée. Pour ce faire elle a convié les 4 jeunes femmes qui à l'époque ont formé le groupe vocal qu a lancé sa carrière. Seule Madalena Micaïa, The African Lady, n'a pas répondu à l'appel. Mais les deux soeurs Alcides Maria Luisa et Nani sont présentes. Présente aussi Solange de Matos .C'est Solange qui prend la plume et nous raconte leur épopée...
La nuit des femmes qui chantent ou comment devient 'on célèbre quand on rêve de gloire, de pouvoir, d'être une chanteuse reconnue mondialement ? Gisela Batista est une battante, une femme avide de pouvoir et de réussite. Elle va mener ses troupes de main de fer usant d'un charisme hors norme c'est le moins que l'on puisse dire.
Je me suis donc embarquée dans cette lecture avec un à priori favorable mais que cela a été long et pénible! Peut-être n'était-ce pas l'instant idéal pour une découverte de l'oeuvre de Lidia Jorge, auteure portugaise très réputée? Je ne garderai de cette lecture qu'un souvenir "douloureux" dommage parce que le sujet du pouvoir exercée sur les femmes par une femme est loin d'être inintéressant. Mais bien sûr tout cela n'est que mon modeste ressenti.

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le sujet de prime abord est mince: 4 jeunes filles, issues des anciennes colonies portugaises d'Afrique en rejoignent en 1987 une 5ème, plus âgée, pour former un groupe choral. L'aventure sous la houlette-plutôt tyrannique- de Gisela Batista- va les entraîner plus loin qu'elles ne le pensent et laisser en elles des traces indélébiles.

C'est une formulation à la fois transparente et énigmatique qui a d'abord piqué ma curiosité. Une pensée originale et en dehors des sentiers battus.

Et aussi une obstination têtue à creuser le même sillon: celui de la rectification d'une légende dorée qui nous est livrée dès les premières pages.

La narratrice, Solange -une des 4 jeunes filles, la plus insignifiante, la plus timide, celle qui n'a ni l'autorité ni l'entregent de Gisela, la maestrina, ni la splendide voix cuivrée et jazzy de Madalena Micaia, la seule africaine du groupe, ni même la voix classique des soeurs Alcides, - c'est cette pâlote de Solange, bombardée "parolière" du groupe pour son petit talent de versificatrice, qui entreprend avec opiniâtreté d'éclairer les sens obscurs, les pans d'ombre, d' exhumer les secrets, les remords, les drames d'une légende bien trop dorée pour être vraie.

Mais c'est une rectification tâtonnante, hésitante, à demi-mots, à l'image de celle qui la fait. Et c'est là que le récit est vraiment original, et met toute l'attention, l'empathie du lecteur à contribution, car il lui faut lire entre les lignes, comprendre ce qui est suggéré, à peine dit..Le personnage ambigu et mystérieux de Joao de Lucena, chorégraphe des jeunes choristes est au coeur de ce mystère.

En même temps que la recherche de la réalité, ce que raconte Solange c'est aussi la naissance d'une conscience, le deuil d'une confiance et d'une naïveté propres à la jeunesse, et surtout la découverte de la cruauté du monde et des êtres
.
Et malgré cet amer constat, le livre débouche sur deux vérités qui sont comme un viatique pour la narratrice devenue adulte: on peut aimer d'amour et protéger quelqu'un qui ne vous aimera jamais et qui vous a profondément blessée. Et on peut déclarer une résistance frontale à qui vous a subjuguée et manipulée.

Je connais mal la littérature et l'histoire lusitaniennes mais il me semble aussi que ce roman est la métaphore d'une évolution de la civilisation portugaise post salazarienne, incarnée , ici , par la ville de Lisbonne brusquement tirée hors de ses frontières de "village endormi" et jeté en pleine histoire européenne, sous les feux factices de la télévision, cet "empire instantané" .

Lidia Jorge nous donne à voir une société portugaise tiraillée entre le goût de l'ordre, de l'obéissance à un pouvoir tyrannique (incarné ici par celui de la maestrina) - et l'aspiration maladroite et douloureuse à la démocratie et à la liberté (histoire de Solange).

Une société encore entachée par les noirceurs de sa colonisation -le terrible épisode relatif à Madalena Micaia - encore pleine de pudibonderies et d'hypocrisies dans un monde où les moeurs, les valeurs et les comportements sont en pleine mutation.

Un livre attachant, original et qui , derrière sa retenue et sa réserve, interroge et remue...

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C'est l'histoire de cinq femmes qui chantent.
Cinq femmes qui vont monter un groupe.
En commun, elles partagent le passé colonial du Portugal.
L'une d'elle, plus âgée est à l'origine du projet, elle en sera l'animatrice. Elle a d'une part des connaissances dans le milieu artistique, elle a aussi le soutient de Mr Simon, son père son beau père, on ne sait pas bien. Ce qu'on sait c'est qu'il fourni les moyens.
On va voir les quatre membres plus jeunes du groupe évoluer grandir individuellement, prendre de la force. On va aussi voir le groupe se forme,r se souder, progresser.
C'est donc l'histoire d'une femme qui saura entraîner une équipe plus loin qu'elle ne s'en serai cru capable.
Mais c'est aussi l'histoire d'une femme qui poursuit des dessins personnels. Et qui n'hésitera pas à utiliser son pouvoir pour conduire son groupe. Qui ira très loin dans la manipulation de toutes. Il y aura de la fatigue, des révoltes, des mensonges. On ira jusqu'au drame que cette meneuse saura effacer de sa conscience.
Il y a aussi une histoire d'amour entre la narratrice, la plus jeune du groupe, et le chorégraphe de l'équipe.

C'est un livre dense, très bien écrit. Il faut y plonger et le lire lentement.
Je ne connaissais pas Lidia Jorge, je l'ai découverte en parcourant une revue (Le Magasine Littéraire). J'étais à la bibliothèque, le bouquin était disponible, je l'ai emprunté, je l'ai aimé.
J'en chercherai d'autre, c'est sûr.
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Les premières pages de la nuit des femmes qui chantent nous plongent dans le monde irréel d'une émission de télévision, une émission de ce qu'on appelle chez nous les variétés. Paillettes, applaudissements, émotions moitié fabriquées moitiés réelles, rencontre inattendue soigneusement préparée, presque scénarisée... Puis la narratrice, elle-même héroïne de la soirée, de façon plus ou moins volontaire mais pleinement consentante, nous emmène des années plus tôt, en 1987. Solange de Matos avait alors 19 ans, était une sage étudiante qui écrivait un peu de poésie et qui s'est trouvée embarquée dans l'aventure d'un groupe montant à l'assaut du succès et de la gloire.

Entraînée dans l'aventure par les soeurs Maria Luisa et Nani Alcides, soprano et mezzo-soprano formées à la discipline de la musique classique Solange va aussi découvrir l'African Lady du groupe, la Mahalia Jackson des quartiers oubliés de Lisbonne, Madalena Micaia. Ces quatre femmes se soumettent bon gré mal gré au pouvoir et à la volonté de celle qu'elles surnomment la "maestrina", Gisela Batista, qui entend mobiliser tous les moyens à sa disposition pour mener le groupe à la réussite et au succès. Son groupe. Celle que 'on appelle aussi MImi Batista règne sur les membres du groupe qu'elle veut contrôler aussi loin qu'il est possible, jusqu'à imposer le chorégraphe João de Lucena. Mais cela ne sera pas sans conséquence et la volonté de domination de Gisela sur les quatre femmes sera telle, appuyée sur les soumissions, les dérobades, les égoïsmes ou les consentements tacites, que le rêve et le cauchemar finiront pas se confondre en un unique mirage bien réel, trop réel.

Récit de pouvoir et de soumission, de sacrifices consentis ou avec lesquels on ruse, La nuit des femmes qui chantent peut aussi se lire au prisme de l'histoire du Portugal, de ses ambitions et de ses mirages, de ses renoncements et de ses silences.
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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Je n'ai pas accroché non plus hélas. Je n'aime pas mettre de mauvaise critiques, mais je ne suis pas entrée dans le récit, je n'ai pas adhéré à la passion et l'admiration des membres du groupe pour leur leader. Leurs relations me semblent trop froides sans texture. le récit m'apparaît plat, morne et ennuyeux. La page 130 pour moi signa la fin de cette lecture. Dommage.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Nous voulons le monde. Nous voulons faire l’amour avec l’univers, lui offrir notre musique et recevoir en échange tout ce qu’il a à nous donner. Rien que ça. Nous n’avons pas peur des mots. La musique sert à ça. C’est ça que nous voulons, celui qui ne le comprend pas est incapable d’assumer cette fonction. Alors je te pose la question : veux-tu sortir de cet endroit absurde où tu te caches comme une petite bête pour te montrer et nous rejoindre ? Pour te rallier à notre combat et enchanter le monde ? Réponds. »
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Finalement le récit de Gisela était une vérité différente qui donnait au présent la cohérence qui lui manquait, renvoyant vers le futur l’espoir qui autrement pourrait ne pas exister. Et si ce récit s’adaptait parfaitement à ce qui était nécessaire, pourquoi irions-nous déterrer du fin fond de l’oubli la version authentique ? L’évocation des faits réels tels qu’ils avaient eu lieu pourrait transformer le passé en menace. Tenter de reproduire le passé serait de la folie. La raison issue de la réflexion est une créature puissante. (…) Il n’y a pas d’intelligence qui ne conduise à l’exercice du repos. La prudence elle-même est déjà une de ces instances. Les morts ne le racontent pas mais ils le savent.

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Alors que faire de nos souvenirs privés devant cet auditoire ? Où irions-nous reconstituer les jours qui nous avaient séparés ? A ce moment-là, contrairement aux paroles qui couraient autour de nous, nous n’accordions aucune importance à l’aura de solennité que les uatres attribuaient à notre rencontre. Nous nous trouvions au centre de l’attention de tous sans que rien ne le justifie.
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aujourd'hui encore, j'associe l'écriture à quelque chose de
chaleureux, à un acte rédempteur,
à la possibilité de demander réparation pour le monde
et pour les rapports entre les êtres
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peu à peu découvrir une raison de vivre
grâce à cette complicité miraculeuse
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