Citations de Olivier Bal (377)
Le spectacle qui s’offre à mes yeux est assez dérangeant. Ce lieu qui d’ordinaire, dans la réalité, devrait bouillonner de vie, être plein de bruits, d’animation, est ici absolument silencieux. Pire, tout semble immobile, comme pétrifié. Les feuillage des arbres ne bruissent pas, les parterres de fleurs sont figés comme s’il s’agissait de jouets en plastique. Rien ne bouge. Cette sensation se confirme lorsque je m’approche d’une voiture. Alors que j’essaie d’en ouvrir la poignée, rien ne se passe, je remarque que la portière est en réalité juste dessinée sur la carrosserie, comme s’il s’agissait d’un jouet d’enfant. Je regarde à l’intérieur du véhicule. L’engin est vide pas de tableau de bord, de volant, ni de sièges avant, de banquette à l’arrière. Rien.
C’est comme si la voiture n’était qu’une coquille vide
S'attacher à quelqu'un, c'est le risque d'être déçu.
Depuis sa naissance. L'air qui entourait son père était si vicié, suffocant, que même au plus profond des océans, il ne sait jamais senti oppressé. S'enfoncer, vers des ténèbres insondables, était au contraire une libération pour lui.
Une fois que l’on commence à descendre dans les tréfonds de l’âme humaine, dans ce que l’homme a de pire, on s’embourbe et on ne remonte jamais vraiment.
J'ai besoin de frayer parmi les ombres, de marcher au bord du précipice. Je suis comme ça, il me faut ressentir cette peur pour me sentir vivant. Il y a autre chose aussi. Si je continue à me jeter tout au fond, dans les ténèbres, c'est parce que je crois encore que je pourrais ramener un peu de lumière. Dans les tréfonds de l'âme humaine, il n'y a pas de monstre ni de démon aux dents aiguisées, il n'y a que des blessures qui ne cicatrisent jamais, des oreilles qui se bouchent parce qu'elles ont trop entendu crier, des souvenirs qui vous dévorent et vous rendent fou.
Les branches des conifères retenaient encore la brume matinale. Leurs silhouettes se dressaient, tels de gigantesques totems. Je ne le savais pas encore, mais la région avait déjà commencé à m'ensorceler... Tout en elle racontait l'âpreté, la rudesse de la vie. Et il y régnait une sorte de mélancolie, voire d'amertume, qui semblait s'accrocher aux écorces, aux feuillages et aux âmes.
Dans les grands récits d'aventures, le héros n'hésite jamais. Il va de l'avant. Mais dans la vraie vie, c'est un peu plus compliqué...
Chaque œil est une œuvre unique, la pupille, l'iris, leurs différentes teintes et couleurs, les reflets de la cornée. Les yeux sont, selon moi, certainement ce qui identifie le mieux un homme. Ils sont un puits vers son âme.
Devant moi, il s'agit non pas d'une stalagmite, d'une formation rocheuse ou de quoi que ce soit de ce genre, mais d'un corps humain minéralisé dans une posture démente.
Retenir sa respiration. Une dernière fois.
Ne pas bouger, malgré la douleur.
Le corps d’Ange Biasini glisse le long de la rivière, porté par le courant. Dans sa bouche, l’eau a un goût de vase, de terre et de sang. Le sien. Il flotte, dos à la surface. Quelques instants plus tôt, il a pris une première balle dans la jambe, une seconde a frôlé son épaule, mais ce n’est pas terminé. Pas encore. Tant qu’il restera une once d’oxygène en lui, il se battra. Trois autres projectiles viennent percuter la surface, à moins de deux mètres. Son agresseur tente d’en finir. Mais Ange est trop loin.
Faire le mort. Tant que possible. La mer est proche, il le sait. À quelques dizaines de mètres.
Mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort.
Dites-vous que d'autres, avant vous, ont franchi ces épreuves. Moi le premier, comme mes camarades, avons connu les tourments des neuf cercles. Et nous en sommes sortis grandis.
C’est peut-être cela la magie de l’enfance. Au coeur des tempêtes, chasser les nuages d’un rire. Ponctuer des vies trop dures par des virgules d’insouciance.
Venturi fixe longuement Théo, puis, du bout des doigts, exécute un mouvement, quasi imperceptible, comme s'il dégageait une saleté. L'instant suivant, on saisit le jeune par l'arrière, on le force à se mettre à genoux. Puis en lui serrant les bras jusqu'à lui dévisser les épaules, on l'oblige à venir au plus près des trois chiens. Les molosses se soulèvent, aboient et commencent à tirer sur leurs chaînes, leurs griffes raclant le carrelage en damier.
Voilà trois jours que je suis installé à Skid Row. Malgré les palmiers et le ciel bleu azur qui m'environnent, je ne suis plus vraiment à Los Angeles ici, je me crois plutôt dans un camp de réfugiés ou dans une favela de Rio de Janeiro. Skid Row, c'est un purgatoire à ciel ouvert, un immense ghetto qui s'étend en plein cœur de la ville sur une trentaine de blocs, soit près de huit kilomètres carrés.
Notre île, c'est une montagne dans la mer. Nous ne sommes pas un peuple de marins, mais de montagnards cernés par les eaux.
Une fois que l’on commence à descendre dans les tréfonds de l’âme humaine, dans ce que l’homme a de pire, on s’embourbe et on ne remonte jamais vraiment. On n’est plus jamais pareil, après.
Il y aura toujours un gamin maigrelet pour
tenter de défendre un vieillard qui se fait agresser. Toujours une étudiante qui fera barrage devant une armée. Toujours un employé insignifiant qui dénoncera ce que personne n'osait révéler. Il faut qu'il y ait des gens comme nous. Des fous, des imbéciles, des candides et des faibles qui pensent pouvoir y changer quelque chose. Et qui, à un moment, se lèvent. Tant qu'il y a des femmes et des hommes comme ça, c'est que tout n'est pas perdu. Il en faut, des gens ordinaires. C'est souvent par eux que naissent les révolutions. On existe quand tout nous hurle de nous taire et qu'on crie.
Les seuls moments qui comptent sont ceux passés avec les gens qu'on aime.
Nous ne sommes rien d'autre que la somme de nos souvenirs.
Non, ceux qui lui ont fait ça ne voulaient pas qu'on la reconnaisse, sans ses empreintes digitales, sans visage, cette fille, c'est personne.