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EAN : 9782384820054
Philippe Rey (01/02/2024)
4.03/5   16 notes
Résumé :
Un premier roman qui rend hommage aux rêves déraisonnables, au courage d'une héroïne quittant le Cameroun pour s'accomplir en France. Depuis son plus jeune âge, Andoun rêve d'un ailleurs. Son père le lui a suffisamment répété : elle est spéciale. Alors elle a fini par le croire. Ses nuits sont peuplées de champs aux fleurs étranges, des boules d'un jaune hypnotisant qui la poussent à imaginer d'autres vies, loin du chemin connu.
Quand elle quitte le village d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un premier roman remarquable rendant hommage aux rêves d'une vie meilleure, hors des sentiers tracés par des sociétés conservatrices où la femme n'est pas en capacité de choisir sa vie. le sujet a été souvent traité ces dernières années mais ici la forme et le style étonnent… J'ai été immédiatement captivé par le souffle puissant de la narration. L'histoire du personnage central, Andoun ou Anne-Marie (changer de prénom pour s'inventer une nouvelle vie…) est inspirée de celle de la grand-mère de Kiyémis. D'ailleurs le pseudonyme de l'autrice est la contraction des prénoms de sa mère et de sa grand-mère.

Andoun naît à Nyokon au Cameroun, village à la vie rythmée par le travail de champs vert émeraude des cultures d'arachides. Son père, très aimant, la qualifie de fille spéciale. Elle a en effet une forte personnalité et n'entend pas rester dans la routine de sa famille. Elle n'abdique jamais alors que les obstacles sont nombreux : volonté d'étudier contrariée, grossesse imprévue, dépendance à un mari imposé… Chaque pas vers une nouvelle étape de sa vie la transforme, elle et ceux qui croisent sa route. de Nyokon à Douala, puis Paris où elle rejoint son frère Stéphane, Andoun affronte avec panache la résistance d'un environnement contraire à ses projets. Tiraillée entre son envie d'appartenance et ses désirs, elle tente de dépasser les préjugés. de 1954 à une période récente, on suit une femme libre au prise avec son envie d'émancipation.

La cuisine est très présente ici, avec des mets typiquement camerounais. Il est question de salade de papaye et tapioca, de miondo (bâton de manioc) accompagnant le poisson braisé, de plantains frits, de délicieux ntoumba (gâteau de manioc frais fermenté, malaxé et mélangé à l'huile de palme rouge, cuit à la vapeur). Évoqué habituellement pour ses problèmes politiques apparaît ici un Cameroun méconnu, avec son environnement foisonnant, ses richesses, un véritable grenier à provision généreux avec des « forêts aux arbres d'un vert d'or », des champs de tomate, d'arachide...

Les hommes offrent leur protection afin de séduire des femmes en manque de droit propre. Elles peuvent être des proies faciles. Avantage d'être en uniforme comme Roger, une première expérience avec à la clé la naissance de la petite Freya. Ensuite Andoun est mariée avec le marchand de poisson, Isaire Koundéré, qu'elle rejette. Attirée par l'aventure et ses désirs, elle croise la route de Solè, l'homme de pouvoir aux promesses envoûtantes. Il y a aussi à Paris, Renaud, l'éternel étudiant et dernier recours pour Anne-Marie et Freya avant la rue quand son frère Stéphane lui a dérobé toutes ses économies.

Les personnages sont bien campés, complexes et divers, permettant au lecteur de voyager dans des thèmes universels mais avec une forme peu rencontrée jusqu'alors. Les femmes suivant leurs désirs d'indépendance doivent jouer de leur beauté, séduire pour survivre à défaut d'autre carte à jouer (Stéphane lorsqu'il l'accueille dans son petit logement en banlieue parisienne lui confisque son passeport). A Paris elle rencontre Johanne qui lui montre le chemin :

Langue fleur, langue paradis, le style capte la poésie de l'instant ; de courts paragraphes alternent avec des retours constants à la ligne pour des vers libres, puis des poèmes – alignés à gauche ou à droite, cherchant leur place ? – reprenant le récit sous une autre forme. Des ouvertures de guillemets jamais refermées, comme des paroles qui ne s'éteignent pas. de cette forme foisonnante émergent des fleurs rares de langage que le lecteur cueille et réunit comme il l'entend dans des bouquets multicolores et sensibles :
« Baignée par la lumière des pétales, elle avait l'impression de danser avec des milliers de soleil. »

Kiyémis est née en région parisienne de parents originaires du Cameroun. Elle est un sacré numéro, une femme « spéciale », si je reprends l'expression utilisée par le père d'Andoun concernant celle qui est pour une partie le double de la grand-mère de Kiyémis dans le récit. En 2017, elle est inscrite en master d'histoire et de sciences politiques à l'Université Paris-VIII. En 2018, elle publie son premier recueil de poèmes, "À nos humanités révoltées". Blogueuse féminisme, engagée dans l'antiracisme et de la lutte contre la grossophobie, "afropéenne qui fait du bruit", elle est une femme très talentueuse, ce premier roman particulièrement attachant le montre amplement qui parvient à donner une si belle floraison à notre littérature. Et, refleurir est un superbe message incitant à continuer de lutter contre la fatalité que seraient les dominations.

J'ai lu ce roman dans le cadre de ma participation au jury Orange du livre 2024. C'est un des livres qui m'ont fortement impressionné. Il pourrait bien être dans la sélection des 5 finalistes le 13 mai prochain ? Réponse le 14 mai...
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Années 50, Andoun est une jeune fille qui vit au Cameroun.
Elle quitte vite sa famille pour s'installer chez sa soeur à Douala, son père lui a dit que là elle pourra aller à l'école. Un rêve avorté par la décision du beau-frère, l'école ? Trop cher pour y mettre les filles. Elle doit aider sa soeur et s'occuper des enfants et de la maison

Mais elle s'est laissée séduire lors de sa première vraie sortie par un beau jeune homme portant l'habit militaire. Quel bonheur pour lui cette belle jeune fllle encore vierge. Tout est à découvrir, à lui faire découvrir.
Lorsque quelques semaines plus tard elle se rend compte qu'elle est enceinte et lui demande de prendre ses responsabilités, il n'a qu'une réaction, la fuite.
Comment annoncer à sa famille cette infamie. Car lorsque chacun saura qu'elle attend un enfant, il n'y aura plus de mariage possible. Dans sa communauté cela ne se fait pas.
Ne lui reste qu'à essayer de cacher sa grossesse et aller accoucher ailleurs. Retour à la case départ.
Hélas, ce nest pas si facile. Une fois son péché découvert, elle doit obéir à son père, qui lui a trouvé un mari... Elle doit se rendre dans cette nouvelle famille avec sa petite fille.
Comment imaginer que cette jeune femme qui rêve de liberté pourrait accepter de devenir l'épouse d'un homme qu'elle n'aime pas, et qui en plus sent si fort le poisson.
Après avoir essayé de se plier aux traditions, essayé de vivre avec cet homme qu'elle ne veut pas, dans une famille étrangère à ses aspirations, elle quitte tout pour tenter de vivre ses rêves.

Qu'il est compliqué pour ces jeunes femmes de vivre libres, sans blesser ou provoquer leurs familles.
Elle trouve un travail qui lui permet de faire vivre sa fille, mais rêve de faire des études à Paris pour monter son institut de beauté une fois qu'elle sera de retour au pays.
C'est sans compter sur la paresse et les mensonges du frère qui n'hésite pas à voler sa propre soeur, sur la belle-soeur qui rechigne à apporter son aide sans recevoir de contrepartie, sans compter sur l'argent qu'il faut envoyer chaque mois à la famille restée au pays, sans compter sur tous ceux qui veulent respecter les traditions et qui ne souhaitent pas que d'autres sortent du chemin tout tracé par les pères, les hommes de la famille, les contraintes pécuniaires.
En fait d'institut de beauté, et malgré ses diplômes, c'est dans les tours de bureaux qu'elle va passer sa vie à faire le ménage, rejetée par les employeurs potentiels en raison de sa couleur de peau. Ce qui démontre une fois de plus que l'on assigne parfois les femmes et les hommes à une condition dans laquelle nous les imaginons sans même savoir ce dont ils sont réellement capables.
J'ai trouvé intéressante cette façon de nous montrer les rêves de ceux que nous continuons à appeler des migrants sans toujours nous rendre compte des difficultés qu'ils ont à traverser.
Comment s'intégrer, s'adapter, si l'on reste prisonnier de ses habitudes, de ses traditions.
Ces traditions qui empêchent de vivre une vie normale tant elles sont contraignantes et imposées à toutes les femmes, y compris par celles qui en ont également souffert.
Pourtant, rien de vraiment nouveau dans ce roman. Seule une façon d'en parler, une écriture, qui donnent envie de continuer sa lecture en espérant qu'elle pourra voir enfin le bout du tunnel, sans se laisser enfermer par les règles dictées par les hommes.
https://domiclire.wordpress.com/2024/05/23/et-refleurir-kiyemis/

Lien : https://domiclire.wordpress...
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« Andoun, tu n'es pas comme les autres ». Dans ce village, reculé du Cameroun, dans les années 50, cette phrase répétée par son père n'est pas forcément un compliment. Pourtant, cette sentence, qui signe sa singularité, elle y puisera une force qui lui permettra de s'extraire de la destinée toute tracée de ces femmes villageoises pauvres. Elle y trouvera aussi la force de dire « non ». Non aux travaux des champs, pour partir à Douala chez sa soeur et son beau-frère. Non à la fatalité, quand elle se retrouvera fille-mère. Non à un mariage sordide imposé pour sauver la réputation de sa famille. Non à la résignation, quand la vie qu'elle avait rêvé en France, s'avèrera grise et terne.
Portrait lumineux et plein de tendresse d'une femme déterminée à faire refleurir sa vie et à faire vivre ses rêves.
.
Inspirée à l'autrice par la vie de sa grand-mère, ce texte est un très bel hommage aux femmes qui se battent. Contre le déterminisme social, contre le machisme ordinaire, contre la misère ou contre le carcan des traditions, contre le patriarcat et le racisme aussi. Il serait réducteur de le résumer au combat de la femme africaine. Andoun/Anne Marie, incarne avec majesté, toutes les femmes seules et sa couleur de peau qui renforce ses difficultés, n'atténue en rien l'universalité de son message. Avec un tel sujet, on pourrait craindre un texte plombant, il n'en est rien. C'est au contraire, lumineux, en grande partie, grâce aux pages en vers qui croisent le récit. Une poésie qui avec délicatesse vient apporter de la douceur aux épisodes les plus sombres ou de la profondeur à des émotions que le récit suggère. Et cette originalité donne toute la beauté du texte.
Je suis tombée sous le charme de cette belle lecture. Un très beau texte aux multiples sujets, la résilience, la maternité, la transmission et l'exil. Un roman au message féministe fort et un hommage vibrant à sa famille. Les jurés des prix ne s'y sont pas trompés. @kiyemis est en lice pour le prix Orange et elle a obtenu cette semaine le prix Régine Desforges. Bravo à elle et aux @editions_philippe_rey pour leur flair à nous offrir toujours de beaux textes. Longue vie à ce beau roman
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MEGA COUP DE COEUR INTERGALLACTIQUE

Andoun grandit dans un petit village de campagne au Cameroun. Depuis qu'elle est toute petite, son père lui répète qu'elle n'est pas comme les autres. Et pour cause, la jeune fille a des rêves qui vont au-delà des champs et de la culture d'arachides. Et c'est la tête pleine de rêves et d'ambition, qu'elle partira vivre chez sa soeur qui a fait un "beau mariage" et qui habite en ville. Mais une fois sur place, Andoun déchante : entre sa volonté d'étudier contrariée, une grossesse imprévue et une indépendance arrachée, la jeune femme ne cessera de se battre pour faire affirmer son droit d'exister et de rêver toujours plus grand.
De Nyokon à Paris en passant par Douala, Andoun sera tiraillée entre ses désirs de flamboyance et ses racines familiales.

Voilà une histoire qui m'a touchée en plein coeur

D'abord parce qu'elle aborde des thèmes qui me sont chers : la résilience, l'intégration, la liberté, la maternité, les racines, la construction personnelle... J'ai lu que l'autrice s'était inspirée de l'histoire de sa grand-mère pour rédiger ce roman. Bien évidemment, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec ma propre histoire familiale, étant moi-même fille d'immigrée.
J'ai pensé aux combats qu'il a fallu mener contre les préjugés, à l'abnégation dont il a fallu faire preuve pour permettre aux générations futures d'accéder à l'école et de leur donner une chance de réussir dans la vie, au courage et à la détermination qu'il a fallu montrer parce qu'on attendait d'eux "toujours plus".

L'écriture de Kiyémis est particulièrement brillante, d'autant plus que chaque chapitre est ponctué de poésies que je trouve particulièrement belles et touchantes. Elle nous raconte le destin d'une femme hors du commun. Tantôt Andoun, tantôt Anne-Marie, tantôt Coco, on ne peut qu'être ému par cette femme qui ne cherchait qu'à vivre à sa façon.

Cette histoire rend hommage à celles et ceux qui rêvent plus grand, à ces parents qui ont du lutter pour une vie meilleure, aux enfants qu'ils ont fait passer en premier, à la résilience infinie, à l'amour d'une petite fille pour sa grand-mère.
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« A toutes les danseuses, les rêveuses, présentes ou passées, qui méritent d'être illuminées, nous vous construirons, mot par mot, de nouveaux panthéons. » Très bel incipit du livre

Le livre commence dans les années cinquante, le Cameroun est alors une colonie française.

Andoun vit avec sa famille à Nyokon et aller travailler aux champs n'est pas sa tasse de thé « Malgré des années de pratique, elle n'arrivait pas à maîtriser l'outil. Elle tapait à côté, dépouillait les feuilles des plants ». « Andoun, tu n'es pas comme les autres » lui répète son père.

Andoun rêve d'une autre vie, soutenue par son père qui reconnaît en elle un besoin de s'émanciper, elle va chez sa soeur et son mari pour aller à l'école, apprendre. Las, elle sert de bonniche et est refusée à l'école car elle vient avec sa petite nièce bébé… Cela ne se fait pas.

Elle désire toujours apprendre mais une grossesse à seize ans l'oblige à dire adieu, temporairement à ses rêves. Andoun, active, ne se laisse pas aller et devient manucure à domicile. Cela ne lui suffit pas, avec sa fille, elle part à Paris pour une école esthéticienne et pense revenir au pays pour avoir son propre institut.

À Paris, son frère, marié, chez qui elle vit lui pique passeport et économies. encore, projet contrarié. Elle est noire et, voyez-vous, cela ne se fait pas dans une bonne maison d'esthétique. Elle devient donc, ce à quoi les blancs la destine : femme de ménage.

Elle ne baisse pas les bras et fait tout pour que sa fille puisse étudier. Les déboires ne l'empêche pas d'avancer.

Côté mec, ce n'est pas mirobolant. le père de sa fille la laisse tomber. Elle fuit le mari qu'on lui impose, rembourse la dot. A Paris, son frère veut la caser et, ma foi, elle pense avoir trouver une âme compatissante. Une fois de plus, désillusion. Renaud, qui fait des études d'ingénieur, la laisse avec des loyers impayés. Son bel amant, rencontré lors de son seul retour au Cameroun la prendrait peut-être comme seconde épouse.

Et puis, ne pas oublier d'envoyer de l'argent au pays, sa soeur, veuve

Basta, Andoun décide de vivre seule avec sa fille dans son petit appartement HLM. Andoun, illettrée, a réussi ce qu'elle voulait ; sa fille a fait des études et travaille dans l'administration française. Ses petits-enfants apprécient qu'elle leur raconte son Cameroun.

Que de luttes tout au long de sa vie. Les hommes ne sont pas fiables, la famille veut qu'elle rentre dans le rang et épouse le pêcheur qui sent si mauvais. En France, on l'assigne à ce qu'elle représente, une bonniche invisible et non pas ce qu'elle est.

J'ai aimé la façon dont Kiyémis narre l'histoire de sa grand-mère, j'ai apprécié les poèmes qui scandent l'histoire. Kiyémis raconte la difficulté des immigrés, même légaux, face à un pays dont ils ne connaissent pas les codes. Andoun, femme de courage et de détermination qui a toujours refusé de se plier à des traditions qui veulent l'asservir à un homme, vous êtes un modèle de ténacité, la foie chevillée au corps, malgré toutes les chausse-trappes.

Andoun vous pouvez être fière de votre petite-fille et de vous.

Un très bon livre. « Et, refleurir » figure dans la sélection finale du Prix Orange du Livre en Afrique 2024.


Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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critiques presse (2)
MadmoizellePresse
12 avril 2024
Cette fresque épique et onirique se concentre sur la vraie vie de sa grand-mère Andoun, du village de Nyokon au Cameroun en 1954 jusqu’à Paris aujourd’hui, en passant par Douala. Grossesse involontaire, mariage forcé, parcours migratoire semé d’embûches, jobs alimentaires déconsidérés, mais surtout beaucoup de rêves : c’est une histoire de résilience sans aucune once de misérabilisme face au sexisme, au classisme et au racisme, qu’on trouve rarement en littérature française.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
LeMonde
04 mars 2024
A 32 ans, la poète, essayiste et animatrice de l’émission en ligne « Rends la joie » publie un roman, « Et, refleurir », sur le destin de sa grand-mère, du Cameroun vers la France.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Certains ont essayé d’oublier.
Pour déraciner ces cauchemars
Des confins de leurs âmes,
Ils ont essayé toutes sortes de méthodes.
Certains ont sombré dans la bière et le vin.
Il est parti d’ici, et il a laissé quelque chose.
Il est parti là-bas et on lui a pris quelque chose.
Il est revenu
Morcelé,
Et nous poursuivons son fantôme,
Sans tout à fait nous faire à l’idée,
Que son absence lui collait à la peau
Que son absence nous suivait tous.
Parce qu’il faut bien vivre,
Rappeler à la terre qu’on lui appartient,
Se rappeler à nous-même
Que nous ne sommes que chair,
Nous danserons.

Parce qu’il faut bien vivre,
Nous supplierons la terre
De nous soigner.
Nous supplierons nos sœurs
De prier pour notre salut.
Et dans nos rires,
Nos cris,
Dans le bruit des pieds,
Qui viendront faire hurler le sol,
Et dans nos tentatives désespérées
De s’enraciner
Fleurira la guérison.
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Incipit :
Certaines nuits accouchent de rêves passagers.
Leur présence est éphémère.
Visiteurs temporaires,
Nichés derrière les yeux,
Ils s’emparent des lieux,
Ne laissent rien derrière eux,
Et lorsque,
Au battement de paupières suivant,
Le jour arrive comme un billet retour,
Ils s’évaporent.
Les voilà repartis comme ils sont venus.
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Elle n’avait qu’un père, et c’était sa mère.
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Il en fallait du courage,
A la frêle fleur,
Pour tenir ses rêves à bout de bras.
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Anne-Marie s’assit. Elle avait toujours détesté décevoir son père. Elle détestait voir son regard honteux posé sur elle. Avant Douala, avant le départ, avant tout, il ne l’avait jamais regardée comme ça. Derrière la rage et les cris, elle savait la déception. Elle enfouit sa tête dans ses mains et sentit une main sur son épaule. C’était sa mère, restée silencieuse le temps qu’avait duré la conversation.
- Sois courageuse, Andoun. Donne-lui du temps. C’est un homme. Il va se souvenir qu’un enfant est une bénédiction.
Anne-Marie hocha la tête, peu convaincue.
- Laisse-lui le temps, la rassura sa mère. Tu ne peux pas être trop inquiète, hein, le bébé va sentir ça.
La jeune fille restait prostrée sur sa chaise. Et si son père n’acceptait jamais ?
Et s’il choisissait de la jeter dehors comme une malpropre ? Sa mère ne pouvait pas la convaincre de l’héberger, et elle n’avait pas les moyens d’aller ailleurs.
Le temps lui sembla long mais en effet son père finit par revenir. La mère courut à sa rencontre une bière à la main, comme pour essayer de l’amadouer. Seuls les bruits du village venaient briser le silence qui s’était installé dans la pièce.
- Bon. Ce qui est fait est fait, Anne-Marie, lâcha finalement le père d’un ton bourru.
La jeune fille s’approcha de lui. Il lui tendit la main :
- Si c’est un garçon, il portera mon nom, Anyam Lucas. Si c’est une fille, on l’appellera Freya. Comme ma sœur.
Elle prit sa main et sourit. En elle, la solitude refluait. Son père avait toujours su trouver les mots pour la ramener près de lui.
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Video de Kiyémis (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Kiyémis
Kiyémis : " L'oppression des femmes noires, c'est l'oppression de l'humanité"
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